25 janvier 1986 – Discours de Jean Paul II aux représentants du Mouvement Italien pour la Vie.
Chers frères et s½urs du mouvement pro-vie
1. Je vous souhaite la bienvenue ! Je vous salue avec une joie particulière et je vous remercie de cette visite qui me donne, entre autres, l'occasion de revenir sur un sujet qui mérite une attention constante en raison de son importance exceptionnelle. Je salue en particulier votre président, ainsi que M. Casini, l'infatigable animateur du Mouvement ; et je salue chacun d'entre vous, Messieurs les membres de l'Exécutif national et les délégués régionaux.
Je veux vous dire d'emblée que la vie constitue l'une de ces valeurs essentielles, pour la protection et la promotion desquelles la société elle-même existe et s'articule dans ses structures. Personne ne peut apprécier cette valeur autant que le chrétien, qui croit en un Dieu qui se révèle non pas comme le « Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent pour lui » (Lc 20, 38) ; un Dieu qui, pour renouveler le visage et le c½ur de l'humanité, a envoyé sur terre son propre Fils, en qui se trouve la source même de la vie (cf. Jn 1, 4 ; 16, 6, etc.). Pour ces raisons, l'Église, à une époque où la culture de la mort semble prévaloir, s'engage à éclairer et à exhorter l'opinion publique de tous les pays avec une insistance pastorale afin de favoriser un renversement de la tendance.
2. Depuis sa création, votre Mouvement a généreusement collaboré avec d'autres forces de bonne volonté, d'abord pour s'opposer à la promulgation, puis pour atténuer les effets d'une loi qui autorise le meurtre d'innocents et qui est de plus en plus utilisée comme moyen de contrôle des naissances. Aujourd'hui, elle apporte son aide bienveillante aux mères en détresse et aux familles en danger, rappelant à chacun ses responsabilités, afin que les établissements de santé et surtout les centres de consultation familiale soient des lieux où la vie est valablement défendue et non pas prématurément supprimée. Un travail qui mérite tous les encouragements de ceux qui se préoccupent de l'avenir moral et civil de l'histoire.
3. L'élimination de la vie de l'enfant à naître est aujourd'hui, malheureusement, un phénomène répandu dans le monde, même dans les nations de tradition chrétienne millénaire, comme l'Italie, financé par l'apport de fonds publics, facilité par les lois humaines avec un ensemble d'arguments dont l'incohérence et la captivité ne sont, en vérité, pas difficiles à démêler. En réalité, l'avortement est une grave défaite de l'homme et de la société civilisée. Avec lui, la vie d'un être humain est sacrifiée à des biens de moindre valeur, pour des raisons souvent inspirées par un manque de courage et de foi en la vie et parfois par le désir d'un bien-être mal compris. Et l'Etat, au lieu d'intervenir comme c'est sa mission pour défendre l'innocent en danger, de prévoir sa suppression et d'assurer, avec des moyens adéquats, son existence et sa croissance, autorise et même contribue à l'exécution d'une sentence de mort. C'est l'une des conséquences les plus inquiétantes du matérialisme théorique et pratique qui, en niant Dieu, finit par nier même l'homme dans sa dimension transcendante essentielle, et qui est le fruit de l'hédonisme consumériste qui place l'intérêt immédiat comme finalité de l'activité humaine.
L'Église n'a pas manqué d'intervenir clairement et vigoureusement pour dénoncer l'avortement à la fois comme une grave offense à la loi de Dieu, unique Seigneur de la vie, et comme une violation du droit premier et intouchable de la personne humaine à exister. Elle continuera à intervenir pour convaincre de remettre les valeurs morales fondamentales à la base de la société, sans lesquelles une coexistence véritablement civilisée ne peut se construire. La civilisation, en effet, se mesure avant tout par le respect et la promotion de la vie tout au long de l'existence humaine.
4. Chers amis, le 2 février prochain, vous célébrerez la huitième Journée pour la vie. A cette occasion, je désire vous adresser, ainsi qu'à vos collaborateurs, mes vifs encouragements à poursuivre sans relâche votre travail, à l'améliorer en qualité et en rayonnement, à le développer dans toute l'étendue de ses articulations.
Vous savez que la bataille est difficile. Ne perdez jamais la clarté des idées, ni l'élan de l'idéal, ni le dynamisme propulsif nécessaire. Ne vous laissez pas décourager par la complexité et la longueur de l'affrontement. La vérité et le bien, même s'ils ne sont pas rapides, finiront par triompher.
Efforcez-vous de trouver une collaboration entre toutes les énergies disponibles, qui sont nombreuses et doivent être réveillées. Sensibilisez les secteurs qui se réfugient dans l'agnosticisme ou le désengagement. Faites appel à la réserve inépuisable du secteur associatif. Dans ce domaine qui dépasse les forces humaines, ne manquez pas d'invoquer la protection de la Vierge Mère, Marie la Très Sainte. Et, en signe d'aide divine, recevez ma bénédiction apostolique.
13 février 1986 – Discours de Jean Paul II au Congrès International sur l’extermination par la misère et par la faim
Le profond changement que je viens d’évoquer demeurera stérile, s’il ne se fonde sur un respect plénier, un respect convaincu, de la dignité de l’homme, de tout homme.
Précisément, dans le programme de vos travaux, vous avez établi un lien étroit entre la lutte contre la misère et contre la faim et l’affirmation du droit à la vie et du droit à la liberté. Au cours de mon récent voyage pastoral en Inde, en recentrant à Madras les responsables des religions traditionnelles, j’ai exprimé la même conviction : “L’abolition de conditions de vie inhumaines est une authentique victoire spirituelle, parce qu’elle donne à l’homme liberté et dignité”.
La promotion de la dignité et de la liberté de l’homme, qui sont des valeurs nettement évangéliques, est une dimension essentielle de la mission de l’église. L’homme est en effet “la première route et la route fondamentale de l’Eglise, route tracée par le Christ lui-même” C’est pourquoi l’Eglise ne se limite pas a la proclamation abstraite de telles valeurs, mais elle se préoccupe de rejoindre l’homme dans la réalité concrète de ses besoins et de ses souffrances, de ses angoisses et de ses espérances.
Ainsi, elle ne cesse de défendre de toutes ses forces la vie humaine, qui vient de Dieu. Permettez-moi de noter, avec peine, que, en face d’une sensibilité très vive et quasi sacrosainte devant les attentats a la vie qui sont le fait de la faim, de la guerre, du terrorisme, on ne trouve pas une sensibilité semblable devant l’attentat que constitue l’avortement, qui pourtant fauche d’innombrables vies innocentes.
11 mai 1986 – Aux hommes de la mer. ORLF 18.11.1986
Toute vie humaine vaut plus que toute la création matérielle, toute vie humaine est sacrée, intangible : la tuer c’est se rendre responsable d’un crime très grave.
20 septembre 1986 – Discours de Jean Paul II aux participants du XXIIIème Congrès International du groupement Ampère
1. Vous voici réunis à Rome pour votre vingt-troisième Congrès Ampère qui traite des principaux aspects de la résonance magnétique. Et vous avez souhaité me rendre visite à cette occasion.
J’ai plaisir à vous recevoir parce que vous êtes des chercheurs qualifiés, des chercheurs qui mettez en commun le fruit de votre travail, des chercheurs dont les découvertes bénéficient, non seulement à la Communauté scientifique internationale, mais aussi, par leurs applications, à toute la Communauté humaine.
Votre Groupement Ampère regroupe en effet la quasi totalité des institutions de recherches situées en Europe, et les principaux laboratoires non européens, en particulier américains et japonais, qui étudient la spectroscopie des radiofréquences et plus spécialement les résonances magnétiques. Depuis plus de trente ans, vous avez déjà tenu des congrès et des colloques spécialisés dans la quasi totalité des pays de l’Europe. Et j’ai noté qu’à cette rencontre de Rome participent vingt-deux pays européens et douze pays hors d’Europe.
C’est dire la qualité et le rayonnement de votre Groupement Ampère, puisque la plupart des découvertes importantes faites dans votre champ de compétence au cours du dernier quart de siècle ont été présentées ou discutées dans ces rencontres. C’est bien à juste titre que vous vous appelez un “Groupement d’informations mutuelles”, en particulier par votre Bulletin spécialisé qui maintient un lien permanent entre les laboratoires intéressés.
Je me réjouis de ce haut niveau scientifique, du caractère d’entraide mutuelle de vos rapports, et du bienfait qu’apportent vos découvertes scientifiques par leur application à la médecine et à la biologie. Le développement de la résonance magnétique de haute résolution a permis ainsi d’élucider des problèmes de structures concernant les molécules organiques, puis les macromolécules des milieux biologiques, et enfin les applications de ces techniques au diagnostic médical, ouvrant la voie notamment à des méthodes nouvelles, faciles d’application pour le patient, sûres dans l’identification des pathologies. Vous êtes ainsi un exemple vivant de ce que des scientifiques peuvent faire, en utilisant leur talent, en joignant leurs énergies, pour le mieux-être des hommes.
2. Je m’en réjouis, disais-je, car c’est une de mes préoccupations profondes que le pouvoir énorme de la science en notre temps ne soit pas, ne soit plus utilisé contre l’homme, mais pour l’homme et pour tous les hommes. Il me souvient d’avoir souligné cette finalité essentielle dans ma rencontre avec les hommes de science et de culture réunis à Paris le 2 juin 1980 au siège de l’Unesco. J’aime vous le redire. Car les hommes d’aujourd’hui ont besoin de retrouver confiance dans les progrès des connaissances scientifiques, qui se juge dans le service rendu à l’homme et à l’humanité. L’occasion me fut donnée d’en traiter avec des savants rencontrés à Cologne le 15 novembre 1980.
Notre siècle en effet s’était ouvert sur les plus belles prouesses de la science. Mais voici qu’à son déclin cette assurance s’est assombrie au point d’angoisser nombre d’observateurs avertis. Et pourtant nous ne pouvons revenir en arrière, avant Copernic et Galilée, avant Einstein et ses émules.
Depuis Hiroshima, la crainte atomique plane sur l’humanité, d’autant plus que les chefs des peuples ont continué d’augmenter leur arsenal terrifiant. Et après la récente catastrophe de Chernobyl, nous avons dû reconnaître que l’usage même pacifique de l’atome n’est pas sans risques de graves dangers. Faut-il donc que les plus belles conquêtes de l’homme se retournent contre lui et que son génie découvreur se retourne en pouvoir destructeur ?
Vous êtes, Mesdames et Messieurs, des hommes de science et des chercheurs pacifiques, dont les travaux et les découvertes sont tout orientés vers des usages bénéfiques, et dont les rencontres régulières au niveau international sont autant de contributions à la constitution d’une Communauté humaine plus unie, plus responsable, plus solidaire, plus efficiente.
3. Tant il est vrai que la liberté et la science désintéressée vont de pair, comme le mettait en évidence une rencontre récente d’hommes de foi et de science à Ljubljana (Science and Faith, Académie slovène des sciences et des arts et Secrétariat pour le non-croyants, Lubiana-Roma, 1984), et que les sciences naturelles, telle la physique que vous pratiquez, sont par essence internationales et ne peuvent connaître d’autres limites théoriques que celles de l’esprit. Leurs applications pratiques, avec les bienfaits qui en découlent, sont le champ largement ouvert à la coopération de tous les hommes de bonne volonté. Les problèmes éthiques suscités par le prodigieux développement des sciences et de leurs applications techniques appellent de toute urgence un surcroît de lucidité et un sursaut de conscience, comme je le rappelais aux participants de la rencontre “Science et Foi” du Secrétariat pour les Non-croyants auquel appartient votre dévoué secrétaire, Monsieur le Professeur Georges Béné, de Genève. J’ai plaisir à le saluer spécialement aujourd’hui, en le remerciant de son active collaboration au groupe de travail que j’ai suscité sur Galilée.
C’est vous dire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, combien l’Eglise apprécie votre travail, encourage vos recherches, se réjouit de vos rencontres scientifiques internationales. Vous apportez ainsi une contribution irremplaçable à cette civilisation de la vérité et de l’amour. De tous mes v½ux, j’appelle tous les hommes de bonne volonté à la construire. Dans le respect de vos opinions religieuses, j’invoque sur vos travaux présents et à venir la sagesse divine.
27 septembre 1986 – A des pèlerins à Rome. ORLF 18.11.1986
L’homme a une relation fondamentale, essentielle, avec la valeur suprême c’est-à-dire avec Dieu et c’est cette relation-là, qui donne à l’homme cette dignité supérieure en vertu de laquelle il a droit à la vie dès le moment de sa conception, un droit qui ni les parents ni la société ne peuvent légitimement violer.
18 octobre 1986 – Discours aux Parlementaires européens du parti populaire, à Florence, en Italie.
Vous avez un sens aigu de la dignité de l’homme, de tout l’homme, compatriote ou travailleur immigré, des conditions équitables de sa vie, de son travail, avec la préoccupation de mettre le progrès économique au service de l’homme. Vous êtes soucieux de faciliter aux familles – cellules de base de la société – leur vie dans la paix et l’union, et l’accomplissement de leurs tâches essentielles d’époux, de parents, d’éducateurs. Vous êtes au premier rang de ceux qui protègent le droit à la vie, dès la conception, et à tous les âges de la vie, et de même tout ce qui concourt à la dignité éthique de la vie.
Votre action dans le cadre de la démocratie vise à promouvoir de tels biens dans le texte de lois que vous préparez et discutez, en gardant le souci de ce que l’application des lois entraîne concrètement dans les m½urs.
19 octobre 1986, Jean Paul II aux malades à Florence. ORLF 4.11.198
Malheureusement, nous assistons au spectacle fréquent d’une pratique vouée à interrompre brutalement la formation de tant de petites vies humaines qui ne sont pas encore nées. Le chrétien, élevé à l’école de l’Annonciation de l’Archange à Marie, à la réalité du Christ qui est la Vie faite vie humaine, ne peut rester indifférent et inerte face à une telle tragédie toujours croissante.
Il est réconfortant de constater qu’il ne manque ni de groupes engagés en faveur de la vie naissante, comme le Mouvement pour la Vie, qui a trouvé son origine ou du moins son impulsion décisive à Florence, s’inspirant de la grande tradition chrétienne, humaniste et culturelle de l’histoire de la ville.
A toutes ces personnes engagées, à tous les centres d’aide à la vie, j’adresse mon encouragement cordial et fort.
24 octobre 1986 – Discours de Jean Paul II lors d’une conférence internationale sur les médicaments
1. C’EST AVEC JOIE que je vous salue, vous tous, participants à cette Conférence internationale qui témoigne une fois de plus de l’importance que l’Eglise accorde au service des malades, de ceux qui souffrent, et à tous ceux qui ½uvrent dans le vaste domaine – délicat et complexe – de la santé et de l’hygiène. C’est un champ d’apostolat qui fait partie intégrante de la mission de l’Eglise.
Cette Conférence est bien représentative de l’activité de la Commission pontificale pour la pastorale des services de la santé, et remercier son président, le Cardinal Eduardo Pironio, son Pro-Président, Monseigneur Fiorenzo Angelini, et leurs collaborateurs. Dans un monde où la conception même des services sociaux-sanitaires évolue considérablement, et où l’on s’aperçoit qu’ils ont des implications toujours plus complexes, il était devenu indispensable de coordonner et de promouvoir la présence de l’Eglise. Cette Conférence en est la preuve, comme aussi les autres initiatives qui ont été prises ou sont en cours de réalisation, parmi lesquelles je veux mentionner le vaste recensement de toutes les structures sanitaires de l’Eglise ; nous prenons ainsi mieux conscience de l’extension et des ramifications capillaires de cette présence et de ce service en faveur de la personne humaine soumise à l’épreuve particulière de la maladie psychophysique.
2. Le choix du thème central de cette Conférence me semble lui aussi très approprié. Les médicaments sont en effet le moyen par lequel le médecin peut non seulement soigner mais aussi prévenir certaines maladies. Un grand nombre de celles-ci qui, dans le passé, décimaient les populations, ont aujourd’hui en grande partie disparu. D’autres peuvent être soignées beaucoup plus efficacement. Les enfants sont plus rarement marqués par les terribles déformations de la poliomyélite et du rachitisme. La chirurgie, grâce à un apport pharmacologique toujours mieux adapté, a pu connaître des progrès extraordinaires. La durée moyenne de la vie est notablement accrue. Tout cela, nous le devons surtout aux sérums, aux vaccins et à tant d’autres médicaments, aujourd’hui à notre disposition. Du moins cela vaut-il pour les pays développés.
3. Cependant, s’il est vrai que les médicaments ont apporté d’immenses bienfaits à l’humanité, ils ont par ailleurs soulevé de graves problèmes, en partie non résolus, au sujet de leur élaboration, de leur diffusion, de leur usage et de leur accessibilité pour tous les malades quels que soient le milieu social ou le pays auquel ils appartiennent. La mise au point et la fabrication des médicaments est toujours plus complexe et plus coûteuse, et cela a des conséquences économiques et sociales évidentes. Les médicaments peuvent stimuler, ou au contraire réprimer, les fonctions de divers organes ou tissus, ou encore l’activité mentale. Ces caractéristiques les rendent utiles pour accroître la résistance à certaines maladies ou pour freiner le développement de certaines autres. Il est vrai que l’on peut s’interroger parfois sur l’opportunité, pour l’équilibre de l’organisme humain, d’une surconsommation de ces produits artificiels, en certains pays et selon la tendance de certains praticiens. Mais surtout des médicaments peuvent aussi être employés dans un but non plus thérapeutique mais pour altérer les lois de la nature au détriment de la dignité de la personne humaine. Il est donc clair que l’élaboration, la distribution et l’usage des médicaments doivent être soumis à un code de morale particulièrement rigoureux. Le respecter est le seul moyen d’éviter que les exigences liées à la production et au coût des médicaments, en soi légitimes et importantes pour leur diffusion, ne les détournent de leur sens et de leur fin.
4. Vous vous penchez aussi, au cours de ce Congrès, sur le problème de l’expérimentation des médicaments. Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il n’est pas possible de prévoir avec une précision suffisante les propriétés et les caractéristiques des nouveaux médicaments. Avant donc d’être utilisés en thérapie, ils doivent être testés sur des animaux de laboratoire. M’adressant aux participants à la Semaine d’Etudes sur l’expérimentation biologique, qui s’est déroulée en 1982 auprès de l’Académie pontificale des Sciences, j’avais déjà souligné que cette expérimentation est délicate et qu’elle doit s’effectuer dans le respect de l’animal, sans lui infliger d’inutiles souffrances. Dans un deuxième stade, avant de pouvoir être utilisés normalement, il faut encore que les médicaments soient testés sur l’homme, sur le malade et quelquefois aussi sur la personne en bonne santé. L’expérimentation clinique est désormais soumise à des lois et des normes sévères qui la réglementent et veulent offrir toutes les garanties possibles. Un jour viendra où, grâce au progrès des connaissances scientifiques, les risques et les inconnues en matière d’expérimentation des médicaments, seront notablement réduits, on peut du moins l’espérer. Mais, de toute façon, une grande prudence s’avère nécessaire pour ne jamais faire de l’homme un objet d’expérimentation, pour éviter à tout prix de mettre en danger sa vie, son équilibre, sa santé, ou aggraver son mal.
5. Il est urgent, en même temps, de promouvoir une réelle collaboration internationale, non seulement sur le plan normatif, mais aussi dans le but de réduire et d’éliminer les différences qui existent d’un pays à l’autre.
Parmi les problèmes restés, aujourd’hui encore, sans solution, je voudrais mentionner ceux qui concernent la situation de certains pays en voie de développement. Alors que l’accès à l’assistance sanitaire est reconnu comme un droit fondamental de l’homme, de larges portions de l’humanité sont encore privées des soins médicaux même les plus élémentaires. C’est un problème d’une telle envergure que les efforts individuels – tout aussi précieux et irremplaçables qu’ils soient – apparaissent comme insuffisants. A l’heure actuelle, il faut absolument chercher à travailler ensemble, à coordonner, au niveau international, la politique d’intervention et donc les initiatives concrètes. Nous savons combien l’Organisation Mondiale de la Santé s’y emploie et beaucoup d’autres associations et initiatives qui manifestent une solidarité sans frontières.
Les pays développés ont le devoir de mettre à la disposition de ceux qui le sont moins, leur expérience, leur technologie et une part de leurs richesses économiques. Mais cela ne peut se faire que dans le respect de la dignité humaine des autres, sans jamais vouloir s’imposer. La protection de la santé est étroitement liée aux différents aspects de la vie : qu’il s’agisse des aspects sociaux ou économiques, de ceux qui ont trait à l’environnement ou à la culture. Elle requiert par là même une approche prudente et responsable, dans une collaboration ouverte et réciproque. Car il arrive fréquemment que les traditions locales offrent des points d’appui précieux qu’il est bon de prendre en compte et de mettre en valeur. Les chrétiens comprennent qu’il y a là un terrain capital d’entraide fraternelle, de service humble et respectueux.
6. Dans ce contexte, nous ne pouvons oublier qu’il existe encore des médicaments qui, pour des raisons presque uniquement commerciales, ne sont pas sérieusement pris en charge et ne bénéficient pas des recherches et progrès scientifiques. Or ils sont nécessaires non seulement pour le traitement de certaines maladies rares, mais aussi pour celles qui, surtout dans les zones tropicales et pauvres, frappent des millions de personnes. A cet égard, il faut en premier lieu discerner les objectifs et leur ordre de priorité, puis voir comment les barrières économiques et politiques qui entravent la recherche, l’élaboration et la production de tels médicaments pourraient être surmontées.
7. A tous ceux qui ½uvrent dans les services de la santé et qui doivent affronter ces problèmes difficiles et complexes, je voudrais redire ici l’encouragement de l’Eglise. La doctrine chrétienne apporte en effet en ces domaines – c’est notre conviction – une contribution très importante. Elle offre des principes sûrs pour orienter vers des solutions qui garantissent la dignité de la personne, soutiennent son progrès moral et social, développent la solidarité et, en ce sens, elle apporte une lumière et une espérance à ceux qui éprouvent des doutes, des questions angoissantes ou le découragement au regard de la pénible situation des malades et des infirmes.
D’une part, l’Eglise partage avec les malades leur désir de guérison, de soulagement et leur espérance d’une plénitude de Vie. Elle respecte aussi le mystère de leur souffrance et les invite, surtout s’ils ont la foi, à situer leur épreuve dans le plan de Dieu, dans le plan de la Rédemption, en union avec le Christ Sauveur, qui offre une occasion d’élévation spirituelle et d’offrande dans l’amour, pour le salut du monde. C’est un mystère dont peuvent bénéficier aussi ceux qui les soignent. J’ai souvent l’occasion d’en parler aux malades.
D’autre part, ce monde immense de la maladie est en même temps un défi offert à vos capacités de médecins, de pharmaciens, d’hommes de science, pour que vous sachiez trouver une solution scientifique et humaine au problème de la santé, sous tous les angles sous lesquels il se pose. En visitant récemment les malades et ceux qui leur prodiguent les soins dans l’église primatiale Saint-Jean, à Lyon (5 octobre 1986), j’ai encouragé en ce sens la recherche scientifique et j’ai félicité tous ceux qui sont les coopérateurs de Dieu pour la défense de la vie de leurs frères et s½urs, comme le bon Samaritain de l’Evangile. Oui, non seulement l’Eglise a constamment stimulé, dans l’esprit de l’enseignement de Jésus, la création d’½uvres de miséricorde pour les malades, mais elle tient à favoriser le progrès technique, l’amplification des connaissances, leur sage emploi ou service de l’homme. Loin de se fermer aux légitimes attentes du monde contemporain, le christianisme les met en valeur, et contribue à leur donner une réponse.
Que cette certitude vous accompagne toujours et renforce votre engagement, quel que soit le niveau de votre activité dans les services de la santé ! C’est Dieu qui nous a donné l’intelligence et le c½ur pour mieux découvrir et mettre en ½uvre ce qui soutient et développe la vie de l’organisme humain, expression de la personne : qu’il vous affermisse dans votre recherche, dans votre service professionnel, et qu’il comble de ses Bénédictions vos personnes, vos familles et ceux qui vous sont chers !
28 octobre 1986 – Discours de Jean Paul II à l’Assemblée plénière de l’Académie Pontificale des Sciences et les 50 ans de sa refondation
Mais comment ne pas penser surtout au champ désormais immense de la génétique ? La tentation d’y manipuler radicalement l’homme, en disposant des conditions de son engendrement, en risquant de porter atteinte à la vie de l’être humain, même à l’état d’embryon ou de f½tus, à son intégrité, à son équilibre, pose des questions si graves que des savants eux-mêmes s’interrogent sur la poursuite de leurs expériences.
En somme, on demande aux savants d’avoir devant les yeux toutes les exigences de l’éthique qui assurent la dignité transcendante de l’être humain. La question décisive est bien celle-ci: comment la science peut-elle servir l’homme ? Comment peut-elle respecter, assurer, les droits objectifs fondamentaux de la personne ?
9. La contribution spécifique de l’Académie pontificale des Sciences est l’objectivité des données scientifiques recueillies de la part de savants qui excellent dans les domaines hautement spécialisés qui sont les leurs, par la rigueur de leur analyse des faits, la profondeur de leurs intuitions scientifiques, par leur désintéressement au service de la vérité, l’importance qu’ils donnent aussi aux valeurs morales.
1er décembre 1986- Homélie de la Messe à Victoria
Une société se désagrège quand les mariages se font de moins en moins nombreux et plus instables, lorsque chacun recherche d’abord à satisfaire son égoïsme et les plaisirs faciles, quand on accepte les infidélités et les ruptures. Le chrétiens doivent alors témoigner qu’une vie de foyer solide, bien préparée, animée par l’amour réciproque, est une valeur irremplaçable. En recevant le sacrement de mariage, ils reconnaissent que tout amour vient de Dieu et ne peut être vécu fidèlement qu’avec la grâce de Dieu, avec la force de l’amour que le Christ a manifesté pour son Eglise. Et en accueillant la vie selon une paternité responsable, en la respectant toujours dès qu’elle est conçue, ils sont les coopérateurs de l’amour de Dieu Créateur. Ils sont aussi les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, de leur croissance dans la foi. Chers époux et parents chrétiens, en vertu du mariage, vous avez une mission de premier plan dans l’Eglise et dans la société. Priez, priez ensemble le Christ présent dans votre foyer. Et cherchez, à l’occasion de réunions ou de retraites, à vous entraider entre foyers.
Mais il vous faut vous-mêmes approfondir votre foi, pour qu’elle devienne une conviction, un choix personnel. L’instruction que vous recevez dans les différents établissements scolaires représente une chance pour votre avenir, pour l’avenir des Seychelles. Elle doit s’accompagner d’un effort semblable pour connaître ce que Dieu a révélé aux hommes tout au long de la Bible et de l’histoire de l’Eglise. Cette révélation n’explique pas, comme les sciences, les “comment” de la nature, mais elle répond à nos “pourquoi”: elle montre le sens de l’existence dans le plan de Dieu. Ainsi vous serez capables de rendre compte de l’espérance qui est en vous et de répondre sans crainte aux interrogations nouvelles qui surgissent au cours de vos études. C’est pourquoi l’Eglise désire avoir toujours la possibilité de rendre aux jeunes ce service qui, à ses yeux, est primordial: leur proposer, dans le respect de leur conscience, le message chrétien, l’expérience de la vie en Eglise et le sens d’une vie à bâtir à la lumière de Jésus-Christ.
… Préparez votre avenir, en développant aussi les valeurs morales de droiture du c½ur, de loyauté, d’endurance dans l’effort, d’amitié. Préparez-vous à l’amour humain sur lequel sera fondé votre foyer, si telle est votre vocation. Il y a un apprentissage du respect de l’autre, de la connaissance réciproque, de la maîtrise de soi, du don de soi. L’amour est beaucoup plus que les satisfactions superficielles de la sensibilité. Il est une réponse à une vocation merveilleuse que Dieu a inscrite dans vos c½urs, et pour laquelle vous devez être simples, forts, généreux, capables d’assurer ensemble les responsabilités du mariage.