2012 : Homélies, discours, Audiences, Angelus

La famille chrétienne en particulier est plus que jamais confrontée à la question de son identité profonde. Les jeunes et la vie - Benoit XVI, Exhortation Apostolique sur l'Eglise au Moyen Orient - 14 septembre 2012

La famillechrétienne


58. Institution divine fondée sur le mariage
tel qu’il a été voulu par le Créateur lui-même
(cf. Gn 2, 18-24 ; Mt 19, 5), la famille est exposée
aujourd’hui à plusieurs périls. La famille chrétienne
en particulier est plus que jamais confrontée à la
question de son identité profonde. En effet, les
propriétés essentielles du mariage sacramentel –
unité et indissolubilité (cf. Mt 19, 6) – et le modèle
chrétien de la famille, de la sexualité et de l’amour
sont de nos jours sinon contestés du moins incompris
par certains fidèles. La tentation existe de
s’approprier des modèles contraires à l’Évangile
véhiculés par une certaine culture contemporaine
répandue partout dans le monde. L’amour conjugal
est inséré dans l’Alliance définitive entre Dieu
et son Peuple, pleinement scellée dans le sacrifice
de la croix. Son caractère de don mutuel de soi à
l’autre jusqu’au martyre, est manifeste dans certaines
des Églises d’Orient, où chacun des fiancés
reçoit l’autre pour « couronne » durant la cérémonie
du mariage, appelée à juste titre « office
du couronnement ». L’amour conjugal n’est pas
l’oeuvre d’un moment, mais le projet patient de
toute une vie. Appelée à vivre quotidiennement
l’amour christique, la famille chrétienne est un
instrument privilégié de la présence et de la mission
de l’Église dans le monde. En ce sens, elle
a besoin d’être accompagnée pastoralement58 et
soutenue dans ses problèmes et ses difficultés,
surtout là où les repères sociaux, familiaux et religieux
tendent à s’affaiblir ou à se perdre.59

59. Familles chrétiennes au Moyen-Orient, je
vous invite à vous régénérer toujours par la force
de la Parole de Dieu et des sacrements, pour être
davantage l’Église domestique qui éduque à la prière
et à la foi, la pépinière des vocations, l’école naturelle
des vertus et des valeurs éthiques, la cellule
vivante et première de la société. Contemplez toujours
la Famille de Nazareth60 qui a eu la joie d’accueillir
la vie et d’exprimer sa piété en observant
la Loi et les pratiques religieuses de son temps
(cf. Lc 2, 22-24. 41). Regardez cette Famille qui
a vécu aussi l’épreuve de la perte de Jésus-enfant,
la douleur de la persécution, de l’émigration et le
dur labeur quotidien (cf. Mt 2, 13ss. ; Lc 2, 41ss.).
Aidez vos enfants à grandir en sagesse, en taille et
en grâce sous le regard de Dieu et des hommes
(cf. Lc 2, 52) ; enseignez-leur à faire confiance au
Père, à imiter le Christ et à se laisser guider par
l’Esprit Saint.

60. Après ces quelques réflexions sur la dignité
et la vocation communes de l’homme et de la femme
dans le mariage, ma pensée se tourne avec une
attention particulière vers les femmes au Moyen-
Orient. Le premier récit de la création montre
l’égalité ontologique entre l’homme et la femme
(cf. Gn 1, 27-29). Cette égalité est blessée par les
conséquences du péché (cf. Gn 3, 16 ; Mt 19, 4).
Surmonter cet héritage, fruit du péché, est un devoir
pour tout être humain, homme ou femme.61
Je voudrais assurer toutes les femmes que l’Église
catholique, se situant dans la fidélité au dessein
divin, promeut la dignité personnelle de la femme,
et son égalité avec l’homme, en face des formes
les plus variées de discrimination auxquelles elle
est soumise, du seul fait qu’elle est femme.62 De
telles pratiques blessent la vie de communion et
de témoignage. Elles offensent gravement non
seulement la femme mais aussi et surtout Dieu,
le Créateur. Reconnaissant leur sensibilité innée
pour l’amour et la protection de la vie humaine,
et leur rendant hommage pour leur apport spécifique
dans l’éducation, la santé, le travail humanitaire
et la vie apostolique, j’estime que les femmes
doivent s’engager et être impliquées davantage
dans la vie publique et ecclésiale.63 Elles appor-
teront ainsi leur part propre à l’édification d’une
société plus fraternelle et d’une Église rendue plus
belle par la communion réelle entre les baptisés.
61. Par ailleurs, lors des différends juridiques
qui, malheureusement, peuvent opposer l’homme
et la femme surtout dans des questions d’ordre
matrimonial, la voix de la femme doit être écoutée
et prise en considération avec respect à l’égal de
celle de l’homme pour faire cesser certaines injustices.
Dans ce sens, il faudrait encourager une
application plus saine et plus juste du Droit de
l’Église. La justice de l’Église doit être exemplaire
à tous ses niveaux et dans tous les domaines qu’elle
touche. Il faut absolument veiller à ce que les différends
juridiques relatifs aux questions matrimoniales
ne conduisent pas à l’apostasie. Par ailleurs,
les chrétiens des pays de la région doivent avoir la
possibilité d’appliquer dans le domaine matrimonial
et dans les autres domaines, leur droit propre
sans restriction.

 

Les jeunes et les enfants


62. Je salue avec sollicitude paternelle tous les
enfants et les jeunes de l’Église au Moyen-Orient.
Je pense aux jeunes en quête d’un sens humain et
chrétien durable pour leur vie, sans oublier ceux
pour qui la jeunesse coïncide avec un éloignement
progressif de l’Église, se traduisant par l’abandon
de la pratique religieuse.

63. Je vous invite chers jeunes à cultiver en permanence
l’amitié vraie avec Jésus (cf. Jn 15, 13-15)
par la force de la prière. Plus elle est solide, plus
elle vous servira de phare et vous protégera des
égarements de la jeunesse (cf. Ps 25, 7). La prière
personnelle deviendra plus forte par la fréquentation
régulière des sacrements qui permettent une
rencontre authentique avec Dieu et avec les frères
en Église. N’ayez pas peur ou honte de témoigner
de l’amitié avec Jésus dans la sphère familiale et publique.
Faites-le toutefois en respectant les autres
croyants, juifs et musulmans, avec qui vous partagez
la croyance en Dieu, Créateur du ciel et de la
terre, et aussi de grands idéaux humains et spirituels.
N’ayez pas peur ou honte d’être chrétiens.
La relation avec Jésus vous rendra disponibles
pour collaborer sans réserve avec vos concitoyens,
quelle que soit leur appartenance religieuse, pour
construire l’avenir de vos pays sur la dignité humaine,
source et fondement de la liberté, de l’égalité
et de la paix dans la justice. En aimant le Christ
et son Église, vous pourrez discerner avec sagesse
dans la modernité les valeurs utiles à votre pleine
réalisation et les maux qui intoxiquent lentement
votre vie. Cherchez à ne pas vous laisser séduire
par le matérialisme et par certains réseaux sociaux
dont l’usage, sans discernement, pourrait mutiler
la vraie nature des relations humaines. L’Église au
Moyen-Orient compte beaucoup sur votre prière,
sur votre enthousiasme, sur votre créativité, sur
votre savoir-faire et sur votre engagement plénier
pour servir le Christ, l’Église, la société et surtout
les autres jeunes de votre âge.64 N’hésitez pas à adhérer
à toute initiative qui vous aidera à renforcer
votre foi et à répondre à l’appel spécifique que le
Seigneur vous adressera. N’hésitez pas non plus à
suivre l’appel du Christ en choisissant la vie sacerdotale,
religieuse ou missionnaire.


64. Ai-je besoin de vous rappeler, chers enfants
à qui je m’adresse maintenant, que dans votre cheminement
avec le Seigneur, un honneur particulier
doit être rendu à vos parents (cf. Ex 20, 12 ; Dt 5,
16) ? Ils sont vos éducateurs dans la foi. Dieu vous a
confiés à eux comme un don inouï pour le monde
afin qu’ils prennent soin de votre santé, de votre
éducation humaine, chrétienne et de votre formation
intellectuelle. Et pour leur part, les parents,
les éducateurs et les formateurs, les institutions
publiques, ont le devoir de respecter le droit des
enfants à partir du moment de la conception.65
Quant à vous chers enfants, apprenez dès maintenant
l’obéissance à Dieu en étant obéissants à
vos parents, comme Jésus-enfant (cf. Lc 2, 51).
Apprenez aussi à vivre chrétiennement en famille,
à l’école et partout. Le Seigneur ne vous oublie
pas (cf. Is 49, 15). Il marche toujours à vos côtés
et désire que vous marchiez avec Lui en étant sé-
rieux, courageux et gentils (cf. Tb 6, 2). En toute
circonstance, bénissez le Seigneur Dieu, demandez-
lui de diriger vos voies, et de faire aboutir vos
sentiers et vos projets ; rappelez-vous toujours de
ses commandements et ne les laissez pas s’effacer
de votre coeur (cf. Tb 4, 19).


65. Je désire insister à nouveau sur la formation
des enfants et des jeunes qui revêt une importance
particulière. La famille chrétienne est le lieu
naturel du développement de la foi des enfants et
des jeunes, leur première école de catéchèse. En
ces temps tourmentés, éduquer un enfant ou un
jeune, est difficile. Cette tâche irremplaçable est
rendue plus complexe encore à cause des circonstances
sociopolitiques et religieuses particulières
que vit la région. C’est pourquoi je désire assurer
les parents de mon appui et de ma prière. Il est
important que l’enfant grandisse dans une famille
unie qui vit sa foi simplement et avec conviction.
Il est important pour l’enfant et le jeune de voir
ses parents prier. Il est important qu’il les accompagne
à l’église et qu’il voit et comprenne que ses
parents aiment Dieu et désirent mieux le connaître.
Et il est tout aussi important que l’enfant et
le jeune voit la charité de ses parents envers celui
qui a authentiquement besoin. Il comprend ainsi
qu’il est bon et beau d’aimer Dieu, et il aimera être
en Église et il en sera fier car il aura saisi de l’intérieur
et expérimenté qui est le vrai roc sur lequel
il construira sa vie (cf. Mt 7, 24-27 ; Lc 6, 48). Aux
enfants et aux jeunes qui n’ont pas cette chance,
je souhaite de trouver sur leur chemin d’authentiques
témoins pour les aider à rencontrer le Christ
et à découvrir la joie de se mettre à sa suite.

 

-----------------------------------------------------------
58 Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio (22
novembre 1981) : AAS 74 (1982), pp. 81-191; Saint-Siège,
Charte des droits de la famille (22 octobre 1983), Cité du Vatican,
1983 ; Jean-Paul II, Lettre aux familles (02 février 1994) : AAS 86
(1994), pp. 868-925; Conseil pontifical justice et paix, Compendium
de la doctrine sociale de l’Église, nn. 209-254.
59 Cf. Proposition 35.
60 Cf. Benoît XVI, Homélie de la messe au Mont du Précipice,
Nazareth (14 mai 2009) : AAS 101 (2009), pp. 478-482.
61 Cf. Jean-Paul II, Lett. apost. Mulieris dignitatem (15 août
1988), n. 10 : AAS 80 (1988), pp. 1676-1677.
62 Cf. Idem, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici
(30 décembre 1988), n. 49 : AAS 81 (1989), p. 487.
63 Cf. Idem, Exhort. apost. post-synodale Une espérance pour
le Liban (10 mai 1997), n. 50 : AAS 89 (1997), p. 355 ; Message à
l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques (22 octobre 2010), n. 4.4 :
L’Osservatore Romano, édition française, n. 3.159, (9 novembre
2010), p. 22 ; Proposition 27.
64 Cf. Proposition 36.
65 Cf. Proposition 27.

publié le : 14 septembre 2012

Sommaire documents

t>