Excommunication de la mère et des médecins brésiliens
Le témoignage du curé de la paroisse
Famille Chrétienne 21/03/2009 Par Samuel Pruvot
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Les propos de l'archevêque de Recife ont fait le tour du monde au lendemain de l'excommunication de la mère et des médecins ayant décidé d'un avortement pour une fillette de neuf ans violée par son beau-père. Le père Edson Rodrigues, curé de Alagoinha, qui a accompagné les parents de la victime, livre à "Famille Chrétienne" sa version des faits. Les parents, hostiles à cette extrémité, auraient été victimes de pressions illégales. Par notre envoyé spécial au Brésil, Samuel Pruvot.
Dom José Cardoso, archevêque de Recife.
© GONDIM - AFP
Sommaire
La mère d'une fille de 9 ans qui a avorté après un viol excommuniée Mots clés
avortement lois bioéthiques Brésil excommunication "Notre ville a été secouée par une nouvelle tragique : une enfant de neuf ans victime des abus sexuels de son beau père était enceinte de jumeaux. Sa soeur aînée, âgée de 13 ans, avait subi les mêmes sévices. Cette horrible histoire durait depuis près de trois ans.
Quand le conseil de Alagoinha a découvert les faits, il a tenté de tout mettre en oeuvre pour aider les enfants et les parents. Le 27 février, la justice a confié les enfants à l'institut médical légal de Caruaru, dans l'Etat de Pernambuco. D'autres examens complémentaires ont été réalisés (avec des sexologues, des psychologues) ensuite à l'institut médical de l'enfance de Recife. C'est à cet endroit que la victime a rencontré une assistante sociale du nom de Karolina Rodrigues et son assistante Marie-José Gomes. Cette dernière a refusé l'hypothèse de l'avortement au nom de sa conscience chrétienne. Karolina Rodrigues a décidé de porter ce cas devant le conseil de Alagoinha. Les cinq conseillers de la ville ont refusé pour les mêmes motifs. Ils ont transmis leur avis à l'institut médical de Caruaru. Une copie a été donnée à Karolina Rodrigues en ma présence et celle du père de la victime, monsieur Erivaldo.
Le 28 février, je suis invité à participer au conseil de l'institut médical de l'enfance de Recife en compagnie de Marie-José Gomes et de deux membres de notre paroisse. Nous en profitons pour aller visiter la victime et sa mère. Elles se trouvent au quatrième étage de l'établissement, dans un appartement isolé. L'accès est très strict. Je suis obligé de rester dans le couloir mais j'arrive à parler avec la mère de la petite. Elle m'avoue "avoir signé des papiers". Je m'inquiète car cette femme est analphabète. Comme elle est incapable d'apposer sa signature, on a pris ses empreintes digitales. Je lui demande ce qu'elle pense à propos de l'avortement. Elle montre des sentiments très maternels et surtout une préoccupation extrême pour sa fille. Elle répond : "Je ne veux pas que ma fille avorte..." La maman me parle de son état de santé : "Ça va bien, elle joue avec des poupées qu'on vient de lui donner". Nous repartons avec la ferme conviction que la mère est totalement défavorable à l'avortement de ses petits fils. "Personne n'a le droit de tuer personne, ajoute-t-elle. Seul Dieu peut disposer de la vie..."
Le 2 mars, nous retournons à l'institut de Recife. Nous sommes autorisés à monter au 4e étage pour visiter la victime. Mais, arrivés au premier étage, un fonctionnaire de l'institut nous interdit de monter plus haut. Il nous demande de voir l'assistante sociale dans un autre bâtiment. Nous tombons nez à nez avec Karolina Rodrigues. Je suis en compagnie de Marie José Gomes et de monsieur Erivaldo qui s'oppose à "l'avortement de ses petits fils". Quand l'assistante découvre mon identité, elle dit devant tout le monde : "Il s'agit d'une affaire médicale même si le prêtre qui est là estime pense qu'il s'agit d'une question de morale". Nous interrogeons Karolina Rodrigues sur l'état de santé de l'enfant. Elle affirme que tout est déjà résolu avec l'accord de la maman. La procédure médicale va suivre son cours. Elle insiste sur son état critique sans fournir aucun élément de la part d'un médecin. Elle se retranche aussi derrière la loi : "Dans ce cas, le mieux est de sauver la vie de l'enfant". Nous répondons : "Il n'y a pas une seule vie à sauver mais trois !" Elle ne veut rien entendre. Karolina Rodrigues demande à Monsieur Erivaldo de lui parler seul à seul. Pendant près de 25 minutes. En sortant, ce dernier me révèle qu'il vient de changer d'avis à propos de l'avortement : "L'assistante m'a prévenu que ma fille était menacée de mort... Si elle est en danger, il faut la sauver... Quitte à lui retirer les foetus" a-t-il murmuré.
Tout paraissait alors terminé. C'est alors que l'archevêque de Recife, dom José Cardoso, et l'évêque de Pesqueira, dom Franceso Biasin, se sont impliqués dans la procédure. Mgr Cardoso a convoqué un groupe de médecins, d'avocats, de psychologues, de juristes pour étudier la légalité de cette affaire. Lors de cette réunion, le 3 mars, à la résidence de l'archevêque, il y avait le directeur de l'institut médical de l'enfance de Recife, Antonio Figueiras. Il a reconnu en public les pressions exercées par Katerina Rodrigues. Il a contacté l'hôpital pour suspendre l'avortement.
Un peu plus tard, l'archevêque de Recife reçoit un appel de monsieur Figueiras l'informant qu'un groupe féministe - "Curumin" - aurait convaincu la maman d'accepter un transfert de sa fille vers un autre hôpital. Nous retournons sur place avec Maria Gomes. On l'a fait attendre en prétextant la rotation des équipes (l'enfant était déjà transférée). Personne n'ose lui dire quelque chose. Comment une personne en péril de mort peut-elle obtenir un bon de sortie ? Comment l'état de la victime a-t-il pu changer si rapidement ? Qu'est-ce que le "Curumin" a pu dire à la mère ?
Le 4 mars, nous apprenons que l'enfant est internée à l'hôpital de CISAM (centre intégral de santé Amaury de Medeiros spécialisé dans les grossesses à risques). Cela se trouve au nord de Recife. Notre espoir de voir les deux enfants vivants disparaît brutalement. Tout cela à cause de d'une manipulation de conscience et d'un manque de respect pour la vie humaine. J'ai raconté tout cela pour que les gens sachent la vérité."
Samuel Pruvot