Benoît XVI de A à Z

Evangelium Vitae 2007

Jésus de Nazareth, Tome I, Flammarion, Paris 2007,  p. 197 et 200-201

St Matthieu développe avec quelques particularités le contenu de la mission :

     « Et [il] leur donna le pouvoir d'expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité » (Mt 10, 1).

     Le premier mandat qui leur est confié est de prêcher, c'est-à-dire de faire don aux hommes de la lumière de la Parole, du message de Jésus. Les apôtres, sont avant tout des évangélistes ; comme Jésus, ils proclament le Royaume de Dieu et rassemblent ainsi les hommes qui constitueront la nouvelle famille de Dieu. Mais la prédication du Royaume de Dieu ne se réduit jamais à une simple parole, à un simple enseignement. Elle est événement, tout comme Jésus lui-même est événement ; elle est la Parole de Dieu en personne. En l'annonçant, les apôtres conduisent à la rencontre avec Jésus.

[...]

     Au mandat d'exorciser, Matthieu ajoute la mission de guérir ; les Douze sont envoyés pour « guérir toute maladie et toute infirmité » (Mt 10, 1). Guérir est une dimension essentielle de la mission apostolique et de la foi chrétienne en général.

     Eugen Biser qualifie carrément le christianisme de « religion thérapeutique », de religion de la guérison. Si l'on conçoit cette formulation avec la profondeur nécessaire, on y trouve exprimé tout ce que contient le terme de « rédemption ».

     Le pouvoir de chasser les démons et de libérer le monde de leur sombre menace pour le tourner vers le Dieu unique et vrai, ce pouvoir-là exclut toute compréhension magique de la guérison, car la magie tente justement d'utiliser ces forces occultes. De plus, avoir recours à la magie pour guérir est toujours lié à l'art de retourner le mal contre le prochain et de mobiliser contre lui les « démons ».

Seigneurie de Dieu, Royaume de Dieu, signifie justement que ces puissances sont privées de tout pouvoir par l'avènement du Dieu unique qui est bon, qui est en soi le Bien.

     Le pouvoir de guérir dont disposent les envoyés de Jésus Christ est le contraire de la magie, il exorcise le monde y compris dans le domaine de la médecine. Les guérisons miraculeuses accomplies par le Seigneur et par les Douze révèlent Dieu dans son pouvoir bienfaisant sur le monde. Elles sont par essence des « signes » qui renvoient à Dieu lui-même et qui sont destinés à mettre l'homme en mouvement vers Dieu. Seul le chemin d'union progressive avec lui constitue le vrai processus de guérison de l'homme.

     Ainsi les guérisons miraculeuses opérées par Jésus lui-même et par les siens sont un élément second dans l'ensemble de leur activité, dans laquelle est en jeu la réalité la plus profonde, le « Royaume de Dieu » précisément, c'est-à-dire le fait que Dieu règne en nous et dans le monde.

De même que l'exorcisme chasse la peur des démons et lègue à la raison humaine le monde qui provient de la raison de Dieu, de même l'acte de guérir grâce au pouvoir divin est un appel à croire en Dieu et à mettre les forces de la raison au service de la guérison.

     Il s'agit toujours là d'une raison très ouverte, qui perçoit Dieu et qui, de ce fait, reconnaît l'homme en tant qu'unité de corps et d'âme. Pour réellement guérir l'homme, explique Benoît XVI, il faut le concevoir dans sa totalité et savoir que sa guérison définitive ne peut venir que de l'amour de Dieu.

 

 

 

1er janvier 2007 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     Mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, en s'adressant à l'Assemblée générale des Nations unies le 5 octobre 1995, affirmait que « nous ne vivons pas dans un monde irrationnel ou privé de sens, mais que, au contraire, il y a une logique morale qui éclaire l'existence humaine et qui rend possible le dialogue entre les hommes et entre les peuples ».(3) La « grammaire » transcendante, à savoir l'ensemble des règles de l'agir individuel et des relations mutuelles entre les personnes, selon la justice et la solidarité, est inscrite dans les consciences, où se reflète le sage projet de Dieu. Comme j'ai voulu le réaffirmer récemment, « nous croyons qu'à l'origine, il y a le Verbe éternel, la Raison et non l'Irrationalité ».(4) La paix est donc aussi une tâche qui oblige chacun à une réponse personnelle en harmonie avec le plan divin. Le critère dont doit s'inspirer une telle réponse ne peut être que le respect de la « grammaire » écrite dans le c½ur de l'homme par son divin Créateur.

     Dans cette perspective, les normes du droit naturel ne doivent pas être considérées comme des directives s'imposant de l'extérieur, contraignant presque la liberté de l'homme. Au contraire, elles doivent être accueillies comme un appel à réaliser fidèlement le projet divin universel inscrit dans la nature de l'être humain. Guidés par de telles normes, les peuples — dans leurs cultures respectives — peuvent ainsi s'approcher du mystère le plus grand, qui est le mystère de Dieu. La reconnaissance et le respect de la loi naturelle constituent par conséquent, aujourd'hui encore, le grand fondement du dialogue entre les croyants des diverses religions, et entre les croyants et les non croyants eux-mêmes. C'est là un grand point de rencontre et donc un présupposé fondamental pour une paix authentique.

 

     4. Le devoir de respecter la dignité de tout être humain, dont la nature reflète l'image du Créateur, comporte comme conséquence que l'on ne peut pas disposer de la personne selon son bon plaisir. La personne qui jouit d'un plus grand pouvoir politique, technologique, économique, ne peut pas s'en prévaloir pour violer les droits des personnes moins chanceuses. C'est en effet sur le respect des droits de tous que se fonde la paix. Consciente de cela, l'Église s'emploie à défendre les droits fondamentaux de toute personne. Elle revendique en particulier le respect de la vie et de la liberté religieuse de chacun. Le respect du droit à la vie à toutes ses étapes constitue un point fort d'une importance décisive: la vie est un don; le sujet n'en a pas la pleine disponibilité. De la même façon, l'affirmation du droit à la liberté religieuse met l'être humain en relation avec un Principe transcendant qui le soustrait à l'arbitraire de l'homme. Le droit à la vie ...ne relève pas du pouvoir de l'homme. La paix a besoin que s'établisse une frontière claire entre ce qui est disponible et ce qui ne l'est pas: on évitera ainsi d'introduire des éléments inacceptables dans le patrimoine de valeurs qui est propre à l'homme en tant que tel.

 

     5. En ce qui concerne le droit à la vie, on doit dénoncer toutes les terribles violations qui lui sont faites dans notre société: outre les victimes des conflits armés, du terrorisme et des multiples formes de violence, il y a les morts silencieuses provoquées par la faim, par l'avortement, par l'expérimentation sur les embryons et par l'euthanasie. Comment ne pas voir en tout cela un attentat à la paix? L'avortement et l'expérimentation sur les embryons constituent la négation directe de l'attitude d'accueil envers l'autre, qui est indispensable pour instaurer des relations de paix durables.

 

 

L'égalité de nature de toutes les personnes

     6. À l'origine des nombreuses tensions qui menacent la paix, il y a assurément les innombrables et injustes inégalités qui sont encore tragiquement présentes dans le monde. Parmi elles, de manière particulièrement insidieuse, on trouve, d'une part, les inégalités dans l'accès aux biens essentiels, comme la nourriture, l'eau, un toit, la santé; d'autre part, les inégalités persistantes entre homme et femme dans l'exercice des droits humains fondamentaux.

     La reconnaissance de l'égalité essentielle entre les personnes humaines, qui découle de leur commune dignité transcendante, constitue un élément de première importance pour l'édification de la paix. L'égalité à ce niveau est donc un bien de tous inscrit dans la « grammaire » naturelle, qui ressort du projet divin de la création; un bien qui ne peut pas être laissé de côté ou bafoué sans provoquer de graves répercussions mettant la paix en péril. Les très graves manques dont souffrent de nombreuses populations, spécialement sur le continent africain, sont à la source de revendications violentes et constituent donc une blessure profonde infligée à la paix.

 

     7. Le fait que la condition féminine soit insuffisamment prise en considération introduit aussi des facteurs d'instabilité dans l'ordre social. Je pense à l'exploitation de femmes traitées comme des objets et aux nombreuses formes de manque de respect pour leur dignité; je pense également — dans un contexte différent — aux perspectives anthropologiques persistantes dans certaines cultures, qui réservent aux femmes une place encore fortement soumise à l'arbitraire de l'homme, avec des conséquences qui portent atteinte à leur dignité de personne et à l'exercice des libertés fondamentales elles-mêmes. On ne peut se faire illusion: la paix ne sera pas assurée tant que ces formes de discrimination, qui lèsent la dignité personnelle, inscrite par le Créateur en tout être humain, ne seront pas abolies.(5)

 

     11. Aujourd'hui, cependant, la paix n'est pas mise en question seulement par le conflit entre les visions réductrices de l'homme, à savoir entre les idéologies. Elle l'est aussi par l'indifférence pour ce qui constitue la véritable nature de l'homme. En effet, de nombreux contemporains nient l'existence d'une nature humaine spécifique et ils rendent ainsi possibles les interprétations les plus extravagantes au sujet des éléments qui sont essentiellement constitutifs de l'être humain. Ici aussi la clarté est nécessaire: une conception « faible » de la personne, qui laisse place à n'importe quelle conception, même excentrique, ne favorise la paix qu'en apparence.

 

Droits humains et Organisations internationales

     12. Une paix véritable et stable présuppose le respect des droits de l'homme. Si ces droits se fondent cependant sur une conception faible de la personne, comment n'en sortiraient-ils pas eux-mêmes affaiblis? On voit ici de manière évidente l'insuffisance profonde d'une conception relativiste de la personne, lorsqu'il s'agit d'en justifier et d'en défendre les droits. L'aporie est ici manifeste: les droits sont proposés comme absolus, mais le fondement qu'on invoque pour eux est seulement relatif. Faut-il donc s'étonner si, face aux exigences « dérangeantes » de tel ou tel droit, quelqu'un puisse se présenter pour le contester ou pour décider de le mettre de côté? Les droits qui sont attribués à l'homme peuvent être affirmés sans crainte d'être démentis seulement s'ils sont enracinés dans les exigences objectives de la nature, données à l'homme par le Créateur. Par ailleurs, il va de soi que les droits de l'homme impliquent pour ce dernier des devoirs. À ce sujet, le mahatma Gandhi déclarait à juste titre: « Le Gange des droits descend de l'Himalaya des devoirs ». C'est seulement en faisant la clarté sur ces présupposés de fond que les droits humains, aujourd'hui soumis à des attaques continuelles, peuvent être défendus de manière appropriée. Sans une telle clarté, on finit par utiliser la même expression « droits humains », sous-entendant alors des sujets très différents entre eux: pour certains, la personne humaine marquée par une dignité permanente et des droits toujours valables, partout et pour quiconque; pour d'autres, une personne à la dignité changeante et avec des droits négociables dans leur contenu, dans le temps et dans l'espace.

 

 

1er janvier 2007 - Homélie de la Messe

     Je suis profondément convaincu qu'"en respectant la personne on promeut la paix et qu'en bâtissant la paix on jette les bases d'un authentique humanisme intégral" (Message, n. 1). Il s'agit là d'un devoir qui revient de manière particulière au chrétien, appelé "à être un infatigable ouvrier de paix et un vaillant défenseur de la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables" (Message, n. 16). C'est précisément parce qu'il est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 27), que tout individu humain, sans distinction de race, de culture et de religion, est investi de la même dignité de personne. C'est pour cela qu'il doit être respecté, et aucune raison ne peut en aucun cas justifier que l'on dispose de lui selon son bon plaisir, comme s'il était un objet.

 

      Le souhait que je formule devant les représentants des nations ici présents est que la Communauté internationale conjugue ses efforts, pour qu'au nom de Dieu l'on construise un monde où les droits essentiels de l'homme soient tous respectés. Pour que cela se produise, il est toutefois nécessaire que le fondement de ces droits soit reconnu non pas dans de simples pactes humains, mais "dans la nature même de l'homme et dans son inaliénable dignité de personne créée par Dieu" (Message, n. 13). Si, en effet, les éléments constitutifs de la dignité humaine sont confiés aux opinions humaines inconstantes, ses droits également, même s'ils sont proclamés solennellement, finissent par devenir faibles et diversement interprétables. "Il est donc important que les Organisations internationales ne perdent pas de vue le fondement naturel des droits de l'homme. Cela les soustraira au risque, malheureusement toujours latent, de glisser vers une interprétation qui serait uniquement positiviste" (ibid.).
 

 

1er janvier 2007 – Angelus

     La valeur de la personne humaine est le pilier de tout le grand édifice de la paix. On parle beaucoup aujourd'hui des droits de l'homme, mais l'on oublie souvent qu'ils ont besoin d'un fondement stable, qui ne soit ni relatif ni discutable. Et cela ne peut être que la dignité de la personne. Le respect pour cette dignité commence par la reconnaissance et la protection de son droit à vivre et à professer librement sa religion…

 

     Nous adressons avec confiance notre prière à la Sainte Mère de Dieu, pour que se développe dans les consciences le respect sacré pour toute personne humaine.

 

3 janvier 2007 – Audience Générale

     En réalité, seul l'Enfant qui est couché dans la crèche possède le véritable secret de la vie. C'est pour cela qu'il demande qu'on l'accueille, qu'on lui laisse de la place en nous, dans nos c½urs, dans nos maisons, dans nos villes et dans nos sociétés…. Essayons d'être parmi ceux qui l'accueillent. Face à Lui on ne peut pas rester indifférents. Nous aussi, chers amis, nous devons sans cesse prendre position. Quelle sera donc notre réponse ? Avec quelle attitude l'accueillons-nous ?

 

 

7 janvier 2007 – Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine

      Chaque enfant qui naît nous apporte le sourire de Dieu et nous invite à reconnaître que la vie est un don venant de lui, un don qu'il faut accueillir avec amour et préserver avec soin toujours et en chaque moment.

 

    Dieu confie chaque enfant qui naît à ses parents : combien est alors importante la famille fondée sur le mariage, berceau de la vie et de l'amour ! La maison de Nazareth, où vit la Sainte Famille, est un modèle et une école de simplicité, de patience et d'harmonie pour toutes les familles chrétiennes. Je prie le Seigneur afin que vos familles soient également des lieux accueillants, où ces petits puissent grandir non seulement en bonne santé, mais aussi dans la foi et dans l'amour pour Dieu, qui, aujourd'hui, à travers le Baptême, fait d'eux ses fils…

 

     L'eau est l'élément de la fécondité. Sans eau, il n'y a pas de vie. Et ainsi, dans toutes les grandes religions, l'eau est considérée comme le symbole de la maternité, de la fécondité. Pour les Pères de l'Eglise, l'eau devient le symbole du sein maternel de l'Eglise. Chez un écrivain ecclésiastique du IIe-IIIe siècle, Tertullien, nous trouvons une parole surprenante. Il dit : « Le Christ n'est jamais sans eau ». Avec ces paroles, Tertullien voulait dire que le Christ n'est jamais sans l'Eglise. Dans le Baptême, nous sommes adoptés par le Père céleste, mais dans cette famille qu'Il se constitue, il y a également une mère, la mère Eglise. L'homme ne peut avoir Dieu comme Père, disaient déjà les anciens écrivains chrétiens, s'il n'a pas également l'Eglise comme mère. ..

    

     Vos enfants, que nous baptiserons maintenant, sont encore incapables de collaborer, de manifester leur foi. C'est pourquoi votre présence, chers pères et mères, ainsi que la vôtre, chers parrains et marraines, revêt une valeur et une signification particulières. Veillez toujours sur vos petits, afin qu'ils grandissent et qu'ils apprennent à connaître Dieu, à l'aimer de toutes leurs forces et à le servir fidèlement. Soyez pour eux les premiers éducateurs dans la foi, en offrant avec les enseignements également les exemples d'une vie chrétienne cohérente. Enseignez-leur à prier et à se sentir membres actifs de la famille concrète de Dieu, de la communauté ecclésiale.

      Même pris par les activités quotidiennes souvent frénétiques, n'oubliez pas de cultiver personnellement et en famille la prière, qui constitue le secret de la persévérance chrétienne

 

8 janvier 2007 – Au Corps Diplomatique

     Comment ne pas se préoccuper  des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle ? De telles atteintes n'épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle, comme en Afrique, où l'on tente de banaliser subrepticement l'avortement, par le Protocole de Maputo, ainsi que par le Plan d'action adopté par les Ministres de la santé de l'Union Africaine, qui sera d'ici peu soumis au Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement. Se développent également des menaces contre la structure naturelle de la famille, fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme, et des tentatives de la relativiser en lui donnant le même statut que d'autres formes d'union radicalement différentes. Tout cela offense la famille et contribue à la déstabiliser, en en voilant la spécificité et le rôle social unique. D'autres formes d'agression à la vie sont commises parfois sous couvert de recherche scientifique. La conviction se répand que la recherche n'est soumise qu'aux lois qu'elle veut bien se donner et qu'elle n'a d'autre limite que ses propres possibilités. C'est le cas par exemple dans les tentatives de légitimer le clonage humain pour d'hypothétiques fins thérapeutiques.

 

    Ce cadre préoccupant n'empêche pas de percevoir des éléments positifs qui caractérisent notre époque. Je voudrais mentionner en premier lieu la prise de conscience croissante de l'importance du dialogue entre les cultures et entre les religions. Il s'agit d'une nécessité vitale, en particulier en raison des défis communs concernant la famille et la société. Je relève d'ailleurs les nombreuses initiatives en ce sens, qui visent à bâtir les bases communes pour vivre dans la concorde…

 

     Au sein de l'Organisation des Nations unies, a été créé l'année dernière le Conseil des Droits de l'Homme, dont il faut espérer qu'il centrera son activité sur la défense et la promotion des droits fondamentaux de la personne, en particulier le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse…

 

      La démocratie est appelée à prendre en compte les aspirations de l'ensemble des citoyens, à promouvoir le développement dans le respect de toutes les composantes de la société, selon les principes de la solidarité, de la subsidiarité et de la justice. Il faut cependant mettre en garde contre le risque que l'exercice de la démocratie se transforme en dictature du relativisme, proposant des modèles anthropologiques incompatibles avec la nature et la dignité de l'homme.

 

     C'est en respectant la personne humaine qu'il est possible de promouvoir la paix et c'est en bâtissant la paix que sont jetées les bases d'un authentique humanisme intégral. C'est ici que trouve réponse la préoccupation de tant de nos contemporains face à l'avenir. Oui, l'avenir pourra être serein si nous travaillons ensemble pour l'homme. L'homme, créé à l'image de Dieu, a une dignité incomparable; l'homme, qui est si digne d'amour aux yeux de son Créateur, que Dieu n'a pas hésité à donner pour lui son propre Fils.

 

 

 

11 janvier 2007 ­– Aux administrateurs de la Ville de Rome et de la Province du Lazio

     Il y a le très vaste domaine de la protection de la santé, qui exige un effort considérable et coordonné pour assurer à ceux qui souffrent de maladies physiques ou psychiques des soins rapides et adaptés. Sur ce terrain également, l'Eglise et les organisations catholiques sont heureuses d'offrir leur collaboration, à la lumière des grands principes du caractère sacré de la vie humaine, depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et de la place centrale de la personne du malade. J'ai confiance dans votre disponibilité pour soutenir une telle collaboration, qui est assurément dans l'intérêt de toute la population.

 

     Aujourd'hui, le mariage et la famille ont besoin d'être mieux compris dans leur valeur intrinsèque et dans leurs motivations authentiques, et dans ce but, l'engagement pastoral de l'Eglise est grand et doit encore croître.

 

     Il semble …dangereux et contre-productif de soutenir les projets qui visent à attribuer à d'autres formes d'unions impropres des reconnaissances juridiques, en finissant inévitablement par affaiblir et par déstabiliser la famille légitime fondée sur le mariage

 

 

14 janvier 2007 – Angelus

     Nous pouvons tourner notre regard vers la sainte Famille de Nazareth, icône de toutes les familles, car celle-ci reflète l'image de Dieu conservée dans le c½ur de toute famille humaine, même lorsque celle-ci est affaiblie et parfois défigurée par les épreuves de la vie…

 

     La famille migrante est de manière spéciale une ressource, si elle est respectée en tant que telle, si elle ne subit pas de déchirements irréparables et si elle peut demeurer unie ou se réunir et accomplir sa mission de berceau de la vie et de premier lieu d'accueil et d'éducation de la personne humaine

 

 

 

 

19 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Turquie près le Saint-Siège

     Dans le monde actuel où les tensions semblent s'exacerber, la conviction du Saint-Siège, … est que les croyants des différentes religions doivent s'efforcer d'½uvrer ensemble en faveur de la paix, en commençant par dénoncer la violence, trop souvent utilisée dans le passé sous le prétexte de motivations religieuses, et en apprenant à mieux se connaître et à mieux se respecter pour édifier une société toujours plus fraternelle. Les religions peuvent aussi unir leurs efforts pour agir en faveur du respect de l'homme, créé à l'image du Tout-Puissant, et pour faire reconnaître les valeurs fondamentales qui régissent la vie des personnes et des sociétés. Le dialogue, nécessaire entre les Autorités religieuses à tous les niveaux, commence dans la vie de tous les jours par l'estime et le respect mutuels que se portent les croyants de chaque religion, partageant la même vie et ½uvrant ensemble pour le bien commun

 

 

 

20 janvier 2007 – Au nouvel Ambassadeur de Roumanie près le Saint-Siège

     Je souhaite aussi une attention renouvelée aux familles les plus pauvres, afin qu'elles puissent élever leurs enfants dans la dignité…

 

     Je sais que les fidèles catholiques prennent part activement à la vie du pays, notamment sur le plan spirituel et social, et je les encourage vivement à témoigner avec courage de la place irremplaçable de la famille au sein de la société.

 

 

22 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur du Montenegro
 
   L’Eglise souhaite que tous convergent dans la tâche d'unir leurs efforts au service de la noblesse originelle de l'être humain. L'Eglise voit en effet en cela une part significative de sa mission au service de l'homme dans l'intégralité de ses pensées, de ses actions, de sa capacité de projet, dans le respect des traditions qui forment l'identité d'une terre

 

 

24 janvier 2007 – Audience Générale

      Parfois (il) peut-être décourageant lorsque l'on cède à la tentation d'« entendre » et non pas d'« écouter », de parler à demi-mot, au lieu de proclamer avec courage. Il n'est pas facile d'abandonner une « surdité commode », comme si l'Evangile immuable n'avait pas la capacité de refleurir, en se réaffirmant comme un levain providentiel de conversion et de renouveau spirituel pour chacun de nous.

 

25 janvier – Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs

      Celui qui se met à l'écoute de la parole de Dieu peut et doit ensuite parler et la transmettre aux autres, à ceux qui ne l'ont jamais écoutée, ou à ceux qui l'ont oubliée et enterrée sous les épines des soucis et des séductions du monde (cf. Mt 13, 22). Nous devons nous demander : nous, chrétiens, ne sommes-nous pas devenus trop muets ? Ne nous manque-t-il pas le courage de parler et de témoigner comme l'ont fait ceux qui étaient les témoins de la guérison du sourd-muet dans la Décapole ? Notre monde a besoin de ce témoignage.

 

 

 

27 janvier 2007 – Au Tribunal de la Rote Romaine

     L'année dernière, lors de ma première rencontre avec vous, j'ai cherché à explorer les voies pour surmonter l'opposition apparente entre l'institution du procès en nullité de mariage et l'authentique sens pastoral. Dans cette perspective, l'amour pour la vérité apparaissait comme le point de convergence entre la recherche juridique et le service pastoral aux personnes. Nous ne devons cependant pas oublier que, dans les causes de nullité de mariage, la vérité juridique présuppose la "vérité du mariage" lui-même. L'expression "vérité du mariage" perd cependant de son importance existentielle dans un contexte culturel marqué par le relativisme et le positivisme juridique, qui considèrent le mariage comme une pure reconnaissance sociale des liens affectifs. En conséquence, celui-ci devient non seulement contingent, comme peuvent l'être les sentiments humains, mais il se présente comme une superstructure juridique que la volonté humaine peut manipuler à sa convenance, la privant même de sa nature hétérosexuelle.

Cette crise de sens du mariage se fait également ressentir dans la façon de penser de nombreux fidèles. Les effets pratiques de ce que j'ai appelé l'"herméneutique de la discontinuité et de la rupture" à propos de l'enseignement du Concile Vatican II (cf. Discours à la Curie romaine, 22 décembre 2005) se ressentent de manière particulièrement intense dans le domaine du mariage et de la famille. En effet, il semble à certaines personnes que la doctrine conciliaire sur le mariage, et concrètement la description de cette institution comme "intima communitas vitae et amoris" (Const. past. Gaudium et spes, n. 48), doive conduire à nier l'existence d'un lien conjugal indissoluble, car il s'agirait d'un "idéal" auquel ne peuvent pas être "obligés" les "chrétiens normaux". De fait, s'est également diffusée dans certains milieux ecclésiaux la conviction selon laquelle le bien pastoral des personnes en situation matrimoniale irrégulière exigerait une sorte de régularisation canonique, indépendamment de la validité ou de la nullité de leur mariage, c'est-à-dire indépendamment de la "vérité" à propos de leur condition personnelle. La voie de la déclaration de nullité matrimoniale est de fait considérée comme un instrument juridique pour atteindre cet objectif, selon une logique dans laquelle le droit devient la reconnaissance des prétentions subjectives. A ce propos, il faut tout d'abord souligner que le Concile décrit bien évidemment le mariage comme intima communitas vitae et amoris, mais cette communauté doit être déterminée, suivant la tradition de l'Eglise, par un ensemble de principes de droit divin, qui fixent son véritable sens anthropologique permanent (cf. ibid.). …
 

     Le mariage contient une vérité, à la découverte et à l'approfondissement de laquelle concourent de manière harmonieuse la raison et la foi, c'est-à-dire la connaissance humaine, éclairée par la Parole de Dieu, sur la réalité sexuellement différenciée de l'homme et de la femme, avec leurs profondes exigences de complémentarité, de don définitif et d'exclusivité.

 

     La vérité anthropologique et salvifique du mariage - également dans sa dimension juridique - est déjà présentée dans l'Ecriture Sainte. La réponse de Jésus aux Pharisiens, qui lui demandaient son avis à propos de la licéité de la répudiation, est célèbre: "N'avez-vous pas lu l'Ecriture? Au commencement, le Créateur les fit homme et femme, et il leur dit: "Voilà pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un". A cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas" (Mt 19, 4-6). Les citations de la Genèse (1, 27; 2, 24) reproposent la vérité matrimoniale du "principe", cette vérité dont la plénitude se trouve en relation avec l'union du Christ avec l'Eglise (cf. Ep 5, 30-31), et qui a fait l'objet de réflexions vastes et profondes de la part du Pape Jean-Paul II dans ses cycles de catéchèse sur l'amour humain dans le dessein divin. A partir de cette unité duelle du couple humain, on peut élaborer une authentique anthropologie juridique du mariage. Dans ce sens, les paroles de conclusion de Jésus sont particulièrement éclairantes: "Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas!". Chaque mariage est bien sûr le fruit du libre consentement de l'homme et de la femme, mais leur liberté traduit en acte la capacité naturelle inhérente à leur masculinité et féminité. L'union a lieu en vertu du dessein de Dieu lui-même, qui les a créés homme et femme et qui leur donne le pouvoir d'unir pour toujours ces dimensions naturelles et complémentaires de leurs personnes. L'indissolubilité du mariage ne dérive pas de l'engagement définitif des contractants, mais elle est intrinsèque à la nature du "puissant lien établi par le Créateur" (Jean-Paul II, catéchèse du 21 novembre 1979, n. 2). Les contractants doivent s'engager de façon définitive parce que le mariage est précisément tel dans le dessein de la création et de la rédemption. Et le caractère juridique essentiel du mariage réside précisément dans ce lien, qui pour l'homme et la femme représente une exigence de justice et d'amour auquel, pour leur bien et pour celui de tous, ils ne peuvent pas se soustraire sans contredire ce que Dieu lui-même a accompli en eux.

 

     Il faut approfondir cet aspect, non seulement en considération de votre rôle de canonistes, mais également parce que la compréhension globale de l'institution du mariage ne peut pas manquer d'inclure la clarté à propos de sa dimension juridique. Toutefois, les conceptions à propos de la nature de ce rapport peuvent diverger de manière radicale. Pour le positivisme, le caractère juridique du rapport conjugal serait uniquement le résultat de l'application d'une norme humaine formellement valable et efficace. De cette façon, la réalité humaine de la vie et de l'amour conjugal reste extrinsèque à l'institution "juridique" du mariage. Il se crée un hiatus entre droit et existence humaine, qui nie radicalement la possibilité d'un fondement anthropologique du droit.

 

     La voie traditionnelle de l'Eglise dans la compréhension de la dimension juridique de l'union conjugale, dans le sillage des enseignements de Jésus, des Apôtres et des saints Pères, est totalement différente. Saint Augustin, par exemple, en citant saint Paul affirme avec force "Cui fidei [coniugali] tantum iuris tribuit Apostolus, ut eam potestatem appellaret, dicens: Mulier non habet potestatem corporis sui, sed vir; similiter autem et vir non habet potestatem corporis sui, sed mulier (1 Co 7, 4)" (De bono coniugali, 4, 4). Saint Paul, qui expose de manière aussi profonde dans la Lettre aux Ephésiens le "mystérion mega" de l'amour conjugal en relation à l'union du Christ avec l'Eglise (5, 22-31), n'hésite pas à appliquer au mariage les termes les plus forts du droit pour désigner le lien juridique avec lesquels les conjoints sont unis entre eux, dans leur dimension sexuelle. De même, pour saint Augustin, le caractère juridique est essentiel dans chacun des trois biens (proles, fides, sacramentum), qui constituent les pivots de l'exposition de sa doctrine sur le mariage.
 

     Face à la relativisation subjectiviste et libertaire de l'expérience sexuelle, la tradition de l'Eglise affirme avec clarté le caractère naturellement juridique du mariage, c'est-à-dire son appartenance par nature au domaine de la justice dans les relations interpersonnelles. Dans cette optique, le droit est véritablement mêlé à la vie et à l'amour, comme il doit intrinsèquement l'être. C'est pourquoi, comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique, "selon une orientation qui a son origine dans la création, l'eros renvoie l'homme au mariage, à un lien caractérisé par l'unicité et le définitif; ainsi, et seulement ainsi, se réalise sa destinée profonde" (Deus caritas est, n. 11). Amour et droit peuvent ainsi s'unir, au point d'avoir pour effet que le mari et la femme se doivent réciproquement l'amour qu'ils éprouvent spontanément: l'amour est en eux le fruit de leur libre désir du bien de l'autre et des enfants; ce qui, du reste, est également l'exigence de l'amour envers le propre bien véritable.
 

     Toute l'½uvre de l'Eglise et des fidèles dans le domaine familial doit se fonder sur cette vérité à propos du mariage et de sa dimension juridique intrinsèque. Malgré cela, comme je l'ai déjà rappelé, la mentalité relativiste, sous des formes plus ou moins ouvertes ou insidieuses, peut également s'insinuer dans la communauté ecclésiale. Vous êtes bien conscients de l'actualité de ce risque, qui se manifeste parfois à travers une interprétation erronée des normes canoniques en vigueur. Il faut réagir contre cette tendance avec courage et confiance, en appliquant constamment l'herméneutique du renouveau dans la continuité et en ne se laissant pas séduire par des possibilités d'interprétation qui impliquent une rupture avec la tradition de l'Eglise. Ces voies s'éloignent de la véritable essence du mariage, ainsi que de sa dimension juridique intrinsèque et, sous divers noms plus ou moins attrayants, tentent de dissimuler une contrefaçon de la réalité conjugale. On en vient ainsi à soutenir que rien ne serait juste ou injuste dans les relations de couple, mais répondrait uniquement, ou non, à la réalisation des aspirations subjectives de chacune des parties. Dans cette optique, l'idée du "mariage in facto esse" oscille entre une relation purement factuelle et une façade juridique et positiviste, négligeant son essence de lien intrinsèque entre les personnes de l'homme et de la femme.
 

     La contribution des tribunaux ecclésiastiques pour surmonter la crise sur le sens du mariage dans l'Eglise et dans la société civile, pourrait sembler plutôt secondaire et d'arrière-garde à certains. Toutefois, précisément parce que le mariage possède une dimension intrinsèquement juridique, être des serviteurs sages et convaincus de la justice dans ce domaine délicat et très important possède une valeur de témoignage profondément significative et d'un grand soutien pour tous. Chers Prélats-auditeurs, vous êtes engagés sur un front dans lequel la responsabilité pour la vérité est ressentie de manière particulière à notre époque. En restant fidèles à votre tâche, faites en sorte que votre action s'insère harmonieusement dans une redécouverte totale de la beauté de cette "vérité sur le mariage" - la vérité du "principe" - que Jésus nous a pleinement enseignée et que l'Esprit Saint nous rappelle sans cesse dans l'aujourd'hui de l'Eglise.

 

28 janvier 2007 – Angelus

     Le rapport entre foi et raison constitue un sérieux défi pour la culture actuellement dominante dans le monde occidental et précisément pour cette raison, le bien-aimé Jean-Paul II a voulu y consacrer une encyclique intitulée justement Fides et Ratio - Foi et raison. …

     En réalité, le développement moderne des sciences apporte d'innombrables effets positifs qui sont toujours reconnus. Dans le même temps cependant, il faut admettre que la tendance à considérer vrai uniquement ce qui est expérimentable, constitue une limitation à la raison humaine et produit une terrible schizophrénie désormais évidente, en raison de laquelle coexistent le rationalisme et le matérialisme, l'hypertechnologie et l'instinct déchaîné. Il est urgent par conséquent de redécouvrir de façon nouvelle la rationalité humaine ouverte à la lumière du Logos divin et à sa parfaite révélation qui est Jésus Christ, Fils de Dieu fait homme. Lorsque la foi chrétienne est authentique elle ne mortifie pas la liberté et la raison humaine ; et alors, pourquoi la foi et la raison doivent-elles avoir peur l'une de l'autre si le fait de se rencontrer et de dialoguer leur permet de mieux s'exprimer ? La foi suppose la raison et la perfection, et la raison, éclairée par la foi, trouve la force pour s'élever à la connaissance de Dieu et des réalités spirituelles. La raison humaine ne perd rien en s'ouvrant aux contenus de la foi, ceux-ci demandent au contraire son adhésion libre et consciente.

 

1er février 2007 - Aux membres fondateurs de la Fondation pour la Recherche et le Dialogue interreligieux et interculturels

     Nos traditions religieuses respectives insistent toutes sur le caractère sacré de la vie et sur la dignité de la personne humaine. Nous le croyons, Dieu bénira nos initiatives si elles concourent au bien de tous ses enfants et si elles leur donnent de se respecter les uns les autres, dans une fraternité aux dimensions du monde.

 

 

 

 

4 février 2007 - Angélus
    
« Aimer et désirer la vie ». Je salue cordialement les personnes qui se sont rassemblées place Saint-Pierre pour témoigner de leur engagement à soutenir la vie, de sa conception jusqu'à son terme naturel. Je me joins aux évêques italiens pour renouveler l'appel lancé à plusieurs reprises également par mes vénérés prédécesseurs à tous les hommes et femmes de bonne volonté, afin qu'ils se montrent accueillants au grand don mystérieux de la vie. La vie, qui est oeuvre de Dieu, ne doit être refusée à personne, pas même au plus petit et plus vulnérable enfant à naître, encore moins lorsqu'il présente de graves handicaps. Dans le même temps, me faisant l'écho des pasteurs de l'Eglise en Italie, j'invite à ne pas tomber dans le piège de penser pouvoir disposer de la vie jusqu'à « en légitimer l'interruption par l'euthanasie, quitte à la masquer par un voile de pitié humaine ».

    La famille, est le « berceau » de la vie et de toute vocation. Nous savons bien que la famille fondée sur le mariage constitue le milieu naturel pour la naissance et l'éducation des enfants et par conséquent pour assurer l'avenir de l'humanité entière. Nous savons également cependant que celle-ci est marquée par une profonde crise et doit aujourd'hui faire face à de multiples défis. Il convient par conséquent de la défendre, de l'aider, de la protéger et de la valoriser dans son caractère unique et irremplaçable. Si cette tâche revient en premier lieu aux époux, l'Eglise ainsi que toute institution publique a également comme devoir prioritaire de soutenir la famille à travers des initiatives pastorales et politiques, qui tiennent compte des besoins réels des conjoints, des personnes âgées et des nouvelles générations. Un climat familial serein, éclairé par la foi et une sainte crainte de Dieu, favorisent par ailleurs l'éclosion et la floraison de vocations au service de l'Evangile. Je me réfère en particulier, outre à ceux qui sont appelés à suivre le Christ sur la voie du sacerdoce, à tous les religieux, les religieuses, les personnes consacrées.


     Prions afin qu'à travers un effort constant en faveur de la vie et de l'institution de la famille, nos communautés soient des lieux de communion et d'espérance où se renouvelle, même au coeur de nombreuses difficultés, le grand « oui » à l'amour authentique et à la réalité de l'homme et de la famille selon le projet originel de Dieu. Demandons au Seigneur, par l'intercession de la très Sainte Vierge Marie, que grandisse le respect pour le caractère sacré de la vie, que l'on prenne toujours davantage conscience des véritables exigences familiales, et qu'augmente le nombre de ceux qui contribuent à réaliser dans le monde la civilisation de l'amour.

 

Le 7 février 2007 - Audience Générale
      C'est grâce à la foi et à l'engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d'époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas grandir uniquement grâce aux Apôtres qui l'annonçaient. Pour qu'il puisse s'enraciner dans la terre du peuple, se développer de façon vivante, l'engagement de ces familles, de ces époux, de cette communauté chrétienne, et de fidèles laïcs qui ont offert l'« humus » à la croissance de la foi, était nécessaire. Et c'est toujours et seulement ainsi que grandit l'Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l'action des époux chrétiens est importante. Lorsqu'ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l'Eglise et dans l'Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s'élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu'une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi.

      Chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où le typique amour chrétien fait d'altruisme et d'attention réciproque doit y régner, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l'unique domination de Jésus Christ. Ce n'est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l'Eglise (cf. Ep 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l'Apôtre façonne indirectement la vie de l'Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l'Eglise est la famille de Dieu.
 

10 février 2007 – A l’Académie des Sciences morales et politiques

     Le développement du subjectivisme, qui fait que chacun a tendance à se prendre comme seule référence et à considérer que ce qu'il pense a le caractère de la vérité, nous incite à former les consciences sur les valeurs fondamentales, qui ne peuvent être bafouées sans mettre en danger l'homme et la société elle-même, et sur les critères objectifs d'une décision, qui supposent un acte de raison.

 

     La personne humaine est «un être constitutivement en relation», appelé à se sentir chaque jour davantage responsable de ses frères et s½urs en humanité. La question posée par Dieu, dès le premier texte de l'Écriture, doit sans cesse résonner dans le c½ur de chacun: «Qu'as-tu fait de ton frère ?» Le sens de la fraternité et de la solidarité, et le sens du bien commun reposent sur une vigilance par rapport à ses frères et par rapport à l'organisation de la société, donnant une place à chacun, afin qu'il puisse vivre dans la dignité, avoir un toit et le nécessaire pour son existence et pour celle de la famille dont il a la charge. C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre la motion que vous avez votée, au mois d'octobre dernier, concernant les droits de l'homme et la liberté d'expression, qui fait partie des droits fondamentaux, ayant toujours à c½ur de ne pas bafouer la dignité fondamentale des personnes et des groupes humains, et de respecter leurs croyances religieuses.

 

     Qu'il me soit permis d'évoquer …devant vous la figure d'Andreï Dimitrijevitch Sakharov, auquel j'ai succédé à l'Académie. Cette haute personnalité nous rappelle qu'il est nécessaire, dans la vie personnelle comme dans la vie publique, d'avoir le courage de dire la vérité et de la suivre, d'être libre par rapport au monde ambiant qui a souvent tendance à imposer ses façons de voir et les comportements à adopter. La véritable liberté consiste à marcher dans la voie de la vérité, selon sa vocation propre, sachant que chacun aura à rendre compte de sa vie à son Créateur et Sauveur. Il importe que nous sachions proposer aux jeunes un tel chemin, leur rappelant que le véritable épanouissement n'est pas à n'importe quel prix et les invitant à ne pas se contenter de suivre toutes les modes qui se présentent. Ainsi, ils sauront avec courage et ténacité discerner le chemin de la liberté et du bonheur, qui suppose de vivre un certain nombre d'exigences et de réaliser les efforts, les sacrifices et les renoncements nécessaires pour agir bien.
 

     Un des défis pour nos contemporains, et particulièrement pour la jeunesse, consiste à accepter de ne pas vivre simplement dans l'extériorité, dans le paraître, mais à développer la vie intérieure, lieu unificateur de l'être et de l'agir, lieu de la reconnaissance de notre dignité d'enfants de Dieu appelés à la liberté, non pas en se séparant de la source de la vie, mais en y demeurant relié. Ce qui réjouit le c½ur de l'homme, c'est de se reconnaître fils et filles de Dieu, c'est une vie belle et bonne sous le regard de Dieu, ainsi que les victoires réalisées sur le mal et contre le mensonge. En permettant à chacun de découvrir que sa vie a un sens et qu'il en est responsable, nous ouvrons la voie à une maturation des personnes et à une humanité réconciliée, soucieuse du bien commun.
 

      Aujourd'hui, il importe que l'homme ne se laisse pas entraver par des chaînes extérieures, telles que le relativisme, la recherche du pouvoir et du profit à tout prix, la drogue, des relations affectives désordonnées, la confusion au niveau du mariage, la non-reconnaissance de l'être humain dans toutes les étapes de son existence, de sa conception à sa fin naturelle, laissant penser qu'il y a des périodes où l'être humain n'existerait pas vraiment. Nous devons avoir le courage de rappeler à nos contemporains ce qu'est l'homme et ce qu'est l'humanité. J'invite les Autorités civiles et les personnes qui ont une fonction dans la transmission des valeurs à avoir toujours ce courage de la vérité sur l'homme.

 

11 février 2007 - Message pour la Journée Mondiale du Malade

     L'Eglise se tourne vers ceux qui souffrent et attire l'attention sur les malades incurables, dont un grand nombre meurent à la suite de maladies en phase terminale. Ils sont présents sur chaque continent, en particulier dans des lieux où la pauvreté et les difficultés sont la cause d'une misère et d'une douleur immenses…

 

     Etre malade comporte inévitablement un moment de crise et une sérieuse confrontation avec sa propre situation personnelle. Les progrès dans les sciences médicales offrent souvent les instruments nécessaires pour affronter ce défi, tout au moins en ce qui concerne ses aspects physiques. Cependant, la vie humaine a ses limites intrinsèques et, tôt ou tard, elle se termine par la mort. Il s'agit d'une expérience à laquelle chaque être humain est appelé et à laquelle il doit être préparé. Malgré les progrès de la science, on ne peut pas trouver de traitement pour chaque maladie et ainsi, dans les hôpitaux, dans les hospices et dans les maisons du monde entier, nous rencontrons la souffrance d'un grand nombre de nos frères et s½urs incurables et souvent en phase terminale..

 

     L'Eglise désire soutenir les malades incurables et ceux qui sont en phase terminale en exhortant à des politiques sociales équitables, qui puissent contribuer à éliminer les causes de nombreuses maladies et en demandant de manière urgente une meilleure assistance pour les personnes qui meurent et pour lesquelles aucun traitement médical n'est disponible. Il est nécessaire de promouvoir des politiques en mesure de créer des conditions où les êtres humains puissent également supporter des maladies incurables et affronter la mort de manière digne. A ce propos, il est nécessaire de souligner encore une fois la nécessité d'un plus grand nombre de centres pour les soins palliatifs qui offrent une assistance intégrale, fournissant aux malades l'aide humaine et l'accompagnement spirituel dont ils ont besoin. Il s'agit d'un droit qui appartient à chaque être humain et que nous devons tous nous engager à défendre.

 

      L'Eglise, suivant l'exemple du Bon Samaritain, a toujours fait preuve d'une sollicitude particulière pour les malades. A travers chacun de ses membres et ses institutions, elle continue d'être aux côtés de ceux qui souffrent et qui vont mourir, cherchant à préserver leur dignité en ces moments significatifs de l'existence humaine. Un grand nombre de ces personnes, du personnel médical, des agents pastoraux et des volontaires, ainsi que des institutions présentes dans le monde entier, servent inlassablement les malades dans les hôpitaux et dans les unités de soins palliatifs, dans les rues de la ville, dans le cadre des projets d'assistance à domicile et dans les paroisses.

 

    Je m'adresse à vous, chers frères et s½urs qui souffrez de maladies incurables ou en phase terminale. Je vous encourage à contempler les souffrances du Christ crucifié et, en union avec Lui, à vous adresser au Père avec une confiance totale dans le fait que toute la vie, et la vôtre en particulier, est entre ses mains. Sachez que vos souffrances, unies à celles du Christ, se révéleront fécondes pour les besoins de l'Eglise et du monde. Je demande au Seigneur de renforcer votre foi dans Son amour, en particulier au cours de ces épreuves que vous affrontez. Je forme le v½u que, partout où vous êtes, vous trouverez toujours l'encouragement et la force spirituelle nécessaires pour nourrir votre foi et vous conduire plus près du Père de la Vie. A travers ses prêtres et ses collaborateurs pastoraux, l'Eglise désire vous assister et être à vos côtés, en vous aidant à l'heure du besoin et en manifestant ainsi la miséricorde pleine d'amour du Christ envers ceux qui souffrent.
 

 

11 février 2007 – Angelus

     Il est nécessaire de soutenir le développement des soins palliatifs qui offrent une assistance intégrale et fournissent aux malades incurables le soutien humain et l'accompagnement spirituel dont ils ont fortement besoin.

 

11 février 2007 - Au terme de la Messe en l'honneur de Notre-Dame de Lourdes
     Sur le visage de chaque être humain, encore davantage s'il est éprouvé et défiguré par la maladie, brille le visage du Christ, qui a dit: "Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40).
 

 

12 février 2007 – A un Congrès International sur la loi morale naturelle

     Il ne fait aucun doute que nous vivons une période d’extraordinaire développement dans la capacité humaine de déchiffrer les règles et les structures de la matière et la domination de l'homme sur la nature, qui en découle. Nous voyons tous les grands bénéfices de ce progrès, et nous voyons toujours plus aussi les menaces d'une destruction de la nature par la force de nos actions. Il existe un autre danger, moins visible, mais non moins inquiétant: la méthode qui nous permet de connaître toujours plus à fond les structures rationnelles de la matière nous rend toujours moins capables de voir la source de cette rationalité, la Raison créatrice. La capacité de voir les lois de l'être matériel nous rend incapables de voir le message éthique contenu dans l'être, message appelé par la tradition lex naturalis, loi morale naturelle. Il s'agit d'un terme devenu pour beaucoup aujourd’hui presque incompréhensible, à cause d'un concept de nature non plus métaphysique, mais seulement empirique. Le fait que la nature, l'être même ne soit plus transparent pour un message moral, crée un sens de désorientation qui rend précaires et incertains les choix de la vie quotidienne. L'égarement, naturellement, frappe en particulier les générations les plus jeunes, qui doivent dans ce contexte trouver des choix fondamentaux pour leur vie.

     C'est précisément à la lumière de ces constatations qu'apparaît dans toute son urgence la nécessité de réfléchir sur le thème de la loi naturelle, et de retrouver sa vérité commune à tous les hommes. Cette loi, qu'évoque également l'apôtre Paul (cf. Rm 2, 14-15), est écrite dans le c½ur de l'homme et est par conséquent, aujourd'hui également, tout simplement accessible. Cette loi a comme principe premier et fondamental celui de «faire le bien et éviter le mal». Il s'agit d'une vérité dont l'évidence s'impose immédiatement à chacun. D’elle, découlent les autres principes plus particuliers, qui réglementent le jugement éthique sur les droits et les devoirs de chacun. Tel est le principe du respect pour la vie humaine, de sa conception jusqu'à son terme naturel, ce bien de la vie n'étant pas la propriété de l'homme, mais un don gratuit de Dieu. C'est le cas également du devoir de rechercher la vérité, présupposé nécessaire à toute authentique maturation de la personne. Une autre instance fondamentale du sujet est la liberté. En tenant compte, toutefois,  que la liberté humaine est toujours une liberté partagée par les autres, il est clair que l'harmonie des libertés ne peut être trouvée seulement dans ce qui est commun à tous : la vérité de l'être humain, le message fondamental de l'être même, la lex naturalis précisément. Et comment ne pas évoquer, d'une part, l'exigence de justice qui se manifeste dans le fait de donner unicuique suum, et, de l'autre, l'attente de solidarité qui alimente en chacun, spécialement chez les personnes en difficulté, l'espérance d'une aide de la part de ceux que le destin a favorisés ?  S'expriment, dans ces valeurs, des normes inéluctables et coercitives qui ne dépendent pas de la volonté du législateur ni du consensus que les Etats peuvent y apporter. Il s'agit en effet de normes qui précèdent toute loi humaine : en tant que telles, elles n'admettent d'interventions ni de dérogations de la part de quiconque.

     La loi naturelle est la source dont jaillissent, avec les droits fondamentaux, également les impératifs éthiques qu'il est nécessaire de respecter. Dans l'éthique et la philosophie actuelle du Droit, les postulats du positivisme juridique sont largement présents. La conséquence est que la législation ne devient souvent qu'un compromis entre divers intérêts : on tente de transformer en droits des intérêts privés ou des désirs qui s'opposent aux devoirs découlant de la responsabilité sociale. Dans cette situation, il est opportun de rappeler que toute ordonnancement juridique, tant sur le plan interne qu'international, tire en ultime analyse sa légitimité de son enracinement dans la loi naturelle, dans le message éthique inscrit dans l'être humain lui-même. La loi naturelle est, en définitive, le seul rempart valable contre l'abus de pouvoir ou les mensonges de la manipulation idéologique. La connaissance de cette loi inscrite dans le c½ur de l'homme augmente avec le développement de la conscience morale. C'est pourquoi, la première préoccupation pour tous, et  particulièrement pour qui a des responsabilités publiques, devrait  donc être celle de promouvoir le murissement de la conscience morale. Tel est le progrès fondamental sans lequel tous les autres progrès finissent par ne pas être authentiques. La loi inscrit dans notre nature est la véritable garantie offerte à chacun pour pouvoir vivre libre et respecté dans sa propre dignité. Ce qui a été dit jusqu'à présent possède des applications très concrètes si l'on se réfère à la famille, c'est-à-dire à la «communauté de vie et d'amour conjugal, fondée par le Créateur et structurée avec ses lois propres» (cf. Const. past. Gaudium et spes, n. 48). Le Concile Vatican II a, à cet égard, répété de façon opportune que l’institution du mariage « que la loi divine confirme», et par conséquent, ce lien sacré, « en vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l'homme» (ibid.). Aucune loi faite par les hommes ne peut donc renverser la norme inscrite par le Créateur, sans que la société ne soit dramatiquement blessée dans ce qui constitue son fondement de base même. L'oublier signifierait fragiliser la famille, pénaliser les enfants et rendre précaire l'avenir de la société.

     Je ressens enfin le devoir d’affirmer que tout ce qui est réalisable sur le plan scientifique n'est pas pour autant licite sur le plan éthique. La technique, lorsqu'elle réduit l'être humain à un objet d'expérimentations, finit par abandonner le sujet faible à la volonté du plus fort. Se fier aveuglément à la technique comme unique garante de progrès, sans offrir dans le même temps un code éthique qui plonge ses racines dans cette même réalité qui est étudiée et développée, reviendrait à porter atteinte à la nature humaine, avec des conséquences dévastatrices pour tous. La contribution des hommes de science est d'une importance primordiale. Outre le progrès de nos capacités de domination sur la nature, les scientifiques doivent également contribuer à nous aider à comprendre en profondeur notre responsabilité envers l'homme et la nature qui lui a été confiée. C'est sur cette base qu'il est possible de développer un dialogue fécond entre croyants et non-croyants; entre théologiens, philosophes, juristes et hommes de science, qui peuvent offrir également au législateur des éléments précieux pour la vie personnelle et sociale. Je souhaite donc que ces journées d'étude puissent non seulement conduire à une plus grande sensibilité des experts à l'égard de la loi morale naturelle, mais qu'elles poussent aussi à créer les conditions afin que l'on parvienne, sur ce thème, à une conscience toujours plus pleine de la valeur inaliénable que la lex naturalis possède pour un un réel et cohérent progrès de la vie personnelle et de l'ordre social.

 

 

17 février 2007 – Aux Représentants Pontificaux en Amérique Latine

     Une attention prioritaire doit être accordée à la famille, qui montre des signes de faiblesse sous les pressions de lobbies capables d'influencer de façon négative les processus législatifs. Les divorces et les unions libres sont en augmentation, tandis que l'adultère est considéré avec une tolérance injustifiable. Il faut répéter que le mariage et la famille trouvent leur fondement dans le noyau le plus intime de la vérité sur l'homme et sur son destin ; ce n'est que sur le roc de l'amour conjugal, fidèle et stable, entre un homme et une femme, que peut s'édifier une communauté digne de l'être humain.

 

 

 

 

24 février 2007 – A l’Académie Pontificale pour la Vie
     C'est pour moi une véritable joie de recevoir au cours de cette audience à laquelle vous êtes venus si nombreux, les membres de l'Académie pontificale pour la Vie, réunis à l'occasion de leur XIIIème Assemblée générale ; et ceux qui ont voulu participer au Congrès qui a pour thème : « La conscience chrétienne en soutien du droit à la vie ».


      Le thème que vous avez soumis à l'attention des participants, et par voie de conséquence également à celle de la communauté ecclésiale et de l'opinion publique, revêt une grande importance : la conscience chrétienne a en effet intérieurement besoin de se nourrir et de se renforcer avec les motivations multiples et profondes qui militent en faveur du droit à la vie. C'est un droit qui exige le soutien de tous, car il s'agit du droit fondamental parmi tous les autres droits humains. L'Encyclique Evangelium vitae l'affirme avec force : « Malgré les difficultés et les incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au bien peut, avec la lumière de la raison et sans oublier le travail secret de la grâce, arriver à reconnaître, dans la loi naturelle inscrite dans les c½urs (cf. Rm 2, 14-15), la valeur sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu'à son terme; et il peut affirmer le droit de tout être humain à voir intégralement respecter ce bien qui est pour lui primordial. La convivialité humaine et la communauté politique elle-même se fondent sur la reconnaissance de ce droit » (n. 2). Cette même Encyclique rappelle que « la défense et la mise en valeur de ce droit doivent être, de manière particulière, l'½uvre de ceux qui croient au Christ, conscients de la merveilleuse vérité rappelée par le Concile Vatican II: 'Par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme'. (Gaudium et spes, 22). Dans cet événement de salut, en effet, l'humanité reçoit non seulement la révélation de l'amour infini de Dieu qui 'a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique' (Jn 3, 16), mais aussi celle de la valeur incomparable de toute personne humaine. (ibid.)

    Le chrétien est par conséquent continuellement appelé à se mobiliser pour faire face aux multiples attaques auxquelles est exposé le droit à la vie. Dans ce domaine, il sait pouvoir compter sur des motivations profondément enracinées dans la loi naturelle et pouvant donc être partagées par toute personne possédant une conscience droite. Dans cette perspective, surtout après la publication de l'Encyclique Evangelium vitae, beaucoup a été fait afin que les contenus de ces motivations puissent être mieux connus au sein de la communauté chrétienne et de la société civile, mais il faut reconnaître que les attaques au droit à la vie dans le monde entier se sont étendues et multipliées, assumant également de nouvelles formes. Les pressions en faveur de la légalisation de l'avortement dans les pays de l'Amérique latine et dans les pays en voie de développement sont toujours plus fortes, également avec le recours à la libéralisation des nouvelles formes d'avortement chimique sous le prétexte de la santé reproductive : les politiques de contrôle démographique s'intensifient même si elles sont désormais reconnues comme pernicieuses également sur le plan économique et social.

     Dans le même temps, dans les pays plus développés grandit l'intérêt pour la recherche biotechnologique plus pointue, pour instaurer des méthodes d'eugénisme, subtiles et étendues, jusqu'à la recherche obsessionnelle de « l'enfant parfait », avec la diffusion de la procréation artificielle et de diverses formes de diagnostics visant à en assurer la sélection. Une nouvelle vague d'eugénisme discriminatoire est approuvée au nom du soi-disant bien-être des individus et, spécialement dans le monde économiquement plus développé, l'on fait la promotion de lois visant à légaliser l'euthanasie. Tout cela se déroule alors que, d'un autre côté se multiplient les pressions pour la légalisation de cohabitations alternatives au mariage et fermées à la procréation naturelle. Dans ces situations, la conscience, parfois étouffée par les moyens de pression collective, ne fait pas preuve d'un vigilance suffisante devant la gravité des questions en jeu, et le pouvoir des plus forts affaiblit et semble paralyser également les personnes de bonne volonté.

     Pour cette raison, l'appel à la conscience et en particulier à la conscience chrétienne, est encore plus nécessaire. « La conscience morale, comme dit le Catéchisme de l'Eglise catholique, est un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d'un acte concret qu'elle va poser, est en train d'exécuter ou a accompli. En tout ce qu'il dit et fait, l'homme est tenu de suivre fidèlement ce qu'il sait être juste et droit ». (n. 1778). Il ressort de cette définition que la conscience morale doit, pour être en mesure de guider correctement la conduite humaine, avant tout reposer sur le solide fondement de la vérité, c'est-à-dire qu'elle doit être éclairée pour reconnaître la véritable valeur des actions et l'importance des critères d'évaluation, afin de savoir distinguer entre le bien et le mal, également là où cela n'est pas favorisé par le climat social, le pluralisme culturel et le chevauchement d'intérêts.

     La formation d'une conscience vraie, parce que fondée sur la vérité, et droite, parce que déterminée à en suivre les règles, sans contradictions, sans trahisons et sans compromis, est aujourd'hui une entreprise difficile et délicate, mais incontournable. Et il s'agit d'une entreprise qui, malheureusement, se heurte à divers facteurs. Tout d'abord, dans la phase actuelle de la sécularisation appelée post-moderne et marquée par des formes de tolérance discutables, non seulement le refus de la tradition chrétienne grandit, mais l'on se méfie également de la capacité de la raison à percevoir la vérité, on s'éloigne du goût de la réflexion. Selon certains, pour être libre, la conscience individuelle devrait même se débarrasser aussi bien des références aux traditions que des références basées sur la raison. Ainsi la conscience, qui est un acte de la raison visant à la vérité des choses, cesse d'être lumière et devient une simple toile de fond sur laquelle la société des médias projette les images et les impulsions les plus contradictoires.

     Il convient de rééduquer au désir de la connaissance de la vérité authentique, à la défense de la propre liberté de choix face aux comportements de masse et aux attraits de la propagande, pour nourrir la passion de la beauté morale et de la clarté de la conscience. Ceci est la tâche délicate des parents et des éducateurs qui les secondent ; c'est également la tâche de la communauté chrétienne à l'égard de ses fidèles. Pour ce qui concerne la conscience chrétienne, sa croissance et ce qui la nourrit, on ne peut se contenter d'un contact éphémère avec les principales vérités de foi au cours de l'enfance, mais nous avons besoin d'un chemin qui accompagne les différentes étapes de la vie, préparant l'esprit et le c½ur à accueillir les devoirs fondamentaux sur lesquels repose aussi bien l'existence de la personne que de la communauté. Il s'agit de la seule manière de faire comprendre aux jeunes les valeurs de la vie, de l'amour, du mariage, de la famille. C'est la seule manière de leur faire apprécier la beauté et la sainteté de l'amour, la joie et la responsabilité d'être parents et collaborateurs de Dieu en donnant la vie. Sans une formation continue et adaptée, il devient encore plus difficile d'être capable de porter un jugement dans les questions posées par la biomédecine en matière de sexualité, de vie naissante, de procréation, comme dans la manière de traiter et de soigner les patients et les couches faibles de la société.

     Il est certes nécessaire de parler des critères moraux qui concernent ces questions, avec des professionnels, médecins et juristes, pour les exhorter à élaborer un jugement de conscience compétent, et, selon le cas, également une courageuse objection de conscience, mais il est tout aussi urgent de veiller au processus de formation de la jeunesse et des adultes, au niveau de la base, pour les familles et les communautés paroissiales. A cet égard, parallèlement à la formation chrétienne, dont la finalité est la connaissance de la Personne du Christ, de sa Parole et des Sacrements, dans l'itinéraire de foi des enfants et des adolescents il convient d'unir de manière cohérente le discours sur les valeurs morales qui concerne le corps, la sexualité, l'amour humain, la procréation, le respect pour la vie à tous les stades, dénonçant dans le même temps avec des motifs valables et précis, les comportements contraires à ces valeurs fondamentales. Dans ce domaine spécifique l'½uvre des prêtres devra être secondée de manière opportune par l'engagement des laïcs éducateurs, également des experts, qui se consacrent à guider les réalités ecclésiales par leur science éclairée par la foi. Je prie par conséquent le Seigneur afin qu'il envoie parmi vous, chers frères et s½urs, et parmi ceux qui se consacrent à la science, à la médecine, au droit, à la politique, des témoins possédant une conscience vraie et droite, pour défendre et promouvoir la « splendeur de la vérité » en vue de soutenir le don et le mystère de la vie. Je compte sur votre aide, très chers professionnels, philosophes, théologiens, scientifiques et médecins. Dans une société parfois assourdissante et violente, avec votre qualification culturelle, l'enseignement et l'exemple, vous pouvez contribuer à réveiller dans de nombreux c½urs la voix éloquente et claire de la conscience.

    « L'homme a en réalité une loi inscrite par Dieu dans son c½ur - nous a enseigné le Concile Vatican II - sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera » (cf. Gaudium et spes, 16). Le Concile a offert de sages orientations afin que les laïcs apprennent « à bien distinguer entre les droits et les devoirs qui leur incombent du fait de leur appartenance à l'Eglise, et ceux qui leur reviennent en tant que membres de la société humaine. Ils doivent s'efforcer de les mettre en harmonie les uns avec les autres, se rappelant que, dans toute chose temporelle, ils doivent se guider d'après la conscience chrétienne: car aucune activité humaine, même dans les choses temporelles, ne peut être soustraite à l'autorité de Dieu » (Lumen gentium, 36). Pour cette même raison, le Concile exhorte les laïcs croyants à accueillir « ce que les pasteurs, représentants du Christ, auront décidé en tant que docteurs et chefs de l'Eglise » et d'autre part, précise que « les pasteurs doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans l'Eglise, utiliser volontiers leurs avis prudents » et conclut que « de ces rapports familiers entre laïcs et pasteurs, on doit attendre pour l'Eglise de nombreux et d'heureux résultats » (Lumen gentium, 37).

     Lorsque la valeur de la vie humaine est en jeu, cette harmonie entre fonction magistérielle et engagement des laïcs devient extrêmement importante : la vie est le premier des biens reçus de Dieu et le fondement de tous les autres ; garantir le droit à la vie à tous et de manière égale pour tous, est une tâche. De l'accomplissement de cette tâche dépend l'avenir de l'humanité. D'où également l'importance de votre rencontre d'étude. Je confie les travaux et les résultats de cette rencontre à l'intercession de la Vierge Marie, que la tradition chrétienne salue comme la véritable « Mère de tous les vivants ». Qu'Elle vous assiste et vous guide !

 

Message pour le Carême 2007
     Contempler « celui qu'ils ont transpercé » nous poussera de ainsi à ouvrir notre c½ur aux autres en reconnaissant les blessures infligées à la dignité de l'être humain ; cela nous poussera, en particulier, à combattre chaque forme de mépris de la vie et d'exploitation des personnes, et à soulager les drames de la solitude et de l'abandon de tant de personnes.

 

 

25 février 2007 - Angelus

      « Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé » (Jn 19, 37). Le disciple bien-aimé, présent aux côtés de Marie, la Mère de Jésus, et d'autres femmes, au Calvaire, fut un témoin oculaire du coup de lance qui transperça le côté du Christ, en en faisant jaillir du sang et de l'eau (cf. Jn 19, 31-34). Ce geste, accompli par un soldat romain anonyme, destiné à se perdre dans l'oubli, est resté imprimé dans les yeux et le c½ur de l'Apôtre qui le proposa à nouveau dans son Evangile. Tout au long des siècles, combien de conversions ont eu lieu précisément à cause de l'éloquent message d'amour que reçoit celui qui tourne son regard vers Jésus crucifié !

     En contemplant le Crucifié avec les yeux de la foi nous pouvons comprendre en profondeur ce qu'est le péché, combien sa gravité est tragique, et dans le même temps, l'incommensurabilité de la puissance du pardon et de la miséricorde du Seigneur. …. En regardant le Christ, sentons dans le même temps son regard posé sur nous. Celui que nous avons nous-mêmes transpercé par nos fautes, ne se lasse pas de reverser sur le monde un torrent inépuisable d'amour miséricordieux. Puisse l'humanité comprendre que l'on ne peut puiser que de cette source l'énergie spirituelle indispensable pour construire la paix et le bonheur dont tout être humain est en quête sans relâche.

 

24 mars 2007, aux participants au congrès promu par la COMECE (Episcopats de la Communauté Européenne)

        Sous l'aspect démographique, on doit malheureusement constater que l'Europe semble avoir emprunté une voie qui pourrait la conduire à disparaître de l'histoire. Outre le fait de menacer la croissance économique, cela peut également provoquer d'immenses difficultés à la cohésion sociale, et surtout, favoriser un individualisme dangereux, qui n'est pas attentif aux conséquences pour l'avenir. On pourrait presque penser que le continent européen perd effectivement confiance dans son avenir…

     Une communauté qui se construit sans respecter la dignité authentique de l'être humain, en oubliant que chaque personne est créée à l'image de Dieu, finit par n'accomplir le bien de personne. Voilà pourquoi il apparaît toujours plus indispensable que l'Europe se garde d'adopter un comportement pragmatique, aujourd'hui largement diffusé, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs humaines essentielles, comme si celui-ci était l'inévitable acceptation d'un prétendu moindre mal. Ce pragmatisme, présenté comme équilibré et réaliste, au fond ne l'est pas, précisément parce qu'il nie la dimension  de  valeur et d'idéal qui est inhérente à la nature humaine. De plus, lorsque s'ajoutent à ce pragmatisme des tendances et des courants laïcistes et relativistes, on finit par nier aux chrétiens le droit même d'intervenir en tant que tels dans le débat public ou, tout au moins, on dévalorise leur contribution en les accusant de vouloir sauvegarder des privilèges injustifiés. A l'époque historique actuelle, et face aux nombreux défis qui la caractérisent, l'Union européenne, pour être le garant valide de l'Etat de droit et le promoteur efficace de valeurs universelles, ne peut manquer de reconnaître avec clarté l'existence certaine d'une nature humaine stable et permanente, source de droits communs à toutes les personnes, y compris celles-là mêmes qui les nient. Dans ce contexte, il faut sauvegarder  le droit à l'objection de conscience, chaque fois que les droits humains fondamentaux sont violés.

 

 

30 mars 2007 – Au nouvel Ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège
     L'une des vocations propres à l'Église catholique s'exprime dans l'importance qu'elle a toujours accordée à l'éducation des jeunes, notamment à travers l'apostolat des nombreux instituts religieux qui, au cours de l'histoire, se sont consacrés à cette oeuvre. Il s'agit pour l'Église de permettre aux jeunes de recevoir une formation solide et intégrale, fondée sur les principes de l'éthique chrétienne et donc de la dignité fondamentale de l'être humain, créé à l'image de Dieu. Ils pourront ainsi trouver un chemin d'épanouissement personnel, moral et spirituel, et ils seront davantage en mesure d'assumer demain leur mission dans la société, en ayant le souci permanent de promouvoir le respect de la dignité humaine à travers ses différentes expressions, dans les domaines de la politique, de l'économie et de la bioéthique. L'Église catholique souhaite participer activement à cette grande mission éducative, en mettant son expérience au service de tous.

 

 

1er avril 2007 – Homélie Messe des Rameaux – XXIIème JMJ

     Celui qui "a les mains innocentes et le c½ur pur" peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes - ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne se sont pas salies par la corruption, les pots-de-vin. Un c½ur pur - quand le c½ur est-il pur? Un c½ur est pur lors qu'il ne fait pas semblant, lorsqu'il ne se tache pas avec le mensonge et l'hypocrisie. C'est un c½ur qui reste transparent comme l'eau d'une source, car il ne connait pas la duplicité. Un c½ur est pur lorsqu'il ne se laisse pas troubler par l'ivresse du plaisir; c'est un c½ur dont l'amour est véritable et pas seulement la passion d'un moment. Des mains innocentes et un c½ur pur:  si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l'homme est destiné:  l'amitié avec Dieu lui-même.

     Le Psaume 24 [23] qui parle de la montée se termine par une liturgie d'entrée devant la porte du temple:  "Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles:  qu'il entre le roi de gloire". Dans l'ancienne liturgie du Dimanche des Rameaux, le prêtre, parvenu devant l'église, frappait puissamment avec un bras de la croix de la procession à la porte encore fermée, qui s'ouvrait alors. C'était une belle image du mystère de Jésus lui-même qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde à la porte de Dieu; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès à Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert toute grande la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. A présent, celle-ci est ouverte. Mais de l'autre côté également, le Seigneur frappe avec sa croix:  il frappe aux portes du monde, aux portes de nos c½urs, qui si souvent et en si grand nombre sont fermées pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi:  si les preuves que Dieu te donne de son existence dans la création ne réussissent pas à t'ouvrir à Lui; si la parole de l'Ecriture et le message de l'Eglise te laissent indifférent - alors regarde-moi, regarde le Dieu qui pour toi a souffert, qui souffre personnellement avec toi - vois que je souffre par amour pour toi ouvre-toi à moi, ton Seigneur et ton Dieu.

     Tel est l'appel, qu'en cette heure, nous laissons pénétrer dans notre c½ur. Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de notre c½ur, la porte du monde, afin que Lui, le Dieu vivant, puisse à travers son Fils arriver dans notre temps, atteindre notre vie.

 

22 avril 2007 – Lors de la visite à l’hôpital de Pavie

     L'hôpital est un lieu que nous pourrions qualifier en quelque sorte de "sacré", où l'on fait l'expérience de la fragilité de la nature humaine, mais également des immenses possibilités et des ressources du génie de l'homme et de la technique au service de la vie. La vie de l'homme! Ce grand don, aussi loin qu'on l'explore, demeure toujours un mystère.

     Mon souhait le plus vif est que le progrès scientifique et technologique nécessaire s'accompagne constamment de la conscience de promouvoir, avec le bien du malade, également les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie à toutes ses étapes, dont dépend la qualité authentiquement humaine de la coexistence.

 

     L'Eglise manifeste toujours, en suivant l'exemple de son Seigneur, une prédilection particulière envers celui qui souffre et, elle voit dans la personne qui souffre le Christ lui-même, et ne cesse d'offrir aux  malades l'aide nécessaire, l'aide technique et l'amour humain, consciente d'être appelée à manifester l'amour et la sollicitude du Christ envers ceux-ci et envers ceux qui s'occupent d'eux. Le progrès technique, technologique et l'amour humain doivent toujours aller de pair!

     Dans chaque personne frappée par la maladie c'est Jésus Lui-même qui attend notre amour

 

 

 

9 mai 2007 – Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.

     Il existe un grand combat de l'Eglise pour la vie. Vous savez que le Pape Jean-Paul II en a fait un point fondamental de tout son Pontificat. Il a écrit une grande Encyclique sur l'Evangile de la vie. Nous continuons naturellement de transmettre ce message selon lequel la vie est un don et la vie n'est pas une menace. Il me semble qu'à l'origine de ces législations, il existe d'une part un certain égoïsme et, d'autre part, également un doute  sur  la  valeur  de la vie, sur la beauté de la vie et également un doute sur l'avenir. Et l'Eglise répond surtout à ces doutes:  la vie est belle, ce n'est pas quelque chose d'incertain, mais c'est un don et même dans des situations difficiles, la vie demeure toujours un don. Il faut donc recréer cette conscience de la beauté du don de la vie. Puis l'autre chose, le doute sur l'avenir:  naturellement, il existe de nombreuses menaces dans le monde, mais la foi nous donne la certitude que Dieu est toujours plus fort et demeure présent dans l'histoire et nous pouvons donc, avec confiance, également donner la vie à de nouveaux êtres humains. Avec la certitude que la foi nous donne sur la beauté de la vie et sur la présence providentielle de Dieu dans notre avenir, nous pouvons résister à ces peurs qui sont à l'origine de ces législations.

 

     L'excommunication n'est pas une chose arbitraire, mais elle est prévue par le Code. Il est donc tout simplement écrit dans le Droit canonique que le meurtre d'un enfant innocent est incompatible avec la communion dans laquelle on reçoit le Corps du Christ. On n'a donc rien inventé de nouveau, de surprenant ou d'arbitraire. On a uniquement rappelé publiquement ce qui est prévu par le Droit de l'Eglise, un Droit qui est fondé sur la doctrine et sur la foi de l'Eglise, et sur notre reconnaissance de la vie et de l'identité humaine, à partir de son premier instant.

 

10 mai 2007 – Avec les jeunes, au Brésil

    Pour comprendre le bien, nous avons besoin d'aides, que l'Eglise nous offre en de nombreuses occasions, surtout dans la catéchèse. Jésus lui-même montre ce qui est bon pour nous, en nous donnant sa première catéchèse. "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" (Mt 19, 17). Il part de la connaissance que le jeune homme a déjà certainement reçue de sa famille et de la Synagogue:  en effet, il connaît les commandements. Ils conduisent à la vie, ce qui veut dire qu'ils nous garantissent l'authenticité. Ce sont les grands indicateurs qui nous montrent la juste voie. Celui qui observe les commandements est sur le chemin de Dieu.

 

     Soyez des hommes et des femmes libres et responsables; faites de la famille un centre rayonnant de paix et de joie; soyez des promoteurs de la vie, de son commencement à son déclin naturel; protégez les personnes âgées, car elles méritent le respect et l'admiration pour le bien qu'elles vous ont fait…

 

     Ayez surtout un grand respect pour l'institution du Sacrement du Mariage. Il ne pourra pas y avoir de bonheur véritable dans les foyers si, dans le même temps, il n'y a pas de fidélité entre les époux. Le mariage est une institution de droit naturel, qui a été élevée par le Christ à la dignité de Sacrement; c'est un grand don que Dieu a fait à l'humanité. Respectez-le, vénérez-le. Dans le même temps, Dieu vous appelle à vous respecter les uns les autres également lorsque vous tombez amoureux et vous vous fiancez, car la vie conjugale, qui par disposition divine est réservée aux couples mariés, sera une source de bonheur et de paix uniquement dans la mesure où vous saurez faire de la chasteté, en dehors et à l'intérieur du mariage, un rempart de vos espérances futures. Je vous répète ici à tous que "l'eros veut nous élever [...] vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c'est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons" (Lettre encyclique Deus caritas est [25 décembre 2005], n. 5). En peu de mots, il requiert un esprit de sacrifice et de renoncement pour un bien plus grand, qui est précisément l'amour de Dieu sur toutes les choses. Essayez de résister avec force aux pièges du mal existant dans de nombreux milieux, qui vous pousse à une vie dissolue, paradoxalement vide, en vous faisant égarer le don précieux de votre liberté et de votre vrai bonheur. Le véritable amour "cherchera toujours plus le bonheur de l'autre, il se préoccupera toujours plus de l'autre, il se donnera et il désirera "être pour" l'autre" (ibid., n. 7) et, pour cette raison, sera toujours plus fidèle, indissoluble et fécond.

     Comptez dans ce but sur l'aide de Jésus Christ qui, par sa grâce, rendra cela possible (cf. Mt 19, 26). La vie de foi et de prière vous conduira sur les voies de  l'intimité avec Dieu et de la compréhension de la grandeur des projets qu'il a pour chaque personne.

 

       L'Evangile nous rapporte que ce jeune, ayant entendu l'invitation, s'attrista. Il s'en alla abattu et triste. Cet épisode nous fait réfléchir encore une fois sur la richesse de la jeunesse. Il ne s'agit pas en premier lieu de biens matériels, mais de sa propre vie, avec les valeurs inhérentes à la jeunesse. Elle provient d'un double héritage:  la vie, transmise de génération en génération, dans l'origine primaire de laquelle se trouve Dieu, empli de sagesse et d'amour; et l'éducation qui nous insère dans la culture, au point de pouvoir, en quelque sorte, dire que nous sommes davantage les enfants de la culture, et donc de la foi, que de la nature. De la vie fleurit la liberté qui, surtout dans cette phase, se manifeste comme responsabilité. Puis vient le grand moment de la décision, avec un double choix:  le premier, concernant le statut de la vie, et le second concernant la profession. Voilà qui répond à la question:  que faire de notre propre vie ?

 

 

11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.

        Le monde a besoin de vies transparentes, d'âmes claires, d'intelligences simples, qui refusent d'être considérées comme des créatures objets de plaisir. Il  est  nécessaire  de  dire non à ces moyens de communication sociale qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage.

      C'est précisément là que nous est donnée dans la Vierge la meilleure défense contre les maux qui affligent la vie moderne; la dévotion mariale est la garantie certaine de protection maternelle et de tutelle à l'heure de la tentation. Et quelle ne sera pas cette mystérieuse présence de la Vierge Très pure, lorsque nous invoquerons sa protection et son aide.

 

12 mai 2007 – Rencontre avec les S½urs Clarisses à la Ferme de l’Espérance, à Guaratingueta, au Brésil.

     Là où la société ne voit plus aucun avenir ou espérance, les chrétiens sont appelés à annoncer la force de la Résurrection:  ici justement, dans cette "Fazenda da Esperança", où résident tant de personnes, en particulier des jeunes, qui tentent de surmonter le problème de la drogue, de l'alcool et de la dépendance à des substances chimiques, on témoigne de l'Evangile du Christ au milieu d'une société consumériste éloignée de Dieu. Combien la perspective du Créateur dans son ½uvre est différente! Les s½urs clarisses et les autres religieux de clôture - qui dans la vie contemplative, scrutent la grandeur de Dieu et découvrent également la beauté de la créature - peuvent, avec l'auteur sacré, contempler Dieu lui-même, en extase, en admiration devant son ½uvre, sa créature aimée:  "Dieu vit tout ce qu'il avait fait:  cela était très bon" (Gn 1, 31).

     Lorsque le péché entra dans le monde et, avec lui, la mort, la créature aimée de Dieu - même blessée - ne perdit pas toute sa beauté:  au contraire, elle reçut un amour plus grand:  "Heureuse faute qui a mérité d'avoir un aussi grand Rédempteur!" - proclame l'Eglise dans la nuit mystérieuse et claire de Pâques (Exultet). C'est le Christ ressuscité qui soigne les blessures et qui sauve les fils et les filles de Dieu, qui sauve l'humanité de la mort, du péché et de l'esclavage des passions. La Pâque du Christ unit le ciel et la terre. Dans cette "Fazenda da Esperança" s'unissent les prières des Clarisses et le dur travail de la médecine et de l'ergothérapie pour vaincre les prisons et briser les chaînes des drogues qui font souffrir les fils bien-aimés de Dieu.

     Ainsi se recompose la beauté des créatures qui enchante et émerveille leur Créateur. Tel est le Père tout-puissant, le seul dont l'essence est l'amour et dont la gloire est l'homme vivant, comme le dit saint Irénée. Il "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique  (Jn 3, 16) pour relever celui qui est tombé le long du chemin, assailli et blessé par les voleurs sur la route de Jérusalem à Jéricho. Sur les routes du monde, Jésus "est la main que le Père tend au pécheur; il est le chemin au moyen duquel nous parvient la paix" (anaphore eucharistique). Oui, ici, nous découvrons que la beauté des créatures et l'amour de Dieu sont inséparables.

     Il ne faut jamais perdre l'espérance ! Il faut en effet édifier, construire l'espérance, en tissant la toile d'une société qui, en tendant les fils de la vie, perd le sens véritable de l'espérance. Cette perte - selon saint Paul - est une malédiction que la personne humaine s'impose à elle-même:  "des personnes sans c½ur" (cf. Rm 1, 31).

 

     Très chères s½urs, soyez celles qui proclament que "l'espérance ne déçoit point" (Rm 5, 5). Que la douleur du Crucifié, qui emplit l'âme de Marie au pied de la Croix, console les si nombreux c½urs maternels et paternels qui pleurent de douleur pour leurs enfants encore toxicomanes. Annoncez par le silence oblatif de la prière, le silence éloquent que le Père écoute:  annoncez le message d'amour qui l'emporte sur la douleur, sur la drogue et sur la mort. Annoncez Jésus Christ, être humain comme nous, souffrant comme nous, qui se chargea de nos péchés pour nous en libérer!

 

 

12 mai 2007 – Visite à la Ferme de l’Espérance, à Guaratinguetá, au Brésil

    L'Eglise d'aujourd'hui doit raviver en elle la conscience de sa tâche de reproposer au monde la voix de Celui qui dit:  "Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie" (Jn 8, 12). Pour sa part, la mission du Pape est de renouveler dans les c½urs cette lumière qui ne s'affaiblit pas, car elle désire illuminer en profondeur les âmes qui cherchent le véritable bien et la paix, que le monde ne peut pas donner. Une lumière comme celle-ci a uniquement besoin d'un c½ur ouvert aux élans divins. Dieu ne contraint pas, il n'opprime pas la liberté individuelle; il demande seulement l'ouverture de ce sanctuaire de notre conscience à travers lequel passent toutes les aspirations les plus nobles, mais également les affections et les passions désordonnées qui brouillent le message du Très-Haut.

 

    "Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi" (Ap 3, 20). Ce sont des paroles divines qui touchent le plus profond de l'âme et qui la font vibrer jusqu'à ses racines les plus profondes.

     A un certain moment de notre vie, Jésus vient et frappe à notre porte, des coups d'une grande douceur, au plus profond des c½urs bien disposés. Avec vous, il l'a fait à travers une personne amie  ou  un prêtre, ou bien peut-être a-t-il prédisposé une série de coïncidences pour vous faire comprendre que vous êtes objet de la prédilection divine. A travers l'institution qui vous accueille, le Seigneur vous a permis cette expérience de guérison physique et spirituelle d'une importance vitale pour vous et pour vos proches. A la suite de cela, la société attend que vous sachiez transmettre ce bien précieux de la santé à vos amis et aux membres de toute la communauté.

     Vous devez être les ambassadeurs de l'espérance! Le Brésil possède des statistiques extrêmement élevées en ce qui concerne la dépendance chimique à l'égard des drogues et des stupéfiants. Et l'Amérique latine dans son ensemble également. C'est pourquoi je dis aux revendeurs de drogue de bien réfléchir au mal qu'ils sont en train de faire à une multitude de jeunes et d'adultes de toutes les couches sociales:  Dieu leur demandera compte de ce qu'ils ont fait. La dignité humaine ne peut pas être foulée au pied de cette manière. Le mal provoqué mérite la même réprobation que celle que Jésus exprima à l'égard de ceux qui scandalisaient les "plus petits", les préférés de Dieu (cf. Mt 18, 7-10).

     Grâce à une thérapie qui inclut l'assistance médicale, psychologique et pédagogique, mais également beaucoup de prière, de travail manuel et de discipline, nombreuses sont déjà les personnes, en particulier les jeunes, qui ont réussi à se libérer de la dépendance chimique et de l'alcool et à retrouver le sens de la vie.

     La réinsertion dans la société constitue, sans aucun doute, une démonstration de l'efficacité de votre initiative. Toutefois, ce qui a attire le plus l'attention, et confirme la validité du travail, ce sont les conversions, le fait de retrouver Dieu et la participation active à la vie de l'Eglise. Il ne suffit pas de soigner le corps, il faut orner l'âme des dons divins les plus précieux reçus avec le Baptême.

     Nous rendons grâce à Dieu d'avoir voulu placer de si nombreuses âmes sur la voie d'une espérance renouvelée, avec l'aide du Sacrement du pardon et de la célébration de l'Eucharistie.

 

     Ma pensée se tourne à présent vers les nombreuses institutions du monde entier qui travaillent pour rendre la vie, et une vie nouvelle, à nos frères présents dans notre société, et que Dieu aime avec un amour préférentiel. Je pense également aux nombreux groupes des alcooliques anonymes et des toxicomanes anonymes, et à la pastorale de l'"abstinence" qui ½uvre déjà au sein de nombreuses communautés, en apportant son aide généreuse en faveur de la vie.

 

13 mai 2007 – Regina Caeli depuis le Brésil

     Chères familles et groupes de langue française, puissiez-vous édifier, avec tous, une société toujours plus solidaire et plus fraternelle, avec le souci de faire découvrir aux jeunes la grandeur des valeurs familiales.

     C'est aujourd'hui le 90 anniversaire des apparitions de Notre-Dame de Fatima. Avec son puissant appel à la conversion et à la pénitence, elle est, sans aucun doute, la plus prophétique des apparitions modernes. Demandons à la Mère de l'Eglise, à Celle qui connaît les souffrances et les espérances de l'humanité, de protéger nos foyers et nos communautés. Je salue en particulier les Mères dont c'est aujourd'hui la fête. Que Dieu les bénisse ainsi que leurs proches.

 

 

 

18 mai 2007 - Aux évêques du Mali en visite Ad Limina

     Il est du devoir de l'Église d'aider les baptisés, particulièrement les jeunes, à comprendre la beauté et la dignité du Sacrement du Mariage dans l'existence chrétienne. Pour répondre à la crainte souvent exprimée face au caractère définitif du mariage, une solide préparation, avec la collaboration de laïcs et d'experts, permettra aussi aux couples chrétiens de demeurer fidèles aux promesses du mariage. Ils deviendront conscients que la fidélité des époux et l'indissolubilité de leur alliance, dont le modèle est la fidélité manifestée par Dieu dans l'alliance indestructible que lui-même a conclue avec l'homme, sont une source de bonheur pour ceux qui s'unissent. Et ce bonheur sera aussi celui de leurs enfants, reflets de l'amour que se portent leurs parents. Une éducation humaine et chrétienne donnée dès la petite enfance et fondée sur l'exemple des parents permettra aux enfants d'accueillir, puis de faire grandir en eux, les germes de la foi. Dans cet esprit, je rends grâce pour les jeunes qui acceptent d'entendre l'appel de Dieu à le servir dans le sacerdoce et dans la vie consacrée.

 

20 mai 2007 – Message pour la 41ème Journée Mondiale des Communications Sociales

     Les défis complexes auxquels l'éducation doit faire face aujourd'hui sont souvent liés à l'influence dominante des médias dans notre monde. En tant qu'élément du phénomène de la mondialisation, les médias, en raison même du développement rapide de la technologie, façonnent profondément l'environnement culturel (cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Le développement rapide, n. 3). En effet, d'aucuns affirment que l'influence éducative des médias dans la formation rivalise avec celle de l'école, de l'Église, et peut-être aussi avec celle de la famille. "Pour beaucoup, la réalité est ce que les médias reconnaissent comme telle" (Conseil pontifical pour les Communications sociales, Aetatis novae, n. 4)….

  

     La formation à une utilisation appropriée des médias est essentielle pour le développement moral, spirituel et culturel des enfants.

    

   Comment le bien commun est-il protégé et promu? Éduquer les enfants à un jugement critique dans l'usage des médias relève de la responsabilité des parents, de l'Église et de l'école. Le rôle des parents est primordial. Il est de leur droit et de leur devoir d'assurer une utilisation prudente des médias, en formant la conscience de leurs enfants à exercer un jugement sain et objectif qui les guidera alors dans le choix ou le rejet des programmes qui sont à leur disposition (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio, n. 76). Pour cela, les parents devraient avoir les encouragements et le soutien des écoles et des paroisses, assurant que ce devoir parental difficile, bien que passionnant, est accompagné par toute la communauté.

 

      L'éducation aux médias devrait être positive. Des enfants exposés à ce qui est excellent sur le plan esthétique et moral reçoivent une aide pour développer leur jugement, leur prudence et leur sens du discernement. … Tandis que la littérature populaire aura toujours sa place dans la culture, la tentation du sensationnalisme ne devrait pas être passivement admise à la place de l'enseignement. La beauté, telle un miroir du divin, inspire et vivifie les c½urs et les esprits des jeunes, alors que la laideur et l'indécence ont un impact avilissant sur les attitudes et les comportements..

 

      Comme l'éducation en général, l'éducation aux médias exige la formation à l'exercice de la liberté. C'est une tâche exigeante. Bien souvent, la liberté est présentée comme la recherche incessante du plaisir ou de nouvelles expériences. C'est encore une condamnation et non une libération ! La vraie liberté ne pourrait jamais condamner l'individu - particulièrement un enfant - à une quête insatiable de nouveauté. À la lumière de la vérité, la liberté authentique s'éprouve comme réponse définitive au «oui» de Dieu à l'humanité, qui nous appelle à choisir, non pas aveuglément mais de manière délibérée, tout ce qui est bon, vrai et beau. C'est alors que les parents, comme gardiens de cette liberté, tout en donnant progressivement à leurs enfants une plus grande liberté, les initient à la joie profonde de la vie (cf. Adresse à la cinquième rencontre mondiale des familles, Valence, 8 juillet 2006.

 

      Ce désir sincère des parents et des enseignants de conduire les enfants sur les voies du beau, du vrai et du bien, peut être soutenu par l'industrie des médias seulement dans la mesure où il favorise la dignité humaine fondamentale, la vraie valeur du mariage et de la vie familiale, l'accomplissement positif et les desseins de l'humanité. Ainsi, la nécessité pour les médias de participer à une formation efficace et aux normes morales est considérée avec un intérêt particulier et même comme une urgence non seulement par les parents et les enseignants mais aussi par toutes les personnes qui ont un sens de leur responsabilité civique.


     Tout en étant assurés que beaucoup de personnes engagées dans les communications sociales veulent agir de manière droite (cf. Conseil pontifical pour les Communications sociales, Éthique dans les communications, n. 4), nous devons également reconnaître que les personnes qui travaillent dans ce domaine sont confrontées à des «pressions psychologiques spéciales et à des dilemmes moraux» (Aetatis novae, n. 19), ce qui, en raison de la compétitivité commerciale, conduit parfois les professionnels de la communication à baisser le niveau. Toute tendance à réaliser des programmes et des productions - y compris des films et des jeux vidéo - qui, au nom du divertissement, exaltent la violence et qui dépeignent un comportement antisocial ou qui avilissent de la sexualité humaine, constitue une perversion, perversion d'autant plus répugnante quand ces programmes s'adressent à des enfants et à des adolescents. Comment pourrait-on expliquer ce 'divertissement' aux innombrables jeunes innocents qui souffrent réellement de la violence, de l'exploitation et des abus ? À cet égard, tous feraient bien de réfléchir sur le contraste entre le Christ qui «embrassait les enfants et les bénissait en leur imposant les mains» (Mc 10, 16) et l'individu qui entraîne au péché un seul de ces petits, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une meule de moulin (cf. Lc 17, 2). Je lance un nouvel appel aux responsables de l'industrie des médias pour former et encourager les producteurs à sauvegarder le bien commun, à défendre la vérité, à protéger la dignité humaine individuelle et à promouvoir le respect des besoins de la famille

 

      Avant tout, l'Église désire partager une vision de la dignité humaine qui est au c½ur de toute saine communication humaine. «Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l'autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d'amour dont il a besoin» (Deus caritas est, n. 18).
 

 

7 juin 2007 – Homélie Messe Corpus Domini

      Comme la manne pour le peuple d'Israël, ainsi, pour chaque génération chrétienne, l'Eucharistie est la nourriture indispensable qui la soutient tandis qu'elle traverse le désert de ce monde, asséché par les systèmes idéologiques et économiques qui ne promeuvent pas la vie, mais lui portent atteinte; un monde où domine la logique du pouvoir et de l'avoir plutôt que celle du service et de l'amour; un monde où triomphe souvent la culture de la violence et de la mort.

 

 

 

11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran

     L'expérience quotidienne nous dit - et nous le savons tous - qu'éduquer à la foi en particulier aujourd'hui n'est pas chose facile. Aujourd'hui, en réalité, chaque ½uvre éducative semble devenir toujours plus difficile et précaire. On parle donc d'une grande "urgence éducative", de la difficulté croissante que l'on rencontre dans la transmission aux nouvelles générations des valeurs fondamentales de l'existence et d'un comportement droit, difficulté qui touche tant l'école que la famille et, peut-on dire, tout autre organisme qui se fixe des objectifs éducatifs. Nous pouvons ajouter qu'il s'agit d'une urgence inévitable: dans une société et dans une culture qui, trop souvent, font du relativisme leur propre credo - le relativisme est devenu une sorte de dogme -, dans une telle société manque la lumière de la vérité, on considère même dangereux de parler de vérité, on considère cela "autoritaire", et l'on finit par douter de la bonté de la vie - est-il bon d'être un homme? Est-il bon de vivre? - et de la validité des rapports et des engagements qui constituent la vie. Comment serait-il possible alors, de proposer aux plus jeunes et de transmettre de génération en génération quelque chose de valable et de sûr, des règles de vie, une signification authentique et des objectifs convaincants pour l'existence humaine, que ce soit en tant que personnes ou que communauté? C'est pourquoi l'éducation tend largement à se réduire à la transmission de compétences déterminées, ou de capacité de faire, tandis que l'on cherche à satisfaire le désir de bonheur des nouvelles générations en les comblant d'objets de consommation et de gratifications éphémères. Ainsi, tant les parents que les enseignants sont facilement tentés d'abdiquer leurs devoirs d'éducation, et de ne même plus comprendre quels sont leur rôle, ou mieux, la mission qui leur est confiée. Mais précisément ainsi, nous n'offrons pas aux jeunes, aux nouvelles générations, ce qui est de notre devoir de leur transmettre. Nous sommes débiteurs à leur égard également des véritables valeurs qui donnent leur fondement à la vie.
 

    De toute évidence, cette situation n'est pas satisfaisante, elle ne peut satisfaire, car elle laisse de côté l'objectif essentiel de l'éducation, qui est l'éducation de la personne pour la rendre capable de vivre en plénitude et d'apporter sa contribution au bien de la communauté. C'est pourquoi s'accroît, de la part de nombreuses personnes, la demande d'une éducation authentique et la redécouverte de la nécessité d'authentiques éducateurs. C'est ce que demandent les parents, préoccupés et souvent angoissés pour l'avenir de leurs enfants; c'est ce que demandent tant d'enseignants qui vivent la triste expérience de la dégradation de leurs écoles; c'est ce que demande la société dans son ensemble, en Italie comme dans de nombreuses autres nations, car elle voit que sont menacées, à cause de la crise de l'éducation, les bases mêmes de la coexistence. Dans un tel contexte, l'engagement de l'Eglise pour éduquer à la foi, à la "sequela Christi" et au témoignage du Seigneur Jésus, assume plus que jamais également la valeur d'une contribution, pour faire sortir la société dans laquelle nous vivons de la crise éducative qui la frappe, mettant un terme au manque de confiance et à l'étrange "haine de soi" qui semble être devenue une caractéristique de notre société.

     L'éducation, et spécialement l'éducation chrétienne, c'est-à-dire l'éducation en vue de façonner sa propre vie sur le modèle de Dieu qui est amour (cf. Jn 4, 8.16), a besoin de cette proximité qui est propre à l'amour. Aujourd'hui surtout, alors que l'isolement et la solitude sont une condition diffuse, à laquelle le bruit et le conformisme de groupe n'apportent pas de réel remède, l'accompagnement personnel, qui donne à la personne qui grandit la certitude d'être aimé, compris et écouté, devient décisif. De façon concrète, cet accompagnement doit faire toucher du doigt le fait que notre foi n'est pas quelque chose du passé, qu'elle peut être vécue aujourd'hui et qu'en la vivant, nous trouvons réellement notre bien. Ainsi, les enfants et les jeunes peuvent être aidés à se libérer des préjugés diffus et peuvent se rendre compte que la façon de vivre chrétienne est réalisable et raisonnable, et qu'elle est même de loin la plus raisonnable.

 

     Il est toutefois bien évident que dans l'éducation et dans la formation à la foi, une mission spécifique et fondamentale et une responsabilité primordiale reviennent à la famille. En effet, les parents sont ceux à travers lesquels l'enfant s'ouvre à la vie, fait l'expérience première et décisive de l'amour, d'un amour qui, en réalité, n'est pas seulement humain, mais qui est un reflet de l'amour que Dieu a pour lui. C'est pourquoi, entre la famille chrétienne petite "Eglise domestique" (cf. Lumen gentium, n. 11) et la famille plus large de l'Eglise doit se développer la collaboration plus étroite, avant tout en ce qui concerne l'éducation des enfants.

 

     De nombreuses familles ne sont certainement pas préparées à un tel devoir et ne manquent pas non plus celles qui semblent peu intéressées, voire contraires à l'éducation chrétienne de leurs enfants : ici se font également ressentir les conséquences de la crise de tant de mariages. On rencontre toutefois rarement des parents totalement indifférents en ce qui concerne la formation humaine et morale de leurs enfants, et donc réticents à se faire aider dans une tâche éducative qu'ils ressentent comme toujours plus difficile. Une possibilité d'engagement et de service s'ouvre donc pour nos paroisses, aumôneries, communautés de jeunes, et surtout pour les familles chrétiennes elles-mêmes, appelées à se faire le prochain des autres familles pour les soutenir et les assister dans l'éducation des enfants, les aidant ainsi à retrouver le sens et l'objectif de la vie de couple. Passons à présent aux autres sujets de l'éducation à la foi.

 

     Au fur et à mesure que les enfants grandissent, croît naturellement en eux le désir d'autonomie personnelle, qui devient facilement, en particulier au cours de l'adolescence, une prise de distance critique vis-à-vis de leur famille. La proximité qui peut être assurée par le prêtre, par la religieuse, par le catéchiste ou par d'autres éducateurs capables de rendre concret pour un jeune le visage ami de l'Eglise et l'amour du Christ, se révèle alors particulièrement importante. Pour engendrer des effets positifs qui durent dans le temps, notre proximité doit être consciente que le rapport éducatif est une rencontre de liberté et que l'éducation chrétienne elle-même est une formation à la liberté authentique. Toute véritable proposition éducative conduit en effet à une décision, tout en restant respectueuse et pleine d'amour, et la proposition chrétienne interpelle précisément totalement la liberté, en l'appelant à la foi et à la conversion. Comme je l'ai dit au Congrès ecclésial de Vérone, "une éducation véritable doit réveiller le courage des décisions définitives, qui sont aujourd'hui considérées comme un lien qui porte atteinte à notre liberté, mais qui en réalité sont indispensables pour croître et parvenir à quelque chose de grand dans la vie, en particulier pour faire mûrir l'amour dans toute sa beauté: et donc pour donner consistance et signification à la liberté elle-même" (Discours du 19 octobre 2006). Lorsqu'ils sentent qu'ils sont respectés et pris au sérieux en ce qui concerne leur liberté, les adolescents et les jeunes, en dépit de leur inconstance et fragilité, sont tout à fait disponibles à se laisser interpeller par des propositions exigeantes: ils se sentent même attirés et souvent fascinés par elles. Ils veulent également manifester leur générosité dans le dévouement aux grandes valeurs qui sont éternelles et qui constituent le fondement de la vie.

     Aujourd'hui, plus que par le passé, l'éducation et la formation de la personne sont influencées par les messages et par le climat diffus qui sont véhiculés par les moyens de communication de masse et qui s'inspirent d'une mentalité et d'une culture caractérisées par le relativisme, le consumérisme et par une exaltation fausse et destructrice, ou plus exactement, une profanation du corps et de la sexualité. C'est pourquoi, précisément en raison de ce grand "oui" que, en tant que croyants dans le Christ, nous disons à l'homme aimé de Dieu, nous ne pouvons certainement pas nous désintéresser de l'orientation générale de la société à laquelle nous appartenons, des tendances qui l'animent et des influences positives ou négatives qu'elle exerce sur la formation des nouvelles générations. La présence même de la communauté des croyants, son engagement éducatif et culturel, le message de foi, de confiance et d'amour dont elle est porteuse, sont en réalité un service inestimable à l'égard du bien commun et en particulier à l'égard des enfants et des jeunes qui se forment et se préparent à la vie.

 

 

 

 

17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l’occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.

         Parce qu'il est du Christ, François est également homme de l'Eglise. Du Crucifié de saint Damien, il avait eu l'indication de réparer la maison du Christ, qui est précisément l'Eglise. Entre le Christ et l'Eglise, il y a un lien intime et indissoluble. Etre appelé à la réparer comportait certainement dans la mission de François, quelque chose de personnel et d'original. Dans le même temps, ce devoir n'était rien d'autre au fond, que la responsabilité attribuée par le Christ à chaque baptisé. Et il dit également à chacun de nous: "Va, et répare ma maison". Nous sommes tous appelés à réparer à nouveau à chaque génération la maison du Christ, l'Eglise. Et ce n'est qu'en faisant ainsi que l'Eglise vit et devient belle. Et comme nous le savons, il y a de nombreuses façons de réparer, d'édifier, de construire la maison de Dieu, l'Eglise. Elle s'édifie ensuite à travers les vocations les plus diverses, de celle laïque et familiale à la vie de consécration particulière, à la vocation sacerdotale.
 

 

5 juillet 2007 – Aux Évêques de la République Dominicaine en Visite Ad Limina

      La nouvelle évangélisation a également pour objectif principal la famille. Telle est la véritable "Eglise domestique", surtout lorsqu'elle est le fruit des communautés chrétiennes dynamiques qui donnent naissance à des jeunes ayant une authentique vocation au sacrement du mariage. Les familles ne sont pas seules face aux grands défis qu'elles doivent affronter; la communauté ecclésiale les soutient, les anime dans la foi et préserve leur persévérance dans un projet chrétien de vie souvent exposé à de nombreuses vicissitudes et dangers. L'Eglise souhaite que la famille soit véritablement le milieu dans lequel la personne naît, grandit et est éduquée à la vie, et dans lequel les parents, aimant tendrement leurs enfants, les préparent à établir de saines relations interpersonnelles qui incarnent les valeurs morales et humaines dans une société si marquée par l'hédonisme et par l'indifférence religieuse.

     Dans le même temps, les communautés ecclésiales, en collaboration avec les instances publiques, veilleront à sauvegarder la stabilité de la famille et à favoriser son développement spirituel et matériel, qui conduira à une meilleure formation des enfants. Il est donc souhaitable que les Autorités de votre bien-aimé pays collaborent toujours plus à ce devoir incontournable d'½uvrer en faveur des familles. C'est ce qu'a mis en évidence mon Prédécesseur dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de 1994:  "La famille a droit à tout le soutien de l'Etat pour remplir sa mission propre" (n. 5).

     Je n'ignore pas, toutefois, les difficultés que l'institution familiale rencontre dans votre nation, en particulier en raison du drame du divorce, et des pressions pour légaliser l'avortement, et également de la diffusion d'unions non conformes au dessein du Créateur sur le mariage.


    

 

24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno

     D.: Votre Sainteté, mon nom est dom Claudio, je voulais vous poser une question à propos de la formation de la conscience, en particulier à propos des jeunes générations, car aujourd'hui, former une conscience cohérente, une conscience droite, semble toujours plus difficile. On confond le bien et le mal avec le fait de se sentir bien et de se sentir mal, l'aspect le plus chargé d'émotion. C'est pourquoi je voulais recevoir quelques conseils de votre part. Merci...
    

    Cette question reflète un peu le problème de la situation culturelle en Occident, car le concept de conscience s'est profondément transformé au cours des deux derniers siècles. Aujourd'hui prévaut l'idée que seul ce qui est quantifiable est rationnel, fait partie de la raison. Les autres choses, c'est-à-dire les matières de la religion et de la morale, n'auraient pas de rapport avec la raison commune, car elles ne sont pas vérifiables, ou, comme on dit, pas falsifiables lors de l'expérimentation. Dans cette situation, où morale et religion sont presque expulsées par la raison, l'unique critère ultime de la moralité ainsi que de la religion est le sujet, la conscience subjective qui ne connaît pas d'autres instances. En fin de compte, seul le sujet, avec son sentiment, ses expériences, d'éventuels critères qu'il a trouvés, décide. Mais ce faisant, le sujet devient une réalité isolée, et c'est ainsi que changent, comme vous l'avez dit, jour après jour, les paramètres. Dans la tradition chrétienne, "conscience" signifie conscience: c'est-à-dire que nous, que notre être est ouvert, il peut écouter la voix de l'être lui-même, la voix de Dieu. La voix des grandes valeurs est donc inscrite dans notre être et la grandeur de l'homme est précisément qu'il n'est pas fermé sur lui, il n'est pas réduit aux choses matérielles, quantifiables, mais il possède une ouverture intérieure aux choses essentielles, la possibilité d'une écoute. Dans la profondeur de notre être, nous pouvons écouter non seulement les besoins du moment, non seulement les choses matérielles, mais écouter la voix du Créateur lui-même et connaître ainsi ce qui est bien et ce qui est mal. Mais naturellement, cette capacité d'écoute doit être éduquée et développée. Tel est précisément l'engagement de l'annonce que nous faisons dans l'Eglise: développer cette très haute capacité donnée par Dieu à l'homme d'écouter la voix de la vérité et donc la voix des valeurs. Je dirais donc qu'un premier pas est de rendre les personnes conscientes que notre nature porte en elle un message moral, un message divin, qui doit être déchiffré et que nous pouvons peu à peu mieux connaître, écouter, si notre écoute intérieure est ouverte et développée. A présent, la question concrète est de savoir comment effectuer cette éducation à l'écoute, comment rendre l'homme capable de cela, malgré toute cette surdité moderne, comment faire en sorte que cette écoute soit rétablie, qu'elle soit réellement un événement, l'Effatà du Baptême, l'ouverture des sens intérieurs. En voyant la situation dans laquelle nous nous trouvons, je proposerais une combinaison entre une voie laïque et une voie religieuse, la voie de la foi. Aujourd'hui, nous voyons tous que l'homme pourrait détruire le fondement de son existence, sa terre, et nous ne pouvons donc plus simplement faire avec notre terre, avec la réalité qui nous a été confiée, ce que nous voulons et ce qui nous apparaît utile et prometteur sur le moment, mais nous devons respecter les lois intérieures de la création, de cette terre, apprendre ces lois et obéir également à ces lois, si nous voulons survivre. Cette obéissance à la voix de la terre, de l'être, est donc plus importante pour notre bonheur futur que les voix du moment, les désirs du moment. Il s'agit, en somme, d'un premier critère à apprendre: que l'être lui-même, notre terre, parle avec nous et que nous devons écouter si nous voulons survivre et déchiffrer ce message de la terre. Et si nous devons être obéissants à la voix de la terre, cela vaut encore davantage pour la voix de la vie humaine. Nous devons non seulement prendre soin de la terre, mais nous devons respecter l'autre, les autres. Que ce soit l'autre dans sa singularité comme personne, comme mon prochain, ou les autres comme communauté qui vit dans le monde et qui désire vivre ensemble. Et nous voyons que ce n'est que dans le respect absolu de cette créature de Dieu, de cette image de Dieu qui est l'homme, que ce n'est que dans le respect d'une vie vécue ensemble sur la terre, que nous pouvons aller de l'avant. Et nous arrivons ici au fait que nous avons besoin des grandes expériences morales de l'humanité, qui sont des expériences nées de la rencontre avec l'autre, avec la communauté; l'expérience que la liberté humaine est toujours une liberté partagée et qu'elle ne peut fonctionner que si nous partageons nos libertés dans le respect des valeurs qui nous sont communes à tous. Il me semble que, grâce à ces pas, il est possible de faire voir la nécessité d'obéir à la voix de l'être, d'obéir à la dignité de l'autre, d'obéir à la nécessité de vivre ensemble nos libertés comme une liberté, et pour tout cela connaître la valeur qui existe dans le fait de permettre une digne communion de vie entre les hommes. Nous arrivons ainsi, comme je l'ai déjà dit, aux grandes expériences de l'humanité, dans lesquelles s'exprime la voix de l'être, et surtout aux expériences de ce grand pèlerinage historique du peuple de Dieu, commencé avec Abraham, dans lequel nous trouvons non seulement les expériences humaines fondamentales, mais où nous pouvons, grâce à ces expériences, entendre la voix du Créateur lui-même, qui nous aime et qui nous a parlé. Ici, dans ce contexte, en respectant les expériences humaines qui nous indiquent le chemin d'aujourd'hui et de demain, il me semble que les Dix Commandements ont toujours une valeur prioritaire, dans laquelle nous voyons les indicateurs fondamentaux du chemin. Les Dix Commandements relus, revécus à la lumière du Christ, à la lumière de la vie de l'Eglise et de ses expériences, indiquent plusieurs valeurs fondamentales et essentielles: le quatrième et le sixième commandement indiquent ensemble l'importance de notre corps, de respecter les lois du corps, de la sexualité et de l'amour, la valeur de l'amour fidèle, la famille; le cinquième commandement indique la valeur de la vie et également la valeur de la vie commune; le septième commandement indique la valeur du partage des biens de la terre et la juste division de ces biens, l'administration de la création de Dieu; le huitième commandement indique la grande valeur de la vérité. Donc, si dans le quatrième, le cinquième et le sixième commandement, nous avons l'amour pour le prochain, dans le septième, nous avons la vérité. Tout cela ne peut fonctionner sans la communion avec Dieu, sans le respect de Dieu et sans la présence de Dieu dans le monde. Un monde sans Dieu devient dans tous les cas le monde de l'arbitraire et de l'égoïsme. Ce n'est que si Dieu apparaît qu'il y a de la lumière, de l'espérance. Notre vie possède un sens que nous ne devons pas créer nous-mêmes, mais qui nous précède, qui nous conduit. En ce sens, je dirais donc de prendre ensemble les voies évidentes que la conscience laïque peut facilement entrevoir aujourd'hui aussi, et de chercher ainsi à guider vers les voix plus profondes, vers la véritable voix de la conscience, qui se communique à travers la grande tradition de la prière, de la vie morale de l'Eglise. Ainsi, à travers un chemin d'éducation patiente, nous pouvons, je pense, apprendre tous à vivre et à trouver la vraie vie.
 

 

     D.: Je m'appelle Dom Samuele. Nous assistons toujours plus à une augmentation considérable de situations de personnes divorcées qui se remarient, vivent ensemble et nous demandent à nous, prêtres, de les aider dans leur vie spirituelle. Ce sont des personnes qui portent souvent en elles la douloureuse demande d'accéder aux sacrements. Il s'agit de réalités qui exigent de nous une confrontation et également un partage des souffrances qu'elles comportent. Très Saint-Père, je vous demande au moyen de quels comportements humains, spirituels et pastoraux nous pouvons unir miséricorde et vérité. Merci.

R.: C'est vrai, il s'agit d'un problème douloureux, et il n'existe certainement pas de recette simple qui puisse le résoudre. Nous souffrons tous de ce problème, car nous connaissons tous des personnes qui sont dans cette situation et nous savons que pour elles, il s'agit d'une douleur et d'une souffrance, car elles veulent rester en pleine communion avec l'Eglise. Ce lien du mariage précédent est un lien qui limite leur participation à la vie de l'Eglise. Que faire? Je dirais qu'un premier point serait naturellement la prévention, pour autant que cela soit possible. La préparation au mariage devient toujours plus fondamentale et nécessaire. Le Droit canonique suppose que l'homme en tant que tel, même sans grande instruction, entende contracter un mariage selon la nature humaine, comme cela est indiqué dans les premiers chapitres de la Genèse. C'est un homme, il est de nature humaine et il sait donc ce que signifie le mariage. Il entend faire ce que lui dicte la nature humaine. C'est sur cette affirmation que se fonde le Droit canonique. C'est une chose qui s'impose d'elle-même: l'homme est homme, la nature est celle-ci et lui dicte cela. Mais aujourd'hui, cet axiome selon lequel l'homme entend faire ce qui est dans sa nature, un mariage unique, fidèle, se transforme en un axiome un peu différent. "Volunt contrahere matrimonium sicut ceteri homines". Ce n'est plus simplement la nature qui parle, mais les "ceteri homines", ce que tous font. Et ce que tous font aujourd'hui n'est plus simplement le mariage naturel selon le Créateur, selon la création. Ce que font les "ceteri homines", est de se marier dans l'idée qu'un jour, le mariage puisse échouer, et que l'on puisse passer ainsi à un deuxième, et à un troisième, puis à un quatrième mariage. Ce modèle, "comme tous le font", devient ainsi un modèle en opposition avec ce que dit la nature. Il devient ainsi normal de se marier, de divorcer, de se remarier et personne ne pense qu'il s'agit d'une chose qui va contre la nature humaine ou tout au moins, on rencontre difficilement quelqu'un qui soit de cet avis. C'est pourquoi pour aider à arriver réellement au mariage, non seulement dans le sens d'Eglise, mais du Créateur, nous devons retrouver la capacité d'écouter la nature. …Redécouvrir derrière ce que tous font ce que nous dit la nature elle-même, qui parle de façon différente de cette habitude moderne. En effet, elle nous invite au mariage pour la vie, dans une fidélité pour la vie, également avec les souffrances que comporte grandir ensemble dans l'amour. C'est pourquoi, les cours de préparation au mariage devraient consister à écouter à nouveau la voix de la nature, du Créateur, redécouvrir derrière tout ce que font les "ceteri homines" ce que nous dit notre être même, au plus profond de nous. Dans cette situation donc, entre ce que tous font et ce que dit notre être, les cours de préparation devraient être un chemin de redécouverte pour apprendre à nouveau ce que nous dit notre être, nous aider à parvenir à une véritable décision sur le mariage selon le Créateur et selon le Rédempteur. Donc, ces cours de préparation pour "se connaître soi-même", pour apprendre la véritable volonté matrimoniale, sont d'une grande importance. Mais la préparation ne suffit pas, car les crises profondes viennent après. C'est la raison pour laquelle un accompagnement permanent pendant les dix premières années au moins, est très important. C'est pourquoi, dans la paroisse, il faut non seulement se soucier des cours de préparation, mais également de la communion sur le chemin qui suit, de l'accompagnement, de l'aide réciproque. Que les prêtres, mais pas seulement eux, également les familles, qui ont déjà traversé une expérience semblable, qui connaissent ces souffrances, ces tentations, soient présents dans les moments de crise. Il est important de garantir la présence d'un réseau de familles qui s'aident et divers mouvements peuvent apporter une grande contribution. La première partie de ma réponse prend en compte la prévention, non seulement dans le sens de préparer, mais d'accompagner, la présence d'un réseau de familles qui apporte une aide dans cette situation moderne, où tout s'oppose à la fidélité à vie. Il faut aider à trouver, à apprendre également à travers la souffrance, cette fidélité. Toutefois, en cas d'échec, c'est-à-dire si les époux ne se montrent pas capables de demeurer fidèles à leur volonté originelle, il reste toujours la question de savoir s'il existait réellement une volonté, dans le sens de sacrement. Et il y a éventuellement le procès de déclaration de nullité. S'il s'agissait d'un vrai mariage et qu'ils ne peuvent donc pas se remarier, la présence permanente de l'Eglise aide ces personnes à supporter une autre souffrance. Dans le premier cas, nous avons la souffrance de surmonter cette crise, d'apprendre à parvenir à une fidélité difficile et mûrie. Dans le second cas, nous avons la souffrance de se trouver dans un lien nouveau, qui n'est pas celui du sacrement et qui ne permet donc pas la pleine communion aux sacrements de l'Eglise. Ici, il faudrait enseigner et apprendre à vivre avec cette souffrance. …. Nous devons, dans notre génération, et dans notre culture, redécouvrir la valeur de la souffrance, apprendre que la souffrance peut être une réalité très positive, qui nous aide à mûrir, à devenir davantage nous-mêmes, plus proches du Seigneur qui a souffert pour nous et qui souffre avec nous. Dans cette seconde situation également, la présence du prêtre, des familles et des mouvements est donc d'une très grande importance; de même que l'est également la communion personnelle et communautaire dans ces situations, l'aide de l'amour du prochain, qui est un amour tout à fait spécifique. Et je pense que seul cet amour ressenti par l'Eglise, qui se réalise à travers un multiple accompagnement, peut aider ces personnes à se sentir aimées par le Christ, membres de l'Eglise, même si elles sont dans une situation difficile, et ainsi vivre leur foi.

 

 

9 août 2007 – Aux participants de la « Mission des Jeunes » promuepar le diocèse de Madrid

      Certaines facettes de la vie acquièrent  un éclat lorsque l'on décide d'annoncer le Christ:  l'enthousiasme de sortir de son isolement et de constater que, contrairement à ce que beaucoup croient, l'Evangile attire profondément les jeunes; découvrir dans toute sa grandeur le sentiment ecclésial de  la  vie  chrétienne,  la  finesse et la beauté d'un amour et d'une famille vécue avec le regard tourné vers Dieu, ou encore la découverte d'un appel inattendu à le servir radicalement dans le ministère sacerdotal.

 

 

15 août 2007 – Homélie Messe Solennité de l’Assomption

   Dans sa grande ½uvre "La Cité de Dieu", saint Augustin dit à un moment donné que toute l'histoire humaine, l'histoire du monde, est une lutte entre deux amours:  l'amour de Dieu jusqu'à se perdre soi-même, jusqu'au don de soi, et l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, jusqu'à la haine des autres. Cette même interprétation de l'histoire, comme lutte entre deux amours, entre l'amour et l'égoïsme, apparaît également dans la lecture tirée de l'Apocalypse, que nous venons d'écouter. Ici, ces deux amours apparaissent à travers deux grandes figures. Avant tout, il y a le dragon rouge, très puissant, avec une manifestation impressionnante et inquiétante du pouvoir sans grâce, sans amour, de l'égoïsme absolu, de la terreur, de la violence. Au moment où saint Jean écrivit l'Apocalypse, pour lui ce dragon était la représentation du pouvoir des empereurs romains anti-chrétiens, de Néron à Domitien. Ce pouvoir apparaissait illimité; le pouvoir militaire, politique, propagandiste de l'empire romain était tel que devant lui, la foi, l'Eglise, apparaissait comme une femme sans défense, sans possibilité de survivre, encore moins de vaincre. Qui pouvait s'opposer à ce pouvoir omniprésent, qui semblait capable de tout? Et toutefois, nous savons qu'à la fin, la femme sans défense a vaincu; ce n'est pas l'égoïsme, ce n'est pas la haine; mais c'est l'amour de Dieu qui l'a emporté et l'empire romain s'est ouvert à la foi chrétienne.

     Les paroles de l'Ecriture Sainte transcendent toujours le moment historique. Et ainsi, ce dragon indique non seulement le pouvoir anti-chrétien des persécuteurs de l'Eglise de ce temps là, mais les dictatures matérialistes anti-chrétiennes de tous les temps. Nous voyons de nouveau se manifester ce pouvoir, cette puissance du dragon rouge, dans les grandes dictatures du siècle dernier:  la dictature du nazisme et la dictature de Staline avaient  tous les pouvoirs, elles pénétraient chaque recoin, l'ultime recoin. Il semblait impossible qu'à long terme, la foi puisse survivre face à ce dragon si fort, qui voulait dévorer le Dieu qui s'était fait enfant et la femme, l'Eglise. Mais en réalité, dans ce cas également, à la fin, l'amour a été plus fort que la haine.

     Aujourd'hui aussi, ce dragon existe de façons nouvelles et différentes. Il existe sous la forme des idéologies matérialistes  qui  nous  disent:  il est absurde de penser à Dieu; il est absurde d'observer les commandements de Dieu; cela appartient au passé. Il vaut la peine uniquement de vivre la vie pour soi. Prendre dans ce bref moment de la vie tout ce que nous pouvons en tirer. Seuls la consommation, l'égoïsme, le divertissement valent la peine. Telle est la vie. C'est ainsi que nous devons vivre. Et à nouveau, il semble absurde, impossible de s'opposer à cette mentalité dominante, avec toute sa force médiatique, de propagande. Il semble impossible aujourd'hui encore de penser à un Dieu qui a créé l'homme et qui s'est fait enfant et qui serait le véritable dominateur du monde.

     Aujourd'hui aussi, ce dragon apparaît invincible, mais aujourd'hui aussi, il demeure vrai que Dieu est plus fort que le dragon, que c'est l'amour qui l'emporte, et non pas l'égoïsme. Ayant considéré ainsi les diverses configurations historiques du dragon, voyons à présent l'autre image:  la femme vêtue de soleil avec la lune sous ses pieds et entourée de douze étoiles. Cette image également revêt plusieurs dimensions. Une première signification est sans aucun doute qu'il s'agit de la Vierge Marie vêtue de soleil, c'est-à dire entièrement de Dieu; Marie qui vit en Dieu, entièrement, entourée et pénétrée de la lumière de Dieu. Entourée de douze étoiles, c'est-à-dire des douze tribus d'Israël, de tout le Peuple de Dieu, de toute la communion des saints, et avec à ses pieds la lune, image de la mort et de la mortalité. Marie a laissé la mort derrière elle; elle est entièrement revêtue de vie, elle est élevée corps et âme dans la gloire de Dieu et ainsi, étant placée dans la gloire, ayant surmonté la mort, elle nous dit:  courage, à la fin l'amour est vainqueur! Ma vie consistait à dire:  je suis la servante de Dieu, ma vie était le don de moi à Dieu et au prochain. Et cette vie de service débouche à présent dans la vie véritable. Ayez confiance, ayez le courage de vivre ainsi vous aussi, contre toutes les menaces du dragon.

     Telle est la première signification de la femme que Marie est parvenue à être. La "femme vêtue de soleil" est le grand signe de la victoire de l'amour, de la victoire du bien, de la victoire de Dieu. Un grand signe de réconfort. Mais ensuite, cette femme qui souffre, qui doit fuir, qui enfante dans un cri de douleur, est également l'Eglise, l'Eglise en pèlerinage de tous les temps. A toutes les générations, elle doit à nouveau enfanter le Christ, l'apporter au monde avec une grande douleur dans ce monde de souffrance. Persécutée à toutes les époques, elle vit comme dans le désert persécutée par le dragon. Mais en tous temps, l'Eglise, le Peuple de Dieu, vit également de la lumière de Dieu et il est nourri, comme dit l'Evangile, de Dieu, nourri lui-même avec le pain de la Sainte Eucharistie. Et ainsi, dans toutes les vicissitudes, dans toutes les différentes situations de l'Eglise au cours des temps, dans les diverses parties du monde, en souffrant, elle est vainqueur. Et elle est la présence, la garantie de l'amour de Dieu contre toutes les idéologies de la haine et de l'égoïsme.

     Nous voyons certainement qu'aujourd'hui aussi, le dragon veut dévorer le Dieu qui s'est fait enfant. N'ayez pas peur pour ce Dieu apparemment faible. La lutte a déjà été surmontée. Aujourd'hui aussi, ce Dieu faible est fort:  il est la véritable force. Et ainsi, la fête de l'Assomption est l'invitation à avoir confiance en Dieu et elle est également une invitation à imiter Marie dans ce qu'Elle a dit elle-même:  Je suis la servante du Seigneur, je me mets à la disposition du Seigneur. Telle est la leçon:  suivre sa voie; donner notre vie et ne pas prendre la vie. Et précisément ainsi, nous sommes sur le chemin de l'amour qui signifie se perdre, mais une façon de se perdre qui en réalité, est l'unique voie pour se trouver véritablement, pour trouver la vraie vie.

     Tournons notre regard vers Marie, élevée au ciel. Laissons-nous conduire vers la foi et la fête de la joie:  Dieu est vainqueur. La foi apparemment faible est la véritable force du monde. L'amour est plus fort que la haine. Et nous disons avec Elisabeth:  Bénie sois-tu entre toutes les femmes. Nous te prions avec toute l'Eglise:  Sainte Marie, prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.

 

1er septembre 2007 – Rencontre avec 500 000 jeunes au sanctuaire marial de lorette.  

      Au sujet des banlieues de ce monde qui connaît de grands problèmes, il n'est pas facile d'apporter ici une réponse et nous ne voulons pas vivre dans un optimisme facile mais, d'autre part, nous devons être courageux et aller de l'avant. J'anticiperai ainsi la substance de ma réponse:  "Oui, il y a de l'espoir aujourd'hui aussi, chacun de vous est important, parce que chacun de vous est connu et voulu par Dieu et pour chacun, Dieu a un projet. Nous devons le découvrir et y répondre, pour qu'il soit possible, malgré ces situations de précarité et de marginalisation, de réaliser le projet que Dieu a pour nous. Mais pour en venir aux détails, vous nous avez présenté de manière réaliste la situation d'une société:  dans les banlieues, il semble difficile d'aller de l'avant, de changer le monde en mieux. Tout semble concentré dans les grands centres du pouvoir économique et politique, les grandes bureaucraties dominent et les personnes qui se trouvent dans les banlieues semblent réellement exclues de cette vie. Alors, un aspect de cette situation de marginalisation de tant de gens est que les grandes cellules de la vie de la société qui peuvent construire des centres également en banlieue se sont désagrégés:  la famille, qui devrait être le lieu de la rencontre des générations - de l'arrière grand-père au petit-fils - devrait être un lieu où se rencontrent non seulement les générations, mais où on apprend à vivre, on apprend les vertus essentielles pour vivre, cette famille s'est désagrégée, elle est en danger. Nous devons d'autant plus faire le possible pour que la famille soit vivante, soit elle aussi la cellule vitale, le centre de la banlieue...

 

      Je me suis rendu au Brésil et dans la Fazenda da Esperança, cette grande réalité où les toxicomanes sont soignés et retrouvent l'espérance, retrouvent la joie de vivre et témoignent que c'est précisément la découverte que Dieu existe qui les a conduits à guérir du désespoir. Ainsi, ils ont compris que leur vie a un sens et ils ont retrouvé la joie d'être dans ce monde, la joie d'affronter les problèmes de la vie humaine. Ainsi, dans chaque c½ur humain, malgré tous les problèmes qui existent, il y a la soif de Dieu et là où Dieu disparaît, disparaît aussi le soleil qui donne lumière et joie. Cette soif d'infini qui est dans nos c½urs apparaît également dans le phénomène de la drogue justement:  l'homme veut élargir la profondeur de la vie, avoir davantage de la vie, avoir l'infini, mais la drogue est un mensonge,  une escroquerie, parce qu'elle n'élargit pas la vie, mais elle la détruit. Ce qui est vrai, c'est la grande soif qui nous parle de Dieu et nous met en chemin vers Dieu, mais nous devons nous aider réciproquement. Le Christ est venu précisément pour créer un réseau de communion dans le monde, où tous ensemble, nous pouvons nous porter l'un l'autre et nous aider ainsi à trouver ensemble le chemin de la vie et comprendre que les Commandements de Dieu ne sont pas des obstacles à notre liberté, mais les chemins qui conduisent vers l'autre, vers la plénitude de la vie.

 

       Je me demande et je vous demande : les questions que Dieu nous adressent, aussi exigeantes qu'elles puissent nous sembler, pourront-elles jamais égaler ce qui fut demandé à la jeune Marie? Chers garçons et filles, apprenons de Marie à prononcer notre "oui", car elle sut véritablement ce que signifie répondre généreusement aux questions du Seigneur. Chers jeunes, Marie connaît vos aspirations les plus nobles et profondes. Elle connaît bien, surtout, votre grand désir d'amour, votre besoin d'aimer et d'être aimés. En vous tournant vers elle, en la suivant docilement, vous découvrirez la beauté de l'amour, non pas d'un amour "jetable", passager et trompeur, prisonnier d'une mentalité égoïste et matérialiste, mais de l'amour véritable et profond. Au plus profond de son c½ur, chaque garçon et chaque fille qui affronte la vie, cultive le rêve d'un amour qui donne un sens plein à son avenir. Pour de nombreuses personnes, cela se réalise dans le choix du mariage et dans la création d'une famille où l'amour entre un homme et une femme est vécu comme un don réciproque et fidèle, comme un don définitif, scellé par le "oui" prononcé devant Dieu le jour du mariage, un "oui" pour toute la vie. Je sais bien que ce rêve est toujours moins facile à réaliser aujourd'hui. Combien d'échecs de l'amour autour de nous! Combien de couples baissent la tête, renoncent et se séparent! Combien de familles brisées! Combien de jeunes, même parmi vous, ont assisté à la séparation et au divorce de leurs parents! A ceux qui se trouvent dans des situations si délicates et complexes, je voudrais dire ce soir:  la Mère  de  Dieu, la communauté des croyants et le Pape sont proches de vous et prient afin que la crise qui marque les familles de notre époque ne devienne pas un échec irréversible. Puissent les familles chrétiennes, avec le soutien de la grâce divine, demeurer fidèles à l'engagement solennel d'amour pris avec joie devant le prêtre et la communauté chrétienne, le jour solennel du mariage.

     Face à tant d'échecs, il n'est pas rare de se demander: serais-je meilleur que mes   amis   et  mes  parents  qui  ont essayé, et qui ont échoué? Pourquoi moi, précisément moi, devrais-je réussir là où tant d'autres renoncent? Cette peur humaine peut freiner également les esprits les plus courageux, mais en cette nuit qui nous attend, au seuil de sa Sainte Maison, Marie répétera à chacun de vous, chers jeunes amis, les paroles qu'elle-même entendit prononcer par l'Ange:  Ne craignez rien! N'ayez pas peur! L'Esprit Saint est avec vous et ne vous abandonne jamais. Rien n'est impossible à celui qui a confiance en Dieu.

 

2 septembre 2007 – Homélie Messe sanctuaire m            arial de Lorette, en présence de 500 000 jeunes

     Aujourd'hui l'humble est perçu comme une personne qui renonce, un vaincu, quelqu'un qui n'a rien à dire au monde. C'est en revanche la voie maîtresse, et non seulement parce que l'humilité est une grande vertu humaine, mais parce que, en premier lieu, elle représente la façon d'agir de Dieu lui-même. Elle est la voie choisie par le Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance, qui, "reconnu comme un homme à son comportement, s'est abaissé lui-même, en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix" (Ph 2, 8).

     Il me semble apercevoir dans cette parole de Dieu sur l'humilité un message important et plus que jamais actuel pour vous, qui voulez suivre le Christ et faire partie de son Eglise. Le message est le suivant:  ne suivez pas la voie de l'orgueil, mais celle de l'humilité. Allez à contre-courant:  n'écoutez pas les voix intéressées et séduisantes qui, de toutes parts, diffusent aujourd'hui des modèles de vie basés sur l'arrogance et la violence, le pouvoir et le succès à tout prix, l'apparence et la possession, au détriment de l'être. De combien de messages, qui parviennent surtout à travers les mass media, êtes-vous les destinataires! Soyez vigilants! Soyez critiques! Ne suivez pas la vague produite par cette puissante action de persuasion. N'ayez pas peur, chers amis, de préférer les voies "alternatives" indiquées par l'amour véritable:  un style de vie sobre et solidaire; des relations d'affection sincères et pures; un engagement honnête dans l'étude et le travail; l'intérêt profond pour le bien commun.   N'ayez pas peur d'apparaître différents et d'être critiqués pour ce qui peut sembler perdant ou démodé:  les jeunes de votre âge, mais aussi les adultes, et en particulier ceux qui semblent le plus éloignés de la mentalité et des valeurs de l'Evangile, ont un besoin profond de voir quelqu'un qui ose vivre selon la plénitude d'humanité manifestée par Jésus Christ.

     La voie de l'humilité n'est donc pas la voie du renoncement, mais du courage. Elle n'est pas le résultat d'une défaite, mais d'une victoire de l'amour sur l'égoïsme et de la grâce sur le péché.

 

       Suivre le Christ, comporte l'effort constant d'apporter sa contribution à l'édification d'une société plus juste et solidaire, où tous puissent jouir des biens de la terre. L'un des domaines dans lequel il apparaît urgent d'½uvrer, est sans aucun doute la protection de la création. L'avenir de la planète, sur laquelle sont évidents les signes d'un développement qui n'a pas toujours su protéger les équilibres délicats de la nature, est confié aux nouvelles générations. Avant qu'il ne soit trop tard, il faut faire des choix courageux, qui sachent recréer une solide alliance entre l'homme et la terre. Un oui ferme est nécessaire pour la protection de la création, ainsi qu'un engagement puissant pour inverser les tendances qui risquent de conduire à des situations de dégradation irréversible. C'est pourquoi j'ai apprécié l'initiative de l'Eglise italienne de promouvoir la sensibilité sur les problématiques de la protection de la création, en instituant une Journée nationale, qui tombe précisément le 1 septembre. Cette année, l'attention se porte en particulier sur l'eau, un bien précieux qui, s'il n'est pas partagé de façon équitable et pacifique, deviendra malheureusement un motif de graves tensions et d'âpres conflits.

 

 

7 septembre 2007 – Prière au Sanctuaire de Mariazell, en Autriche

     A la foi en Jésus Christ, le Fils de Dieu incarné, est liée depuis les premiers temps une vénération particulière pour sa Mère, pour cette Femme, dans le sein de laquelle Il assuma la nature humaine en participant même au battement de son c½ur, la Femme qui accompagna avec délicatesse et respect sa vie jusqu'à sa mort sur la Croix, et à l'amour maternel de laquelle Il confia le disciple préféré et avec lui toute l'humanité.

 

 

7 septembre 2007 – Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche

    C’est en Europe qu’a été formulé, pour la première fois, le concept des droits humains. Le droit humain fondamental, le présupposé pour tous les autres droits, est le droit à la vie elle-même. Ceci vaut pour la vie, de la conception à sa fin naturelle. En conséquence, l’avortement ne peut être un droit humain – il est son contraire. C’est une « profonde blessure sociale », comme le soulignait sans se lasser notre confrère défunt, le Cardinal Franz König.

 

     En disant cela, je n’exprime pas un intérêt spécifiquement ecclésial. Je voudrais plutôt me faire l’avocat d’une demande profondément humaine et le porte-parole des enfants qui vont naître et qui n’ont pas de voix. Le faisant, je ne ferme pas les yeux devant les problèmes et les conflits de nombreuses femmes et je me rends compte que la crédibilité de notre discours dépend aussi de ce que l’Église elle-même fait pour venir en aide aux femmes en difficulté.

 

     J’en appelle dans ce contexte aux responsables de la politique, afin qu’ils ne permettent pas que les enfants soient considérés comme des cas de maladie. Je le dis par souci profond des valeurs humaines. Mais ceci n’est qu’un aspect de ce qui nous préoccupe. L’autre aspect est de faire tout notre possible pour rendre les pays européens de nouveau plus ouverts à l’accueil des enfants. Je vous en prie, encouragez les jeunes qui, par le mariage fondent de nouvelles familles, à devenir mères et pères! Vous ferez ainsi du bien, non seulement à eux-mêmes, mais aussi à la société tout entière. Je vous encourage fermement dans vos efforts politiques pour favoriser des conditions qui permettent aux jeunes couples d’élever des enfants. Tout ceci, cependant, ne servira à rien, si nous ne réussissons pas à créer de nouveau dans nos pays un climat de joie et de confiance en la vie, dans lequel les enfants ne sont pas perçus comme un poids, mais comme un don pour tous.

 

     Le débat sur ce qu’on appelle « l’aide active à mourir » constitue aussi pour moi une vive préoccupation. Il est à craindre qu’un jour puisse être exercée une pression non déclarée ou même explicite sur les personnes gravement malades ou âgées pour qu’elles demandent la mort ou pour qu’elles se la donnent elles-mêmes. La réponse juste à la souffrance en fin de vie est une attention pleine d’amour, l’accompagnement vers la mort – en particulier aussi avec l’aide de la médecine palliative – et non une « aide active à mourir ». Pour soutenir un accompagnement humain vers la mort il faudrait mettre en place des réformes structurelles dans tous les domaines du système sanitaire et social, ainsi que des structures d’assistance palliative. Ensuite, il faudrait prendre aussi des mesures concrètes: dans l’accompagnement psychologique et pastoral des personnes gravement malades et des mourants, de leurs parents, des médecins et du personnel soignant. Dans ce domaine, le « Hospizbewegung » fait des choses remarquables. Toutes ces tâches, cependant, ne peuvent leur être déléguées à eux seuls. Beaucoup d’autres personnes doivent être prêtes ou être encouragées à se rendre disponibles, sans regarder au temps ni à la dépense pour se consacrer à l’assistance pleine d’amour aux personnes gravement malades et aux mourants.

 

     Fait partie enfin de l’héritage européen une tradition de pensée, pour laquelle un lien substantiel entre foi, vérité et raison est essentiel. Il s’agit ici, en définitive, de se demander si, oui ou non, la raison est au principe de toutes choses et à leur fondement. Il s’agit de se demander si le hasard et la nécessité sont à l’origine de la réalité, si donc la raison est un produit secondaire fortuit de l’irrationnel, et si, dans l’océan de l’irrationalité, en fin de compte, elle n’a aucun sens, ou si au contraire ce qui constitue la conviction de fond de la foi chrétienne demeure vrai: In principio erat Verbum – Au commencement était le Verbe – à l’origine de toutes choses, il y a la Raison créatrice de Dieu qui a décidé de se rendre participant à nous, êtres humains.

 

     Permettez-moi de citer dans ce contexte Jürgen Habermas, un philosophe qui n’adhère pas à la foi chrétienne. Il affirme : « Par l’autoconscience normative du temps moderne, le christianisme n’a pas été seulement un catalyseur. L’universalisme égalitaire, dont sont nées les idées de liberté et de solidarité, est un héritage immédiat de la justice juive et de l’éthique chrétienne de l’amour. Inchangé dans sa substance, cet héritage a toujours été de nouveau approprié de façon critique et de nouveau interprété. Jusqu’à aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative à cela».

 

8 septembre 2007 – Homélie Messe au Sanctuaire Marial de Mariazell

    Nous avons été conquis par Celui qui nous a intérieurement touchés et comblés de dons, afin que nous puissions à notre tour faire des dons également aux autres. De fait, notre foi s'oppose décidément à la résignation qui considère l'homme incapable de la vérité - comme si celle-ci était trop grande pour lui. Cette résignation face à la vérité est, selon ma conviction, le c½ur de la crise de l'Occident, de l'Europe. Si, pour l'homme, il n'existe pas de vérité, celui-ci, au fond, n'est même pas capable de distinguer entre le bien et le mal. Les grandes et merveilleuses connaissances de la science deviennent alors ambiguës:  elles peuvent ouvrir des perspectives importantes pour le bien, pour le salut de l'homme, mais également - et nous le voyons - devenir une menace terrible, la destruction de l'homme et du monde. Nous avons besoin de la vérité. Mais, certainement en raison de notre histoire, nous avons peur que la foi dans la vérité ne conduise à l'intolérance. Si cette peur, qui a ses bonnes raisons historiques, nous assaille, il est temps de tourner notre regard vers Jésus. La vérité ne s'affirme pas à travers un pouvoir extérieur, mais elle est humble et ne se donne à l'homme qu'à travers le pouvoir intérieur du fait qu'elle est vraie. La vérité se démontre elle-même dans l'amour. Elle n'est jamais notre propriété, notre produit, de même que l'amour ne peut pas être produit, mais seulement se recevoir et se transmettre comme don. Nous avons besoin de cette force intérieure de la vérité. En tant que chrétiens, nous avons confiance dans cette force intérieure de la vérité. Nous en sommes les témoins. Nous devons la transmettre en don, de la même manière que nous l'avons reçue, de la même façon que celle-ci s'est donnée.

 

     "Montre-nous Jésus!". Nous prions ainsi aujourd'hui de tout notre c½ur; nous prions ainsi également en d'autres moments, intérieurement à la recherche du Visage du Rédempteur. "Montre-nous Jésus!". Marie répond, en nous le présentant tout d'abord comme un enfant. Dieu s'est fait petit pour nous. Dieu ne vient pas avec la force extérieure, mais il vient dans l'impuissance de son amour, qui constitue sa force. Il se donne entre nos mains. Il nous demande notre amour. Il nous invite à devenir nous aussi petits, à descendre de nos trônes élevés et à apprendre à être des enfants devant Dieu. Il nous offre le "Toi". Il nous demande d'avoir confiance en Lui et d'apprendre ainsi à vivre dans la vérité et dans l'amour. L'Enfant Jésus nous rappelle naturellement aussi tous les enfants du monde, à travers lesquels il veut venir à notre rencontre. Les enfants qui vivent dans la pauvreté; qui sont exploités comme soldats; qui n'ont jamais pu faire l'expérience de l'amour de leurs parents; les enfants malades et qui souffrent, mais aussi ceux qui sont joyeux et sains. L'Europe est devenue pauvre en enfants:  nous voulons tout pour nous-mêmes, et peut-être n'avons-nous pas tellement confiance en l'avenir. Mais la terre ne sera privée d'avenir que lorsque s'éteindront les forces du c½ur humain et de la raison illuminée par le c½ur - quand le visage de Dieu ne resplendira plus sur la terre. Là où se trouve Dieu, là se trouve l'avenir.

 

      "Regarder vers le Christ!". Si nous le faisons, nous nous rendons compte que le christianisme est quelque chose de plus et de différent qu'un système moral, qu'une série de requêtes et de lois. Il est le don d'une amitié qui perdure dans la vie et dans la mort:  "Je ne vous appelle plus serviteur, mais amis" (cf. Jn 15, 15), dit le Seigneur aux siens. Nous nous confions à cette amitié. Mais précisément parce que le christianisme est plus qu'une morale, il est justement le don d'une amitié, c'est pour cela qu'il contient également en lui une grande force morale dont nous avons tant besoin face aux défis de notre temps. Si avec Jésus Christ et avec son Eglise nous relisons de manière toujours nouvelle le décalogue du Sinaï, en pénétrant dans ses profondeurs, alors il se révèle à nous comme un grand enseignement, valable et permanent. Le Décalogue est tout d'abord un "oui" à Dieu, à un Dieu qui nous aime et nous guide, qui nous conduit et qui, toutefois, nous laisse notre liberté, plus encore, en fait une liberté véritable (les trois premiers commandements). C'est un "oui" à la famille (quatrième commandement), un "oui" à la vie (cinquième commandement), un "oui" à un amour responsable (sixième commandement), un "oui" à la solidarité, à la responsabilité sociale et à la justice (septième commandement), un "oui" à la vérité (huitième commandement) et un "oui" au respect des autres personnes et de ce qui leur appartient (neuvième et dixième commandements). En vertu de la force de notre amitié avec le Dieu vivant, nous vivons ce multiple "oui" et, dans le même temps, nous le présentons comme indicateur de l'itinéraire à cette époque du monde.

 

9 septembre 2007 – Rencontre avec le monde du Volontariat, à Vienne

     Le "oui" à un engagement dans le volontariat et la solidarité est une décision qui rend libre et qui ouvre aux nécessités de l'autre; aux exigences de la justice, de la défense de la vie et de la sauvegarde de la création. Dans les engagements dans le volontariat entre en jeu la dimension-clé de l'image chrétienne de Dieu et de l'homme:  l'amour de Dieu et l'amour du prochain

 

 

13 septembre 2007 – Au nouvel Ambassadeur de Slovaquie

        Les efforts conjoints de l'Eglise et de la société civile pour éduquer les jeunes à la bonté sont d'autant plus cruciaux à une époque où ils sont tentés de déprécier les valeurs du mariage et de la famille, si importantes pour leur bonheur futur et pour la stabilité sociale d'une nation. La famille est le noyau dans lequel une personne apprend en premier lieu l'amour humain et cultive les vertus de la responsabilité, de la générosité et de la préoccupation fraternelle. Les familles solides sont édifiées sur les bases de mariages solides. Les sociétés solides sont édifiées sur les bases de familles solides. En effet, toutes les communautés civiles devraient faire tout leur possible afin de promouvoir des politiques économiques et sociales qui aident les jeunes couples mariés et soutiennent leur désir de fonder une famille. Loin d'être indifférent au mariage, l'Etat doit reconnaître, respecter et soutenir cette institution vénérable comme l'union stable entre un homme et une femme qui prennent librement un engagement d'amour et de fidélité pour toute la vie (cf. Familiaris Consortio, n. 40). Les membres de votre Conseil national sont engagés dans des débats approfondis sur la façon de promouvoir le mariage et d'encourager la vie de famille. Les Evêques catholiques de votre pays également sont préoccupés par l'augmentation du taux de divorces et du nombre d'enfants conçus hors des liens du mariage. Grâce aux efforts du Conseil pour la famille et la jeunesse, la Conférence des Evêques a accru les initiatives d'éducation qui éveillent la conscience de la noble vocation du mariage, préparant ainsi les jeunes à assumer leurs responsabilités. De tels programmes ouvrent la voie à une collaboration supplémentaire entre l'Eglise et l'Etat et contribuent à assurer un avenir sain à votre pays.

 

 

15 septembre 2007 – au Nouvel Ambassadeur d’Irlande près le Saint-Siège

      La foi chrétienne n'a rien perdu de sa signification pour la société contemporaine, car elle atteint "la sphère la plus profonde de l'homme" et donne "le sens de son existence dans le monde" (Redemptor hominis, n. 10), permettant aux responsables tant civils que religieux de défendre les valeurs absolues et les idéaux inhérents à la dignité de toute personne et nécessaires à toute démocratie.

      L'Eglise, en exposant la vérité révélée, sert tous les membres de la société en apportant une lumière sur les fondements de la morale et de l'éthique, et en purifiant la raison, en garantissant que celle-ci demeure ouverte à la considération des vérités ultimes et qu'elle s'inspire de la sagesse. Loin de menacer la tolérance à l'égard des différences ou le pluralisme culturel, ou encore d'usurper le rôle de l'Etat, une telle contribution illumine la vérité même qui rend le consensus possible et maintient le débat public rationnel, honnête et responsable. Lorsque la vérité est méprisée, le relativisme la remplace:  au lieu d'être régis par les principes, les choix politiques sont déterminés de plus en plus par l'opinion publique, les valeurs sont obscurcies par les méthodes et les objectifs, et ce sont les catégories elles-mêmes de ce qui est bien et ce qui est mal, de ce qui est juste et ce qui est faux, qui dictent l'évaluation pragmatique des avantages et des inconvénients.

 

     Votre Excellence, comme de nombreuses nations dans le monde, au cours des dernières années, l'Irlande a fait de la protection de l'environnement l'une de ses priorités, tant dans sa politique nationale que dans ses relations extérieures. La promotion d'un développement durable et l'attention particulière au changement climatique représentent en effet des questions d'une grave importance pour toute la famille humaine, et aucune nation ni secteur commercial ne devraient les ignorer. Comme le démontre la recherche scientifique, les effets à l'échelle mondiale que les actions humaines peuvent avoir sur l'environnement, la complexité du lien vital entre l'écologie de la personne humaine et l'écologie de la nature devient de plus en plus apparente (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, n. 8).

      Curieusement, tandis que la majesté de l'ouvrage des doigts de Dieu dans la création (cf. Ps 8, 3) est facilement reconnue, la pleine reconnaissance de la gloire et de la splendeur dont il a couronné l'homme (cf. Ps 8, 5) est parfois plus difficilement comprise. Une sorte de moralité divisée s'ensuit. Les thèmes importants et vitaux de la paix, la non-violence, la justice et le respect de la création ne confèrent pas en eux-mêmes sa dignité à l'homme. La dimension primaire de la moralité découle de la dignité innée de la vie humaine - de sa conception à sa mort naturelle - une dignité conférée par Dieu lui-même. L'acte de la création plein d'amour de Dieu doit être compris comme un tout. Comme il est troublant de voir que souvent, les groupes politiques et sociaux qui, de façon admirable, sont le plus respectueux face la création de Dieu sont ceux-là mêmes qui portent bien peu d'attention à la merveille de la vie dans le sein maternel. Espérons que, en particulier parmi les jeunes, l'intérêt naissant pour l'environnement approfondira leur compréhension de l'ordre juste et de la magnificence de la création de Dieu, au centre et au sommet de laquelle se trouvent l'homme et la femme.

 

 

 

 

 

19 septembre 2007 – Audience Générale

             Jean Chrysostome se soucia d'accompagner par ses écrits le développement intégral de la personne, dans les dimensions physique, intellectuelle et religieuse. Les diverses phases de la croissance sont comparées à autant de mers d'un immense océan ! « La première de ces mers est l'enfance » (Homélies 81, 5 sur l'Evangile de Matthieu). En effet, « précisément au cours de ce premier âge se manifestent les inclinations au vice et à la vertu ». C'est pourquoi la loi de Dieu doit être dès le début imprimée dans l'âme « comme sur une tablette de cire » (Homélie 3,1 sur l'Evangile de Jean) : de fait, c'est l'âge le plus important. Nous devons nous rappeler qu'il est fondamental qu'en cette première phase de la vie, entrent réellement dans l'homme les grandes orientations qui donnent sa juste perspective à l'existence. Chrysostome recommande donc : « Dès l'âge le plus tendre fortifiez les enfants avec des armes spirituelles, et enseignez-leur à marquer le front avec la main » (Homélie 12, 7 sur la première Lettre aux Corinthiens). Viennent ensuite l'adolescence et la jeunesse : « A l'enfance suit la mer de l'adolescence, où les vents soufflent avec violence..., car en nous croît... la concupiscence » (Homélie 81, 5 sur l'Evangile de Matthieu). Arrivent enfin les fiançailles et le mariage : « A la jeunesse succède l'âge de la personne mûre, où se présentent les engagements de la famille : le temps est venu de chercher une femme » (ibid.). Il rappelle les objectifs du mariage, en les enrichissant - avec un rappel à la vertu de la tempérance - d'un riche tissu de relations personnalisées. Les époux bien préparés barrent ainsi la route au divorce : tout se déroule avec joie et l'on peut éduquer les enfants à la vertu. Lorsque naît ensuite le premier enfant, celui-ci est « comme un pont ; les trois deviennent une seule chair, car l'enfant réunit les deux parties » (Homélie 12, 5 sur la Lettre aux Colossiens), et les trois constituent « une famille, petite Eglise » (Homélie 20, 6 sur la Lettre aux Ephésiens).
 

     La présence authentiquement chrétienne des fidèles laïcs dans la famille et dans la société, demeure encore aujourd’hui plus que jamais actuelle.

 

 

20 septembre 2007 – Aux Evêques du Bénin, en Visite Ad Limina.
    La présence de l'Église dans la société se manifeste aussi par les interventions publiques de ses Pasteurs. En diverses circonstances, vous avez défendu courageusement les valeurs de la famille et du respect de la vie, alors qu'elles étaient menacées par des idéologies proposant des modèles et des attitudes en opposition avec une authentique conception de la vie humaine. Je vous encourage à poursuivre cet engagement, qui est un service rendu à la société tout entière. … En aidant les jeunes à acquérir une maturité humaine et spirituelle, faites-leur découvrir Dieu, faites-leur découvrir que c'est dans le don d'eux-mêmes au service des autres qu'ils deviennent plus libres et plus mûrs ! Par ailleurs, les obstacles qu'ils rencontrent pour s'engager dans le mariage chrétien et pour vivre dans la fidélité aux engagements pris, obstacles souvent liés à la culture et aux traditions, exigent non seulement une sérieuse préparation à ce sacrement, mais aussi un accompagnement permanent des familles, particulièrement dans les moments de plus grande difficulté.

 

21 septembre 2007 -  Aux membres du Comité exécutif de l'Internationale démocratique du Centre et démocrate chrétienne
     Je voudrais vous encourager encore davantage à poursuivre dans l'effort de servir le bien commun, en ½uvrant afin de faire en sorte que ne se diffusent, ni ne se renforcent des idéologies qui peuvent obscurcir ou égarer les consciences et véhiculer une vision illusoire de la vérité et du bien. Il existe par exemple dans le domaine économique une tendance qui confond le bien avec le profit et de cette manière, dissout la force de l'ethos de l'intérieur, en finissant par menacer le profit lui-même. Certains estiment que la raison humaine est incapable de saisir la vérité et, donc, de poursuivre le bien correspondant à la dignité de la personne. Il y a ensuite ceux qui trouvent légitime l'élimination de la vie humaine dans sa phase prénatale ou dans la phase terminale. La crise que connaît la famille, cellule fondamentale de la société fondée sur le mariage indissoluble d'un homme et d'une femme, est également préoccupante. L'expérience démontre que lorsque l'on porte atteinte à la vérité de l'homme, lorsque la famille est minée dans ses fondements, la paix même est menacée, le droit risque d'être compromis, entraînant comme conséquence logique d'aller à l'encontre d'injustices et de violences.


     A tous ceux qui partagent la foi dans le Christ, l'Eglise demande d'en témoigner aujourd'hui, avec encore plus de courage et de générosité. La cohérence des chrétiens est en effet indispensable également dans la vie politique, pour que le "sel" de l'engagement apostolique ne perde pas sa "saveur" et que la "lumière" des idéaux évangéliques ne soit pas assombrie dans leur action quotidienne.


 

26 septembre 2007 – Audience Générale

     Que l’exemple de charité de saint Vincent de Paul, vous incite, chers jeunes mariés, à conserver dans votre famille une constante attention aux pauvres.

 

29 septembre 2007 – Homélie Messe Consécration de 6 nouveaux Evêques.

          L’Archange Saint Michel défend la cause de l'unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du "serpent antique", comme le dit Jean. C'est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu'ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n'accuse pas seulement Dieu. L'Apocalypse l'appelle également "l'accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu" (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l'homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L'homme devient alors un produit mal réussi de l'évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l'homme.  La  foi  en Dieu défend l'homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements:  la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l'Evêque, en tant qu'homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l'homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l'homme que le fait que Dieu lui-même s'est fait homme ?

     Annoncer l'Evangile signifie déjà en soi guérir, car l'homme a surtout besoin de la vérité et de l'amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l'Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l'homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l'atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s'accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l'ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l'accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement:  son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l'atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l'amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être "l'ange" qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd'hui menacés par la cécité à l'égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l'amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l'Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l'âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n'est que s'il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l'amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.

 

 

 

 

1er octobre 2007 – Lettre en vue de la Rencontre Mondiale des Familles 2009

     En tant que première école de vie et de foi, et en tant qu'"Eglise domestique", la famille est appelée à éduquer les nouvelles générations dans les valeurs humaines et chrétiennes afin que, en orientant leur vie selon le modèle  du  Christ,  elles  forgent en elles une personnalité harmonieuse. Dans cette tâche aussi décisive pour la personne humaine, qui ne se réduit pas seulement à savoir utiliser les réalités qu'elle a à sa portée, mais qui tend surtout à rechercher et à s'engager selon les idéaux et les modèles de conduite qui font que l'homme "dépasse l'univers des choses" (Gaudium et spes, n. 14), elle peut également compter sur le soutien de l'école, de la paroisse et des divers groupes ecclésiaux qui favorisent une éducation intégrale de l'être humain.

    A une époque où l'on constate de fortes disparités entre ce que l'on dit croire et la façon concrète de vivre et de se comporter, cette prochaine Rencontre mondiale des Familles se propose d'encourager les foyers chrétiens dans la formation d'une conscience morale droite qui, fortifiée par la grâce de Dieu, aide à suivre fidèlement sa  volonté qu'il nous a révélée au moyen de Jésus Christ et qu'il a semée au plus profond du c½ur de chaque personne (cf. ibid., n. 16).

 

 

 

3 octobre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

      Que le lumineux exemple de saint François d’Assise vous conduise, chers jeunes mariés, à un amour toujours plus profond pour Dieu et entre vous, pour que vous puissiez faire l’expérience de la joie qui jaillit de votre don réciproque ouvert à la vie.

 

 

4 octobre 2007 – Au Nouvel Ambassadeur d’Italie près le Saint-Siège

     Je forme de tout c½ur le v½u que la collaboration entre toutes les composantes de la bien-aimé nation que vous représentez, contribue non seulement à préserver jalousement l'héritage culturel et spirituel qui vous caractérise et qui est une partie intégrante de votre histoire, mais soit encore plus un encouragement à rechercher des voies nouvelles pour affronter de façon adéquate les grands défis qui caractérisent l'époque post-moderne. Parmi  ceux-ci,  je  me limite à citer la défense des droits de la personne et de la famille, la construction d'un monde solidaire, le respect de la création, le dialogue interculturel et interreligieux.

 

5 octobre 2007 – Aux membres de la Commission Théologique Internationale

     "L'espérance de salut pour les enfants qui meurent sans baptême". Dans ce document, le thème est traité dans le contexte de la volonté salvifique universelle de Dieu, de l'universalité de la médiation unique du Christ, du primat de la grâce divine et du caractère sacré de l'Eglise. Je suis certain qu'un tel document peut constituer un point de référence utile pour les Pasteurs de l'Eglise et pour les théologiens, et également une aide et une source de réconfort pour les fidèles qui ont souffert dans leurs familles de la mort soudaine d'un enfant, avant qu'il ne reçoive le bain de la régénération. Vos réflexions pourront également constituer des occasions d'approfondissement supplémentaire et de recherches sur l'argument. Il faut en effet pénétrer toujours plus à fond dans la compréhension des diverses manifestations de l'amour de Dieu, qui nous a été révélé dans le Christ, à l'égard de tous les hommes, en particulier des plus petits et des plus pauvres.
 

 

     A l'occasion de l'audience du 1 décembre 2005, j'ai présenté quelques orientations fondamentales du travail que le théologien doit accomplir en communion avec la voix vivante de l'Eglise sous la direction du Magistère. Je voudrais à présent m'arrêter de manière particulière sur le thème de la loi morale naturelle. Comme vous le savez probablement, à l'initiative de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi se sont déroulés, ou sont en train d'être organisés par divers centres universitaires et associations, des symposiums ou des journées d'études dans le but de déterminer des lignes de convergence utiles pour un approfondissement constructif et efficace de la doctrine sur la loi morale naturelle. Cette invitation a jusqu'à présent trouvé un accueil positif et un écho important. C'est donc avec un grand intérêt que l'on attend la contribution de la Commission théologique internationale, qui vise surtout à justifier et à illustrer les fondements d'une éthique universelle, appartenant au grand patrimoine de la sagesse humaine, qui constitue d'une certaine manière une participation de la créature rationnelle à la loi éternelle de Dieu. Il ne s'agit donc pas d'un thème de type exclusivement ou principalement confessionnel, même si la doctrine sur la loi morale naturelle est illuminée et développée en plénitude à la lumière de la Révélation chrétienne et de l'accomplissement de l'homme dans le mystère du Christ.

      Le Catéchisme de l'Eglise catholique résume bien le contenu central de la doctrine sur la loi naturelle, en soulignant que celle-ci "énonce les préceptes premiers et essentiels qui régissent la vie morale. Elle a pour pivot l'aspiration et la soumission à Dieu, source et juge de tout bien, ainsi que le sens d'autrui comme égal à soi-même. Elle est exposée en ses principaux préceptes dans le Décalogue. Cette loi est dite naturelle non pas en référence à la nature même des êtres irrationnels, mais parce que la raison qui l'édicte appartient en propre à la nature humaine" (n. 1995). Avec cette doctrine, l'on parvient à deux finalités essentielles: d'une part, on comprend que le contenu éthique de la foi chrétienne ne constitue pas une imposition dictée de l'extérieur à la conscience de l'homme, mais qu'il s'agit d'une norme qui a son fondement dans la nature humaine elle-même; d'autre part, en partant de la loi naturelle accessible en soi à toute créature rationnelle, on établit avec celle-ci la base pour entrer en dialogue avec tous les hommes de bonne volonté et, de manière plus générale, avec la société civile et séculière.

     Mais c'est précisément en raison de l'influence de facteurs d'ordre culturel et idéologique, que la société civile et séculière d'aujourd'hui se trouve dans une situation d'égarement et de confusion: on a perdu l'évidence originelle des fondements de l'être humain et de son action éthique, et la doctrine de la loi morale naturelle s'oppose aux autres conceptions qui en sont la négation directe. Tout cela a des conséquences immenses et graves dans l'ordre civil et social. Chez de nombreux penseurs, semble aujourd'hui dominer une conception positiviste du droit. Selon eux, l'humanité ou la société, ou de fait la majorité des citoyens, devient la source ultime de la loi civile. Le problème qui se pose n'est donc pas la recherche du bien, mais celle du pouvoir, ou plutôt de l'équilibre des pouvoirs. A la racine de cette tendance se trouve le relativisme éthique, dans lequel certains voient même l'une des conditions principales de la démocratie, car le relativisme garantirait la tolérance et le respect réciproque des personnes. Mais s'il en était ainsi, la majorité d'un moment deviendrait la source ultime du droit. L'histoire démontre avec une grande clarté que les majorités peuvent se tromper. La véritable rationalité n'est pas garantie par le consensus d'un grand nombre, mais seulement par la compréhension qu'a la raison humaine de la Raison créatrice et par l'écoute commune de cette Source de notre rationalité.

     Lorsque les exigences fondamentales de la dignité de la personne humaine, de sa vie, de l'institution familiale, de la justice, de l'organisation sociale, c'est-à-dire les droits fondamentaux de l'homme, sont en jeu, aucune loi faite par les hommes ne peut renverser la règle écrite par le Créateur dans le coeur de l'homme, sans que la société elle-même ne soit dramatiquement frappée dans ce qui constitue sa base incontournable. La loi naturelle devient ainsi la véritable garantie offerte à chacun pour vivre libre et respecté dans sa dignité et à l'abri de toute manipulation idéologique et de toute décision arbitraire ou d'abus du plus fort. Personne ne peut se soustraite à cet appel. Si, en raison d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme et le relativisme éthique parvenaient à effacer les principes fondamentaux de la loi morale naturelle, l'ordre démocratique lui-même serait radicalement blessé dans ses fondements. Contre cet obscurcissement, qui est à la base de la crise de la civilisation humaine, avant même que chrétienne, il faut mobiliser toutes les consciences des hommes de bonne volonté, laïcs ou appartenant à des religions différentes du christianisme, pour qu'ensemble et de manière concrète, ils s'engagent à créer, dans la culture et dans la société civile et politique, les conditions nécessaires pour une pleine conscience de la valeur inaliénable de la loi morale naturelle. C'est en effet du respect de celle-ci que dépend le développement des individus et de la société sur la voie de l'authentique progrès, conformément à la juste raison, qui est une participation à la Raison éternelle de Dieu.

 

 

 

10 octobre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

      Que le témoignage évangélique du bienheureux Jean XXIII vous aide, chers jeunes mariés, à faire de votre famille le lieu de la rencontre constante avec l’Amour de Dieu et des frères.

 

 

 

19 octobre 2007 – Aux Evêques du Congo en Visite Ad Limina

       La baisse sensible du nombre de mariages canoniques est un véritable défi qui pèse sur la famille, dont on sait le caractère irremplaçable pour la stabilité de l’édifice social. La législation civile, la fragilisation de la structure familiale, mais aussi le poids de certaines pratiques traditionnelles, notamment le coût exorbitant de la dote, sont un frein réel à l’engagement des jeunes dans le mariage. Une réflexion pastorale de fond s’impose pour promouvoir la dignité du mariage chrétien, reflet et réalisation de l’amour du Christ pour son Église. Il est important d’aider les couples à acquérir la maturité humaine et spirituelle nécessaire pour assumer de manière responsable leur mission d’époux et de parents chrétiens, en leur rappelant que leur amour est unique, indissoluble et que le mariage contribue à la pleine réalisation de leur vocation humaine et chrétienne.

 

 

29 octobre 2007 -  Aux membres du Congrès International des Pharmaciens Catholiques.
     Le développement actuel de l'arsenal médicamenteux et des possibilités thérapeutiques qui en découlent nécessite que les pharmaciens réfléchissent sur les fonctions de plus en plus larges qu'ils sont appelés à avoir, en particulier en tant qu'intermédiaires entre le médecin et le patient; ils ont un rôle éducatif auprès des patients pour un usage juste de la prise médicamenteuse et surtout pour faire connaître les implications éthiques de l'utilisation de certains médicaments. Dans ce domaine, il n'est pas possible d'anesthésier les consciences, par exemple sur les effets de molécules ayant pour but d'éviter la nidation d'un embryon ou d'abréger la vie d'une personne. Le pharmacien doit inviter chacun à un sursaut d'humanité, pour que tout être soit protégé depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et que les médicaments remplissent véritablement leur rôle thérapeutique. D'autre part, nulle personne ne peut être utilisée, de manière inconsidérée, comme un objet, pour réaliser des expérimentations thérapeutiques; celles-là doivent se dérouler selon des protocoles respectant les normes éthiques fondamentales. Toute démarche de soin ou d'expérimentation doit avoir pour perspective un éventuel mieux-être de la personne, et non seulement la recherche d'avancées scientifiques. La poursuite d'un bien pour l'humanité ne peut se faire au détriment du bien des personnes traitées. Dans le domaine moral, votre Fédération est invitée à affronter la question de l'objection de conscience, qui est un droit qui doit être reconnu à votre profession, vous permettant de ne pas collaborer, directement ou indirectement, à la fourniture de produits ayant pour but des choix clairement immoraux, comme par exemple l'avortement et l'euthanasie.

     Il convient aussi que les différentes structures pharmaceutiques, des laboratoires aux centres hospitaliers et aux officines, ainsi que l'ensemble de nos contemporains, aient le souci de la solidarité dans le domaine thérapeutique, pour permettre un accès aux soins et aux médicaments de première nécessité de toutes les couches de la population et dans tous les pays, notamment pour les personnes les plus pauvres.

     En tant que pharmaciens catholiques, puissiez-vous, sous la conduite de l'Esprit saint, puiser dans la vie de foi et dans l'enseignement de l'Eglise les éléments qui vous guideront dans votre démarche professionnelle auprès des malades, qui ont besoin d'un soutien humain et moral pour vivre dans l'espérance et pour trouver des ressorts intérieurs qui les aideront au long des jours. Il vous revient aussi d'aider les jeunes qui rentrent dans les différentes professions pharmaceutiques à réfléchir sur les implications éthiques toujours plus délicates de leurs activités et de leurs décisions. Pour une telle démarche, il importe que se mobilisent et se rassemble l'ensemble des professionnels catholiques de la santé et les personnes de bonne volonté, pour approfondir leur formation non seulement sur le plan technique, mais aussi en ce qui concerne les questions de bioéthique, ainsi que pour proposer de telles formations à l'ensemble de la profession. L'être humain, parce qu'il est image de Dieu, doit toujours être au centre des recherches et des choix en matière biomédicale. De même, le principe naturel du devoir d'apporter des soins au malade est fondamental. Les sciences biomédicales sont au service de l'homme; si tel n'était pas le cas, elles n'auraient qu'un caractère froid et inhumain. Tout savoir scientifique dans le domaine de la santé et toute démarche thérapeutique sont au service de l'homme malade, considéré dans son être intégral, qui doit être un partenaire actif de ses soins et respecté dans son autonomie.

 

 

7 novembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Chers jeunes mariés, guidés par une foi vivante, cherchez à former des communautés familiales animées par une ferveur évangélique intense

 

 

14 novembre 2007 – Audience Générale

      On ne peut pas oublier la contribution apportée par Saint Jérôme dans le domaine de la pédagogie chrétienne (cf. Epp 107 et 128). Il se propose de former «une âme qui doit devenir le temple du Seigneur» (Ep 107, 4), une «pierre très précieuse» aux yeux de Dieu (Ep 107, 13). Avec une profonde intuition, il conseille de la préserver du mal et des occasions de pêcher, d'exclure les amitiés équivoques ou débauchées (cf. Ep 107, 4 et 8-9 ; cf. également Ep 128, 3-4). Il exhorte surtout les parents pour qu'ils créent un environnement serein et joyeux autour des enfants, pour qu'ils les incitent à l'étude et au travail, également par la louange et l'émulation (cf. Epp 107, 4 et 128, 1), qu'ils les encouragent à surmonter les difficultés, qu'ils favorisent entre eux les bonnes habitudes et qu'ils les préservent d'en prendre de mauvaises car - et il cite là une phrase de Publiulius Syrus entendue à l'école - « difficilement tu réussiras à te corriger de ces choses dont tu prends tranquillement l'habitude » (Ep. 107, 8). Les parents sont les principaux éducateurs des enfants, les premiers maîtres de vie. Avec une grande clarté, Jérôme, s'adressant à la mère d'une jeune fille et mentionnant ensuite le père, admoneste, comme en exprimant une exigence fondamentale de chaque créature humaine qui commence son existence : « Qu'elle trouve en toi sa maîtresse, et que sa jeunesse inexpérimentée regarde vers toi avec émerveillement. Que ni en toi, ni en son père elle ne voie jamais d'attitudes qui la conduisent au péché, si elles devaient être imitées. Rappelez-vous que... vous pouvez davantage l'éduquer par l'exemple que par la parole » (Ep 107, 9). Parmi les principales intuitions de Jérôme comme pédagogue, on doit souligner l'importance attribuée à une éducation saine et complète dès la prime enfance, la responsabilité particulière reconnue aux parents, l'urgence d'une sérieuse formation morale et religieuse, l'exigence de l'étude pour une formation humaine plus complète. En outre, un aspect assez négligé à l'époque antique, mais considéré vital par notre auteur, est la promotion de la femme, à laquelle il reconnaît le droit à une formation complète : humaine, scolaire, religieuse, professionnelle. Et nous voyons précisément aujourd'hui que l'éducation de la personnalité dans son intégralité, l'éducation à la responsabilité devant Dieu et devant l'homme, est la véritable condition de tout progrès, de toute paix, de toute réconciliation et d'exclusion de la violence. L'éducation devant Dieu et devant l'homme : c'est l'Ecriture Sainte qui nous indique la direction de l'éducation et ainsi, du véritable humanisme.
 

14 novembre 2007 – En Français, à l’Audience Générale

     Saint Jérôme se montre un excellent pédagogue de la vie chrétienne, pour que l'âme devienne le temple du Seigneur, une pierre précieuse aux yeux de Dieu. Il invite les parents à créer une ambiance sereine et joyeuse pour que les enfants soient poussés au travail et qu'ils puissent acquérir de bonnes habitudes.

 

 

 

publié le : 08 janvier 2025

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