2006
25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
En ce temps d'abondance et de consommation effrénée, on meurt encore de faim et de soif, de maladie et de pauvreté. Il y a aussi l'être humain réduit en esclavage, exploité et offensé dans sa dignité; celui qui est victime de la haine raciale et religieuse, et qui, dans la libre profession de sa foi, est entravé par des intolérances et des discriminations, par des ingérences politiques et des pressions physiques ou morales. Il y a celui qui voit son corps et le corps de ses proches, tout particulièrement des enfants, mutilés par l'utilisation des armes, par le terrorisme et par toute sorte de violence, à une époque où tous invoquent et revendiquent le progrès, la solidarité et la paix pour tous. Et que dire de la personne qui, privée d'espérance, est contrainte de laisser sa maison et sa patrie, pour chercher ailleurs des conditions de vie dignes de l'homme ? ..
Comment ne pas voir que c'est justement du fond de l'humanité avide de jouissance et désespérée que s'élève un cri déchirant d'appel à l'aide ?
2007
8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
Une question qui prend toujours davantage de relief est celle des mouvements de personnes: des millions d'hommes et de femmes sont contraints à laisser leurs foyers ou leur patrie à cause de violences ou bien pour rechercher des conditions de vie plus dignes. Il est illusoire de penser que les phénomènes migratoires pourront être bloqués ou contrôlés simplement par la force. Les migrations et les problèmes qu'elles créent doivent être affrontés avec humanité, justice et compassion.
14 janvier 2007 - Angelus
Nous pouvons tourner notre regard vers la sainte Famille de Nazareth, icône de toutes les familles, car celle-ci reflète l'image de Dieu conservée dans le coeur de toute famille humaine, même lorsque celle-ci est affaiblie et parfois défigurée par les épreuves de la vie. L'évangéliste Matthieu raconte que, peu après la naissance de Jésus, saint Joseph fut contraint à partir pour l'Egypte en prenant avec lui l'enfant et sa mère, afin de fuir la persécution du roi Hérode (cf. Mt 2, 13-15). Dans le drame de la Famille de Nazareth nous entrevoyons la douloureuse condition de tant de migrants, spécialement des réfugiés, des exilés, des déplacés internes, des persécutés. Reconnaissons en particulier les difficultés de la famille migrante en tant que telle : les ennuis, les humiliations, la pauvreté, la fragilité.
En réalité, le phénomène de la mobilité humaine est très vaste et diversifié. Selon des estimations récentes des Nations Unies, les migrants pour raisons économiques sont aujourd'hui près de 200 millions, les réfugiés environ 9 millions, et les étudiants internationaux environ 2 millions. A ce grand nombre de frères et sœurs nous devons ajouter les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, les personnes en situation irrégulière, en tenant compte du fait que chacun possède, d'une manière ou d'une autre, une famille. Il est donc important de soutenir les migrants et leurs familles au moyen d'une protection législative, juridique et administrative spécifique, et également à travers un réseau de services, de centres d'écoute et de structures d'assistance sociale et pastorale. Je forme le vœu que l'on parvienne rapidement à gérer de manière équilibrée les flux migratoires et la mobilité humaine en général, pour en faire profiter la famille humaine tout entière, en commençant par des mesures concrètes qui favorisent l'émigration régulière et la réunion des familles, avec une attention particulière aux femmes et aux mineurs. La personne humaine doit en effet toujours être placée au centre, également dans le vaste domaine des migrations internationales. Seuls le respect de la dignité humaine de tous les migrants, d'un côté, et la reconnaissance par les migrants eux-mêmes des valeurs de la société qui les accueille, de l'autre, rendent possible la juste intégration des familles dans les systèmes sociaux, économiques et politiques des pays d'accueil.
Chers amis, la réalité des migrations ne doit jamais être vue uniquement comme un problème mais également et surtout comme une ressource importante pour la marche de l'humanité. Et la famille migrante est de manière spéciale une ressource, si elle est respectée en tant que telle, si elle ne subit pas de déchirements irréparables et si elle peut demeurer unie ou se réunir et accomplir sa mission de berceau de la vie et de premier lieu d'accueil et d'éducation de la personne humaine. Nous le demandons ensemble au Seigneur, par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de sainte Francesca Saverio Cabrini, patronne des migrants.