Apocalypse

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1 - Lecture: Ap 15, 3-4

Le Cantique que nous venons de reprendre en l'élevant comme un hymne de louange au « Seigneur Dieu tout-puissant » (Ap 15, 3) possède un caractère bref et solennel, incisif et grandiose. Il s'agit de l'un des nombreux textes de prière placés dans l'Apocalypse, livre de jugement, de salut et surtout d'espérance.
En effet, l'histoire ne se trouve pas entre les mains de puissances obscures, du hasard ou des seuls choix humains. Sur le déchaînement des énergies malfaisantes, sur l'irruption véhémente de Satan, sur l'apparition de tant de fléaux et de maux s'élève le Seigneur, arbitre suprême du cours de l'histoire. Il la conduit avec sagesse vers l'aube des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, chantés dans la partie finale du livre sous l'image de la nouvelle Jérusalem (cf. Ap 21, 22).
Ceux qui entonnent le Cantique sur lequel nous méditerons à présent sont les justes de l'histoire, les vainqueurs de la Bête satanique, ceux qui à travers la défaite apparente du martyre sont en réalité les artisans du monde nouveau, dont Dieu est l'artisan suprême.
Ils commencent en exaltant les « grandes et merveilleuses œuvres » et les « voies justes et droites » du Seigneur (cf. v. 3). Le langage utilisé est celui qui est caractéristique de l'exode d'Israël de l'esclavage égyptien. Le premier cantique de Moïse — prononcé après le passage de la Mer Rouge — célèbre le Seigneur « redoutable en exploits, artisan de merveilles » (Ex 15, 11). Le deuxième cantique — rapporté par le Deutéronome au terme de la vie du grand législateur — réaffirme que « son œuvre est parfaite, car toutes ses voies sont le Droit » (Dt 32, 4).
On souhaite donc réaffirmer que Dieu n'est pas indifférent aux événements humains, mais qu'il pénètre dans ceux-ci en réalisant ses « voies », c'est-à-dire ses projets et ses « œuvres » efficaces.
Selon notre hymne, cette intervention divine a un objectif bien précis: être un signe qui invite tous les peuples de la terre à la conversion. Les nations doivent apprendre à « lire » dans l'histoire un message de Dieu. L'aventure de l'humanité n'est pas confuse et sans signification, elle n'est pas non plus destinée sans recours aux prévarications des violents et des pervers.
Il existe la possibilité de reconnaître l'action divine cachée dans l'histoire. Le Concile œcuménique Vatican II, dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, invite lui aussi le croyant à scruter, à la lumière de l'Evangile, les signes des temps pour trouver en eux la manifestation de l'action même de Dieu (cf. nn. 4 et 11). Cette attitude de foi conduit l'homme à reconnaître la puissance de Dieu en œuvre dans l'histoire, et à s'ouvrir ainsi à la crainte du nom du Seigneur. Dans le langage biblique, en effet, cette « crainte » ne coïncide pas avec la peur, mais elle est la reconnaissance du mystère de la transcendance divine. Celle-ci se trouve donc à la base de la foi et se mélange à l'amour: « Le Seigneur ton Dieu te demande de le craindre et de l'aimer de tout ton cœur et de toute ton âme » (cf. Dt 10, 12).
C'est dans cette optique que, dans notre bref hymne tiré de l'Apocalypse, s'unissent la crainte et la glorification de Dieu: « Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom? » (15, 4). Grâce à la crainte du Seigneur on n'a pas peur du mal qui règne dans l'histoire et l'on reprend avec vigueur le chemin de la vie, comme le déclarait le prophète Isaïe: « Fortifiez les mains affaiblies, affermissez les genoux qui chancellent. Dites aux cœurs défaillants: « Soyez forts, ne craignez pas »» (Is 35, 3-4).
L'hymne se termine par la prévision d'une procession universelle de peuples qui se présentent devant le Seigneur de l'histoire, révélé à travers ses « jugements justes » (cf. 15, 4). Ils se prosterneront en adoration. Et l'unique Seigneur semble leur répéter les paroles prononcées le dernier soir de sa vie terrestre: « Ayez confiance; j'ai vaincu le monde! » (Jn 16, 33).
Nous voulons conclure notre brève réflexion sur le cantique de l'« Agneau victorieux » (cf. Ap 15, 3), entonné par les justes de l'Apocalypse, par un antique hymne du lucernaire, c'est-à-dire de la prière vespérale, déjà connu de saint Basile de Césarée: « Parvenus au coucher du soleil, en voyant la lumière du soir, nous chantons le Père, le Fils et l'Esprit Saint de Dieu. Tu es digne d'être chanté en tout moment avec des voix saintes, Fils de Dieu, toi qui donnes la vie. C'est pourquoi le monde te glorifie » (S. Pricoco-M. Simonetti, La prière des chrétiens, Milan 2000, p. 97). - Audience mai 2005

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