2013
16 mai 2013 – A de nouveaux Ambassadeurs près le Saint-Siège
Notre humanité vit en ce moment comme un tournant de son histoire, eu égard aux progrès enregistrés en divers domaines. Il faut faire l’éloge des acquis positifs qui contribuent au bien-être authentique de l’humanité dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la communication par exemple. Toutefois, il y a lieu de reconnaître aussi que la plupart des hommes et des femmes de notre temps continuent de vivre dans une précarité quotidienne aux conséquences funestes. Certaines pathologies augmentent, avec leurs conséquences psychiques ; la peur et la désespérance saisissent les c½urs de nombreuses personnes même dans les pays dits riches ; la joie de vivre s’amenuise ; l’indécence et la violence prennent de l’ampleur ; et la pauvreté devient plus criante. Il faut lutter pour vivre, et pour vivre souvent indignement. L’une des causes de cette situation, à mon avis, se trouve dans le rapport que nous entretenons avec l’argent, et dans notre acceptation de son empire sur nos êtres et nos sociétés. Ainsi la crise financière que nous traversons, nous fait oublier son origine première située dans une profonde crise anthropologique. Dans la négation du primat de l’homme ! On s’est créé des idoles nouvelles. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 15-34) a trouvé un visage nouveau et impitoyable dans le fétichisme de l’argent, et dans la dictature de l’économie sans visage, ni but vraiment humain.
La crise mondiale qui touche les finances et l’économie semble mettre en lumière leurs difformités, et surtout la grave déficience de leur orientation anthropologique qui réduit l’homme à une seule de ses nécessités : la consommation. Et pire encore, l’être humain est considéré aujourd’hui comme étant lui-même un bien de consommation qu’on peut utiliser, puis jeter. Nous avons initié cette culture de l’élimination. Cette dérive se situe au niveau individuel et sociétal. Et elle est promue !
Derrière cette attitude se cache le refus de l’éthique, le refus de Dieu. Tout comme la solidarité, l’éthique dérange ! Elle est considérée comme contre-productive ; comme trop humaine, car elle relativise l’argent et le pouvoir ; comme une menace, car elle refuse la manipulation et l’assujettissement de la personne. Car l’éthique conduit vers Dieu qui, lui, se situe en-dehors des catégories du marché. Dieu est considéré par ces financiers, économistes et politiques, comme étant incontrôlable - Dieu incontrôlable ! -, dangereux même puisqu’il appelle l’homme à sa réalisation plénière et à l’indépendance des esclavages de tout genre. L’éthique - une éthique non idéologique naturellement - permet, à mon avis, de créer un équilibre et un ordre social plus humains.
16 juin 2013 – Homélie Messe Evangelium Vitae – Année de la Foi
Mais souvent - nous la savons par expérience - l’homme ne choisit pas la vie, n’accueille pas l’"Évangile de la Vie", mais se laisse guider par des idéologies et des logiques qui mettent des obstacles à la vie, qui ne la respectent pas, parce qu’elles sont dictées par l’égoïsme, par l’intérêt, par le profit, par le pouvoir, par le plaisir et elles ne sont pas dictées par l’amour, par la recherche du bien de l’autre. C’est l’illusion constante de vouloir construire la cité de l’homme sans Dieu, sans la vie et l’amour de Dieu – une nouvelle Tour de Babel ; c’est penser que le refus de Dieu, du message du Christ, de l’Évangile de la vie conduit à la liberté, à la pleine réalisation de l’homme. Le résultat est qu’au Dieu vivant, on substitue des idoles humaines et passagères, qui offrent l’ivresse d’un moment de liberté, mais qui à la fin sont porteuses de nouveaux esclavages et de mort. La sagesse du Psalmiste dit : « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le c½ur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » (Ps 19,9). Rappelons-nous : Dieu, le Vivant, est miséricordieux ! Le Seigneur est le Vivant, il est miséricordieux !
Chers frères et s½urs, regardons Dieu comme le Dieu de la vie, regardons sa loi, le message de l’Évangile comme une voie de liberté et de vie. Le Dieu vivant nous rend libres ! Disons oui à l’amour et non à l’égoïsme, disons oui à la vie et non à la mort, disons oui à la liberté et non à l’esclavage de tant d’idoles de notre temps ; en un mot, disons oui à Dieu qui est amour, vie et liberté, et jamais ne déçoit (cf. 1Jn 4,8 ; Jn 11,25 ; Jn 8,32), à Dieu qui est le Vivant et le Miséricordieux.
20 septembre 2013 – Aux gynécologues
Nous assistons aujourd’hui à une situation paradoxale qui touche la profession médicale. D’une part nous constatons — et nous en rendons grâce à Dieu — les progrès de la médecine, grâce au travail des scientifiques qui, avec passion et sans s’épargner, se consacrent à la recherche de nouvelles thérapies. Mais de l’autre, nous trouvons aussi le danger que le médecin égare son identité de serviteur de la vie. La désorientation culturelle a également entamé ce qui semblait un domaine inattaquable : le vôtre, la médecine ! Tout en étant par leur nature au service de la vie, les professions de la santé sont parfois incitées à ne pas respecter la vie elle-même. En revanche, comme nous le rappelle l’encyclique Caritas in veritate, « l’ouverture à la vie est au centre du vrai développement ». Il n’y a pas de véritable développement sans cette ouverture à la vie. « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent. L’accueil de la vie trempe les énergies morales et nous rend capables de nous aider mutuellement » (n. 28). On constate cette situation paradoxale dans le fait que, alors que l’on attribue à la personne de nouveaux droits, parfois aussi de présumés droits, on ne protège pas toujours la vie comme valeur primordiale de chaque homme. Le but ultime de l’action médicale reste toujours la défense et la promotion de la vie.
Le deuxième point : dans ce contexte contradictoire, l’Église fait appel aux consciences, aux consciences de tous les professionnels et volontaires de la santé, de manière particulière à vous gynécologues, appelés à collaborer à la naissance de nouvelles vies humaines. Vous avez une vocation et une mission singulières, qui demandent des études, de la conscience et de l’humanité. Autrefois, on appelait les femmes qui aidaient à accoucher des « com-mères » : elle est comme une mère avec l’autre, avec la véritable mère. Vous aussi vous êtes des « com-mères » et des « com-pères », vous aussi.
La mentalité ambiante de l’utilité, la « culture du rebut », qui aujourd’hui rend esclaves les c½urs et les intelligences de tant de personnes, a un prix très élevé : cela demande d’éliminer des êtres humains, en particulier s’ils sont physiquement ou socialement plus faibles. Notre réponse à cette mentalité est un « oui » décidé et sans hésitation à la vie. « Le premier droit d’une personne humaine est sa vie. Elle possède d’autres biens et certains d’entre eux sont plus précieux ; mais c’est celui-là le bien fondamental, la condition pour tous les autres » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Déclaration sur l’avortement procuré, 18 novembre 1974, ii). Les choses ont un prix et sont à vendre, mais les personnes ont une dignité, elles valent plus que les choses et elles n’ont pas de prix. Souvent, nous nous trouvons dans des situations où nous voyons que ce qui coûte le moins est la vie. C’est pourquoi l’attention à la vie humaine dans sa totalité est devenue ces derniers temps une véritable priorité du magistère de l’Église, en particulier celle qui est le plus sans défense, c’est-à-dire les porteurs de handicap, les malades, les enfants à naître, les enfants, les personnes âgées, qui sont la vie la plus vulnérable.
Dans l’être humain fragile, chacun de nous est invité à reconnaître le visage du Seigneur, qui dans sa chair humaine a fait l’expérience de l’indifférence et de la solitude auxquelles nous condamnons souvent les plus pauvres, que ce soit dans les pays en voie de développement ou dans les sociétés du bien-être. Chaque enfant non né, mais condamné injustement à être l’objet d’un avortement, a le visage de Jésus Christ, a le visage du Seigneur, qui avant encore de naître, et ensuite à peine né, a fait l’expérience du refus du monde. Et chaque personne âgée, j’ai parlé des enfants, allons aux personnes âgées, un autre point ! Et chaque personne âgée, même si elle est malade ou à la fin de ses jours, porte en elle le visage du Christ. On ne peut pas les mettre au rebut, comme nous le propose la « culture du rebut » ! On ne peut pas les mettre au rebut !
Soyez des témoins et des diffuseurs de cette « culture de la vie ». Le fait que vous soyez catholiques comporte une plus grande responsabilité, tout d’abord envers vous-mêmes, pour un engagement de cohérence avec la vocation chrétienne, et ensuite envers la culture contemporaine, pour contribuer à reconnaître dans la vie humaine la dimension transcendante, l’empreinte de l’½uvre créatrice de Dieu, dès le premier instant de sa conception. Il s’agit là d’un engagement de nouvelle évangélisation qui demande souvent d’aller à contre-courant, en payant de sa propre personne. Le Seigneur compte également sur vous pour diffuser l’ « Evangile de la vie ».
Dans cette perspective, les services hospitaliers de gynécologie sont des lieux privilégiés de témoignage et d’évangélisation, car là où l’Église devient le « véhicule de la présence du Dieu » vivant, elle devient dans le même temps « un instrument de véritable humanisation de l’homme et du monde » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation, n. 9). En mûrissant la conscience qu’au centre de l’activité médicale et d’assistance se trouve la personne humaine dans une condition de fragilité, la structure médicale devient un « lieu où la relation de soin n’est pas un métier — votre relation de soin n’est pas un métier —, mais une mission où la charité du Bon Samaritain est la première chaire et le visage de l’homme souffrant le Visage même du Christ» (Benoît XVI, Discours à l’université catholique du Sacré-C½ur de Rome, 3 mai 2012).
Chers amis médecins, vous qui êtes appelés à vous occuper de la vie humaine dans sa phase initiale, rappelez à tous, à travers les faits et les mots, que celle-ci est toujours sacrée, à toutes ses phases et à tout âge, et qu’elle est toujours de qualité. Et non en raison d’un discours de foi — non, non — mais de raison, d’un discours de science ! Il n’existe pas de vie humaine plus sacrée qu’une autre, comme il n’existe pas de vie humaine qualitativement plus significative qu’une autre. La crédibilité d’un système de santé ne se mesure pas seulement à son efficacité, mais surtout à son attention et à son amour envers les personnes, dont la vie est toujours sacrée et inviolable.
7 décembre 2013 – A l’Institut Dignitas Humanae
L’homme est créé à l’image et ressemblance de Dieu. Il s’agit d’une dignité originelle de chaque homme et de chaque femme, qui ne peut être supprimée, qui ne peut être soumise à aucun pouvoir ni idéologie. Malheureusement, à notre époque, si riche de conquêtes et d’espérance, ne manquent pas les pouvoirs et les forces qui finissent par produire une culture du rebut ; et celle-ci tend à devenir une mentalité commune. Les victimes de cette culture sont précisément les êtres humains et les plus faibles et fragiles — les enfants à naître, les plus pauvres, les personnes âgées malades, les personnes atteintes d’un grave handicap... — qui risquent d’être « mis au rebut », expulsés par un engrenage qui doit être efficace à tout prix. Ce modèle erroné d’homme et de société conduit à un athéisme pratique, en niant de fait la Parole de Dieu qui dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance » (cf. Gn 1, 26).
Au contraire, si nous nous laissons interroger par cette Parole, si nous la laissons interpeller notre conscience personnelle et sociale, si nous la laissons mettre en discussion notre façon de penser et d’agir, nos critères, nos priorités et nos choix, alors, les choses peuvent changer. La force de cette parole établit des limites à quiconque veut établir une hégémonie en abusant des droits et de la dignité d’autrui. Dans le même temps, elle donne espérance et réconfort à ceux qui ne sont pas en mesure de se défendre, à ceux qui ne disposent pas de moyens intellectuels et pratiques pour affirmer la valeur de leur souffrance, de leurs droits, de leur vie.
2014
13 janvier 2014 – Voeux au Corps Diplomatique
La paix, de plus, est blessée par certaines négations de la dignité humaine, en premier lieu par l’impossibilité de se nourrir de manière suffisante. Les visages de tant de personnes qui souffrent de la faim, surtout des enfants, ne peuvent nous laisser indifférents, si l’on pense à tant de nourriture gaspillée chaque jour en de nombreux endroits dans le monde, immergés dans ce que j’ai plusieurs fois défini comme « la culture du déchet ». Malheureusement, ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes, qui sont « jetés » comme s’ils étaient des « choses non nécessaires ». Par exemple, la seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de l’avortement, nous fait horreur ; ou encore ceux qui sont utilisés comme soldats, violentés ou tués dans les conflits armés, ou ceux qui sont objets de marché dans cette terrible forme d’esclavage moderne qu’est la traite des êtres humains, qui est un crime contre l’humanité.
2025
1er janvier 2025 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix
"Je demande un engagement ferme à promouvoir le respect de la dignité de la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, afin que toute personne puisse aimer sa propre vie et envisager l’avenir avec espérance, en désirant le développement et le bonheur pour elle-même et pour ses enfants. En effet, sans espérance en la vie, il est difficile que naisse dans le c½ur des plus jeunes le désir d’engendrer d’autres vies. En particulier, je voudrais encore une fois inviter à un geste concret qui favorise la culture de la vie. Je veux parler de l’abolition de la peine de mort dans toutes les nations. En effet, cette pratique, non seulement transgresse l’inviolabilité de la vie, mais anéantit aussi toute espérance humaine de pardon et de renouveau"
1er janvier 2025 – Homélie du Pape François lors de la Messe en la solennité de Marie Mère de Dieu, Basilique Saint-Pierre
Au début d’une nouvelle année accordée par le Seigneur, il est bon de lever le regard de notre c½ur vers Marie. En tant que Mère, elle nous renvoie à notre relation avec son Fils, elle nous ramène à Jésus, elle nous parle de Jésus, elle nous conduit à Jésus. C’est pourquoi, la Solennité de la Très Sainte Vierge Marie Mère de Dieu nous plonge à nouveau dans le Mystère de Noël : Dieu s’est fait l’un de nous dans le sein de Marie. Et il nous est rappelé aujourd’hui, à nous qui avons ouvert la Porte Sainte pour commencer le Jubilé, que « Marie est la porte par laquelle le Christ est entré dans ce monde » (Saint Ambroise, Épître 42, 4 : PL, VII).
L’apôtre Paul résume ce mystère en affirmant que « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). Ces mots - “né d’une femme” - résonnent dans nos c½urs aujourd’hui et nous rappellent que Jésus, notre Sauveur, s’est fait chair et s’est révélé dans la fragilité de la chair.
Né d’une femme. Cette expression nous renvoie tout d’abord à Noël : le Verbe s’est fait chair. L’apôtre Paul en précisant qu’Il est né d’une femme, éprouve presque le besoin de nous rappeler que Dieu s’est vraiment fait homme dans des entrailles humaines. Une tentation fascine un grand nombre aujourd’hui, qui pourrait séduire également nombre de chrétiens : imaginer ou se fabriquer un Dieu “abstrait” lié à une vague idée religieuse, à un bon sentiment passager. Au contraire, Il est concret, Il est humain. Il est né d’une femme. Il a un visage et un nom, et Il nous invite à entretenir une relation avec Lui. Le Christ Jésus, notre Sauveur, est né d’une femme ; Il est fait de chair et de sang ; Il vient du sein du Père, mais Il s’incarne dans le sein de la Vierge Marie ; Il vient du haut des cieux mais Il habite dans les profondeurs de la terre ; Il est le Fils de Dieu, mais Il se fait Fils de l’homme. Image du Dieu Tout-Puissant, Il vient dans la faiblesse et, bien qu’Il soit sans tache, « Dieu, pour nous, l’identifiera au péché » (2 Co 5, 21). Il est né d’une femme et Il est l’un de nous. C’est pour cette raison qu’Il peut nous sauver.
Né d’une femme. Cette expression nous parle aussi de l’humanité du Christ qui se révèle dans la fragilité de la chair. S’Il est descendu dans le sein d’une femme, pour naître comme toutes les créatures, Il se montre dans la fragilité d’un Enfant. C’est pourquoi les bergers, voyant de leurs propres yeux ce que l’Ange leur avait annoncé, ne trouvent pas de signes extraordinaires ni de manifestations grandioses, mais « ils découvrent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire » (Lc 2, 16). Ils trouvent un nouveau-né sans défense, fragile, qui a besoin des soins de sa mère, besoin de langes et de lait, de caresses et d’amour. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort dit que la Sagesse divine « n’a pas voulu, quoi qu’elle put le faire, se donner directement aux hommes mais par la Très Sainte Vierge Marie. Elle n’a pas voulu venir au monde à l’âge d’un homme parfait, indépendant d’autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dépendant des soins et de l’entretien de sa sainte Mère » (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n. 139). Et ainsi, nous pouvons voir dans toute la vie de Jésus ce choix de Dieu, le choix de la petitesse et de la discrétion. Il ne cédera jamais à l’attrait du pouvoir divin pour accomplir de grands signes et s’imposer aux autres comme le diable le Lui avait suggéré, mais Il révélera l’amour de Dieu dans la beauté de son humanité, en demeurant parmi nous, en partageant notre vie ordinaire faite de peines et de rêves, en montrant de la compassion pour les souffrances du corps et de l’esprit, en ouvrant les yeux des aveugles et en réconfortant les c½urs égarés. La compassion. Les trois attitudes de Dieu sont la miséricorde, la proximité et la compassion. Dieu se fait proche, miséricordieux et compatissant. Ne l'oublions pas. Jésus nous montre Dieu à travers son humanité fragile, en prenant soin des plus fragiles.
Frères et s½urs, il est bon de penser que Marie, la jeune fille de Nazareth, nous ramène toujours au Mystère de son Fils, Jésus. Elle nous rappelle que Jésus vient dans la chair et que le lieu privilégié où nous pouvons le rencontrer c’est d’abord notre vie, notre humanité fragile, celle de ceux qui nous côtoient chaque jour. Et en l’invoquant comme Mère de Dieu nous affirmons que le Christ a été engendré par le Père, mais qu’Il est vraiment né du sein d’une femme. Nous affirmons qu’Il est le Seigneur du temps, mais qu’Il habite notre temps, notamment cette nouvelle année, de sa présence aimante. Nous affirmons qu’Il est le Sauveur du monde, mais nous pouvons le rencontrer et devons le chercher dans le visage de tout être humain. Et si Lui, qui est le Fils, s’est fait petit pour être pris dans les bras d’une maman, pour être soigné et allaité, cela signifie qu’aujourd’hui encore, Il vient en tous ceux qui ont besoin des mêmes soins : en chaque s½ur et frère que nous rencontrons ayant besoin d’attention, d’écoute, de tendresse.
Cette nouvelle année qui s’ouvre, confions-la à Marie, Mère de Dieu, pour que nous apprenions, comme Elle, à découvrir la grandeur de Dieu dans la petitesse de la vie ; pour que nous apprenions à prendre soin de toute créature née d’une femme, avant tout en gardant, comme le fit Marie, le don précieux de la vie : la vie dans le sein maternel, la vie des enfants, la vie de ceux qui souffrent, la vie des pauvres, la vie des personnes âgées, des personnes seules, des mourants. Et aujourd’hui, Journée Mondiale de la Paix, nous sommes tous invités à accueillir cette invitation qui jaillit du c½ur maternel de Marie : préserver la vie, prendre soin de la vie blessée – il y a tant de vies blessée –, rendre sa dignité à la vie de toute personne “née d’une femme”. Voici la base fondamentale pour construire une civilisation de la paix. C’est pourquoi « je demande un engagement ferme à promouvoir le respect de la dignité de la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, afin que toute personne puisse aimer sa propre vie et envisager l’avenir avec espérance » (Message pour la 58ème Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2025).
Marie, Mère de Dieu et notre Mère, nous attend là, dans la crèche. Elle nous montre, comme aux bergers, le Dieu qui nous surprend toujours, qui ne vient pas dans la splendeur des cieux, mais dans la petitesse d’une mangeoire. Confions-lui cette nouvelle année jubilaire, confions-lui nos demandes, nos préoccupations, nos souffrances, nos joies et tout ce que nous portons dans nos c½urs. Elle est maman, elle est mère ! Confions-lui le monde entier, pour que l’espérance renaisse, pour que la paix germe enfin pour tous les peuples de la terre.
5 janvier 2025 – Méditation du Pape François, lors de l’Angelus
N'ayons pas peur de faire le premier pas : il faut du courage pour le faire, mais n'ayons pas peur. Ouvrir des fenêtres lumineuses de proximité avec ceux qui souffrent, de pardon, de compassion, de réconciliation : tels sont les nombreux premiers pas que nous devons faire pour rendre le chemin plus clair, plus sûr et possible pour tous. Et cette invitation résonne d'une manière particulière dans l'année jubilaire qui vient de commencer, nous exhortant à être des messagers d'espérance avec des « oui » simples mais concrets à la vie, avec des choix qui apportent la vie.
8 janvier 2025 – Enseignement du Pape François lors de l’Audience Générale
Les enfants sont un don de Dieu. Malheureusement, ce don n'est pas toujours accueilli avec respect.
8 janvier 2025 – Au terme de l’Audience, le Pape François a adressé ces mots aux polonais présents
Saint Jean-Paul II exhortait à construire la civilisation de l'amour et de la vie. Continuez à faire de cet appel de l'Église un engagement prioritaire. Protégez la vie avec amour, à chaque étape de son développement : de la conception à la mort naturelle. Laissez les enfants grandir dans la sagesse et la grâce.
9 janvier 2025 – Discours du Pape François lors des V½ux au Corps Diplomatique
Je voudrais tracer avec vous ce matin, à partir des paroles du prophète Isaïe, les traits d’une diplomatie de l’espérance de laquelle nous sommes tous appelés à devenir les hérauts, afin que les sombres nuages de la guerre soient balayés par un vent renouvelé de paix. Plus généralement, je voudrais souligner quelques responsabilités que tout responsable politique devrait garder à l’esprit dans l’exercice de ses responsabilités et qui devraient être orientées pour la construction du bien commun et le développement intégral de la personne humaine.
Apporter bonne nouvelle aux pauvres
À toutes les époques et en tous lieux, l’homme a toujours été attiré par l’idée de pouvoir être autosuffisant, de pouvoir se suffire à lui-même, d’être l’artisan de son propre destin. Chaque fois qu’il se laisse dominer par cette présomption, il se voit obligé, par des événements et des circonstances extérieures, de découvrir qu’il est faible et impuissant, pauvre et nécessiteux, affligé par des malheurs spirituels et matériels. En d’autres termes, il découvre qu’il est misérable et qu’il a besoin de quelqu’un pour le sortir de sa misère.
Les misères de notre temps sont nombreuses. Jamais l’humanité n’a connu tant de progrès, de développement et de richesses, et jamais peut-être elle ne s’est tant retrouvée seule et perdue, préférant souvent les animaux domestiques aux enfants. Il y a un besoin urgent de recevoir une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle que, dans la perspective chrétienne, Dieu nous offre la nuit de Noël ! Cependant, chacun - même ceux qui ne sont pas croyants - peut devenir porteur d’une bonne nouvelle d’espérance et de vérité.
Par ailleurs, l’être humain est doté d’une soif innée de vérité. Cette quête est une dimension fondamentale de la condition humaine et chaque personne porte en elle une nostalgie de la vérité objective ainsi qu’un désir inextinguible de connaissance. Il en a toujours été ainsi mais, à notre époque, la négation de vérités évidentes semble avoir le dessus. Certains se méfient des arguments rationnels qu’ils considèrent comme des outils entre les mains d’un pouvoir occulte, tandis que d’autres croient posséder de manière univoque la vérité qu’ils se sont eux-mêmes construite, s’exonérant ainsi de la confrontation et du dialogue avec ceux qui pensent différemment. Les uns et les autres ont tendance à se créer leur propre “vérité” au mépris de l’objectivité du vrai. Ces tendances peuvent être renforcées par les moyens modernes de communication et par l’intelligence artificielle, utilisés abusivement comme moyens de manipulation des consciences à des fins économiques, politiques et idéologiques.
Le progrès scientifique moderne, notamment dans le domaine de l’informatique et de la communication, apporte des avantages incontestables pour l’humanité. Ils nous permettent de simplifier de nombreux aspects de la vie quotidienne, de rester en contact avec nos proches même s’ils sont loin physiquement, de nous tenir informés et d’accroître nos connaissances. Cependant, les limites et les pièges ne doivent pas être tus, car ils contribuent souvent à la polarisation, au rétrécissement des perspectives mentales, à la simplification de la réalité, au risque d’abus, à l’anxiété et, paradoxalement, à l’isolement, en particulier par l’utilisation des réseaux sociaux et des jeux en ligne.
L’essor de l’intelligence artificielle amplifie les inquiétudes concernant les droits de propriété intellectuelle, la sécurité de l’emploi pour des millions de personnes, le respect de la vie privée et la protection de l’environnement contre les déchets électroniques (e-waste). Presqu’aucun recoin du monde n’a été épargné par la vaste transformation culturelle provoquée par les progrès rapides de la technologie, et il est de plus en plus évident qu’un alignement sur des intérêts commerciaux engendre une culture enracinée dans le consumérisme.
Ce déséquilibre menace de renverser l’ordre des valeurs inhérentes à la création de relations, à l’éducation et à la transmission des m½urs sociales, alors que les parents, les proches et les éducateurs doivent rester les principaux canaux de transmission de la culture ; les Gouvernements devraient se limiter à les soutenir dans leurs responsabilités éducatives. Dans cette optique, l’éducation, en tant qu’alphabétisation des médias, vise à offrir des outils essentiels pour développer les capacités de l’esprit critique, afin de doter les jeunes des moyens nécessaires à leur croissance personnelle et à leur participation active à l’avenir de leur société.
Une diplomatie de l’espérance est donc avant tout une diplomatie de la vérité. Là où le lien entre réalité, vérité et connaissance fait défaut, l’humanité ne peut plus se parler ni se comprendre car les fondements d’un langage commun ancré dans la réalité des choses, et donc universellement compréhensible, font défaut. Le but du langage est la communication qui ne réussit que dans la mesure où les mots sont précis et où le sens des termes est généralement accepté. Le récit biblique de la Tour de Babel montre ce qui se passe lorsque chacun ne parle que “sa” langue.
La communication, le dialogue et l’engagement pour le bien commun requièrent la bonne foi et l’adhésion à un langage commun. Ceci est particulièrement important dans la sphère diplomatique, surtout dans les contextes multilatéraux. L’impact et le produit de chaque mot, des déclarations, des résolutions et, en général, des textes négociés, dépendent de cette condition. Il est un fait que le multilatéralisme n’est fort et efficace que s’il se concentre sur les questions traitées et utilise un langage simple, clair et convenu.
Par conséquent, la tentative d’instrumentaliser les documents multilatéraux - en changeant la signification des termes ou en réinterprétant unilatéralement le contenu des traités relatifs aux droits de l’homme - afin de promouvoir des idéologies qui divisent, qui foulent aux pieds les valeurs et la foi des peuples, est particulièrement inquiétante. En fait, il s’agit d’une véritable colonisation idéologique qui, selon des programmes soigneusement planifiés, tente d’éradiquer les traditions, l’histoire et les attaches religieuses des peuples. Il s’agit d’une mentalité qui, présumant avoir surmonté ce qu’elle considère comme “les pages sombres de l’histoire”, donne libre cours à la culture de l’effacement . Elle ne tolère pas les différences et se concentre sur les droits des individus, négligeant les devoirs envers les autres, en particulier les plus faibles et les plus fragiles. [2] Dans ce contexte, il est inacceptable, par exemple, de parler d’un soi-disant “droit à l’avortement” qui contredit les droits de l’homme, en particulier le droit à la vie. Toute vie doit être protégée, à tout moment, de la conception à la mort naturelle, car aucun enfant n’est une erreur ou coupable d’exister, de même qu’aucune personne âgée ou malade ne peut être privée d’espérance ni rejetée....
…Lorsqu’elle « est reconnue, la dignité de la personne humaine est respectée à sa racine même, l’ ethos et les institutions des peuples se consolident ». [6]
11 avril 2014 – Au membres du mouvement Pro Vita italien
Nous le savons, la vie humaine est sacrée et inviolable. Tout droit civil repose sur la reconnaissance du premier droit fondamental, le droit à la vie, qui n’est subordonné à aucune condition, ni qualitative ni économique, et encore moins idéologique. « De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue... On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du “déchet” qui est même promue» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 53). Et ainsi, la vie elle aussi est mise au rebut.
Un des risques les plus graves auxquels notre époque est exposée, est le divorce entre l’économie et la morale, entre les possibilités offertes par un marché pourvu de toutes les nouveautés technologiques et les normes éthiques élémentaires de la nature humaine, toujours plus négligées. Il faut donc réaffirmer la plus ferme opposition à tout attentat dirigé contre la vie, en particulier innocente et sans défense, et l’enfant à naître dans le sein de sa mère est l’innocent par antonomase. Rappelons les paroles du Concile Vaticanii : « La vie doit donc être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » (Const. Gaudium et spes, n. 51). Je me souviens d’une fois, il y a très longtemps, à l’occasion d’une conférence avec des médecins. Après la conférence, j’ai salué les médecins — cela a eu lieu il y a très longtemps. Je saluais les médecins, je parlais avec eux, et l’un d’eux m’a pris à part. Il tenait un paquet et il m’a dit : « Père, je veux vous laisser cela. Ce sont les instruments que j’ai utilisés pour faire avorter. J’ai rencontré le Seigneur, je me suis repenti, et à présent je lutte pour la vie ». Il m’a remis tous ses instruments. Priez pour ce brave homme !
1er Novembre 2014 – Homélie de la Messe au cimetière Verano, de Rome
L’homme s’empare de tout, se prend pour Dieu, pour le roi. Et les guerres : les guerres qui continuent, pas précisément à semer le blé de la vie, mais à détruire. C’est l’industrie de la destruction. C’est un système, même de vie, qui fait que lorsque l’on n’arrive pas à arranger les choses, on les met au rebut : on met au rebut les enfants, on met au rebut les personnes âgées,