Liban

Publié le 2024-09-24

 

 

 

2006

 

 

16 juillet 2006 – après l’ Angelus

     Les nouvelles qui nous parviennent de Terre Sainte sont pour tous un motif de graves préoccupations, en particulier en raison de l'extension des actes de guerre également au Liban, et des nombreuses victimes parmi la population civile. A l'origine de ces conflits impitoyables, il y a malheureusement des situations objectives de violation du droit et de la justice. Mais ni les actes terroristes, ni les représailles, en particulier lorsqu'ils comportent des conséquences tragiques pour la population civile, ne peuvent se justifier. En empruntant de telles voies - comme l'expérience amère le prouve - on ne parvient à aucun résultat positif.

 

14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur de Syrie
     Vous avez évoqué la préoccupation de votre gouvernement à l'égard de l'annexion du plateau du Golan par Israël en 1967. Avec une profonde peine dans le c½ur, je note qu'un grand nombre de contentieux territoriaux et d'autres natures ont conduit récemment à des conflits armés et menacent la paix et la stabilité de tout le Moyen-Orient. J'ai exhorté à plusieurs reprises à la cessation de la violence au Liban, en Terre Sainte et en Irak. Le monde assiste avec une grande tristesse à la spirale de morts et de destruction, tandis que des personnes innocentes continuent de souffrir et que des civils sont enlevés ou assassinés. Comme bon nombre d'observateurs neutres, le Saint-Siège considère que des solutions sont possibles dans le cadre du droit international, à travers la mise en ½uvre des résolutions appropriées des Nations unies. A cet égard, j'ai fréquemment exhorté à soutenir les diverses nations du Moyen-Orient dans leurs aspirations en vue de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues au niveau international.
 

 

 

25 décembre 2006 – Message Urbi et Orbi de Noel

     Avec une forte appréhension, je pense, en ce jour de fête, à la région du Moyen-Orient, marquée par d'innombrables et graves crises et conflits, et je souhaite qu'elle s'ouvre à des perspectives de paix juste et durable, dans le respect des droits inaliénables des peuples qui la composent. Je mets entre les mains de l'Enfant divin de Bethléem les signaux de reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens, dont nous avons été témoins ces jours-ci, et l'espérance d'autres développements réconfortants. J'ai confiance que, après tant de victimes, de destructions et d'incertitudes, survive et progresse un Liban démocratique, ouvert aux autres, dans le dialogue entre les cultures et entre les religions. Je lance un appel à tous ceux qui ont entre les mains les destinées de l'Irak, pour que cesse la violence atroce qui ensanglante le pays et que soit assurée à chacun de ses habitants une existence normale.

 

 

 

2007

 

 

 

8 janvier 2007 – Au Corps Diplomatique

     Le Saint-Siège ne se lassera jamais de répéter que les solutions armées n'aboutissent à rien, comme on l'a vu au Liban l'été dernier. L'avenir de ce pays passe nécessairement par l'unité de toutes ses composantes et par des relations fraternelles entre les différents groupes religieux et sociaux. Cela constitue un message d'espérance pour tous. Il n'est pas possible de se satisfaire non plus de solutions partielles ou unilatérales. Pour mettre un terme à la crise et aux souffrances qu'elle occasionne dans les populations, il importe de procéder par une approche globale, qui n'exclue personne de la recherche d'une solution négociée et qui tienne compte des aspirations et des intérêts légitimes des différents peuples concernés; notamment, les Libanais ont droit à voir respectées l'intégrité et la souveraineté de leur pays; les Israéliens ont le droit de vivre en paix dans leur État ; les Palestiniens ont droit à une patrie libre et souveraine. Si chacun des peuples de la région voit ses attentes prises en considération et se sent moins menacé, la confiance mutuelle se renforcera.
 

 

28 janvier 2007 – Angelus

     Ces derniers jours la violence a de nouveau ensanglanté le Liban. Il est inacceptable que l'on emprunte cette voie pour soutenir ses propres raisons politiques. J'éprouve une peine immense pour cette chère population. Je sais que de nombreux Libanais sont tentés d'abandonner tout espoir et se sentent comme désorientés par ce qui se passe. Je fais miennes les fortes paroles prononcées par Sa Béatitude le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir dénonçant les combats fratricides. Avec lui et avec les autres responsables religieux, j'invoque l'aide de Dieu afin que tous les Libanais indistinctement puissent et aient le désir de travailler ensemble pour faire de leur patrie une vraie maison commune, en surmontant les comportements égoïstes qui empêchent de prendre vraiment soin de leur pays (cf. Exhortation apostolique Une nouvelle espérance pour le Liban, n. 94). Je répète aux chrétiens du Liban l'exhortation à être des promoteurs d'un authentique dialogue entre les différentes communautés, tout en invoquant sur tous la protection de Notre Dame du Liban.

Je forme par ailleurs le voeu que cesse au plus vite la violence dans la bande de Gaza. Je souhaite exprimer à toute la population ma proximité spirituelle et l'assurer de ma prière afin que domine en chacun la volonté de travailler ensemble pour le bien commun, en empruntant les chemins pacifiques pour surmonter les différences et apaiser les tensions.
 

 

 

 

 

 

2012

 

14 septembre 2012 – conférence de presse avec Benoit XVI, dans l’avion en direction du Liban

P. Lombardi : Saint-Père, en ces jours, il y a des anniversaires terribles, comme le 11 septembre ou le massacre de Sabra et Chatila ; aux frontières du Liban, il y a une sanglante guerre civile, et nous voyons aussi dans d’autres pays, le risque de la violence toujours présent. Saint-Père, avec quels sentiments vous affrontez ce voyage ? Est-ce que vous avez été tenté d’y renoncer pour l’insécurité, ou quelqu’un vous a-t-il suggéré d’y renoncer ?

Saint-Père : Chers amis, je suis très heureux et reconnaissant pour cette possibilité de parler avec vous. Je puis dire que personne ne m’a conseillé de renoncer à ce voyage, et pour ma part, je n’ai jamais pensé à cette hypothèse parce que je sais que, si la situation devient plus compliquée, il est encore plus nécessaire de donner ce signe de fraternité, d’encouragement, de solidarité. Et donc, c’est le sens de mon voyage : inviter au dialogue, inviter à la paix contre la violence, aller ensemble pour trouver les solutions des problèmes. Et donc, mes sentiments pour ce voyage sont surtout des sentiments de reconnaissance pour la possibilité d’aller en ce moment dans ce grand pays, ce pays qui est – comme l’a dit le Pape Jean-Paul II – un message multiple, dans cette Région, de la rencontre et de l’origine des trois religions abrahamiques. Et je suis reconnaissant surtout au Seigneur qui m’a donné cette possibilité ; je suis reconnaissant à toutes les Institutions et aux personnes qui ont collaboré et collaborent encore pour cette possibilité. Et je suis reconnaissant pour tant de personnes qui m’accompagnent avec la prière. Avec cette protection de la prière et de la collaboration, je suis heureux et je suis sûr que nous pouvons faire un service réel pour le bien des hommes et pour la paix.

Père Lombardi : Merci Saint-Père. Un grand nombre de catholiques manifestent leur inquiétude devant la croissance des fondamentalismes dans différentes régions du monde et devant les agressions dont sont victimes plusieurs chrétiens. Dans ce contexte difficile et souvent sanglant, comment l’Église peut-elle répondre à l’impératif du dialogue avec l’islam, sur lequel vous avez plusieurs fois insisté ?

Saint-Père : Le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion. Il va contre l’essence de la religion qui veut réconcilier et créer la paix de Dieu dans le monde. Donc, la tâche de l’Église et des religions est se purifier, une haute purification de cette tentation de la religion est toujours nécessaire. Il est de notre tâche d’illuminer et de purifier les consciences et de rendre clair que chaque homme est une image de Dieu, et nous devons respecter dans l’autre, non seulement son altérité, mais dans l’altérité, la réelle essence commune d’être image de Dieu et traiter l’autre comme une image de Dieu. Donc, le message fondamental de la religion doit être contre la violence qui en est une falsification – comme le fondamentalisme – et doit être l’éducation, l’illumination et la purification des consciences pour les rendre capables du dialogue, de la réconciliation et de la paix.

Père Lombardi : Dans le contexte de la vague de désir de démocratie qui s’est mise en mouvement dans beaucoup de pays du Moyen-Orient avec ledit « printemps arabe », vu la réalité sociale, dans la plupart de ces pays, où les chrétiens sont minoritaires, n’y-a-t-il pas le risque d’une tension inévitable entre la domination de la majorité et la survie du christianisme ?

Saint-Père : Je dirais qu’en lui-même, le printemps arabe est une chose positive : il est un désir de plus de démocratie, de plus de liberté, de plus de coopération, d’une rénovation de l’identité arabe. Et ce cri de liberté qui vient d’une jeunesse plus formée sur le plan culturel et professionnel, qui désire une plus grande participation à la vie politique et sociale, est un progrès, une chose très positive et saluée aussi par nous les chrétiens. De l’histoire des révolutions, nous savons bien que le cri de la liberté, aussi important et positif, est toujours guetté par le danger d’oublier un aspect, une dimension fondamentale de la liberté, qui est la tolérance envers l’autre, le fait que la liberté humaine est toujours une liberté partagée, qui peut se développer seulement dans le partage, dans la solidarité et dans le “vivre ensemble”, avec des règles précises. C’est toujours le danger, c’est aussi le danger dans ce cas. Nous devons faire tout notre possible pour que le concept de liberté, le désir de liberté aillent dans la juste direction, et n’oublient pas la tolérance, le “vivre ensemble”, la réconciliation, comme faisant partie fondamentalement de la liberté. De même, la rénovation de l’identité arabe implique aussi – je pense – un renouvellement de la convivialité séculaire et millénaire des chrétiens et des arabes, qui, dans la tolérance entre la majorité et la minorité, ont construit ces terres et ne peuvent pas ne pas y vivre ensemble. C’est pourquoi, je pense qu’il est important de voir l’élément positif dans ces mouvements et de faire notre part afin que la liberté soit comprise d’une manière juste et réponde à plus de dialogue et non à la domination des uns sur les autres.

Père Lombardi : Saint-Père, en Syrie, comme en Irak il y a quelques années, de nombreux chrétiens se sentent contraints à quitter, à contre c½ur, leur pays. Qu’est-ce que l’Église catholique entend faire ou dire pour aider dans cette situation, pour empêcher la disparition des chrétiens en Syrie et dans d’autres pays moyen-orientaux ?

Saint-Père : Je dois dire avant tout, que non seulement les chrétiens fuient mais aussi les musulmans. Naturellement, le danger que les chrétiens s’éloignent et ne soient plus présents sur ces terres est grand, et nous devons faire notre possible pour les aider à rester. L’aide essentielle serait la cessation de la guerre, de la violence : celle-ci crée la fuite. Donc, la première chose est de faire tout ce qui est possible pour que finisse la violence et que soit réellement créée une possibilité de rester ensemble aussi dans l’avenir. Que pouvons-nous faire contre la guerre ? Nous disons, naturellement, répandre toujours le message de la paix, rendre clair que la violence ne résout jamais un problème et consolider les forces de la paix. Ici est important le travail des journalistes, qui peuvent beaucoup aider à montrer comment la violence détruit, ne construit pas, n’est utile à personne. Ensuite, je dirais peut-être des gestes du peuple chrétien, des jours de prière pour le Moyen-Orient, pour les chrétiens et les musulmans, et montrer la possibilité de dialogue et de solutions. Je dirais aussi que doit enfin cesser l’importation des armes : parce que sans l’importation des armes, la guerre ne pourrait continuer. Au lieu d’importer les armes, qui est un péché grave, nous devrions importer des idées de paix, de créativité, trouver des solutions pour accepter chacun dans son altérité ; nous devons donc rendre visible dans le monde, le respect des religions les unes vis à vis des autres, le respect de l’homme comme créature de Dieu, l’amour du prochain comme fondamental pour toutes les religions. En ce sens, avec tous les gestes possibles, avec les aides matérielles aussi, aider pour que cesse la guerre, la violence, et que tous puissent reconstruire le pays.

Père Lombardi : Saint-Père, vous apportez une Exhortation apostolique adressée à tous les chrétiens du Moyen-Orient. Aujourd’hui, c’est une population qui souffre. En plus de la prière et des sentiments de solidarité, voyez-vous des pas concrets que les Églises et les catholiques de l’Occident, surtout en Europe et en Amérique, peuvent faire pour soutenir leurs frères du Moyen-Orient ?

Saint-Père : Je dirais que nous devons influer sur l’opinion politique et sur les hommes politiques pour qu’on s’engage réellement, avec toutes les forces, toutes les possibilités, avec une vraie créativité, pour la paix, contre la violence. Personne ne devrait attendre de la violence des avantages, tous doivent apporter leur contribution. En ce sens, un travail d’avertissement, d’éducation, de purification est très nécessaire de notre part. En outre, nos organisations caritatives devraient aussi aider matériellement et faire tout ce qui est possible. Nous avons des organisations comme les Chevaliers du Saint-Sépulcre, en soi pour la Terre Sainte, mais des organisations similaires pourraient aussi aider sur le plan matériel, politique et humain dans ces pays. Une fois encore, je dirais que des gestes visibles de solidarité, des journées de prière publique, des choses similaires peuvent attirer l’attention de l’opinion publique, en être de réels facteurs. Nous sommes convaincus que la prière a un effet ; si elle est faite avec beaucoup de confiance et de foi, elle aura son effet.

 

 

 

 

14 septembre 2012 – Discours de benoit XVI, en bienvenue, au Liban

Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Présidents du Parlement et du Conseil des ministres,
Chères Béatitudes, Membres du Corps diplomatique,
Autorités civiles et religieuses présentes, chers amis,

J’ai la joie, Monsieur le Président, de répondre à l’aimable invitation que vous m’avez adressée à me rendre dans votre pays, ainsi qu’à celle reçue des Patriarches et des Évêques catholiques du Liban. Cette double invitation manifeste, si nécessaire, le double but de ma visite dans votre pays. Elle souligne l’excellence des relations qui existent depuis toujours entre le Liban et le Saint-Siège, et elle voudrait contribuer à les renforcer. Cette visite est aussi la réponse à celles que vous m’avez faites au Vatican en novembre 2008, et plus récemment en février 2011, visite qui a été suivie neuf mois plus tard par celle de Monsieur le Premier Ministre.

C’est lors de la seconde de nos rencontres, que la majestueuse statue de saint Maron a été bénie. Sa présence silencieuse au chevet de la basilique Saint-Pierre rappelle de manière permanente le Liban sur le lieu même où l’apôtre Pierre a été enseveli. Elle manifeste un héritage spirituel séculaire en confirmant la vénération des Libanais pour le premier des Apôtres et pour ses successeurs. C’est pour marquer leur grande dévotion à Simon Pierre que les Patriarches maronites ajoutent à leur prénom celui de Boutros. Il est beau de voir que du sanctuaire pétrinien, Saint Maron intercède continuellement pour votre pays et pour l’ensemble du Moyen-Orient. Je vous remercie par avance, Monsieur le Président, pour tous les efforts entrepris en vue de la bonne réussite de mon séjour parmi vous.

Un autre motif de ma visite est la signature et la remise de l’Exhortation apostolique post-synodale de l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, Ecclesia in Medio Oriente. Il s’agit-là d’un événement ecclésial d’importance. Je remercie tous les Patriarches catholiques qui se sont déplacés, et plus particulièrement le Patriarche émérite, le cher Cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, et son successeur, le Patriarche Bechara Boutros Raï. Je salue fraternellement tous les Évêques du Liban, ainsi que ceux qui ont voyagé pour prier avec moi et recevoir des mains-mêmes du Pape ce document. À travers eux, je salue paternellement tous les chrétiens du Moyen-Orient. Destinée à l’ensemble du monde, l’Exhortation se propose d’être pour eux une feuille de route pour les années à venir. Je me réjouis également de pouvoir rencontrer durant ces jours-ci de nombreuses représentations des communautés catholiques de votre pays, de pouvoir célébrer et prier ensemble. Leur présence, leur engagement et leur témoignage sont une contribution reconnue et hautement appréciée dans la vie quotidienne de tous les habitants de votre cher pays.

Je tiens à saluer aussi avec grande déférence les Patriarches et Évêques orthodoxes venus me recevoir, ainsi que les représentants des diverses communautés religieuses du Liban. Votre présence, chers amis, démontre l’estime et la collaboration que vous souhaitez promouvoir entre tous dans le respect mutuel. Je vous remercie pour vos efforts et je suis certain que vous continuerez à rechercher des voies d’unité et de concorde. Je n’oublie pas les événements tristes et douloureux qui ont affligés votre beau pays durant de longues années. L’heureuse convivialité toute libanaise, doit démontrer à l’ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu’à l’intérieur d’une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Églises, toutes membres de l’unique Église catholique, dans un esprit fraternel de communion avec les autres chrétiens, et dans le même temps, la convivialité et le dialogue respectueux entre les chrétiens et leurs frères d’autres religions. Vous savez comme moi que cet équilibre qui est présenté partout comme un exemple, est extrêmement délicat. Il menace parfois de se rompre lorsqu’il est tendu comme un arc, ou soumis à des pressions qui sont trop souvent partisanes, voire intéressées, contraires et étrangères à l’harmonie et à la douceur libanaises. C’est là qu’il faut faire preuve de réelle modération et de grande sagesse. Et la raison doit prévaloir sur la passion unilatérale pour favoriser le bien commun de tous. Le grand roi Salomon qui connaissait Hiram, le roi de Tyr, n’a-t-il pas jugé que la sagesse était la vertu suprême ? C’est pourquoi il l’a demandée à Dieu instamment, et Dieu lui donna un c½ur sage et intelligent (cf.1 R 3, 9-12).

Je viens aussi pour dire combien est importante la présence de Dieu dans la vie de chacun et combien la façon de vivre ensemble, cette convivialité dont désire témoigner votre pays, ne sera profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de bienveillance envers l’autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que tous les hommes soient frères. Le fameux équilibre libanais qui veut continuer à être une réalité, peut se prolonger grâce à la bonne volonté et à l’engagement de tous les Libanais. Alors seulement, il servira de modèle aux habitants de toute la région, et au monde entier. Il ne s’agit pas là uniquement d’une ½uvre humaine, mais d’un don de Dieu qu’il faut demander avec insistance, préserver à tout prix, et consolider avec détermination.

Les liens entre le Liban et le Successeur de Pierre sont historiques et profonds. Monsieur le Président et chers amis, je viens au Liban comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami des hommes. «سَلامي أُعطيكُم [«Je vous donne ma paix»] dit le Christ (Jn 14, 27). Et au-delà de votre pays, je viens aussi aujourd’hui symboliquement dans tous les pays du Moyen Orient, comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami de tous les habitants de tous les pays de la région quelles que soient leur appartenance et leur croyance. À eux aussi le Christ dit : سَلامي أُعطيكُم  [« Je vous donne ma paix »]. Vos joies et vos peines sont continuellement présentes dans la prière du Pape et je demande à Dieu de vous accompagner et de vous soulager. Je puis vous assurer que je prie particulièrement pour tous ceux qui souffrent dans cette région, et ils sont nombreux. La statue de saint Maron me rappelle ce que vous vivez et endurez.

Monsieur le Président, je sais que votre pays me prépare un bel accueil, un accueil chaleureux, l’accueil que l’on réserve à un frère aimé et respecté. Je sais que votre pays veut être digne de « l’Ahlan wa Sahlan » libanais. Il l’est déjà et le sera dorénavant encore plus. Je suis heureux d’être avec vous tous. لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم [Que Dieu vous bénisse tous !] Merci !

 

 

 

 

14 septembre 2012 - Basilique Saint-Paul, Harissa, discours de Benoit XVI

Monsieur le Président de la République,
Béatitude, vénérés Patriarches,
chers frères dans l’Épiscopat et membres du Conseil Spécial du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient,
illustres représentants des confessions religieuses, du monde de la culture et de la société civile,
chers frères et s½urs dans le Christ, chers amis,

J’exprime ma gratitude au Patriarche Gregorios Laham pour ses paroles d’accueil, ainsi qu’au Secrétaire général du Synode des Évêques, Mgr Nikola Eterović, pour ses mots de présentation. Mes vives salutations vont aux Patriarches, à l’ensemble des évêques orientaux et latins qui sont réunis dans cette belle basilique Saint-Paul, et aux membres du Conseil Spécial du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient. Je me réjouis aussi de la présence de délégations orthodoxe, musulmane et druze, ainsi que de celles du monde de la culture et de la société civile. L’heureuse cohabitation de l’Islam et du Christianisme, deux religions ayant contribué à façonner de grandes cultures, fait l’originalité de la vie sociale, politique et religieuse au Liban. On ne peut que se réjouir de cette réalité qu’il faut absolument encourager. Je confie ce désir aux responsables religieux de votre pays. Je salue affectueusement la chère communauté grecque-melkite qui me reçoit. Votre présence solennise la signature de l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, et témoigne que ce document, destiné certes à l’Église universelle, revêt une importance particulière pour l’ensemble du Moyen-Orient.

Il est providentiel que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 335, au lendemain de la Dédicace de la Basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le sépulcre de Notre-Seigneur, par l’empereur Constantin-le-Grand, que vous vénérez comme un saint. Dans un mois se célébrera le 1.700ème anniversaire de l’apparition qui lui fit voir dans la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, alors qu’une voix lui disait : « Par ce signe, tu vaincras ! ». Plus tard, Constantin signa l’édit de Milan et donna son nom à Constantinople. Il me semble que l’Exhortation post-synodale peut être lue et interprétée à la lumière de la fête de la Croix glorieuse, et plus particulièrement à la lumière du chrisme, le X et le P, des deux premières lettres du mot Χριστός. Une telle lecture conduit à une véritable redécouverte de l’identité du baptisé et de l’Église, et elle constitue en même temps comme un appel au témoignage dans et par la communion. La communion et le témoignage chrétiens ne sont-ils pas fondés sur le Mystère pascal, sur la crucifixion, la mort et la résurrection du Christ ? N’y trouvent-ils pas leur accomplissement plénier ? Il existe un lien inséparable entre la Croix et la Résurrection qui ne peut pas être oublié par le chrétien. Sans ce lien, exalter la Croix signifierait justifier la souffrance et la mort pour ne voir en eux qu’une fin fatale. Pour un chrétien, exalter la Croix veut dire communier à la totalité de l’amour inconditionnel de Dieu pour l’homme. C’est poser un acte de foi ! Exalter la croix, dans la perspective de la Résurrection, c’est désirer vivre et manifester la totalité de cet amour. C’est poser un acte d’amour ! Exalter la Croix conduit à s’engager à être des hérauts de la communion fraternelle et ecclésiale, source du véritable témoignage chrétien. C’est poser un acte d’espérance !

En se penchant sur la situation actuelle des Églises au Moyen-Orient, les Pères synodaux ont pu réfléchir sur les joies et les peines, les craintes et les espoirs des disciples du Christ vivant en ces lieux. Toute l’Église a pu ainsi entendre le cri anxieux et percevoir le regard désespéré de tant d’hommes et de femmes qui se trouvent dans des situations humaines et matérielles ardues, qui vivent de fortes tensions dans la peur et l’inquiétude, et qui veulent suivre le Christ - Celui qui donne sens à leur existence - mais qui s’en trouvent souvent empêchés. C’est pourquoi j’ai désiré que la Première Lettre de Saint Pierre soit la trame du document. En même temps, l’Église a pu admirer ce qu’il y a de beau et de noble dans ces Églises sur ces terres. Comment ne pas rendre grâce à Dieu à tout moment pour vous tous (cf. 1 Th 1, 2 ; Première Partie de l’Exhortation post-synodale), chers chrétiens du Moyen-Orient ! Comment ne pas le louer pour votre courage dans la foi ? Comment ne pas le remercier pour la flamme de son amour infini que vous continuez à maintenir vive et ardente en ces lieux qui ont été les premiers à accueillir son Fils incarné ? Comment ne pas lui chanter notre reconnaissance pour les élans de communion ecclésiale et fraternelle, pour la solidarité humaine sans cesse manifestée envers tous les enfants de Dieu ?

Ecclesia in Medio Oriente permet de repenser le présent pour envisager l’avenir avec le regard même du Christ. Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisés, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel : la sequela Christi, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse. C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division. À la lumière de la fête d’aujourd’hui et en vue d’une application fructueuse de l’Exhortation, je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi. Tel est le langage de la Croix glorieuse ! Telle est la folie de la Croix : celle de savoir convertir nos souffrances en cri d’amour envers Dieu et de miséricorde envers le prochain ; celle de savoir aussi transformer des êtres attaqués et blessés dans leur foi et leur identité, en vases d’argile prêts à être comblés par l’abondance des dons divins plus précieux que l’or (cf. 2 Co 4, 7-18). Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Églises à refléter la beauté de la première communauté des croyants (cf. Ac 2, 41-47 ; Deuxième partie de l’Exhortation) ; des actes similaires à ceux de l’empereur Constantin qui a su témoigner et sortir les chrétiens de la discrimination pour leur permettre de vivre ouvertement et librement leur foi dans le Christ crucifié, mort et ressuscité pour le salut de tous.

Ecclesia in Medio Oriente offre des éléments qui peuvent aider à un examen de conscience personnel et communautaire, à une évaluation objective de l’engagement et du désir de sainteté de chaque disciple du Christ. L’Exhortation ouvre au véritable dialogue interreligieux basé sur la foi au Dieu Un et Créateur. Elle veut aussi contribuer à un ½cuménisme plein de ferveur humaine, spirituelle et caritative, dans la vérité et l’amour évangéliques, puisant sa force dans le commandement du Ressuscité : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20).

Dans toutes ses composantes, l’Exhortation voudrait aider chaque disciple du Seigneur à vivre pleinement et à transmettre réellement ce qu’il est devenu par le baptême : un fils de Lumière, un être illuminé par Dieu, une lampe nouvelle dans l’obscurité troublante du monde afin que des ténèbres resplendissent la lumière (cf. Jn 1, 4-5 et 2 Co 4, 1-6). Ce document veut contribuer à dépouiller la foi de ce qui l’enlaidit, de tout ce qui peut obscurcir la splendeur de la lumière du Christ. La communion est alors une adhésion véritable au Christ, et le témoignage est un rayonnement du Mystère pascal qui donne un sens plénier à la Croix glorieuse. Nous suivons et « proclamons … un Christ crucifié … puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 23-24 ; cf. Troisième Partie de l’Exhortation).

« Sois sans crainte, petit troupeau » (Lc 12, 32) et souviens-toi de la promesse faite à Constantin : « Par ce signe, tu vaincras ! » Églises au Moyen-Orient, soyez sans crainte, car le Seigneur est vraiment avec vous jusqu’à la fin du monde ! Soyez sans crainte, car l’Église universelle vous accompagne par sa proximité humaine et spirituelle ! C’est dans ces sentiments d’espérance et d’encouragement à être des protagonistes actifs de la foi par la communion et le témoignage, que dimanche je confierai l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Medio Oriente à mes vénérés frères Patriarches, Archevêques et Évêques, à tous les prêtres, aux diacres, aux religieux et aux religieuses, aux séminaristes et aux fidèles laïcs. « Gardez courage » (Jn 16, 33) ! Par l’intercession de la Vierge Marie, la Theotókos, j’invoque avec grande affection l’abondance des dons divins sur vous tous ! Puisse Dieu accorder à tous les peuples du Moyen-Orient de vivre dans la paix, la fraternité et la liberté religieuse ! لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم  [Que Dieu vous bénisse tous !] Merci !

 

 

 

 

 

 

15 septembre 2012 -  Discours au Palais présidentiel , rencontre avec les Autorités, et le Corps Diplomatique

Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités parlementaires, gouvernementales, institutionnelles et politiques du Liban,
Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique,
Béatitudes, Responsables religieux,
chers frères dans l’Épiscopat, Mesdames, Messieurs, chers amis,

سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14, 27) ! C’est avec cette parole du Christ Jésus que je désire vous saluer et vous remercier de votre accueil et de votre présence. Je vous remercie, Monsieur le Président, non seulement pour vos paroles cordiales mais aussi pour avoir permis cette rencontre. Avec vous, je viens de planter un cèdre du Liban, symbole de votre beau pays. En voyant cet arbrisseau et les soins qu’il demandera pour se fortifier jusqu’à étendre ses branches majestueuses, j’ai pensé à votre pays et à sa destinée, aux Libanais et à leurs espérances, à toutes les personnes de cette Région du monde qui semble connaître les douleurs d’un enfantement sans fin. J’ai alors demandé à Dieu de vous bénir, de bénir le Liban et de bénir tous les habitants de cette Région qui a vu naître de grandes religions et de nobles cultures. Pourquoi Dieu a-t-il choisi cette Région ? Pourquoi vit-elle dans la tourmente ? Dieu l’a choisie, me semble-t-il, afin qu’elle soit exemplaire, afin qu’elle témoigne à la face du monde la possibilité qu’a l’homme de vivre concrètement son désir de paix et de réconciliation ! Cette aspiration est inscrite depuis toujours dans le plan de Dieu, qui l’a imprimée dans le c½ur de l’homme. C’est de la paix que je désire vous entretenir car Jésus a dit : سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] .

Un pays est avant tout riche des personnes qui vivent en son sein. De chacune d’elles et de toutes ensemble dépend son avenir et sa capacité à s’engager pour la paix. Un tel engagement ne sera possible que dans une société unie. Cependant, l’unité n’est pas l’uniformité. La cohésion de la société est assurée par le respect constant de la dignité de chaque personne et la participation responsable de chacune selon ses capacités en engageant ce qu’il y a de meilleur en elle. Afin d’assurer le dynamisme nécessaire pour construire et consolider la paix, il faut inlassablement revenir aux fondements de l’être humain. La dignité de l’homme est inséparable du caractère sacré de la vie donnée par le Créateur. Dans le dessein de Dieu, chaque personne est unique et irremplaçable. Elle vient au monde dans une famille, qui est son premier lieu d’humanisation, et surtout la première éducatrice à la paix. Pour construire la paix, notre attention doit donc se porter vers la famille afin de faciliter sa tâche, pour ainsi la soutenir et donc promouvoir partout une culture de la vie. L’efficacité de l’engagement pour la paix dépend de la conception que le monde peut avoir de la vie humaine. Si nous voulons la paix, défendons la vie ! Cette logique disqualifie non seulement la guerre et les actes terroristes, mais aussi toute atteinte à la vie de l’être humain, créature voulue par Dieu. L’indifférence ou la négation de ce qui constitue la véritable nature de l’homme empêchent le respect de cette grammaire qu’est la loi naturelle inscrite dans le c½ur humain (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2007, n. 3). La grandeur et la raison d’être de toute personne ne se trouvent qu’en Dieu. Ainsi, la reconnaissance inconditionnelle de la dignité de tout être humain, de chacun de nous, et celle du caractère sacré de la vie impliquent la responsabilité de tous devant Dieu. Nous devons donc unir nos efforts pour développer une saine anthropologie qui intègre l’unité de la personne. Sans elle, il n’est pas possible de construire la paix véritable.

Pour être plus évidentes dans les pays qui connaissent des conflits armés - ces guerres pleines de vanités et d’horreurs -, les atteintes à l’intégrité et à la vie des personnes existent aussi dans d’autres pays. Le chômage, la pauvreté, la corruption, les diverses addictions, l’exploitation, les trafics de toutes sortes et le terrorisme entraînent, avec la souffrance inacceptable de ceux qui en sont victimes, un affaiblissement du potentiel humain. La logique économique et financière veut sans cesse nous imposer son joug et faire primer l’avoir sur l’être ! Mais la perte de chaque vie humaine est une perte pour l’humanité entière. Celle-ci est une grande famille dont nous sommes tous responsables. Certaines idéologies, en remettant en cause de façon directe ou indirecte, ou même légale, la valeur inaliénable de toute personne et le fondement naturel de la famille, sapent les bases de la société. Nous devons être conscients de ces atteintes à l’édification et à l’harmonie du vivre ensemble. Seule une solidarité effective constitue l’antidote à tout cela. Solidarité pour rejeter ce qui fait obstacle au respect de tout être humain, solidarité pour soutenir les politiques et les initiatives qui ½uvrent en vue d’unir les peuples de façon honnête et juste. Il est beau de voir les actions de collaboration et de vrai dialogue qui construisent une nouvelle manière de vivre ensemble. Une meilleure qualité de vie et de développement intégral n’est possible que dans le partage des richesses et des compétences, en respectant l’identité de chacun. Mais un tel mode de vie convivial, serein et dynamique ne peut exister sans la confiance en l’autre, quel qu’il soit. Aujourd’hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne, et le don qu’elle est à elle-même, aux autres et à l’humanité. Là se trouve la voie de la paix ! Là est l’engagement qui nous est demandé ! Là est l’orientation qui doit présider aux choix politiques et économiques, à chaque niveau et à l’échelle planétaire !

Pour ouvrir aux générations de demain un avenir de paix, la première tâche est donc celle d’éduquer à la paix pour construire une culture de paix. L’éducation, dans la famille ou à l’école, doit être avant tout l’éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d’une culture, leur sens et leur force. L’esprit humain a le goût inné du beau, du bien et du vrai. C’est le sceau du divin, la marque de Dieu en lui ! De cette aspiration universelle découle une conception morale ferme et juste, qui place toujours la personne au centre. Mais c’est seulement librement que l’homme peut se tourner vers le bien, car « la dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, personnellement, c’est-à-dire mû et déterminé de l’intérieur, et non sous l’effet de poussées intérieures aveugles ou d’une contrainte purement extérieure » (Gaudium et spes, 17). La tâche de l’éducation est d’accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses. L’établissement d’une culture de paix est à ce prix ! Il faut évidemment bannir la violence verbale ou physique. Elle est toujours une atteinte à la dignité humaine, celle de l’auteur comme celle de la victime. Par ailleurs, en valorisant les ½uvres pacifiques et leur rayonnement pour le bien commun, on crée aussi l’intérêt pour la paix. Comme en témoigne l’histoire, de tels gestes de paix ont un rôle considérable dans la vie sociale, nationale et internationale. L’éducation à la paix formera ainsi des hommes et des femmes généreux et droits, attentifs à tous, et particulièrement aux personnes les plus faibles. Pensées de paix, paroles de paix et gestes de paix créent une atmosphère de respect, d’honnêteté et de cordialité, où les fautes et les offenses peuvent être reconnues en vérité pour avancer ensemble vers la réconciliation. Que les hommes d’État et les responsables religieux y réfléchissent !

Nous devons être bien conscients que le mal n’est pas une force anonyme qui agit dans le monde de façon impersonnelle ou déterministe. Le mal, le démon, passe par la liberté humaine, par l’usage de notre liberté. Il cherche un allié, l’homme. Le mal a besoin de lui pour se déployer. C’est ainsi qu’ayant offensé le 1er commandement, l’amour de Dieu, il en vient à pervertir le second, l’amour du prochain. Avec lui, l’amour du prochain disparaît au profit du mensonge et de l’envie, de la haine et de la mort. Mais il est possible de ne pas se laisser vaincre par le mal et d’être vainqueur du mal par le bien (cf. Rm 12, 21). C’est à cette conversion du c½ur que nous sommes appelés. Sans elle, les ‘libérations’ humaines si désirées déçoivent car elles se meuvent dans l’espace réduit concédé par l’étroitesse d’esprit de l’homme, sa dureté, ses intolérances, ses favoritismes, ses désirs de revanche et ses pulsions de mort. La transformation en profondeur de l’esprit et du c½ur est nécessaire pour retrouver une certaine clairvoyance et une certaine impartialité, le sens profond de la justice et celui du bien commun. Un regard nouveau et plus libre rendra capable d’analyser et de remettre en cause des systèmes humains qui conduisent à des impasses, afin d’avancer en tenant compte du passé pour ne plus le répéter avec ses effets dévastateurs. Cette conversion demandée est exaltante car elle ouvre des possibilités en faisant appel aux ressources innombrables qui habitent le c½ur de tant d’hommes et de femmes désireux de vivre en paix et prêts à s’engager pour la paix. Or elle est particulièrement exigeante : il s’agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d’accepter les excuses sans les rechercher, et enfin de pardonner. Car seul le pardon donné et reçu pose les fondements durables de la réconciliation et de la paix pour tous (cf. Rm 12, 16b. 18).

Alors seulement peut croître la bonne entente entre les cultures et les religions, la considération sans condescendance des unes pour les autres et le respect des droits de chacune. Au Liban, la Chrétienté et l’Islam habitent le même espace depuis des siècles. Il n’est pas rare de voir dans la même famille les deux religions. Si dans une même famille cela est possible, pourquoi cela ne le serait-il pas au niveau de l’ensemble de la société ? La spécificité du Moyen-Orient se trouve dans le mélange séculaire de composantes diverses. Certes, elles se sont combattues, hélas aussi ! Une société plurielle n’existe qu’à cause du respect réciproque, du désir de connaître l’autre et du dialogue continu. Ce dialogue entre les hommes n’est possible que dans la conscience qu’il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine. Ces valeurs qui sont comme un substrat, expriment les traits authentiques et caractéristiques de l’humanité. Elles appartiennent aux droits de tout être humain. Dans l’affirmation de leur existence, les différentes religions apportent une contribution décisive. N’oublions pas que la liberté religieuse est le droit fondamental dont dépendent beaucoup d’autres. Professer et vivre librement sa religion sans mettre en danger sa vie et sa liberté doit être possible à quiconque. La perte ou l’affaiblissement de cette liberté prive la personne du droit sacré à une vie intègre sur le plan spirituel. La soi-disant tolérance n’élimine pas les discriminations, parfois elle les conforte même. Et sans l’ouverture au transcendant qui permet de trouver des réponses aux interrogations de son c½ur sur le sens de la vie et sur la manière de vivre de façon morale, l’homme devient incapable d’agir selon la justice et de s’engager pour la paix. La liberté religieuse a une dimension sociale et politique indispensable à la paix ! Elle promeut une coexistence et une vie harmonieuses par l’engagement commun au service de nobles causes et par la recherche de la vérité qui ne s’impose pas par la violence mais par « la force de la vérité elle-même » (Dignitatis humanae, 1), cette Vérité qui est en Dieu. Car la croyance vécue conduit invariablement à l’amour. La croyance authentique ne peut pas conduire à la mort. L’artisan de paix est humble et juste. Les croyants ont donc aujourd’hui un rôle essentiel, celui de témoigner de la paix qui vient de Dieu et qui est un don fait à tous dans la vie personnelle, familiale, sociale, politique et économique (cf. Mt 5, 9 ; He 12, 14). L’inaction des hommes de bien ne doit pas permettre au mal de triompher. Il est pire encore de ne rien faire.

Ces quelques réflexions sur la paix, la société, la dignité de la personne, sur les valeurs de la famille et de la vie, sur le dialogue et la solidarité ne peuvent demeurer de simples idéaux énoncés. Ils peuvent et doivent être vécus. Nous sommes au Liban et c’est ici qu’ils doivent être vécus. Le Liban est appelé, maintenant plus que jamais, à être un exemple. Politiques, diplomates, religieux, hommes et femmes du monde de la culture, je vous invite donc à témoigner avec courage, à temps et à contretemps autour de vous, que Dieu veut la paix, que Dieu nous confie la paix. سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14, 27) nous dit le Christ ! Que Dieu vous bénisse ! Merci !

 

 

 

 

 

15 septembre 2012 – Rencontre de Benoit XVI avec les jeunes au Liban

Béatitude, frères Évêques, Monsieur le Président, chers amis,

« Que la grâce et la paix vous soient accordées en abondance par la véritable connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur » (2 P 1, 2). Le passage de la lettre de saint Pierre que nous avons entendu exprime bien le grand désir que je porte dans mon c½ur depuis longtemps. Merci pour votre accueil chaleureux, merci de tout c½ur pour votre présence si nombreuse ce soir ! Je remercie Sa Béatitude le Patriarche Bechara Boutros Raï pour ses paroles d’accueil, Mgr Georges Bou Jaoudé, Archevêque de Tripoli et président du Conseil pour l’apostolat des laïcs au Liban, et Mgr Elie Hadda, Archevêque de Sidon des Grecs melkites et vice président du même Conseil, ainsi que les deux jeunes qui m’ont salué en votre nom à tous. سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14, 27) nous dit le Christ-Jésus.

Chers amis, vous vivez aujourd’hui dans cette partie du monde qui a vu la naissance de Jésus et le développement du christianisme. C’est un grand honneur ! Et c’est un appel à la fidélité, à l’amour de votre région et surtout à être des témoins et des messagers de la joie du Christ, car la foi transmise par les Apôtres conduit à la pleine liberté et à la joie, comme l’ont montré tant de saints et de bienheureux de ce pays. Leur message éclaire l’Église universelle. Il peut continuer à éclairer vos vies. Parmi les Apôtres et les saints, beaucoup ont vécu à des périodes troublées et leur foi a été la source de leur courage et de leur témoignage. Puisez dans leur exemple et dans leur intercession, l’inspiration et le soutien dont vous avez besoin !

Je connais les difficultés qui sont les vôtres dans la vie quotidienne, à cause du manque de stabilité et de sécurité, de la difficulté à trouver un travail ou encore du sentiment de solitude et de marginalisation. Dans un monde en continuel mouvement, vous êtes confrontés à de nombreux et graves défis. Même le chômage et la précarité ne doivent pas vous inciter à goûter le « miel amer » de l’émigration, avec le déracinement et la séparation pour un avenir incertain. Il s’agit pour vous d’être des acteurs de l’avenir de votre pays, et de remplir votre rôle dans la société et dans l’Église.

Vous avez une place privilégiée dans mon c½ur et dans l’Église tout entière car l’Église est toujours jeune ! L’Église vous fait confiance. Elle compte sur vous. Soyez jeunes dans l’Église ! Soyez jeunes avec l’Église ! L’Église a besoin de votre enthousiasme et de votre créativité ! La jeunesse est le moment où l’on aspire à de grands idéaux, et la période où l’on étudie pour préparer un métier et un avenir. Cela est important et demande du temps. Recherchez ce qui est beau, et ayez le goût de faire ce qui est bien ! Témoignez de la grandeur et de la dignité de votre corps qui « est pour le Seigneur » (1 Co 6, 13.b). Ayez la délicatesse et la droiture des c½urs purs ! À la suite du bienheureux Jean-Paul II, je vous redis moi aussi : « N’ayez pas peur. Ouvrez les portes de vos esprits et de vos c½urs au Christ ! ». La rencontre avec lui « donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Deus caritas est, 1). En lui, vous trouverez la force et le courage pour avancer sur les chemins de votre vie, en surmontant les difficultés et la souffrance. En lui, vous trouverez la source de la joie. Le Christ vous dit : سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14, 27). Là est la véritable révolution apportée par le Christ, celle de l’amour.

Les frustrations présentes ne doivent pas conduire à vous réfugier dans des mondes parallèles comme ceux, entre autres, des drogues de toutes sortes, ou celui de la tristesse de la pornographie. Quant aux réseaux sociaux, ils sont intéressants mais peuvent, avec grande facilité, vous entraîner à une dépendance et à la confusion entre le réel et le virtuel. Recherchez et vivez des relations riches d’amitié vraie et noble. Ayez des initiatives qui donnent du sens et des racines à votre existence en luttant contre la superficialité et la consommation facile ! Vous êtes soumis également à une autre tentation, celle de l’argent, cette idole tyrannique qui aveugle au point d’étouffer la personne et son c½ur. Les exemples qui vous entourent ne sont pas toujours les meilleurs. Beaucoup oublient l’affirmation du Christ disant qu’on ne peut servir Dieu et l’argent (cf. Lc 16, 13). Recherchez de bons maîtres, des maîtres spirituels, qui sachent vous indiquer le chemin de la maturité en laissant l’illusoire, le clinquant et le mensonge.

Soyez les porteurs de l’amour du Christ ! Comment ? En vous tournant sans réserve vers Dieu, son Père, qui est la mesure de ce qui est juste, vrai et bon. Méditez la Parole de Dieu ! Découvrez l’intérêt et l’actualité de l’Évangile. Priez ! La prière, les sacrements sont les moyens sûrs et efficaces pour être chrétien et vivre « enracinés et fondés dans le Christ, affermis dans la foi » (Col 2, 7). L’Année de la foi qui va débuter sera l’occasion de découvrir le trésor de la foi reçue au baptême. Vous pouvez approfondir son contenu grâce à l’étude du Catéchisme afin que votre foi soit vivante et vécue. Vous deviendrez alors pour les autres témoins de l’amour du Christ. En lui, tous les hommes sont nos frères. La fraternité universelle qu’il a inaugurée sur la Croix revêt d’une lumière éclatante et exigeante la révolution de l’amour. « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Là est le testament de Jésus et le signe du chrétien. Là est la véritable révolution de l’amour !

Et donc, le Christ vous invite à faire comme lui, à accueillir sans réserve l’autre, même s’il est d’appartenance culturelle, religieuse, nationale différente. Lui faire une place, le respecter, être bon envers lui, rend toujours plus riche d’humanité et fort de la paix du Seigneur. Je sais que beaucoup parmi vous participent aux diverses activités promues par les paroisses, les écoles, les mouvements, les associations. Il est beau de s’engager avec et pour les autres. Vivre ensemble des moments d’amitié et de joie permet de résister aux germes de division, toujours à combattre ! La fraternité est une anticipation du ciel ! Et la vocation du disciple du Christ est d’être « levain » dans la pâte, comme l’affirmait saint Paul : « Un peu de levain fait lever toute la pâte » (Ga 5,9). Soyez les messagers de l’Évangile de la vie et des valeurs de la vie. Résistez courageusement à tout ce qui la nie : l’avortement, la violence, le refus et le mépris de l’autre, l’injustice, la guerre. Vous répandrez ainsi la paix autour de vous. Est-ce que ce ne sont pas les « agents de paix » que nous admirons finalement le plus ? N’est-ce pas la paix ce bien précieux que toute l’humanité recherche ? N’est-ce pas un monde de paix qu’au plus profond nous voulons pour nous et pour les autres ? سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] a dit Jésus. Il a vaincu le mal non par un autre mal, mais en le prenant sur lui et en l’anéantissant sur la croix par l’amour vécu jusqu’au bout. Découvrir en vérité le pardon et la miséricorde de Dieu, permet toujours de repartir pour une nouvelle vie. Il n’est pas facile de pardonner. Mais le pardon de Dieu donne la force de la conversion, et la joie de pardonner à son tour. Le pardon et la réconciliation sont des chemins de paix, et ouvrent un avenir. Chers amis, beaucoup parmi vous se demandent certainement d’une façon plus ou moins consciente : Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Quel est son projet pour moi ? Ne voudrais-je pas annoncer au monde la grandeur de son amour par le sacerdoce, la vie consacrée ou le mariage ? Le Christ ne m’appellerait-il pas à le suivre de plus près ? Accueillez avec confiance ces questions. Prenez le temps d’y réfléchir et de demander la lumière. Répondez à l’invitation en vous offrant chaque jour à Celui qui vous appelle pour être de ses amis. Cherchez à suivre avec c½ur et générosité le Christ qui, par amour, nous a rachetés et a donné sa vie pour chacun de nous. Vous connaîtrez une joie et une plénitude insoupçonnées ! Répondre à la vocation du Christ sur soi : c’est là le secret de la vraie paix.

J’ai signé hier l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente. Cette lettre vous est aussi destinée, chers jeunes, comme à tout le peuple de Dieu. Lisez-la avec attention et méditez-la pour la mettre en pratique. Pour vous aider, je vous rappelle les paroles de saint Paul aux Corinthiens : « Notre lettre c’est vous, une lettre écrite en vos c½urs, connue et lue par tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les c½urs » (2 Co 3, 2-3). Vous pouvez être, vous aussi, chers amis, une lettre vivante du Christ. Cette lettre ne sera pas écrite sur du papier et avec un crayon. Elle sera le témoignage de votre vie et celui de votre foi. Ainsi, avec courage et enthousiasme, vous ferez comprendre autour de vous que Dieu veut le bonheur de tous sans distinction, et que les chrétiens sont ses serviteurs et ses témoins fidèles.

Jeunes libanais, vous êtes l’espérance et l’avenir de votre pays. Vous êtes le Liban, terre d’accueil, de convivialité, avec cette faculté inouïe d’adaptation. Et en ce moment, nous ne pouvons pas oublier ces millions de personnes qui composent la diaspora libanaise et qui maintiennent des liens solides avec leur pays d’origine. Jeunes du Liban, soyez accueillants et ouverts, comme le Christ vous le demande et comme votre pays vous l’enseigne.

Je voudrais saluer maintenant les jeunes musulmans qui sont avec nous ce soir. Je vous remercie pour votre présence qui est si importante. Vous êtes avec les jeunes chrétiens l’avenir de ce merveilleux pays et de l’ensemble du Moyen-Orient. Cherchez à le construire ensemble ! Et lorsque vous serez adultes, continuez de vivre la concorde dans l’unité avec les chrétiens. Car la beauté du Liban se trouve dans cette belle symbiose. Il faut que l’ensemble du Moyen-Orient, en vous regardant, comprenne que les musulmans et les chrétiens, l’Islam et la Chrétienté, peuvent vivre ensemble sans haine dans le respect des croyances de chacun pour bâtir ensemble une société libre et humaine.

J’ai appris également qu’il y a parmi nous des jeunes venus de Syrie. Je veux vous dire combien j’admire votre courage. Dites chez vous, à vos familles et à vos amis, que le Pape ne vous oublie pas. Dites autours de vous que le Pape est triste à cause de vos souffrances et de vos deuils. Il n’oublie pas la Syrie dans ses prières et ses préoccupations. Il n’oublie pas les Moyen-orientaux qui souffrent. Il est temps que musulmans et chrétiens s’unissent pour mettre fin à la violence et aux guerres.

En terminant, tournons-nous vers Marie, la Mère du Seigneur, Notre-Dame du Liban. Du haut de la colline de Harissa, elle vous protège et vous accompagne, elle veille comme une mère sur tous les Libanais et sur tant de pèlerins, venant de tous les horizons pour lui confier leurs joies et leurs peines ! Ce soir, confions à la Vierge Marie et au bienheureux Jean-Paul II qui m’a précédé ici, vos vies, celles de tous les jeunes du Liban et des pays de la région, particulièrement ceux qui souffrent de la violence ou de la solitude, ceux qui ont besoin de réconfort. Que Dieu vous bénisse tous ! Et maintenant tous ensemble, nous la prions : السّلامُ عَلَيكِ يا مَرْيَم... [« Je vous salue Marie … »].

 

 

 

16 septembre 2012 – Homélie de la Messe, de Benoit XVI, au Liban

Chers frères et s½urs,

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! » (Ep 1, 3). Béni soit-il en ce jour où j’ai la joie d’être ici avec vous, au Liban, pour remettre aux Évêques de la région l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente ! Je remercie cordialement Sa Béatitude Bechara Boutros Raï pour ses aimables paroles de bienvenue. Je salue les autres Patriarches et les Évêques des Églises orientales, les Évêques latins des régions avoisinantes ainsi que les Cardinaux et les Évêques venus d’autres pays. Je vous salue tous avec grande affection, chers frères et s½urs du Liban et aussi des pays de toute cette région bien-aimée du Moyen-Orient, venus célébrer, avec le successeur de Pierre, Jésus-Christ crucifié, mort et ressuscité. J’adresse aussi mon salut déférent au Président de la République et aux autorités libanaises, aux responsables et aux membres des autres traditions religieuses qui ont voulu être présents ce matin.

En ce dimanche où l’Évangile nous interroge sur la véritable identité de Jésus, nous voici transportés avec les disciples, sur la route qui conduit vers les villages de la région de Césarée de Philippe. « Et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? » (Mc 8, 29) leur demande Jésus ? Le moment choisi pour leur poser cette question n’est pas sans signification. Jésus se trouve à un tournant déterminant de son existence. Il monte vers Jérusalem, vers le lieu où va s’accomplir, par la croix et la résurrection, l’événement central de notre salut. C’est aussi à Jérusalem, qu’à l’issue de tous ces événements, l'Église va naître. Et lorsque, à ce moment décisif, Jésus demande d’abord à ses disciples « Pour les gens, qui suis-je ? » (Mc 8, 27), les réponses qu’ils lui rapportent sont bien diverses : Jean-Baptiste, Élie, un prophète ! Aujourd’hui encore, comme au long des siècles, ceux qui, de multiples manières, ont trouvé Jésus sur leur route apportent leurs réponses. Ce sont des approches qui peuvent permettre de trouver le chemin de la vérité. Mais, sans être nécessairement fausses, elles restent insuffisantes, car elles n’accèdent pas au c½ur de l’identité de Jésus. Seul celui qui accepte de le suivre sur son chemin, de vivre en communion avec lui dans la communauté des disciples, peut en avoir une véritable connaissance. C’est alors que Pierre qui, depuis un certain temps, a vécu avec Jésus, va donner sa réponse : « Tu es le Messie » (Mc 8, 29). Réponse juste sans aucun doute, mais pourtant insuffisante, puisque Jésus ressent le besoin de la préciser. Il entrevoit que les gens pourraient se servir de cette réponse pour des desseins qui ne sont pas les siens, pour susciter de faux espoirs temporels sur lui. Il ne se laisse pas enfermer dans les seuls attributs du libérateur humain que beaucoup attendent.

En annonçant à ses disciples qu’il devra souffrir, être mis à mort avant de ressusciter, Jésus veut leur faire comprendre qui il est en vérité. Un Messie souffrant, un Messie serviteur, et non un libérateur politique tout-puissant. Il est le Serviteur obéissant à la volonté de son Père jusqu’à perdre sa vie. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Isaïe dans la première lecture. Jésus va ainsi à l’encontre de ce que beaucoup attendaient de lui. Son affirmation choque et dérange. Et on entend la contestation de Pierre, qui lui fait des reproches, refusant pour son maître la souffrance et la mort ! Jésus est sévère à son égard, et il fait comprendre que celui qui veut être son disciple, doit accepter d’être serviteur, comme lui s’est fait Serviteur.

Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes. En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du c½ur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile.

Frères et s½urs, le chemin sur lequel Jésus veut nous conduire est un chemin d’espérance pour tous. La gloire de Jésus se révèle au moment où, dans son humanité, il se montre le plus faible, particulièrement lors de l’Incarnation et sur la croix. C’est ainsi que Dieu manifeste son amour, en se faisant serviteur, en se donnant à nous. N’est-ce pas un mystère extraordinaire, parfois difficile à admettre ? L’Apôtre Pierre lui-même ne le comprendra que plus tard.

Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous a rappelé combien cette suite de Jésus, pour être authentique exige des actes concrets. « C’est par mes actes que je te montrerai ma foi » (Jc 2, 18). C’est une exigence impérative pour l’Église de servir et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus. Le service est un élément fondateur de l’identité des disciples du Christ (cf. Jn 13, 15-17). La vocation de l’Église et du chrétien est de servir, comme le Seigneur lui-même l’a fait, gratuitement et pour tous, sans distinction. Ainsi, servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s’engager pour une société fraternelle, pour bâtir la communion ! Chers frères et s½urs, je prie particulièrement le Seigneur de donner à cette région du Moyen-Orient des serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité. C’est un témoignage essentiel que les chrétiens doivent rendre ici, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. Je vous appelle tous à ½uvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve.

Le service doit encore être au c½ur de la vie de la communauté chrétienne elle-même. Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne.

Chers frères et s½urs qui souffrez dans votre corps ou dans votre c½ur, votre souffrance n’est pas vaine ! Le Christ Serviteur se fait proche de tous ceux qui souffrent. Il est présent auprès de vous. Puissiez-vous trouver sur votre route des frères et des s½urs qui manifestent concrètement sa présence aimante qui ne saurait vous abandonner ! Soyez remplis d’espérance à cause du Christ !

Et vous tous, frères et s½urs, qui êtes venus participer à cette célébration, cherchez à devenir toujours plus conformes au Seigneur Jésus, lui qui s’est fait le Serviteur de tous pour la vie du monde. Que Dieu bénisse le Liban, qu’il bénisse tous les peuples de cette région bien-aimée du Moyen-Orient et leur fasse le don de sa paix. Amen.

 

 

 

 

16 septembre 2012 – Remise de l’Exhortation Apostolique pour le Moyen Orient - Beirut City Center Waterfront

Béatitudes, Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et s½urs dans le Christ,

La célébration liturgique que nous venons de vivre a été l’occasion de rendre grâce au Seigneur pour le don de l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques, célébrée en octobre 2010 sur le thème : L’Église catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage. ‘La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul c½ur et une seule âme’ (Ac 4, 32). Je veux remercier tous les Pères synodaux pour leur contribution. Ma reconnaissance s’adresse aussi au Secrétaire général du Synode des Évêques, Mgr Eterović, pour le travail accompli, et pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom.

Après avoir signé l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, j’ai la joie de la remettre à toutes les Églises particulières à travers vous, Béatitudes et Évêques orientaux et latins du Moyen-Orient. Avec la remise de ce document, commencent son étude et son appropriation par tous les protagonistes de l’Église, pasteurs, personnes consacrées et laïcs, afin que chacun trouve une joie nouvelle à poursuivre sa mission, en étant encouragé et fortifié pour mettre en ½uvre le message de communion et de témoignage décliné selon les divers aspects humains, doctrinaux, ecclésiologiques, spirituels et pastoraux de cette Exhortation. Chers frères et s½urs du Liban et du Moyen-Orient, je souhaite que cette Exhortation soit un guide pour avancer sur les chemins multiformes et complexes où le Christ vous précède. Puisse la communion dans la foi, l’espérance et la charité être renforcées dans vos pays et dans chaque communauté pour crédibiliser votre témoignage rendu au seul Saint, le Dieu Un et Trine, qui s’est fait proche de chaque personne !

Chère Église au Moyen-Orient, puise à la sève originelle du Salut qui s’est réalisé sur cette Terre unique et aimée entre toutes ! Avance à la suite de tes pères dans la foi, eux qui ont ouvert, par leur constance et leur fidélité, la voie de la réponse de l’humanité à la Révélation de Dieu ! Trouve dans la splendide diversité des saints qui ont fleuri chez toi les exemples et les intercesseurs qui inspireront ta réponse à l’appel du Seigneur à marcher vers la Jérusalem céleste, où Dieu essuiera toute larme de nos yeux (cf. Ap21, 4) ! Que la communion fraternelle soit un soutien dans la vie quotidienne et le signe de la fraternité universelle que Jésus, Premier-né d’une multitude, est venu instaurer ! Qu’ainsi, dans cette région qui en a vu les actes et recueilli les paroles, l’Évangile continue de résonner comme il y a 2000 ans et qu’il soit vécu aujourd’hui et à jamais ! Merci.

 

 

 

16 septembre 2012 – Angelus à Beirut City Center Waterfront

Chers frères et s½urs, tournons-nous maintenant vers Marie, Notre-Dame du Liban, autour de laquelle se retrouvent les chrétiens et les musulmans. Demandons-lui d’intercéder auprès de son divin Fils pour vous et, plus particulièrement, pour les habitants de la Syrie et des pays voisins implorant le don de la paix. Vous connaissez bien la tragédie des conflits et de la violence qui génère tant de souffrances. Malheureusement, le bruit des armes continue de se faire entendre, ainsi que le cri des veuves et des orphelins ! La violence et la haine envahissent les vies, et les femmes et les enfants en sont les premières victimes. Pourquoi tant d’horreurs ? Pourquoi tant de morts ? J’en appelle à la communauté internationale ! J’en appelle aux pays arabes afin qu’en frères, ils proposent des solutions viables qui respectent la dignité de chaque personne humaine, ses droits et sa religion ! Qui veut construire la paix doit cesser de voir dans l’autre un mal à éliminer. Il n’est pas facile de voir dans l’autre une personne à respecter et à aimer, et pourtant il le faut, si on désire construire la paix, si on veut la fraternité (cf.1 Jn 2, 10-11 ; 1 P 3, 8-12). Puisse Dieu concéder à votre pays, à la Syrie et au Moyen-Orient le don de la paix des c½urs, le silence des armes et l’arrêt de toute violence ! Puissent les hommes comprendre qu’ils sont tous frères ! Marie, qui est notre Mère, comprend notre souci et nos besoins. Avec les Patriarches et les Évêques présents, je place le Moyen-Orient sous sa protection maternelle (cf. Prop. 44). Puissions-nous, avec l’aide de Dieu, nous convertir pour travailler avec ardeur à l’établissement de la paix nécessaire pour une vie harmonieuse entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses ! Maintenant prions : Angelus Dómini nuntiávit Marie ...

 

 

 

 

 

16 septembre 2012 - Salon d'honneur du Patriarcat syro-catholique de Charfet , rencontre oécuménique
Sainteté, Béatitude,
Vénérés Patriarches, chers Frères dans l’épiscopat,
Chers Représentants des Églises et des Communautés protestantes,
Chers frères,

C’est avec joie que je me trouve parmi vous, dans ce monastère Notre Dame de la Délivrance de Charfet, haut-lieu de l’Église Syriaque catholique pour le Liban et pour tout le Moyen-Orient. Je remercie Sa Béatitude Ignace Youssef Younan, Patriarche d’Antioche des Syriaques catholiques, pour ses fortes paroles d’accueil. Je salue fraternellement chacun de vous qui représentez la diversité de l’Église en Orient, et en particulier Sa Béatitude Ignace IV Hazim, Patriarche Grec orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient et Sa Sainteté Mar Ignatius Ier Zakke Iwas, Patriarche de l’Eglise syriaque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient. Votre heureuse présence solennise cette rencontre. Je vous remercie de tout c½ur pour être parmi nous. Ma pensée va aussi vers l’Église copte orthodoxe d’Égypte et l’Église éthiopienne orthodoxe qui ont eu la douleur de perdre leur Patriarche respectif. Je les assure de ma proximité fraternelle et de ma prière.

Permettez-moi de saluer ici le témoignage de foi rendu par l’Église Syriaque d’Antioche au cours de sa glorieuse histoire, témoignage d’un amour ardent pour le Christ qui lui a fait écrire, jusqu’à nos jours, des pages héroïques pour demeurer fidèle à sa foi jusqu’au martyre. Je l’encourage à être pour les peuples de la région, un signe de la paix qui vient de Dieu et une lumière qui fait vivre leur espérance. J’étends cet encouragement à toutes les Églises et communautés ecclésiales présentes dans cette région.

Chers frères, notre rencontre de ce soir est un signe éloquent de notre désir profond de répondre à l’appel du Seigneur Jésus « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Dans ces temps instables et enclins à la violence que connaît votre région, il est toujours plus urgent que les disciples du Christ donnent un témoignage authentique de leur unité, afin que le monde croie dans son message d’amour, de paix et de réconciliation. C’est ce message que tous les chrétiens et nous en particulier avons reçu mission de transmettre au monde, et qui prend une valeur inestimable dans le contexte actuel du Moyen-Orient.

Travaillons sans relâche pour que notre amour pour le Christ nous conduise peu à peu vers la pleine communion entre nous. Pour cela, par la prière et par l’engagement commun, il nous faut revenir sans cesse vers notre unique Seigneur et Sauveur. Car, comme je l’ai écrit dans l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente que j’ai le plaisir de vous remettre, « Jésus unit ceux qui croient en lui et qui l’aiment en leur donnant l’Esprit de son Père, ainsi que Marie, sa mère » (n. 15).

Je confie à la Vierge Marie chacune de vos personnes ainsi que les membres de vos Églises et de vos communautés. Qu’elle implore pour nous son divin Fils afin que nous soyons délivrés de tout mal et de toute violence, et que cette région du Moyen-Orient connaisse enfin le temps de la réconciliation et de la paix. Que la Parole de Jésus que j’ai souvent citée au cours de ce voyage, سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14, 27) , soit pour nous tous le signe commun que nous donnerons au nom du Christ aux peuples de cette région bien-aimée qui aspire avec impatience à la réalisation de cette annonce ! Merci a vous !

 

 

 

 

16 septembre 2012 – Discours de Benoit XVI au départ du Liban pour Rome - Aéroport Rafiq Hariri de Beyrouth

Monsieur le Président,
Messieurs les Présidents du Parlement et du Conseil des ministres,
Béatitudes et frères dans l’épiscopat,
Autorités civiles et religieuses, et chers amis,

Alors qu’arrive le moment du départ, c’est avec regret que je laisse le cher Liban. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos paroles et pour avoir favorisé, avec le Gouvernement dont je salue les représentants, l’organisation des divers évènements qui ont marqué ma présence parmi vous, secondé de manière remarquable par l’efficacité des différents services de la République et du secteur privé. Je remercie aussi le Patriarche Bechara Boutros Raï, et tous les Patriarches présents ainsi que les évêques orientaux et latins, les prêtres et les diacres, les religieux et les religieuses, les séminaristes et les fidèles qui se sont déplacés pour me recevoir. Vous visitant, c’est comme si Pierre venait à vous, et vous avez reçu Pierre avec la cordialité qui caractérise vos Églises et votre culture.

Mes remerciements vont particulièrement à l’ensemble du peuple libanais qui forme une belle et riche mosaïque et qui a su manifester au Successeur de Pierre son enthousiasme, par l’apport multiforme et spécifique de chaque communauté. Je remercie cordialement les vénérables Églises s½urs et les communautés protestantes. Je remercie particulièrement les représentants des communautés musulmanes. Durant tout mon séjour, j’ai pu constater combien votre présence a contribué à la réussite de mon voyage. Le monde arabe et le monde entier auront vu, en ces temps troublés, des chrétiens et des musulmans réunis pour célébrer la paix. Il est de tradition au Moyen-Orient, de recevoir l’hôte de passage avec égard et respect, et vous l’avez fait. Je vous en remercie tous. Mais, à l’égard et au respect, vous avez apporté un complément ; il peut se comparer à l’une de ces fameuses épices orientales qui enrichit la saveur des mets : votre chaleur et votre c½ur, qui m’ont donné le goût de revenir. Je vous en remercie particulièrement. Que Dieu vous bénisse pour cela !

Durant mon trop bref séjour, motivé principalement par la signature et la remise de l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’ai pu rencontrer les différentes composantes de votre société. Il y a eu des moments plus officiels, d’autres plus intimes, des moments de haute densité religieuse et de prière fervente et d’autres encore, marqués par l’enthousiasme de la jeunesse. Je rends grâce à Dieu pour ces occasions qu’il a permises, pour les rencontres de qualité que j’ai pu avoir, et pour la prière qui a été faite par tous, et pour tous au Liban et au Moyen-Orient, quelle que soit l’origine ou la confession religieuse de chacun.

Dans sa sagesse, Salomon a fait appel à Hiram de Tyr, pour l’élévation d’une maison pour le Nom de Dieu, un sanctuaire pour l’éternité (cf. Si 47, 13). Et Hiram que j’ai évoqué en arrivant, envoya du bois provenant des cèdres du Liban (cf. 1 R 5, 22). Des boiseries de cèdre meublaient l’intérieur du Temple et portaient des guirlandes de fleurs sculptées (cf. 1 R 6, 18). Le Liban était présent dans le Sanctuaire de Dieu. Puisse le Liban d’aujourd’hui, ses habitants, continuer à être présents dans le sanctuaire de Dieu ! Puisse le Liban continuer à être un espace où les hommes et les femmes peuvent vivre en harmonie et en paix les uns avec les autres pour donner au monde, non seulement le témoignage de l’existence de Dieu, premier thème du Synode passé, mais également, celui de la communion entre les hommes, second thème du même Synode, quelle que soit leur sensibilité politique, communautaire et religieuse !

Je prie Dieu pour le Liban, afin qu’il vive dans la paix et résiste avec courage à tout ce qui pourrait la détruire ou la miner. Je souhaite au Liban de continuer à permettre la pluralité des traditions religieuses et à ne pas écouter la voix de ceux qui veulent l’en empêcher. Je souhaite au Liban de fortifier la communion entre tous ses habitants, quelle que soit leur communauté et leur religion, en refusant résolument tout ce qui pourrait conduire à la désunion, et en choisissant avec détermination la fraternité. Ce sont là des fleurs qui sont agréables à Dieu, des vertus qui sont possibles et qu’il conviendrait de consolider en les enracinant davantage.

La Vierge Marie, vénérée avec dévotion et tendresse, par les fidèles des confessions religieuses présentes ici, est un modèle sûr pour avancer avec espérance sur le chemin d’une fraternité vécue et authentique. Le Liban l’a bien compris en proclamant il y a quelque temps, le 25 mars comme jour férié, permettant ainsi à tous ses habitants de pouvoir vivre davantage leur unité dans la sérénité. Que la Vierge Marie dont les antiques sanctuaires sont si nombreux dans votre pays, continue à vous accompagner et à vous inspirer !

Que Dieu bénisse le Liban et tous les Libanais ! Qu’il ne cesse de les attirer à Lui pour leur donner part à sa vie éternelle ! Qu’il les comble de sa joie, de sa paix et de sa lumière ! Que Dieu bénisse tout le Moyen-Orient ! Sur chacun et chacune d’entre vous, j’invoque de grand c½ur l’abondance des Bénédictions divines.لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم [Que Dieu vous bénisse tous !]

 

 

 

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