2006
14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Danemark
Ce service (du Saint-Siège) à la paix est enraciné dans la ferme conviction, inspirée par la foi, de l'unité de la famille humaine et de la dignité et des droits de chaque personne, conférés par Dieu. La paix, dans les paroles du prophète Isaïe (32, 17), est le fruit de la justice, mais elle est aussi le fruit de l'amour qui dépasse ce que la justice seule ne peut garantir (cf. Gaudium et spes, n. 78). Dans sa proclamation de l'Evangile, et dans son service à la charité, l'Eglise désire coopérer avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté dans l'édification d'une communauté mondiale dans laquelle la haine et l'intolérance, l'injustice et la violence puissent laisser la place à la compréhension, la réconciliation et la généreuse coopération réciproques, dans la poursuite du bien commun. Seule, une telle coopération, capable de transcender les frontières nationales, ethniques et religieuses, peut prévaloir en définitive sur les nombreuses menaces actuelles contre la paix, y compris le fléau du terrorisme international et les idéologies qui l'inspirent.
2007
1er janvier 2007 - Homélie de la Messe
Je suis profondément convaincu qu'"en respectant la personne on promeut la paix et qu'en bâtissant la paix on jette les bases d'un authentique humanisme intégral" (Message, n. 1). Il s'agit là d'un devoir qui revient de manière particulière au chrétien, appelé "à être un infatigable ouvrier de paix et un vaillant défenseur de la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables" (Message, n. 16). C'est précisément parce qu'il est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 27), que tout individu humain, sans distinction de race, de culture et de religion, est investi de la même dignité de personne. C'est pour cela qu'il doit être respecté, et aucune raison ne peut en aucun cas justifier que l'on dispose de lui selon son bon plaisir, comme s'il était un objet…
Le récit évangélique que nous avons entendu montre la scène des pasteurs de Bethléem qui se rendent dans la grotte pour adorer l'Enfant, après avoir reçu l'annonce de l'Ange (cf. Lc 2, 16). Comment ne pas tourner le regard encore une fois vers la situation dramatique qui caractérise précisément cette Terre où naquit Jésus? Comment ne pas implorer avec une prière insistante pour que, dans cette région également, arrive le plus tôt possible le jour de la paix, le jour où se résoudra définitivement le conflit en cours qui dure désormais depuis trop longtemps? Un accord de paix, pour être durable, doit reposer sur le respect de la dignité et des droits de chaque personne. Le souhait que je formule devant les représentants des nations ici présents est que la Communauté internationale conjugue ses efforts, pour qu'au nom de Dieu l'on construise un monde où les droits essentiels de l'homme soient tous respectés. Pour que cela se produise, il est toutefois nécessaire que le fondement de ces droits soit reconnu non pas dans de simples pactes humains, mais "dans la nature même de l'homme et dans son inaliénable dignité de personne créée par Dieu" (Message, n. 13). Si, en effet, les éléments constitutifs de la dignité humaine sont confiés aux opinions humaines inconstantes, ses droits également, même s'ils sont proclamés solennellement, finissent par devenir faibles et diversement interprétables. "Il est donc important que les Organisations internationales ne perdent pas de vue le fondement naturel des droits de l'homme. Cela les soustraira au risque, malheureusement toujours latent, de glisser vers une interprétation qui serait uniquement positiviste" (ibid.).
1er janvier 2007 - Angelus
Aujourd'hui, nous contemplons Jésus, né de la Vierge Marie, dans sa prérogative de vrai "Prince de la Paix" (Is 9, 5). Il "est notre paix", venu abattre la "barrière de séparation" entre les hommes et les peuples, c'est-à-dire "la haine" (Ep 2, 14). C'est pour cette raison que Paul VI, de vénérée mémoire, voulut que le 1er janvier devienne également la Journée mondiale de la Paix: pour que chaque nouvelle année commence dans la lumière du Christ, le grand pacificateur de l'humanité. Je renouvelle aujourd'hui mes vœux de paix aux gouvernants et aux responsables des nations et des Organisations internationales et à tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Je le fais en particulier à travers le Message que j'ai préparé à cette occasion avec mes collaborateurs du Conseil pontifical "Justice et Paix", et qui cette année a pour thème: "La personne humaine, cœur de la paix". Celui-ci aborde un point essentiel, la valeur de la personne humaine, qui est le pilier de tout le grand édifice de la paix. On parle beaucoup aujourd'hui des droits de l'homme, mais l'on oublie souvent qu'ils ont besoin d'un fondement stable, qui ne soit ni relatif ni discutable. Et cela ne peut être que la dignité de la personne. Le respect pour cette dignité commence par la reconnaissance et la protection de son droit à vivre et à professer librement sa religion.
8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
Au sein de l'Organisation des Nations unies, a été créé l'année dernière le Conseil des Droits de l'Homme, dont il faut espérer qu'il centrera son activité sur la défense et la promotion des droits fondamentaux de la personne, en particulier le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse.
10 février 2007 - A l'Académie des Sciences morales et politiques
La personne humaine est «un être constitutivement en relation», appelé à se sentir chaque jour davantage responsable de ses frères et sœurs en humanité. La question posée par Dieu, dès le premier texte de l'Écriture, doit sans cesse résonner dans le cœur de chacun: «Qu'as-tu fait de ton frère ?» Le sens de la fraternité et de la solidarité, et le sens du bien commun reposent sur une vigilance par rapport à ses frères et par rapport à l'organisation de la société, donnant une place à chacun, afin qu'il puisse vivre dans la dignité, avoir un toit et le nécessaire pour son existence et pour celle de la famille dont il a la charge. C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre la motion que vous avez votée, au mois d'octobre dernier, concernant les droits de l'homme et la liberté d'expression, qui fait partie des droits fondamentaux, ayant toujours à cœur de ne pas bafouer la dignité fondamentale des personnes et des groupes humains, et de respecter leurs croyances religieuses.
7 septembre 2007 - Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche
C'est en Europe qu'a été formulé, pour la première fois, le concept des droits humains. Le droit humain fondamental, le présupposé pour tous les autres droits, est le droit à la vie elle-même. Ceci vaut pour la vie, de la conception à sa fin naturelle.
21 septembre 2007 - Aux membres du Comité exécutif de l'Internationale démocratique du Centre et démocrate chrétienne
Quand les droits de l'homme sont violés, c'est la dignité même de la personne qui est touchée; si la justice vacille, la paix est en danger. D'autre part, la justice, de son côté, ne peut se proclamer véritablement humaine que si la vision éthique et morale sur laquelle elle se fonde est centrée sur la personne et sur sa dignité inaliénable.
Je voudrais vous encourager encore davantage à poursuivre dans l'effort de servir le bien commun, en œuvrant afin de faire en sorte que ne se diffusent, ni ne se renforcent des idéologies qui peuvent obscurcir ou égarer les consciences et véhiculer une vision illusoire de la vérité et du bien. Il existe par exemple dans le domaine économique une tendance qui confond le bien avec le profit et de cette manière, dissout la force de l'ethos de l'intérieur, en finissant par menacer le profit lui-même. Certains estiment que la raison humaine est incapable de saisir la vérité et, donc, de poursuivre le bien correspondant à la dignité de la personne. Il y a ensuite ceux qui trouvent légitime l'élimination de la vie humaine dans sa phase prénatale ou dans la phase terminale. La crise que connaît la famille, cellule fondamentale de la société fondée sur le mariage indissoluble d'un homme et d'une femme, est également préoccupante. L'expérience démontre que lorsque l'on porte atteinte à la vérité de l'homme, lorsque la famille est minée dans ses fondements, la paix même est menacée, le droit risque d'être compromis, entraînant comme conséquence logique d'aller à l'encontre d'injustices et de violences.
Il y a un autre domaine qui vous tient à cœur : celui de la défense de la liberté religieuse, droit fondamental inaliénable et inviolable, enraciné dans la dignité de tout être humain et reconnu par divers documents internationaux, parmi lesquels, notamment, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. L'exercice de cette liberté inclut également le droit de changer de religion, qui doit être garanti non seulement juridiquement, mais également dans la pratique quotidienne. La liberté religieuse répond, en effet, à l'ouverture intrinsèque de la créature humaine à Dieu, pleine Vérité et Bien suprême et sa mise en valeur constitue une expression fondamentale du respect de la raison humaine et de sa capacité de vérité. L'ouverture à la transcendance constitue une garantie indispensable pour la dignité humaine, parce que certains élans et certaines exigences du cœur de toute personne ne trouvent qu'en Dieu une compréhension et une réponse. On ne peut donc pas exclure Dieu de l'horizon de l'homme et de l'histoire! Voilà pourquoi il faut accueillir le désir commun à toutes les traditions authentiquement religieuses de montrer publiquement leur identité, sans être contraintes à la cacher ou à la camoufler.
La doctrine sociale de l'Eglise catholique offre, des éléments de réflexion utiles pour promouvoir la sécurité et la justice, tant au niveau national qu'international, à partir de la raison, du droit naturel et également de l'Evangile, c'est-à-dire à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain et la transcende également. L'Eglise sait qu'il n'est pas de son devoir de faire elle-même valoir sa doctrine d'un point de vue politique: du reste, son objectif est de servir à la formation de la conscience dans la politique et de contribuer à ce que grandisse la perception des vraies exigences de la justice, ainsi que la disponibilité à agir sur la base de celles-ci, également lorsque cela s'oppose à des situations d'intérêt personnel (cf. Deus Caritas est, n. 28). Dans cette mission qui est la sienne, l'Eglise est mue par l'amour de Dieu et de l'homme et par le désir de collaborer avec toutes les personnes de bonne volonté pour construire un monde où soient sauvegardés la dignité et les droits inaliénables de toutes les personnes. A tous ceux qui partagent la foi dans le Christ, l'Eglise demande d'en témoigner aujourd'hui, avec encore plus de courage et de générosité. La cohérence des chrétiens est en effet indispensable également dans la vie politique, pour que le "sel" de l'engagement apostolique ne perde pas sa "saveur" et que la "lumière" des idéaux évangéliques ne soit pas assombrie dans leur action quotidienne.
4 octobre 2007 - Au Nouvel Ambassadeur d'Italie près le Saint-Siège
Je forme de tout cœur le vœu que la collaboration entre toutes les composantes de la bien-aimé nation que vous représentez, contribue non seulement à préserver jalousement l'héritage culturel et spirituel qui vous caractérise et qui est une partie intégrante de votre histoire, mais soit encore plus un encouragement à rechercher des voies nouvelles pour affronter de façon adéquate les grands défis qui caractérisent l'époque post-moderne. Parmi ceux-ci, je me limite à citer la défense des droits de la personne et de la famille, la construction d'un monde solidaire, le respect de la création, le dialogue interculturel et interreligieux.
A cet égard, Monsieur l'Ambassadeur, vous avez voulu souligner que l'harmonie entre l'Etat et l'Eglise ont permis d'atteindre des objectifs importants en vue de promouvoir un humanisme intégral. Certes, il reste beaucoup à faire, et le 60 anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme, qui sera célébré l'an prochain, pourra constituer une occasion utile pour l'Italie d'offrir sa contribution à la création, dans le domaine international, d'un ordre juste au centre duquel existe toujours le respect pour l'homme, pour sa dignité et pour ses droits inaliénables. C'est à cela que je faisais référence dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de cette année, en disant: "Cette Déclaration est vue comme une sorte d'engagement moral assumé par l'humanité tout entière. Cela comporte une vérité profonde, surtout si les droits décrits dans la Déclaration sont considérés comme ayant leur fondement non seulement dans la décision de l'assemblée qui les a approuvés, mais dans la nature même de l'homme et dans sa dignité inaliénable de personne créée par Dieu". Je soulignais ensuite qu'"il est donc important que les Organisations internationales ne perdent pas de vue le fondement naturel des droits de l'homme. Cela les soustraira au risque, malheureusement toujours latent, de glisser vers une interprétation qui serait uniquement positiviste. Si cela devait arriver, les Organismes internationaux seraient privés de l'autorité nécessaire pour jouer leur rôle de défenseur des droits fondamentaux de la personne et des peuples, principale justification de leur raison d'être et d'agir" (n. 13). L'Italie, en vertu de sa récente élection en tant que membre du Conseil des Droits de l'homme et encore plus en vertu de sa tradition particulière d'humanité et de générosité, ne peut manquer de se sentir engagée dans une œuvre inlassable d'édification de la paix et de défense de la dignité de la personne humaine et de tous ses droits inaliénables, y compris celui de la liberté religieuse.
5 octobre 2007 - Aux membres de la Commission Théologique Internationale
Lorsque les exigences fondamentales de la dignité de la personne humaine, de sa vie, de l'institution familiale, de la justice, de l'organisation sociale, c'est-à-dire les droits fondamentaux de l'homme, sont en jeu, aucune loi faite par les hommes ne peut renverser la règle écrite par le Créateur dans le coeur de l'homme, sans que la société elle-même ne soit dramatiquement frappée dans ce qui constitue sa base incontournable. La loi naturelle devient ainsi la véritable garantie offerte à chacun pour vivre libre et respecté dans sa dignité et à l'abri de toute manipulation idéologique et de toute décision arbitraire ou d'abus du plus fort. Personne ne peut se soustraite à cet appel. Si, en raison d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme et le relativisme éthique parvenaient à effacer les principes fondamentaux de la loi morale naturelle, l'ordre démocratique lui-même serait radicalement blessé dans ses fondements. Contre cet obscurcissement, qui est à la base de la crise de la civilisation humaine, avant même que chrétienne, il faut mobiliser toutes les consciences des hommes de bonne volonté, laïcs ou appartenant à des religions différentes du christianisme, pour qu'ensemble et de manière concrète, ils s'engagent à créer, dans la culture et dans la société civile et politique, les conditions nécessaires pour une pleine conscience de la valeur inaliénable de la loi morale naturelle. C'est en effet du respect de celle-ci que dépend le développement des individus et de la société sur la voie de l'authentique progrès, conformément à la juste raison, qui est une participation à la Raison éternelle de Dieu.
2008
17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
Sommes-nous attentifs aux avertissements qui nous sont lancés parce que nous avons tournés le dos à la structure morale dont Dieu a doté l'humanité (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2007, 8) ? Savons-nous reconnaître que la dignité innée de tout individu s'appuie sur son identité la plus profonde, étant image du Créateur, et que, par conséquent, les droits humains sont universels et se basent sur la loi naturelle, et qu'ils ne dépendent ni des négociations ni de la condescendance, et bien moins encore des compromis ? C'est ainsi que nous sommes amenés à réfléchir sur la place qu'occupent dans nos sociétés les indigents, les personnes âgées, les immigrés, les sans-voix. Comment se fait-il que la violence domestique tourmente tant de mères et d'enfants ? Comment se fait-il que l'espace humain, le plus beau et le plus sacré qu'est le sein maternel, soit devenu un lieu de violence indicible ?
La création de Dieu est unique et elle est bonne. Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d'une importance vitale pour l'humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu'à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable. Notre monde en a assez de l'avidité, de l'exploitation et de la division, de l'ennui des fausses idoles et des réponses partielles, ainsi que des fausses promesses. Notre cœur et notre esprit aspirent à une vision de la vie où règne l'amour, où les dons sont partagés, où l'unité se construit, où la liberté trouve sa propre signification dans la vérité, et où l'identité se trouve dans une communion respectueuse.