Benoît XVI de A à Z

Visage de Dieu


2005

30 mai 2005 – Aux Evêques d’Italie

      Vous placez à juste titre à la base de tout la contemplation de Jésus Christ et, en Lui, du vrai visage de Dieu le Père, le rapport vivant et quotidien avec Lui. En effet, c'est là que se trouve l'âme et la force secrète de l'Eglise, la source efficace de notre apostolat. C'est surtout dans le mystère de l'Eucharistie que nous-mêmes, nos prêtres et tous nos fidèles pouvons vivre en plénitude ce rapport avec le Christ:  dans ce mystère, il devient tangible parmi nous, se donne toujours à nouveau, devient nôtre afin que nous devenions siens et apprenions son amour. …

     …En contemplant le visage du Christ, et dans le Christ le visage du Père, la Très Sainte Vierge nous précède, nous soutient et nous accompagne. L'amour et la dévotion pour la Mère du Seigneur, … sont un héritage précieux que nous devons toujours cultiver et une grande ressource également en vue de l'évangélisation. Chers frères, sur ces bases, nous pouvons vraiment proposer à nous-mêmes et à nos fidèles la vocation à la sainteté, comme "haut degré de la vie chrétienne ordinaire", selon l'heureuse expression de Jean-Paul II dans Novo millennio ineunte (n. 37):  l'Esprit Saint vient en effet en nous, par le Christ et le Père, précisément pour nous introduire dans le mystère de la vie et de l'amour de Dieu, au-delà de toute force et de toute attente humaine.

 

6 juin 2005 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Mariage et famille ne sont pas en réalité une construction sociologique due au hasard, et fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l'homme et la femme plonge ses racines dans l'essence la plus profonde de l'être humain et ne peut trouver sa réponse qu'à partir de là. C'est-à-dire qu'elle ne peut être séparée de la question ancienne et toujours nouvelle de l'homme sur lui-même:  qui suis-je? Qu'est-ce que l'homme? Et cette question, à son tour, ne peut être séparée de l'interrogation sur Dieu:  Dieu existe-t-il? Et qui est Dieu? Quel est son visage véritable? La réponse de la Bible à ces deux questions les unit et en fait une conséquence l'une de l'autre:  l'homme est créé à l'image de Dieu, et Dieu lui-même est amour. C'est pourquoi la vocation à l'amour est ce qui fait de l'homme l'authentique image de Dieu:  il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu'un qui aime.

 

 

     Au centre de l'oeuvre éducative, et en particulier dans l'éducation à la foi, qui est le sommet de la formation de la personne et son horizon le plus adapté, se trouve de manière concrète la figure du témoin:  il devient un point de référence précisément dans la mesure où il sait rendre raison de l'espérance qui soutient sa vie (cf. 1 P 3, 15), il est personnellement concerné par la vérité qu'il propose. D'autre part, le témoin ne renvoie jamais à lui-même mais à quelque chose, ou mieux, à Quelqu'un plus grand que lui, qu'il a rencontré et dont il a éprouvé la bonté à laquelle on peut faire confiance. Ainsi, chaque éducateur et témoin trouve son modèle indépassable en Jésus Christ, le grand témoin du Père, qui ne disait rien de lui-même, mais qui parlait comme le Père le lui avait enseigné (cf. Jn 8, 28).

 

     Tel est le motif pour lequel à la base de la formation de la personne chrétienne et de la transmission de la foi se trouve nécessairement la prière, l'amitié personnelle avec le Christ et la contemplation en Lui du visage du Père. Cela vaut évidemment pour tout notre engagement missionnaire, en particulier pour la pastorale de la famille:  que la Famille de Nazareth soit donc pour nos familles et pour nos communautés l'objet d'une prière constante et confiante, ainsi qu'un modèle de vie.

 

 

7 août 2005 – Angelus

 Qui, mieux que Marie, peut nous enseigner à adorer le Christ? Qu'Elle aide en particulier les nouvelles générations à reconnaître dans le Christ le véritable visage de Dieu, à l'adorer, à l'aimer et à le servir avec un dévouement total.  

 

 

 

15 août 2005 – homélie de la Messe de l’Assomption

Dans l'Evangile, nous avons entendu le Magnificat, cette grande poésie qui s'est élevée des lèvres, et plus encore du coeur de Marie, inspirée par l'Esprit Saint. Dans ce chant merveilleux se reflète toute l'âme, toute la personnalité de Marie. Nous pouvons dire que son chant est un portrait, une véritable icône de Marie, dans laquelle nous pouvons la voir exactement telle qu'elle est. Je voudrais souligner uniquement deux points de ce grand chant. Celui-ci commence par la parole "Magnificat":  mon âme "magnifie" le Seigneur, c'est-à-dire "proclame la grandeur" du Seigneur. Marie désire que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans sa vie, soit présent parmi nous tous. Elle n'a pas peur que Dieu puisse être un "concurrent" dans notre vie, qu'il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, par sa grandeur. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n'est pas opprimée, mais est élevée et élargie:  ce n'est qu'alors qu'elle devient grande dans la splendeur de Dieu.

Le fait que nos ancêtres pensaient le contraire, constitua le noyau du péché originel. Ils craignaient que si Dieu avait été trop grand, il aurait ôté quelque chose à leur vie. Ils pensaient devoir mettre Dieu de côté pour avoir de la place pour eux-mêmes. Telle a été également la grande tentation de l'époque moderne, des trois ou quatre derniers  siècles.  On a toujours plus pensé et dit:  "Mais ce Dieu ne nous laisse pas notre liberté, il rend étroit l'espace de notre vie avec tous ses commandements. Dieu doit donc disparaître; nous voulons être autonomes, indépendants. Sans ce Dieu, nous serons nous-mêmes des dieux, et nous ferons ce que nous voulons". Telle était également la pensée du fils prodigue, qui ne comprit pas que, précisément en vertu du fait d'être dans la maison du père, il était "libre". Il partit dans des pays lointains et consuma la substance de sa vie. A la fin, il comprit que, précisément parce qu'il s'était éloigné du père, au lieu d'être libre, il était devenu esclave; il comprit que ce n'est qu'en retournant à la maison du Père qu'il pouvait être véritablement libre, dans toute la splendeur de la vie. Il en est de même à l'époque moderne. Avant, on pensait et on croyait que, ayant mis Dieu de côté et étant autonomes, en suivant uniquement nos idées, notre volonté, nous serions devenus réellement libres, nous aurions pu faire ce que nous voulions sans que personne ne nous donne aucun ordre. Mais là où Dieu disparaît, l'homme ne devient pas plus grand; il perd au contraire sa dignité divine, il perd la splendeur de Dieu sur son visage. A la fin, il n'apparaît plus que le produit d'une évolution aveugle, et, en tant que tel, il peut être usé et abusé. C'est précisément ce que l'expérience de notre époque a confirmé.

Ce n'est que si Dieu est grand que l'homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent; faire en sorte qu'Il soit grand dans notre vie; ainsi, nous aussi, nous devenons divins; toute la splendeur de la dignité divine nous appartient alors. Appliquons cela à notre vie. Il est important que Dieu soit grand parmi nous, dans la vie publique et dans la vie privée. Dans la vie publique, il est important que Dieu soit présent, par exemple, à travers la Croix, dans les édifices publics, que Dieu soit présent dans notre vie commune, car ce n'est que si Dieu est présent que nous pouvons suivre une orientation, une route commune; autrement, les différences deviennent inconciliables, car il n'existe pas de reconnaissance de notre dignité commune. Rendons Dieu grand dans la vie publique et dans la vie privée. Cela veut dire laisser chaque jour un espace à Dieu dans notre vie, en commençant le matin par la prière, puis en réservant du temps à Dieu, en consacrant le dimanche à Dieu. Nous ne perdons pas notre temps libre si nous l'offrons à Dieu. Si Dieu entre dans notre temps, tout notre temps devient plus grand, plus ample, plus riche.

 

 

18 août 2005 – JMJ Cologne - Discours d’accueil des jeunes

     Vous êtes venus, vous faisant pèlerins à la suite des Mages. En suivant leurs traces, vous voulez découvrir Jésus. Vous avez accepté de vous mettre en route, pour venir, vous aussi, contempler personnellement, et en même temps de manière communautaire, le visage de Dieu qui se révèle dans l'Enfant de la crèche. Comme vous, je me suis mis, moi aussi, en route, pour venir, avec vous, m'agenouiller devant la blanche hostie consacrée, dans laquelle les yeux de la foi reconnaissent la présence réelle du Sauveur du monde. "Nous sommes venus l'adorer" (Mt 2, 2).

 

    Chers jeunes, le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage:  celui de Jésus de Nazareth, caché dans l'Eucharistie. Lui seul donne la plénitude de vie à l'humanité! Avec Marie, donnez votre "oui" à ce Dieu qui se propose de se donner à vous. Je vous redis aujourd'hui ce que j'ai dit au début de mon pontificat:  "Celui qui laisse entrer le Christ dans sa vie ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Ce n'est qu'avec cette amitié que s'ouvrent en grand les portes de la vie. Ce n'est qu'avec cette amitié qu'on déverrouille réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Ce n'est qu'avec cette amitié que nous faisons l'expérience de ce qui est beau et de ce qui libère". Soyez-en vraiment convaincus:  le Christ n'enlève rien de ce qu'il y a de beau et de grand en vous, mais il mène tout à sa perfection, pour la gloire de Dieu, pour le bonheur des hommes, pour le salut du monde.

 

20 août 2005 – JMJ Cologne - Veillée avec les jeunes

       Ceux qui parlent de Dieu sont nombreux; au nom de Dieu on prêche aussi la haine et on exerce la violence. Il est donc important de découvrir le vrai visage de Dieu. Les Mages d'Orient l'ont trouvé quand ils se sont prosternés devant l'Enfant de Bethléem. "Celui qui m'a vu a vu le Père", disait Jésus à Philippe (Jn 14, 9). En Jésus Christ, qui, pour nous,  a  permis  que  son c½ur soit transpercé, en Lui, est manifesté le vrai visage de Dieu. Nous le suivrons avec la grande foule de ceux qui nous ont précédés. Alors, nous cheminerons sur le juste chemin.

        "En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui" (Mt 2, 11). Chers amis, il ne s'agit pas d'une histoire lointaine, survenue il y a très longtemps. Il s'agit d'une présence. Ici, dans la sainte hostie, Il est devant nous et au milieu de nous. Comme en ce temps-là, il se voile mystérieusement dans un silence sacré et, comme en ce temps-là, se dévoile précisément le vrai visage de Dieu. Il s'est fait pour nous le grain de blé tombé en terre, qui meurt et qui porte du fruit jusqu'à la fin du monde (cf. Jn 12, 24). Il est présent comme en ce temps-là à Bethléem. Il nous invite au pèlerinage intérieur qui s'appelle adoration. Mettons-nous maintenant en route pour ce pèlerinage et demandons-lui de nous guider.

 

4 décembre 2005 – Angelus

     Que Marie nous aide à reconnaître dans le visage de l'Enfant de Bethléem, conçu dans son sein virginal, le divin Rédempteur venu dans le monde pour nous révéler le visage authentique de Dieu.

 

 

 

 

2006

 

1er janvier 2006 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     À tout bien considérer, le nihilisme et le fondamentalisme ont un rapport erroné à la vérité: les nihilistes nient l'existence de toute vérité, les fondamentalistes ont la prétention de pouvoir l'imposer par la force. Tout en ayant des origines différentes et tout en étant des manifestations qui s'inscrivent dans des contextes culturels divers, le nihilisme et le fondamentalisme ont en commun un dangereux mépris pour l'homme et pour sa vie, et, en dernière analyse, pour Dieu lui-même. En effet, à la base de cette tragique issue commune il y a, en définitive, l'altération de la pleine vérité de Dieu: le nihilisme en nie l'existence et la présence providentielle dans l'histoire; le fondamentalisme fanatique en défigure le visage aimant et miséricordieux, Lui substituant des idoles faites à son image.

 

8 janvier 2006 – Homélie Messe Baptêmes – Chapelle Sixtine

     Le visage de Dieu, le contenu de cette culture de la vie, le contenu de notre grand « oui », s'exprime dans les dix commandements, qui ne sont pas un ensemble d'interdits, de « non », mais qui représentent en réalité une grande vision de vie. Ils sont un « oui » à un Dieu qui donne sens à l'existence (les trois premiers commandements); « oui » à la famille (quatrième commandement); « oui » à la vie (cinquième commandement); « oui » à l'amour responsable (sixième commandement); « oui » à la solidarité, à la responsabilité sociale, à la justice (septième commandement); « oui » à la vérité (huitième commandement); « oui » au respect de l'autre et de ce qui lui est propre (neuvième et dixième commandements). Telle est la philosophie de la vie, telle est la culture de la vie, qui devient concrète, praticable et belle dans la communion avec le Christ, le Dieu vivant, qui marche avec nous dans la compagnie de ses amis, dans la grande famille de l'Eglise. Le Baptême est don de vie. C'est un « oui » au défi de vivre vraiment la vie, en disant « non » à l'attachement de la mort qui se présente sous le masque de la vie; et c'est un « oui » au grand don de la vraie vie qui est présente dans le visage du Christ, qui se donne à nous dans le Baptême, puis dans l'Eucharistie.
 

 

 

Message Carême 2006

     Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l'histoire de l'Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd'hui encore, au temps de l'interdépendance globale, on peut constater qu'aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s'exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d'une attention et d'un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu, comme le disait la bienheureuse Teresa de Calcutta : «La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ». Pour cela il faut faire découvrir Dieu dans le visage miséricordieux du Christ : hors de cette perspective, une civilisation ne se construit pas sur des bases solides.

 

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

      Choisir Dieu, donc: tel est l'essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu, perd la vie et tombe dans une culture de la mort. Choisir la vie, faire le choix de la vie, signifie donc avant tout choisir l'option-relation avec Dieu. Mais ici, naît aussitôt la question: avec quel Dieu? Ici, à nouveau, l'Evangile nous vient en aide: avec ce Dieu qui nous a montré son visage dans le Christ, avec le Dieu qui a vaincu la haine sur la Croix, c'est-à-dire dans l'amour jusqu'à la fin. Ainsi, en choisissant ce Dieu, nous choisissons la vie. ..

 

      Aider à faire un véritable choix pour la vie, renouveler la relation avec Dieu comme la relation qui nous donne la vie et nous indique la voie vers la vie. Et ainsi, aimer à nouveau le Christ qui, de l'Etre le plus inconnu auquel nous n'arrivions pas et qui demeurait énigmatique, est devenu un Dieu connu, un Dieu au visage humain, un Dieu qui est amour.

 

     L'option chrétienne est, au fond, très simple: il s'agit de l'option du "oui" à la vie. Mais ce "oui" ne se réalise qu'avec un Dieu qui n'est pas inconnu, avec un Dieu au visage humain. Il se réalise en suivant ce Dieu dans la communion de l'amour.

 

2 avril 2006 – Aux pélerins francophones, au terme de l’Angelus

     Soyez toujours d’authentiques chercheurs du Visage du Seigneur, en vous mettant généreusement à la suite pour le servir

 

 

 

6 avril 2006 -  Rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, Place Saint Pierre

      Connaître Dieu, reconnaître que Dieu est présent dans ma vie, et que Dieu joue un rôle. Si nous reconnaissons que Dieu est présent, que notre liberté est une liberté partagée avec les autres et qu'il doit donc y avoir un paramètre commun pour construire une réalité commune, cela soulève la question : quel Dieu ? Il existe en effet tant de fausses images de Dieu, d'un Dieu violent, etc.

     Il nous faut reconnaître le Dieu qui nous a montré son Visage en Jésus, qui a souffert pour nous, qui nous a aimés jusqu'à la mort et ainsi, a vaincu la violence. Il faut rendre présent, avant tout dans notre "propre vie", le Dieu vivant, le Dieu qui n'est pas un inconnu, un Dieu inventé, un Dieu uniquement pensant, mais un Dieu qui s'est montré, qui s'est révélé, et qui a révélé son Visage. Ce n'est qu'ainsi que notre vie devient véritable, authentiquement humaine et ainsi également, les critères du véritable humanisme deviennent présents dans la société.

 

 

 

29 juin 2006 - Homélie de la Messe Sts Pierre et Paul

    « Toi donc, quand tu seras revenu » (Lc 22.32) - cette parole est à la foi une prophétie et une promesse. Elle prophétise la faiblesse de Simon qui, devant une servante et un serviteur, niera connaître Jésus. A travers cette chute, Pierre - et avec lui chacun de ses successeurs - doit apprendre que sa propre force ne suffit pas à elle seule à édifier et à guider l'Eglise du Seigneur. Personne n'y réussit seul. Pour autant que Pierre semble capable et bon - dès le premier instant de l'épreuve, il échoue. « Toi donc, quand tu seras revenu » - le Seigneur, qui prédit sa chute, lui promet également la conversion: « Le Seigneur, se retournant, fixa son regard sur Pierre... » (Lc 22, 61). Le regard de Jésus réalise la transformation et devient le salut de Pierre: Lui, « sortant dehors [...] pleura amèrement » (22, 62). Nous voulons implorer sans cesse à nouveau ce regard sauveur de Jésus : pour tous ceux qui, dans l'Eglise, ont une responsabilité; pour tous ceux qui souffrent des confusions de notre temps; pour les grands et les petits: Seigneur, regarde-nous sans cesse et relève-nous de toutes nos chutes et prends-nous entre tes mains bienveillantes.
 

 

 

1er septembre 2006 – Sanctuaire de la Sainte Face de Manopello

     J'adresse une salutation particulière aux jeunes et aux enfants qui font leur Première Communion. Merci de votre enthousiasme, de votre foi. Nous tous, …, « nous cherchons le Visage du Seigneur ». …. Essayons ensemble de toujours mieux connaître le visage du Seigneur et du visage du Seigneur puisons cette force d'amour et de paix qui nous montre aussi le chemin de notre vie..

 

     Lorsque je priais tout à l'heure, je pensais aux deux premiers Apôtres, qui, sur l'invitation de Jean-Baptiste, suivirent Jésus près du Jourdain - comme nous le lisons au début de l'Evangile de Jean (cf. Jn 1, 35-37). L'évangéliste rapporte que Jésus se tourna vers eux et leur demanda: « Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent: « Rabbi, où demeures-tu ? ». Il dit alors : « Venez et voyez » (cf. Jn 1, 38-39). Ce même jour, les deux disciples qui Le suivirent vécurent une expérience inoubliable, qui les amena à affirmer : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41). Celui que, quelques heures auparavant, ils considéraient comme un simple « rabbi », avait acquis une identité bien précise, celle du Christ attendu depuis des siècles. Mais, en réalité, que de route ces disciples avaient encore devant eux ! Ils ne pouvaient pas même imaginer combien le mystère de Jésus de Nazareth pouvait être profond ; combien sa « face » pouvait se révéler insondable, impénétrable. Si bien que, après avoir vécu trois ans ensemble, Philippe, l'un d'eux, s'entendra dire au cours de la Dernière Cène: « Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? ». Et ensuite, ces paroles qui expriment toute la nouveauté de la révélation de Jésus: « Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).

 

    « Qui m'a vu a vu le Père ». Oui, chers frères et s½urs, pour « voir Dieu », il faut connaître le Christ et se laisser façonner par son Esprit qui guide les croyants « à la vérité tout entière » (cf. Jn 16, 13). Celui qui rencontre Jésus, qui se laisse attirer par Lui et qui est disposé à le suivre jusqu'au sacrifice de sa vie, fait personnellement l'expérience, comme Lui l'a faite sur la croix, que seul le « grain de blé » qui tombe en terre et meurt porte « beaucoup de fruit » (cf. Jn 12, 24). Telle est la voie du Christ, la voie de l'amour total qui vainc la mort: celui qui la parcourt et « hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle » (Jn 12, 25). C'est-à-dire qu'il vit déjà en Dieu sur cette terre, attiré et transformé par la splendeur de sa face. Telle est l'expérience des vrais amis de Dieu, les saints, qui ont reconnu et aimé chez leurs frères, en particulier les pauvres et les indigents, la face de ce Dieu longuement contemplée avec amour dans la prière. Ils constituent pour nous des exemples encourageants à imiter; ils nous assurent que si nous parcourons fidèlement cette voie, la voie de l'amour, nous aussi - comme le chante le Psalmiste - nous nous rassasierons de la présence de Dieu (cf. Ps 16 [17], 15).

 

     « Jesu... quam bonus te quaerentibus ! - Comme tu es bon Jésus, pour celui qui te cherche ! »: …. C'est un hymne qui …fait penser au Psaume 23 [24]: « Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face ! » (v. 6). Mais quel est le « peuple » qui cherche la face du Seigneur, quel peuple est digne de « gravir la montagne du Seigneur », de se « tenir dans son lieu saint »? Le Psalmiste explique: ce sont ceux qui ont « des mains innocentes et un c½ur pur », qui ne prononcent pas de mensonges, qui ne font pas de faux serments au détriment de leur prochain (cf. vv. 3-4). Pour entrer en communion avec le Christ et contempler Sa face, pour reconnaître la face du Seigneur dans celle de nos frères dans les événements de chaque jour, il faut donc « des mains innocentes et des c½urs purs ». Des mains innocentes, c'est-à-dire des existences illuminées par la vérité de l'amour qui vainc l'indifférence, le doute, le mensonge et l'égoïsme ; des c½urs purs sont nécessaires, des c½urs ravis par la beauté divine,…des c½urs qui portent le visage du Christ imprimé en eux…

 

      Chers prêtres, si la sainteté de sa Face reste imprimée en vous, pasteurs du troupeau du Christ, n'ayez crainte, les fidèles confiés à vos soins seront eux aussi gagnés par elle et transformés. Et vous, séminaristes, qui vous préparez à être des guides responsables du peuple chrétien, ne vous laissez attirer par rien d'autre que par Jésus et par le désir de servir son Eglise. Je voudrais vous en dire tout autant, religieux et religieuses, pour que chacune de vos activités soit un reflet visible de la bonté et de la miséricorde divine. « C'est ta face, Seigneur, que je cherche »: rechercher la face de Jésus doit être l'aspiration de nous tous qui sommes chrétiens; nous sommes en effet « le peuple » qui, à cette époque, recherche la face du Seigneur, la face du « Dieu de Jacob ». Si nous persévérons dans la recherche de la face du Seigneur, au terme de notre pèlerinage terrestre, ce sera Lui, Jésus, notre joie éternelle, notre récompense et notre gloire pour toujours

 

 

 

 

 

9 octobre 2006 – Aux Evêques du Canada-Occidental en Visite Ad Limina

     La perte du sens du péché, … : Cette priorité pastorale reflète l'espérance ardente que les fidèles fassent l'expérience de l'amour infini de Dieu comme un appel à renforcer leur unité ecclésiale et à surmonter la division et la fragmentation qui, si souvent, blessent les familles et les communautés d'aujourd'hui. De ce point de vue, la responsabilité de l'Evêque d'indiquer la présence destructrice du péché est déjà envisagée comme un service d'espérance: elle renforce les croyants afin qu'ils évitent le mal et choisissent la perfection de l'amour et la plénitude de la vie chrétienne. Je désire donc louer votre promotion du sacrement de la Pénitence. Tandis que ce sacrement est souvent considéré avec indifférence, ce qu'il produit est précisément la plénitude de la guérison à laquelle nous aspirons. Une appréciation renouvelée de ce Sacrement confirmera que le temps passé au confessionnal sépare le mal du bien, fait renaître la vie après la mort et révèle à nouveau le visage miséricordieux du Père.

 

 

 

 

14 octobre 2006 – Aux groupes de prière et ½uvrent de Padre Pio

     Le binôme prière et charité, Dieu et notre prochain. L'Evangile ne permet pas d'échappatoire: celui qui s'adresse au Dieu de Jésus Christ est poussé à servir ses frères, et vice-versa celui qui se consacre aux pauvres y découvre le mystérieux visage de Dieu.

 

 

19 octobre 2006 – Discours au Congrès de l’Eglise Italienne, à Verona

        Je voudrais souligner comment… doit …apparaître ce grand «oui» qu'en Jésus Christ Dieu a dit à l'homme et à sa vie, à l'amour humain, à notre liberté et à notre intelligence ; comment la foi dans le Dieu au visage humain apporte la joie dans le monde.

 

 

 

21 octobre 2006 – Discours à l’Université Pontificale du Latran

     Le croyant sait que ce Dieu a un visage et qu'une fois pour toute, avec Jésus Christ, il s'est fait proche de chaque homme

 

 

 

 

 

 

 

 

3 novembre 2006 – A l’Université Pontificale Grégorienne

     L'effort de l'étude et de l'enseignement, pour posséder un sens en relation avec le Royaume de Dieu, doit être soutenu par les vertus théologales. En effet, l'objet direct de la science théologique, dans ses diverses spécificités, est Dieu lui-même, qui s'est révélé en Jésus Christ, Dieu avec un visage humain.

 

 

 

7 novembre 2006 – Homélie de la Messe avec les Evêques de Suisse- Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican

     Précisément à notre époque, nous connaissons très bien le "non" prononcé par ceux qui ont été invités en premier. En effet, les chrétiens d'Occident, c'est-à-dire les nouveaux "premiers invités", se dérobent aujourd'hui en grand nombre, ils n'ont pas le temps d'aller vers le Seigneur. Nous connaissons bien les Eglises qui se vident toujours plus, les séminaires qui continuent de se vider, les maisons religieuses qui se vident toujours plus ; nous connaissons toutes les formes sous lesquelles se présente ce "non, j'ai d'autres choses importantes à faire". Et cela nous fait peur et nous bouleverse d'être témoins de ces invités qui s'excusent et se dérobent, et qui en réalité, devraient comprendre la grandeur de l'invitation et devraient se presser dans cette direction. Mais que devons-nous faire.

 

     Nous devons avant tout nous poser une question : pourquoi cela a-t-il précisément lieu ? Dans sa parabole, le Seigneur cite deux raisons : la possession et les relations humaines, qui absorbent tellement les personnes qu'elles considèrent qu'elles n'ont plus besoin de rien d'autre pour remplir totalement leur temps et donc leur existence intérieure. Saint Grégoire le Grand, dans sa présentation de ce texte, a tenté d'aller plus loin et s'est demandé: mais comment est-il possible qu'un homme dise "non" à ce qu'il y a de plus grand; qu'il n'ait pas de temps pour ce qui est plus important, qui contient en soi sa propre existence ? Et il répond : En réalité, les hommes n'ont jamais fait l'expérience de Dieu ; ils n'ont jamais "goûté" à Dieu, ils n'ont jamais ressenti combien il est délicieux d'être "touché" par Dieu ! Il leur manque ce "contact" et, à travers cela, le "goût de Dieu". Ce n'est que si, pour ainsi dire, nous le goûtons que nous venons alors au banquet. Saint Grégoire cite le Psaume, … : goûtez et dégustez, et voyez ; goûtez, et alors, vous verrez et vous serez illuminés ! Notre devoir est d'aider les personnes à pouvoir goûter, afin qu'elles puissent sentir à nouveau le goût de Dieu. Dans une autre homélie, saint Grégoire le Grand a approfondi plus encore la même question, et s'est demandé : Comment se fait-il que l'homme ne veuille pas même "goûter" Dieu ? Et il répond : lorsque l'homme est occupé entièrement par son monde, par les choses matérielles, par ce qu'il peut faire, par tout ce qu'il peut réaliser pour connaître le succès, par tout ce qu'il peut produire ou comprendre, alors, sa capacité de perception à l'égard de Dieu s'affaiblit, l'organe qui perçoit Dieu dépérit, devient incapable de percevoir et insensible. Il ne perçoit plus le Divin, car l'organe correspondant en lui s'est desséché, il ne n'est plus développé. Lorsqu'il utilise trop les autres organes, ceux empiriques, alors, il peut advenir que précisément le sens de Dieu s'affaiblisse ; que cet organe meure ; et que l'homme, comme le dit saint Grégoire, ne perçoive plus le regard de Dieu, le fait d'être regardé par Lui - cette chose précieuse qu'est son regard qui se pose sur moi !

 

     Je pense que saint Grégoire le grand a décrit exactement la situation de notre époque - en effet, il s'agissait d'une époque très semblable à la nôtre. Et la question se pose encore : que devons-nous faire ? Je pense que la première chose est …: "Ayez en vous les mêmes sentiments qui sont dans Jésus Christ ! - Touto phroneite en hymin ho kai en Christo Iesou". Apprenez à penser comme a pensé le Christ, apprenez à penser avec Lui ! Et cette façon de penser n'est pas seulement celle de l'esprit, mais également une pensée du c½ur. Nous apprenons les sentiments de Jésus Christ lorsque nous apprenons à penser avec Lui et donc, lorsque nous apprenons à penser également à son échec et à sa façon de traverser l'échec, à l'accroissement de son amour dans l'échec. Si nous entrons dans ses sentiments, si nous commençons à nous exercer à penser comme Lui et avec Lui, alors se réveille en nous la joie à l'égard de Dieu, la certitude qu'Il est de toute façon le plus fort ; oui, nous pouvons le dire, l'amour pour Lui se réveille en nous. Nous ressentons combien il est beau qu'Il soit là et que nous puissions Le connaître - que nous le connaissions dans le Visage de Jésus Christ, qui a souffert pour nous. Je pense que c'est la première chose : que nous entrions nous-mêmes dans un contact vivant avec Dieu, avec le Seigneur Jésus, le Dieu vivant ; que se renforce en nous l'organe qui perçoit Dieu; que nous portions en nous la perception de son "goût exquis". Cela encourage également notre action ; car nous aussi, nous courons un risque : on peut faire beaucoup, tant de choses, dans le domaine ecclésial, tout pour Dieu... et ce faisant, se tenir totalement à l'écart, sans jamais rencontrer Dieu. L'engagement se substitue à la foi, mais ensuite, se vide de l'intérieur. Je pense donc que nous devrions nous engager surtout dans l'écoute du Seigneur, dans la prière, dans la participation intime aux sacrements, dans l'apprentissage des sentiments de Dieu sur le visage et dans les souffrances des hommes, pour être ainsi contaminés par sa joie, par son zèle, par son amour, et pour regarder avec Lui, et à partir de Lui, le monde. Si nous réussissons à faire cela, alors même au milieu de tant de "non", nous trouverons à nouveau les hommes qui L'attendent et qui sont souvent peut-être insolites - la parabole le dit clairement - mais qui sont tout de même appelés à entrer dans sa salle.

 

     Une fois de plus, en d'autres termes: il s'agit de la place centrale de Dieu, et précisément non pas d'un dieu quelconque, mais du Dieu qui a le visage de Jésus Christ. Cela est important aujourd'hui. Il y a tant de problèmes que l'on pourrait énumérer mais qui - tous - ne peuvent être résolus si Dieu n'est pas placé au centre, si Dieu ne devient pas à nouveau visible dans le monde, s'il ne devient pas déterminant dans notre vie et s'il n'entre pas également à travers nous de façon déterminante dans le monde. C'est en cela, je pense, que se décide aujourd'hui le destin du monde dans cette situation dramatique : si Dieu - le Dieu de Jésus Christ - existe et est reconnu comme tel, ou s'il disparaît. Nous faisons en sorte qu'il soit présent. Que devrions-nous faire ? En ultime analyse ? Nous nous adressons à Lui ! Nous célébrons cette Messe votive de l'Esprit Saint, en L'invoquant : … afin qu'il irrigue, réchauffe, redresse, afin qu'il nous entoure de la force de sa flamme sacrée et qu'il renouvelle la terre.

 

10 décembre 2006 – Homélie consécration de l’église paroissiale Sainte Marie Etoile de l’Evangélisation

       La profession de foi de Pierre est le fondement inébranlable de l'Eglise. Avec Pierre nous disons à Jésus: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant". La Parole de Dieu n'est pas seulement parole. En Jésus Christ celle-ci est présente parmi nous comme Personne. Tel est le but le plus profond de l'existence de cet édifice saint: l'église existe car en elle nous rencontrons le Christ, le Fils du Dieu vivant. Dieu a un visage. Dieu a un nom. Dans le Christ, Dieu s'est fait chair et se donne à nous dans le mystère de la Très Sainte Eucharistie. La Parole est chair. Elle se donne à nous sous les apparences du pain et devient ainsi véritablement le Pain dont nous vivons. Nous les hommes, nous vivons de la Vérité. Cette Vérité est Personne: celle-ci nous parle et nous lui parlons. L'église est le lieu de rencontre avec le Fils du Dieu vivant et, ainsi, elle est le lieu de rencontre entre nous. Telle est la joie que Dieu nous donne: Il s'est fait l'un de nous, que nous pouvons presque toucher et qui vit avec nous. La joie de Dieu est réellement notre force

 

14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Lésotho
    
Dans les visages des personnes malades et mourantes, les chrétiens reconnaissent le visage du Christ, et c'est lui que nous servons lorsque nous apportons notre aide et notre réconfort aux personnes qui souffrent (cf. Mt 25, 31-40).

 

 

 

2007

 

1er janvier 2007 - Homélie de la Messe

     Demandons à Marie, Mère de Dieu, de nous aider à accueillir son Fils et, en Lui, la paix véritable. Demandons-lui d'éclairer nos yeux, pour que nous sachions reconnaître le Visage du Christ dans le visage de toute personne humaine, c½ur de la paix!

 

 

 

 

1er janvier 2007 - Angelus

     La communauté chrétienne, qui ces derniers jours est demeurée en adoration devant la crèche, tourne aujourd'hui son regard avec un amour particulier vers la Vierge Marie. Elle s'identifie à Elle tandis qu'elle contemple l'Enfant nouveau-né, emmailloté dans ses langes et déposé dans la mangeoire. Comme Marie, l'Eglise demeure elle aussi en silence, pour percevoir et garder en son c½ur les échos intérieurs du Verbe fait chair et ne pas perdre la chaleur divine et humaine qui rayonne de sa présence. Il est la Bénédiction de Dieu ! L'Eglise, comme la Vierge, ne fait rien de plus que de montrer à tous Jésus, le Sauveur, et elle reflète sur chacun la lumière de son Visage, splendeur de bonté et de vérité.

 

 

3 janvier 2007 – Audience Générale

     L'Apôtre bien-aimé du Seigneur souligne que des fils, « nous le sommes » (1 Jn 3, 1) : nous ne sommes pas seulement des créatures, mais nous sommes des fils ; de cette manière, Dieu est proche de nous ; de cette manière il nous attire à lui au moment de son incarnation, en se faisant l'un de nous. Nous appartenons donc vraiment à la famille qui a Dieu comme Père, car Jésus, le Fils unique, est venu planter sa tente parmi nous, la tente de sa chair, pour rassembler toutes les nations en une unique famille, la famille de Dieu, appartenant réellement à l'Etre divin, unis en un seul peuple, une seule famille. Il est venu pour nous révéler le véritable visage du Père. Et si, à présent, nous utilisons la Parole de Dieu, il ne s'agit plus d'une réalité connue seulement de loin. Nous connaissons le visage de Dieu : c'est celui du Fils, venu pour rendre les réalités célestes plus proches de nous, de la terre

 

 

6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie

      Nous voyons toujours davantage que nous ne pouvons pas promouvoir seuls la justice et la paix, si ne se manifeste pas à nous la lumière d'un Dieu qui nous montre son visage, qui nous apparaît dans la mangeoire de Bethléem, qui nous apparaît sur la Croix.
 

 

 

 

 

11 février 2007 - Au terme de la Messe en l'honneur de Notre-Dame de Lourdes
     Sur le visage de chaque être humain, encore davantage s'il est éprouvé et défiguré par la maladie, brille le visage du Christ, qui a dit: "Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40).

 

4 mars 2007 - Angelus

     En ce 2e dimanche de Carême, l'évangéliste Luc souligne que Jésus est monté sur la montagne « pour prier » (9,28) avec les apôtres Pierre, Jacques et Jean, et que « pendant qu'il priait » (9,29), survint le mystère lumineux de sa transfiguration. Pour les trois apôtres, monter sur la montagne a ainsi signifié être enveloppés par la prière de Jésus, qui se retirait souvent pour prier, spécialement à l'aube et après le crépuscule, et parfois toute la nuit. Mais c'est seulement cette fois-là, sur la montagne, qu'il a voulu manifester à ses amis la lumière intérieure qui l'emplissait lorsqu'il priait : son visage - lit-on dans l'Evangile - s'éclaira et ses vêtements laissèrent transparaître la splendeur de la Personne divine du Verbe incarné (cf. Lc 9,29).

 

 

25 mars 2007 - Angelus

   L'Annonciation, racontée au début de l'Evangile de saint Luc, est un événement humble, caché - personne ne l'a vu, personne ne l'a connu, sauf Marie - mais en même temps décisif pour l'histoire de l'humanité. Lorsque la Vierge prononça son « oui » à l'annonce de l'Ange, Jésus fut conçu et avec Lui commença la nouvelle ère de l'histoire, qui serait ensuite scellée par la Pâque comme « Alliance nouvelle et éternelle ». En réalité, le « oui » de Marie est le reflet parfait de celui du Christ lui-même lorsqu'il entra dans le monde, comme affirme la Lettre aux Hébreux en interprétant le Psaume 39 : « Alors j'ai dit : Voici, je viens, car c'est de moi qu'il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté » (He 10, 7). L'obéissance du fils se reflète dans l'obéissance de sa Mère et ainsi, grâce à la rencontre de ces deux « oui », Dieu a pu prendre un visage d'homme. C'est la raison pour laquelle l'Annonciation est également une fête christologique, parce qu'elle célèbre un mystère central du Christ : son Incarnation.

 

 

1er avril 2007 – Homélie Messe des Rameaux – XXIIème JMJ

      La procession du Dimanche des Rameaux, est  tout d'abord un joyeux témoignage que nous rendons à Jésus Christ, dans lequel le Visage de Dieu nous a été rendu visible et grâce auquel le c½ur de Dieu nous est ouvert à tous….

 

1er avril 2007 – Homélie Messe des Rameaux – XXIIème JMJ

     Le Psaume 24 (23)interprète la montée intérieure dont la montée extérieure est l'image et il nous explique ainsi encore une fois ce que signifie monter avec le Christ. "Qui peut gravir la montagne du Seigneur ?", demande le Psaume, qui indique deux conditions essentielles. Ceux qui montent et qui veulent vraiment atteindre les hauteurs, arriver jusqu'au véritable sommet, doivent être des personnes qui s'interrogent sur Dieu. Des personnes qui scrutent autour d'elles pour chercher Dieu, pour chercher son Visage. Chers jeunes amis - comme cela est important précisément aujourd'hui:  ne pas se laisser entraîner ici et là dans la vie; ne pas se contenter de ce que tout le monde pense, dit et fait. Scruter Dieu et chercher Dieu. Ne pas laisser que la question sur Dieu se dissolve dans nos âmes. Le désir de ce qui est le plus grand. Le désir de Le connaître - son Visage...

     L'autre condition très concrète pour la montée est la suivante:  celui qui "a les mains innocentes et le c½ur pur" peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes - ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne se sont pas salies par la corruption, les pots-de-vin. Un c½ur pur - quand le c½ur est-il pur? Un c½ur est pur lors qu'il ne fait pas semblant, lorsqu'il ne se tache pas avec le mensonge et l'hypocrisie. C'est un c½ur qui reste transparent comme l'eau d'une source, car il ne connait pas la duplicité. Un c½ur est pur lorsqu'il ne se laisse pas troubler par l'ivresse du plaisir; c'est un c½ur dont l'amour est véritable et pas seulement la passion d'un moment. Des mains innocentes et un c½ur pur:  si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l'homme est destiné:  l'amitié avec Dieu lui-même.

     Le Psaume 24 [23] qui parle de la montée se termine par une liturgie d'entrée devant la porte du temple:  "Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles:  qu'il entre le roi de gloire". Dans l'ancienne liturgie du Dimanche des Rameaux, le prêtre, parvenu devant l'église, frappait puissamment avec un bras de la croix de la procession à la porte encore fermée, qui s'ouvrait alors. C'était une belle image du mystère de Jésus lui-même qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde à la porte de Dieu; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès à Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert toute grande la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. A présent, celle-ci est ouverte. Mais de l'autre côté également, le Seigneur frappe avec sa croix:  il frappe aux portes du monde, aux portes de nos c½urs, qui si souvent et en si grand nombre sont fermées pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi:  si les preuves que Dieu te donne de son existence dans la création ne réussissent pas à t'ouvrir à Lui; si la parole de l'Ecriture et le message de l'Eglise te laissent indifférent - alors regarde-moi, regarde le Dieu qui pour toi a souffert, qui souffre personnellement avec toi - vois que je souffre par amour pour toi ouvre-toi à moi, ton Seigneur et ton Dieu.

     Tel est l'appel, qu'en cette heure, nous laissons pénétrer dans notre c½ur. Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de notre c½ur, la porte du monde, afin que Lui, le Dieu vivant, puisse à travers son Fils arriver dans notre temps, atteindre notre vie.

 

22 avril 207 – Homélie Messe à Pavie

       Dans son livre "Les Confessions", Augustin a illustré de façon touchante le chemin de sa conversion, qui, avec le Baptême qui lui a été administré par l'Evêque Ambroise dans la Cathédrale de Milan, avait atteint son but. Celui qui lit Les Confessions, peut partager le chemin qu'Augustin, dans une longue lutte intérieure, dut parcourir pour recevoir finalement sur les fonts baptismaux, dans la nuit de Pâques 387, le Sacrement qui marqua le grand tournant de sa vie. En suivant attentivement le cours de la vie de saint Augustin, on peut voir que la conversion ne fut pas seulement un événement d'un moment unique, mais précisément un chemin. Et l'on peut voir que ce chemin ne s'est pas arrêté sur les fonts baptismaux. Comme avant le Baptême, de même après celui-ci, la vie d'Augustin est demeurée, bien que de façon diverse, un chemin de conversion - jusque dans la dernière étape de sa maladie, lorsqu'il fit accrocher sur les murs les Psaumes pénitentiels pour qu'il les ait toujours sous les yeux; lorsqu'il s'exclut lui-même du sacrement de l'Eucharistie pour reparcourir encore une fois la voie de la pénitence et recevoir  le  salut  des  mains du Christ comme don des miséricordes de Dieu. Ainsi, nous pouvons à juste titre parler des "conversions" d'Augustin qui, de fait, ont été une unique grande conversion dans la recherche du Visage du Christ, puis dans le chemin parcouru avec Lui.

 

 

22 avril 2007 – Rencontre à l’Université de Pavie    

      Saint Augustin était un homme animé par un inlassable désir de trouver la vérité, de trouver ce qu'est la vie, de savoir comment vivre, de connaître l'homme. Et c'est précisément à cause de sa passion pour l'homme qu'il a cherché Dieu, parce c'est uniquement dans la lumière de Dieu que la grandeur de l'homme également, la beauté de l'aventure d'être un homme peut pleinement apparaître. Ce Dieu lui apparaissait au début très lointain. Puis il l'a trouvé:  ce Dieu grand, inaccessible, s'est fait proche, est devenu l'un de nous. Le grand Dieu est notre Dieu, c'est un Dieu à visage humain. Ainsi la foi dans le Christ n'a pas mis fin à sa philosophie, à son audace intellectuelle, mais au contraire, elle l'a poussé encore davantage à explorer les profondeurs de l'être humain et à aider les autres à bien vivre, à trouver la vie, l'art de vivre. C'est cela qu'était pour lui la philosophie:  savoir vivre, avec toute la raison, avec toute la profondeur de notre pensée, de notre volonté, et se laisser guider sur le chemin de la vérité, qui est un chemin de courage, d'humilité, de purification permanente. La foi dans le Christ a apporté son achèvement à toute la recherche d'Augustin. Un achèvement, toutefois, au sens où il est resté toujours en chemin. Plus encore, il nous dit:  même dans l'éternité notre recherche ne sera pas finie, ce sera une aventure éternelle que de découvrir de nouvelles grandeurs, de nouvelles beautés. Il a interprété la parole du Psaume "Cherchez toujours son visage" et il a dit:  cela vaut pour l'éternité; et la beauté de l'éternité est qu'elle n'est pas une réalité statique, mais un progrès immense dans l'immense beauté de Dieu. Ainsi pouvait-il trouver Dieu comme la raison fondatrice, mais également comme l'amour qui nous embrasse, nous guide et donne sens à l'histoire et à notre vie personnelle.

 

10 mai 2007 – Avec les jeunes, au Brésil

      Vous, les jeunes, vous n'êtes pas seulement l'avenir de l'Eglise et de l'humanité, comme s'il s'agissait d'une sorte de fuite du présent. Au contraire:  vous êtes le présent jeune de l'Eglise et de l'humanité. Vous êtes son visage jeune. L'Eglise a besoin de vous, en tant que jeunes, pour manifester au monde le visage de Jésus Christ, qui se dessine dans la communauté chrétienne. Sans ce visage jeune, l'Eglise se présenterait défigurée.

 

11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.

        Nous rendons grâce à Dieu le Père, à Dieu le Fils, à Dieu l'Esprit Saint, dont nous parviennent, par l'intercession de la Vierge Marie, toutes les bénédictions du ciel; dont nous parvient ce don qui, avec la foi, est la plus grande grâce qui puisse être accordée à une créature:  le désir ferme d'atteindre la plénitude de la charité, dans la conviction que la sainteté non seulement est possible, mais également nécessaire à chacun dans son propre état de vie, pour révéler au monde le véritable visage du Christ, notre ami!

 

 

13 mai 2007 – Homélie Messe inauguration Vème Conf. Générale de l’épiscopat Latino-Américain – Aparecida – Brésil

     L'Esprit accompagne l'Eglise sur le long chemin qui s'étend entre la première et la seconde venue du Christ:  "Je m'en vais et je reviendrai vers vous" (Jn 14, 28), dit Jésus aux Apôtres. Entre l'"aller" et le "retour" du Christ, il y a son Corps; il y a deux mille ans qui se sont déjà écoulés; l'Eglise est allée en pèlerinage en diffusant parmi les croyants la vie du Christ à travers les Sacrements et en semant dans ces terres la bonne semence de l'Evangile, qui a parfois rendu trente, parfois soixante et parfois cent pour un. Temps de l'Eglise, Temps de l'Esprit:  c'est Lui le Maître qui forme les disciples; il leur fait aimer Jésus; il les éduque à l'écoute de sa Parole, à la contemplation de son Visage; il les conforme à son Humanité bienheureuse, pauvre en esprit, affligée, douce, affamée de justice, miséricordieuse, au c½ur pur, artisan de paix, persécutée pour la justice (cf. Mt 5, 3-10).

 

 

 

7 juin 2007 – Homélie Messe Corpus Domini

     Nous marchons sur les routes du monde en sachant qu'Il est à nos côtés, soutenus par l'espérance de pouvoir un jour le voir à visage découvert dans la rencontre définitive.

 

11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran

     Dès le début, les disciples ont reconnu en Jésus ressuscité celui qui est notre frère en humanité, mais qui ne fait également qu'un en Dieu; celui qui, à travers sa venue dans le monde et dans toute sa vie, sa mort et sa résurrection, nous a apporté Dieu, a rendu de façon nouvelle et unique Dieu présent dans le monde, celui donc qui donne une signification et une espérance à notre vie: en lui, en effet, nous rencontrons le véritable visage de Dieu, ce dont nous avons réellement besoin pour vivre.
 

 

17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l’occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.

              Un aspect qui impressionnait les contemporains de François était également son ambition, sa soif de gloire et d'aventure. Ce fut cela qui le conduisit sur les champs de bataille, avant d'être fait prisonnier pendant un an à Pérouse. La même soif de gloire, une fois libre, devait le conduire dans les Pouilles, dans une nouvelle expédition militaire, mais précisément dans cette circonstance, à Spolète, le Seigneur se présenta à son c½ur, le poussa à revenir sur ses pas et à se placer sérieusement à l'écoute de sa Parole. Il est intéressant de noter que le Seigneur a su prendre François dans le sens qui était le sien, celui du désir de s'affirmer, pour lui montrer la voie d'une ambition sainte, projetée sur l'infini: "Qui peut t'être plus utile, le patron ou le serviteur?" (3 Comp 2, 6: FF 1401), fut la question qu'il entendit résonner dans son c½ur. C'est-à-dire: pourquoi te contenter d'être dépendant des hommes, lorsqu'il y a un Dieu qui est prêt à t'accueillir dans sa maison, à son service royal ?
 

     La grâce commençait donc à former François. Il devint toujours plus capable de fixer son regard sur le visage du Christ et d'écouter sa voix. Ce fut à ce moment-là que le Crucifié de saint Damien lui adressa la parole, en l'appelant à une mission audacieuse: "Va François, répare ma maison qui, comme tu le vois, tombe en ruine" (2 Cel I, 6, 10: FF 593). En m'arrêtant ce matin à Saint-Damien, puis dans la Basilique Sainte-Claire, où l'on conserve le Crucifix original qui parla à saint François, j'ai fixé moi aussi mon regard dans les yeux du Christ. C'est l'image du Christ Crucifié-Ressuscité, vie de l'Eglise, qui parle également en nous si nous sommes attentifs, tout comme il y a deux mille ans, il parla à ses apôtres, et il y a huit cents ans, il parla à François. L'Eglise vit continuellement de cette rencontre.
 

 


30 juin 2007 – Audience aux nouveaux Archevêques, à leurs familles et amis

    Ces nouveaux pasteurs métropolitains, en recevant ce symbole pontifical, ressentent le devoir de promouvoir des liens étroits de communion avec le Successeur de Pierre et entre les diocèses suffragants, pour que resplendisse la figure du Christ.

 

24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno

        Il n'existe plus de monde uniforme. En particulier en Occident, où sont présents tous les autres continents, toutes les autres religions, les autres façons de vivre la vie humaine. Nous vivons une rencontre permanente, qui ressemble peut-être à l'Eglise antique, où existait la même situation. Les chrétiens représentaient une très petite minorité, un grain de sénevé qui commençait à croître, entouré par des religions et des conditions de vie très différentes. Nous devons donc réapprendre ce que les chrétiens des premières générations ont vécu. Saint Pierre, dans sa première Lettre, au troisième chapitre, a dit: "Vous devez toujours être prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous". Il a ainsi formulé pour l'homme normal de l'époque, pour le chrétien normal, la nécessité de conjuguer annonce et dialogue. Il n'a pas dit formellement: "Annoncez à chacun l'Evangile". Il a dit: "Vous devez être capables, prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous". Il me semble que cela est la synthèse nécessaire entre dialogue et annonce. Le premier point est qu'en nous-mêmes doit toujours être présente la raison de notre espérance. Nous devons être des personnes qui vivent la foi et qui pensent la foi, qui la connaissent intérieurement. Ainsi, en nous-mêmes, la foi devient raison, devient raisonnable. La méditation de l'Evangile, et donc l'annonce, l'homélie, la catéchèse, pour rendre les personnes capables de penser la foi, constituent déjà des éléments fondamentaux de cette combinaison entre dialogue et annonce. Nous devons nous-mêmes penser la foi, vivre la foi et, en tant que prêtres, trouver différentes façons de la rendre présente, de manière à ce que nos catholiques chrétiens puissent avoir la conviction, la promptitude et la capacité de rendre compte de leur foi. Cette annonce, que la foi transmet dans la conscience d'aujourd'hui, doit revêtir de multiples formes. Sans aucun doute, les homélies et les catéchèses en sont deux formes principales, mais il y a ensuite tant d'autres façons de se rencontrer - séminaires de la foi, mouvements laïcs, etc. - où l'on parle de la foi et où l'on apprend la foi. Tout cela nous rend tout d'abord capables de vivre réellement en étant le prochain des non-chrétiens - en majorité, ce sont ici des chrétiens orthodoxes, des protestants, mais également des fidèles d'autres religions, musulmans et autres. Le premier point est de vivre avec eux, en reconnaissant en eux le prochain, notre prochain. Vivre donc à la première personne l'amour du prochain comme expression de notre foi. Je pense que cela constitue déjà un témoignage très fort et également une forme d'annonce: vivre réellement avec ces autres personnes l'amour du prochain, reconnaître en ceux-ci, en eux, notre prochain, de sorte qu'ils puissent voir: cet "amour du prochain" est pour moi. Si tout cela a lieu, nous pourrons plus facilement présenter la source de notre comportement, c'est-à-dire le fait que l'amour du prochain est l'expression de notre foi. Ainsi, dans le dialogue, on ne peut pas immédiatement passer aux grands mystères de la foi, bien que les musulmans aient déjà une certaine connaissance du Christ, qui nie sa divinité, mais qui reconnaît en Lui au moins un grand prophète. Ils éprouvent de l'amour pour la Vierge. Il existe donc des éléments communs dans la foi, qui constituent des points de départ pour le dialogue. Un élément pratique et réalisable, nécessaire, est surtout de rechercher l'entente fondamentale sur les valeurs de la vie. Ici aussi, nous possédons un trésor commun, car elles proviennent de la religion d'Abraham, réinterprétée, revécue de manières qui sont à étudier, auxquelles nous devons enfin répondre. Mais la grande expérience substantielle, celle des Dix Commandements, est présente et cela me semble un point à approfondir. Passer aux grands mystères me semble un niveau difficile, qui ne se réalise pas dans les grandes rencontres. La semence doit peut-être entrer dans les coeurs, de sorte que la réponse de la foi à travers des dialogues plus spécifiques puisse mûrir ici et là. Mais ce que nous pouvons et devons faire est de rechercher le consensus sur des valeurs fondamentales, exprimées dans les Dix Commandements, résumées dans l'amour du prochain et dans l'amour de Dieu, et ainsi interprétables dans les divers domaines de la vie. Nous nous trouvons tous au moins sur un chemin commun vers le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu qui est finalement le Dieu au visage humain, le Dieu présent en Jésus Christ. Mais si ce dernier pas est plutôt à accomplir lors de rencontres intimes, personnelles ou en petits groupes, le chemin vers ce Dieu, dont proviennent ces valeurs qui rendent possible la vie commune, me paraît également réalisable lors de rencontres plus importantes. Il me semble donc que se réalise ici une forme d'annonce humble, patiente, qui attend, mais qui rend également déjà concrète notre vie selon la conscience illuminée par Dieu.

 

1er septembre 2007 – Rencontre avec 500 000 jeunes au sanctuaire marial de lorette.  

     Prions le Seigneur afin qu'il nous aide à comprendre sa présence, à être emplis de sa Révélation, de sa joie, à nous aider l'un l'autre dans la compagnie de la foi pour aller de l'avant, et trouver toujours davantage avec le Christ le vrai visage de Dieu et ainsi la vie véritable.

 

7 septembre 2007 – Avec les journalises, dans l’avion vers l’Autriche

    Je voudrais dire merci à tous ceux qui ont souffert au cours des dernières années. Je suis d'autant plus reconnaissant à tous - laïcs, religieux et prêtres - qui, dans toutes ces difficultés, sont restés fidèles à l'Eglise, au témoignage de Jésus, et qui, dans l'Eglise des pécheurs, ont toutefois reconnu le Visage du Christ

 

8 septembre 2007 – Homélie Messe au Sanctuaire Marial de Mariazell

     Nous avons besoin de Dieu, de ce Dieu qui nous a montré son visage et ouvert son c½ur:  Jésus Christ.
     "Montre-nous Jésus!". Nous prions ainsi aujourd'hui de tout notre c½ur; nous prions ainsi également en d'autres moments, intérieurement à la recherche du Visage du Rédempteur. "Montre-nous Jésus!". Marie répond, en nous le présentant tout d'abord comme un enfant. Dieu s'est fait petit pour nous. Dieu ne vient pas avec la force extérieure, mais il vient dans l'impuissance de son amour, qui constitue sa force. Il se donne entre nos mains. Il nous demande notre amour. Il nous invite à devenir nous aussi petits, à descendre de nos trônes élevés et à apprendre à être des enfants devant Dieu. Il nous offre le "Toi". Il nous demande d'avoir confiance en Lui et d'apprendre ainsi à vivre dans la vérité et dans l'amour. L'Enfant Jésus nous rappelle naturellement aussi tous les enfants du monde, à travers lesquels il veut venir à notre rencontre. Les enfants qui vivent dans la pauvreté; qui sont exploités comme soldats; qui n'ont jamais pu faire l'expérience de l'amour de leurs parents; les enfants malades et qui souffrent, mais aussi ceux qui sont joyeux et sains. L'Europe est devenue pauvre en enfants:  nous voulons tout pour nous-mêmes, et peut-être n'avons-nous pas tellement confiance en l'avenir. Mais la terre ne sera privée d'avenir que lorsque s'éteindront les forces du c½ur humain et de la raison illuminée par le c½ur - quand le visage de Dieu ne resplendira plus sur la terre. Là où se trouve Dieu, là se trouve l'avenir.

 

 

16 septembre 2007 - Angélus
     C'est beau de penser que dans le monde entier, partout où la communauté chrétienne se rassemble pour célébrer l'Eucharistie du dimanche, résonne en ce jour cette Bonne Nouvelle de vérité et de salut : Dieu est Amour miséricordieux. L'évangéliste Luc a réuni dans ce chapitre trois paraboles sur la Miséricorde divine : les deux plus brèves, qu'il possède en commun avec Matthieu et Marc, sont celles de la brebis perdue et de la pièce de monnaie perdue ; la troisième, plus longue, plus développée et propre à lui seul, est la célèbre parabole du Père miséricordieux, dite habituellement du « fils prodigue ». Dans ce passage de l'Evangile, on a presque l'impression d'entendre la voix de Jésus qui nous révèle le Visage de son Père et de notre Père. Au fond, c'est pour cela qu'Il est venu dans le monde : pour nous parler du Père ; pour nous le faire connaître, à nous, enfants égarés, et ressusciter en nos c½urs la joie de lui appartenir, l'espérance d'être pardonnés et de retrouver notre pleine dignité, le désir d'habiter pour toujours dans sa maison, qui est également notre maison.
 

 

16 septembre 2007 – Après l’Angélus, aux francophones
     Puissiez-vous contempler le Visage miséricordieux de notre Père des cieux, que Jésus nous présente dans la parabole du Fils prodigue. Ainsi, vous serez poussés à vous tourner avec toujours plus de confiance vers Dieu, notamment par le sacrement de la Réconciliation, que je vous invite à pratiquer régulièrement.

 

 

20 septembre 2007 – Aux Evêques du Bénin, en Visite Ad Limina.
    Que les religieux et les religieuses conservent toujours le coeur et le regard fixés sur le Seigneur Jésus, afin que, par leurs oeuvres et par le don total d'eux-mêmes, ils communiquent à tous l'amour de Dieu qu'ils reçoivent dans leur propre existence ! Le service des plus démunis de la société sans distinction, qui est un engagement essentiel pour la plupart d'entre eux, ne doit jamais laisser de côté Dieu et le Christ, qu'il convient d'annoncer, sans pour autant vouloir imposer la foi de l'Église. « Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de Le taire et de ne laisser parler que l'amour » (Deus caritas est, n. 31). J'invite aussi les membres des communautés contemplatives à demeurer, par leur présence discrète, un appel permanent pour tous les croyants à rechercher sans cesse le visage de Dieu et à lui rendre grâces pour tous ses bienfaits.
 

 

22 septembre 2007 Aux nouveaux Évêques nommés au cours de l’année
       Dans les villes où vous vivez et ½uvrez, souvent frénétiques et bruyantes, où l'homme court et s'égare, où l'on vit comme si Dieu n'existait pas, sachez créer des lieux et des occasions de prière, où dans le silence, dans l'écoute de Dieu à travers la lectio divina, dans la prière personnelle et communautaire, l'homme puisse rencontrer Dieu et faire l'expérience vivante de Jésus Christ, qui révèle l'authentique visage du Père.

 

 

 

 

2008

 

9 avril 2008 – Au terme de l’Audience Générale, aux français

     A l'exemple de saint Benoît, donnez une place importante à la prière et à la contemplation du visage du Christ ressuscité présent et agissant dans votre vie.

 

 

9 juin 2008 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     La personne qui prie n'est jamais totalement seule parce que Dieu est le seul qui, dans toutes les situations et au milieu de n'importe quelle épreuve, est toujours en mesure de l'écouter et de l'aider. A travers la persévérance dans la prière le Seigneur élargit notre désir et ouvre notre âme, en nous rendant davantage capables de l'accueillir en nous. La juste manière de prier est cependant un processus de purification intérieure. Nous devons nous exposer au regard de Dieu, à Dieu lui-même et c'est ainsi que, dans la lumière du visage de Dieu, nos mensonges et nos hypocrisies disparaissent. Notre exposition dans la prière au visage de Dieu est réellement une purification qui nous renouvelle, nous libère et nous ouvre non seulement à Dieu, mais également à nos frères. C'est donc le contraire d'une fuite de nos responsabilités envers le prochain. Au contraire, à travers la prière nous apprenons à garder le monde ouvert à Dieu et à devenir des ministres de l'espérance pour les autres.

 

 

17 juillet 2008 – Accueil des jeunes à Sydney

     Chers amis, chez vous, à l’école, à l’université, sur vos lieux de travail et de détente, rappelez-vous que vous êtes des créatures nouvelles ! En tant que chrétiens, vous vivez dans ce monde tout en sachant que Dieu a un visage humain – Jésus Christ – le « chemin » qui satisfait toute aspiration humaine, et la « vie », de laquelle nous sommes appelés à rendre témoignage, en marchant toujours dans sa lumière.

 

 

 

 

 

2009

 

8 février 2009 – Angelus

Aujourd'hui, l'Évangile (cf. Mc 1, 29-39) - en étroite continuité avec dimanche dernier - nous présente Jésus qui, après avoir prêché le jour du sabbat dans la synagogue de Capharnaüm, guérit de nombreux malades, à commencer par la belle-mère de Simon. Entré dans sa maison, il la trouve au lit avec de la fièvre, et immédiatement, il la prend par la main, la guérit et la fait se lever. Après le coucher du soleil, il guérit une multitude de personnes affligées de maux en tout genre. L'expérience de la guérison des malades a occupé une bonne partie de la mission publique du Christ et nous invite une fois encore à réfléchir sur le sens et la valeur de la maladie dans toutes les situations dans lesquelles peut se trouver l'être humain. ..

Bien que la maladie fasse partie de l'expérience humaine, nous ne réussissons pas à nous y habituer, non seulement parce qu'elle devient parfois vraiment lourde et grave, mais essentiellement parce que nous sommes faits pour la vie, pour la vie totale. À juste titre, notre "instinct intérieur" nous fait penser à Dieu comme plénitude de vie, et même comme vie éternelle et parfaite. Lorsque nous sommes éprouvés par le mal et que nos prières semblent vaines, le doute surgit alors en nous et nous nous demandons, angoissés : quelle est la volonté de Dieu ? C'est justement à cette interrogation que nous trouvons une réponse dans l'Évangile d'aujourd'hui. Nous lisons par exemple dans le passage d'aujourd'hui que Jésus "guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais" (Mc 1, 34) ; dans un autre passage de saint Matthieu, il est dit que "Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple" (Mt 4, 23). Jésus ne laisse pas de doutes : Dieu - dont lui-même a révélé le visage - est le Dieu de la vie, qui nous libère de tout mal. Les signes de sa puissance d'amour sont les guérisons qu'il accomplit : il démontre ainsi que le Royaume de Dieu est proche, en restituant aux hommes et aux femmes leur pleine intégrité d'esprit et de corps. Je dis que ces guérisons sont des signes : elles ne sont pas une fin en elles-mêmes, elles conduisent vers le message du Christ, elles nous guident vers Dieu et elles nous font comprendre que la maladie véritable et la plus profonde de l'homme est l'absence de Dieu, de la source de vérité et d'amour. Seule la réconciliation avec Dieu peut nous donner la vraie guérison, la vraie vie, parce qu'une vie sans amour et sans vérité ne serait pas une vie. Le Royaume de Dieu est précisément cette présence de vérité et d'amour et ainsi, elle est guérison dans la profondeur de notre être. On comprend donc pourquoi sa prédication et les guérisons qu'il accomplit sont toujours liées : elles forment un unique message d'espérance et de salut.

Grâce à l'action de l'Esprit Saint, l'½uvre de Jésus se prolonge dans la mission de l'Église. À travers les sacrements, c'est le Christ qui communique sa vie à une multitude de frères et de s½urs, tandis qu'il guérit et réconforte d'innombrables malades à travers les nombreuses activités d'assistance médicale que les communautés chrétiennes promeuvent avec charité fraternelle en montrant le visage de Dieu, son amour. C'est vrai : combien de chrétiens - prêtres, religieux et laïcs - ont prêté et continuent de prêter dans tous les lieux du monde, leurs mains, leurs yeux et leurs c½urs au Christ, vrai médecin des corps et des âmes ! Prions pour tous les malades, spécialement les plus graves, qui ne peuvent en aucune façon pourvoir à eux-mêmes, mais sont totalement dépendants des soins d'autrui : puisse chacun d'eux faire l'expérience, dans la sollicitude de ceux qui sont à leurs côtés, de la puissance de l'amour de Dieu et de la richesse de sa grâce qui sauve. Marie, santé des malades, prie pour nous !

 

 

 24 mai 2009 – Message pour la 43ème Journée Mondiale des Communications Sociales

     A l’approche de la Journée Mondiale des Communications Sociales, c'est avec joie que je m’adresse à vous pour vous exposer quelques-unes de mes réflexions sur le thème choisi cette année : Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié. En effet, les nouvelles technologies digitales déterminent des changements fondamentaux dans les modèles de communication et dans les rapports humains. Ces changements sont particulièrement évidents chez les jeunes dont la croissance est étroitement liée à ces nouvelles techniques de communication. Ils sont donc à leur aise dans un monde digital qui, par contre, semble souvent étranger à ceux d’entre nous, adultes, qui ont dû apprendre à comprendre et à apprécier les opportunités que ce monde offre à la communication. Dans le message de cette année, j’ai donc pensé m’adresser en particulier à ceux qui font partie de cette génération digitale : je voudrais partager avec eux quelques idées sur l’extraordinaire potentiel que détiennent les nouvelles technologies quand elles sont utilisées pour favoriser la compréhension et la solidarité humaine. Ces technologies sont un véritable don pour l'humanité : par conséquent, nous devons faire en sorte que les avantages qu'elles offrent soient mis au service de tous les êtres humains, surtout de ceux qui sont dans le besoin et sont vulnérables, et de toutes les communautés.

L'accessibilité des téléphones portables et des ordinateurs, unie à la portée globale et à la capillarité d'internet, a créé une multiplicité de canaux à travers lesquels il est possible d’envoyer, de manière instantanée, des mots et des images aux angles les plus éloignés et les plus isolés du monde : c’est bien sûr une possibilité qui, pour les générations précédentes, était impensable. Les jeunes, en particulier, ont compris l’énorme capacité des nouveaux médias de favoriser la connexion, la communication et la compréhension entre les individus et les communautés, et ils les utilisent pour communiquer avec leurs propres amis, pour en rencontrer de nouveaux, pour créer des communautés et des réseaux, pour chercher des informations et des nouvelles, pour partager leurs idées et leurs opinions. De nombreux avantages dérivent de cette nouvelle culture de la communication : les familles peuvent rester en contact, même si elles sont séparées par d'énormes distances, les étudiants et les chercheurs peuvent accéder plus facilement et immédiatement aux documents, aux sources et aux découvertes scientifiques et ils peuvent, par conséquent, travailler en équipe à partir de différents lieux ; en outre, la nature interactive des nouveaux médias facilite des formes plus dynamiques d'instruction et de communication, qui contribuent au progrès social.

Bien que soit un motif d’étonnement la vitesse avec laquelle les nouvelles technologies se sont développées eu égard à leur fiabilité et à leur efficacité, leur popularité parmi les usagers ne devrait pas nous surprendre, puisqu'elles répondent au désir fondamental des personnes d'entrer en relation les unes avec les autres. Ce désir de communication et d'amitié est enraciné dans notre propre nature d'êtres humains et ne peut être compris de façon adéquate uniquement comme une réponse aux innovations technologiques. À la lumière du message biblique, ce désir doit plutôt être considéré comme un reflet de notre participation à l’amour communicatif et unifiant de Dieu, qui veut faire de l'humanité entière une seule famille. Lorsque nous sentons le besoin de nous rapprocher d’autres personnes, lorsque nous voulons mieux les connaître et nous faire connaître, nous répondons à l'appel de Dieu - appel qui est inhérent à notre nature d'êtres créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, le Dieu de la communication et de la communion.

Le désir de connexion et l'instinct de communication, qui sont tellement évidents dans la culture contemporaine, ne sont en vérité que des manifestations modernes de la disposition fondamentale et constante des êtres humains à sortir d’eux-mêmes pour entrer en relation avec les autres. En réalité, lorsque nous nous ouvrons aux autres, nous accomplissons entièrement nos besoins les plus profonds et nous devenons plus pleinement humains. Aimer c’est, en effet, ce pour quoi nous avons été engendrés par le Créateur. Naturellement, il ne s’agit pas de relations passagères, superficielles, mais du véritable amour, qui constitue le centre de l'enseignement moral de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton c½ur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (cf. Mc 12, 30-31). Sous ce jour, en réfléchissant sur le sens des nouvelles technologies, il est important de considérer non seulement leur indéniable capacité de favoriser le contact entre les personnes, mais aussi la qualité des contenus qu'elles sont appelées à mettre en circulation. Je désire encourager toutes les personnes de bonne volonté qui travaillent dans le monde émergent de la communication digitale, afin qu'elles s'engagent à promouvoir une culture du respect, du dialogue, de l'amitié.

C’est pourquoi, ceux qui opèrent dans le secteur de la production et de la diffusion de contenus des nouveaux médias, ne peuvent pas ne pas se sentir tenus au respect de la dignité et de la valeur de la personne humaine. Si les nouvelles technologies doivent servir au bien des individus et de la société, ceux qui les utilisent doivent éviter l’emploi de mots et d’images dégradants pour l'être humain, et donc exclure ce qui alimente la haine et l'intolérance, avilit la beauté et l'intimité de la sexualité humaine, exploite les personnes faibles et sans défenses.

Les nouvelles technologies ont également ouvert la voie au dialogue entre des personnes de différents pays, cultures et religions. La nouvelle arène digitale, le soi-disant cyberespace, permet de se rencontrer et de connaître les valeurs et les traditions des autres. Toutefois, pour être fécondes, de telles rencontres requièrent des formes d'expression honnêtes et correctes, ainsi qu’une écoute attentive et respectueuse. Le dialogue doit s’enraciner dans une recherche sincère et réciproque de la vérité, afin de promouvoir le développement dans la compréhension et la tolérance. La vie n'est pas une simple succession de faits et d'expériences : elle est plutôt la recherche du vrai, du bien et du beau. C’est précisément dans ce but que nous faisons nos choix, exerçons notre liberté et en eux, c'est-à-dire dans la vérité, dans le bien et dans le beau, nous trouvons bonheur et joie. Encore faut-il ne pas se laisser duper par ceux qui cherchent tout bonnement des consommateurs sur un marché de possibilités indifférenciées, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l'expérience subjective remplace la vérité.

Le concept d'amitié a bénéficié d’une relance renouvelée dans le vocabulaire des réseaux sociaux digitaux apparus ces dernières années. Ce concept est une des plus nobles conquêtes de la culture humaine. Dans nos amitiés et à travers elles, nous grandissons et nous nous développons en tant qu’êtres humains. C’est précisément pour cela que la véritable amitié a été considérée depuis toujours comme l’une des plus grandes richesses dont puisse jouir l'être humain. C’est pourquoi il faut être attentif à ne pas banaliser le concept et l'expérience de l'amitié. Il serait regrettable que notre désir de consolider et développer des amitiés on-line se réalise au détriment de notre disponibilité envers la famille, envers les voisins et envers ceux que nous rencontrons dans notre existence quotidienne, sur notre lieu de travail, à l’école, pendant nos loisirs. En effet, lorsque le désir de connexion virtuelle devient obsessif, la conséquence en est que la personne s’isole, interrompant ainsi l’interaction sociale réelle. Cela finit par perturber aussi les modèles de repos, de silence et de réflexion nécessaires à un développement humain sain.

L'amitié est un bien humain important, mais il serait privé de valeur, s’il était considéré comme une fin en soi. Les amis doivent se soutenir et s'encourager les uns les autres en développant leurs dons et leurs talents et en les mettant au service de la communauté humaine. Dans ce contexte, il est gratifiant de voir émerger de nouveaux réseaux digitaux qui s’efforcent de promouvoir la solidarité humaine, la paix et la justice, les droits de l’homme et le respect de la vie et le bien de la création. Ces réseaux peuvent faciliter des formes de coopération entre peuples de contextes géographiques et culturels différents, en leur permettant d'approfondir l’humanité commune et le sens de coresponsabilité pour le bien de tous. Il est nécessaire toutefois de veiller à ce que le monde digital, dans lequel ces réseaux peuvent être établis, soit un monde vraiment accessible à tous. Le futur de l'humanité subirait un grave préjudice, si les nouveaux instruments de la communication, qui permettent de partager connaissances et informations de manière plus rapide et efficace, n'étaient pas rendus accessibles à ceux qui sont déjà économiquement et socialement marginalisés ou s’ils ne contribuaient qu’à creuser l’écart qui sépare les pauvres des nouveaux réseaux qui se développent au service de l'information et de la socialisation humaine.

Je voudrais conclure ce message en m’adressant, en particulier, aux jeunes catholiques, pour les exhorter à apporter dans le monde digital le témoignage de leur foi. Très chers jeunes, engagez-vous à introduire dans la culture de ce nouvel espace communicatif et informatif les valeurs sur lesquelles s’appuie votre vie ! Au début de l'Église, les Apôtres et leurs disciples ont répandu la Bonne Nouvelle de Jésus dans le monde gréco-romain : comme alors, pour être fructueuse, l’Évangélisation requérait la compréhension attentive de la culture et des coutumes des peuples païens afin d'en toucher les esprits et les c½urs, de même, à présent, l'annonce du Christ dans le monde des nouvelles technologies suppose une connaissance approfondie pour une utilisation cohérente et adéquate. C’est à vous, jeunes, qui vous trouvez presque spontanément en syntonie avec ces nouveaux moyens de communication, qu’incombe, en particulier, la tâche de l’Évangélisation de ce « continent digital ». Sachez assumer avec enthousiasme la charge d'annoncer l'Évangile à vos contemporains ! Vous connaissez leurs peurs et leurs espoirs, leurs enthousiasmes et leurs déceptions : le don le plus précieux que vous pouvez leur faire est celui de partager avec eux la « Bonne Nouvelle » d'un Dieu qui s’est fait homme, a souffert, est mort et est ressuscité pour sauver l'humanité. Le c½ur humain aspire à un monde où règne l'amour, où les dons sont partagés, où se construit l'unité, où la liberté trouve son sens dans la vérité et où l'identité de chacun se réalise dans une communion respectueuse. À ces attentes, la foi peut apporter la réponse : soyez-en les hérauts ! Le Pape vous est proche par sa prière et avec sa bénédiction.

Du Vatican, le janvier 2009.

 

 

26 mai 2009 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Il ne faut pas oublier le témoignage de la charité, qui unit les c½urs et ouvre à l'appartenance ecclésiale. Pour expliquer le succès rencontré par le christianisme des premiers siècles, la montée d'une prétendue secte juive devenue religion d'Empire, les historiens répondent que ce fut notamment l'expérience de la charité des chrétiens qui a convaincu le monde. Vivre la charité est la forme primaire de la dimension missionnaire. La Parole annoncée et vécue devient crédible si elle s'incarne en comportements de solidarité, de partage, en gestes qui montrent le visage du Christ comme d'un véritable Ami de l'homme.

 

 

 

 

 

 

 

 

2010

 

 

24 janvier 2010

MESSAGE DU PAPE BENOÎT XVI
POUR LA 44ème JOURNÉE MONDIALE
DES COMMUNICATIONS SOCIALES

« Le prêtre et la pastorale dans le monde numérique:
les nouveaux médias au service de la Parole »

[Dimanche 16 mai 2010]

 

Chers Frères et S½urs,

Le thème de la prochaine Journée Mondiale des Communications Sociales – « Le prêtre et la pastorale dans le monde numérique: les nouveaux médias au service de la Parole » –, s'insère heureusement dans le parcours de l'année sacerdotale, et met au premier plan la réflexion sur un domaine pastoral vaste et délicat comme celui de la communication et du monde numérique, dans lequel sont offertes au prêtre de nouvelles possibilités d'exercer son ministère au service de la parole et de la Parole. Les moyens modernes de communication font partie depuis fort longtemps des moyens ordinaires utilisés par les communautés ecclésiales pour s'exprimer dans les limites de leur propre territoire et pour instaurer, très souvent, des formes d’échange à plus large échelle, mais leur récente expansion et leur considérable influence en rende toujours plus importante et utile l'usage dans le ministère sacerdotal.

Le devoir primordial du prêtre est d'annoncer le Christ, la Parole de Dieu faite chair, et de communiquer la grâce divine multiforme porteuse du salut à travers les sacrements. Convoquée par la Parole, l'Eglise se reconnaît comme signe et instrument de la communion que Dieu réalise avec l'homme et que chaque prêtre est appelé à édifier en Lui et avec Lui. C’est la très haute dignité et beauté de la mission sacerdotale dans laquelle se réalise de manière privilégiée l’affirmation de l'Apôtre Paul : « En effet, l'Écriture dit : … aucun de ceux qui croient en lui n’aura à le regretter … En effet, tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés. Or, comment invoquer le Seigneur sans avoir d’abord cru en lui ? Comment croire en lui sans avoir entendu sa parole ? Comment entendre sa parole ne si personne ne l’a proclamée ? Comment proclamer sans être envoyé ? » (Rm 10, 11,13-15).

Pour donner des réponses adaptées à ces questions au sein des grands changements culturels dont le monde des jeunes est particulièrement averti, les voies de communication ouvertes par les conquêtes technologiques sont désormais un moyen indispensable. En effet, le monde numérique, en mettant à disposition des moyens qui offrent une capacité d'expression presque illimitée, ouvre de considérables perspectives d’actualisations à l’exhortation Paulinienne : « Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile ! » (1 Co 9, 16). Avec leur diffusion, par conséquent, la responsabilité de l'annonce non seulement s’accroît, mais se fait plus pressante et réclame un engagement plus motivé et efficace. À cet égard, le prêtre se trouve comme au début d'une « histoire nouvelle », parce que plus les technologies modernes créeront des relations étroites et plus le monde numérique élargira ses frontières, plus il sera appelé à s’en préoccuper pastoralement, accroissant son engagement, pour mettre les media au service de la Parole.

Toutefois, la multimédialité généralisée et la « palette variée de fonctions » de celle-ci peuvent comporter le risque d'une utilisation dictée principalement par la pure exigence de se rendre présent, et de considérer de façon erronée le web seulement comme un espace à occuper. Par contre il est demandé aux prêtres la capacité d'être présents dans le monde numérique dans la fidélité constante au message évangélique, pour exercer leur rôle d'animateurs de communautés s’exprimant désormais, toujours plus souvent, au milieu des « voix » provenant du monde numérique, et d’annoncer l'évangile en se servant, à coté des moyens traditionnels, de l'apport de la nouvelle génération des moyens audiovisuels (photos, vidéo, animations, blog, sites web) qui représentent des occasions inédites de dialogue et même des outils indispensables pour l’évangélisation et la catéchèse.

A travers les moyens modernes de communication, le prêtre pourra faire connaître la vie de l'Église et aider les hommes d'aujourd'hui à découvrir le visage du Christ, en conjuguant l’emploi opportun et compétent de tels instruments, acquis aussi durant la période de formation, au coté d’une solide préparation théologique et d’une forte spiritualité sacerdotale, alimentée par un dialogue continu avec le Seigneur. Plus que la main de l'opérateur de media, le prêtre dans l'impact avec le monde numérique doit faire transparaître son c½ur de consacré, pour donner une âme non seulement à son engagement pastoral, mais aussi au flux de communication ininterrompu de la « toile ».

Dans le monde numérique aussi, il doit apparaître que l'attention aimante de Dieu dans le Christ pour nous n'est pas une chose du passé ou encore une construction savante, mais une réalité concrète et actuelle. La pastorale dans le monde numérique, en effet, doit pouvoir montrer aux hommes de notre temps, et à l'humanité égarée d'aujourd'hui, « que Dieu est proche; que dans le Christ, nous appartenons tous les uns aux autres. » (Benoît XVI, Discours à la curie romaine pour la présentation des v½ux de Noël : L'Osservatore Romano en français, 21 décembre 2009, p.8).

Qui mieux qu'un homme de Dieu peut développer et mettre en pratique, à travers ses compétences dans le domaine des nouveaux moyens numériques, une pastorale qui montre Dieu vivant et agissant dans la réalité quotidienne et qui présente la sagesse religieuse du passé comme une richesse à laquelle puiser pour vivre dignement l'aujourd'hui et construire l’avenir avec justesse. La tâche de qui travaille en tant que personne consacrée dans les media est celui d’ouvrir la route à de nouvelles rencontres, en assurant toujours la qualité du contact humain et l'attention aux personnes ainsi qu’à leurs vrais besoins spirituels, en donnant aux hommes qui vivent notre temps « numérique » les signes nécessaires pour reconnaître le Seigneur ; en offrant l'opportunité de cultiver l'attente et l'espérance et d’appréhender la Parole de Dieu qui sauve et favorise le développement humain intégral. Celle-ci pourra ainsi prendre le large au sein des innombrables carrefours créés par le réseau serré des autoroutes qui sillonnent le cyberespace et affirmer le droit de citoyenneté de Dieu quelque soit l’époque, pour que, à travers les nouvelles formes de communication, Il puisse avancer le long des rues de la cité et s'arrêter sur le seuil des maisons et des c½urs pour dire encore : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20).

Dans le message de l'an passé, j'ai encouragé les responsables des entreprises de communication à promouvoir une culture du respect pour la dignité et la valeur de la personne humaine. Voila une des routes sur lesquelles l'Église est appelée à exercer une « diaconie de la culture » sur le « continent numérique » d’aujourd’hui. Avec l'Évangile dans les mains et dans le c½ur, il convient de réaffirmer qu'il est temps aussi de continuer à préparer les chemins qui mènent à la Parole de Dieu, sans négliger de dédier une attention particulière à qui se trouve dans une situation de recherche, et plus encore de la tenir en éveil comme premier pas de l’évangélisation. En effet, une pastorale dans le monde numérique est appelée à tenir compte aussi de ceux qui ne croient pas, sont découragés et ont dans le c½ur des désirs d'absolu et de vérité éphémères, puisque les nouveaux moyens permettent d'entrer en contact avec des croyants de toute religion, avec des non-croyants et des personnes appartenant à d’autres cultures. Comme le prophète Isaïe parvint à imaginer une maison de prière pour tous les peuples (cf. Is 56.7), on peut supposer que – comme « le parvis des gentils » dans le Temple de Jérusalem – le web puisse également ouvrir un espace à ceux pour qui Dieu est encore inconnu.

Le développement des nouvelles technologies et, dans son ensemble, le monde numérique représentent une ressource précieuse pour toute l'humanité et pour l'homme dans la singularité de son être, de même qu’une stimulation pour la rencontre et le dialogue. Mais ils se présentent, aussi, aux croyants comme une grande opportunité. Aucune route, en effet, ne peut et ne doit être fermée à qui, au nom du Christ Ressuscité, s’engage à se faire toujours plus proche de l'homme. Les nouveaux médias, par conséquent, offrent avant tout aux prêtres des perspectives toujours nouvelles et pastoralement immenses, qui les poussent à mettre en valeur la dimension universelle de l'Église, pour une communion vaste et concrète, à être témoins, dans le monde d'aujourd'hui, de la vie toujours nouvelle qui naît de l'écoute de l'Évangile de Jésus, le Fils éternel venu parmi nous pour nous sauver. Il ne faut pas oublier, néanmoins, que la fécondité du ministère sacerdotal dérive avant tout du Christ rencontré et écouté dans la prière, annoncé dans la prédication et le témoignage de vie, connu, aimé et célébré dans les Sacrements, particulièrement de la Très Sainte Eucharistie et de la Réconciliation.

À vous très chers Prêtres, je renouvelle l'invitation à saisir avec sagesse les singulières opportunités offertes par la communication moderne. Que le Seigneur fasse de vous des hérauts passionnés de la Bonne Nouvelle également dans la nouvelle « agora » créée par les moyens actuels de communication.

Avec de tels v½ux, j’invoque sur vous la protection de la Mère de Dieu et du Saint Curé d'Ars et avec affection j’accorde à chacun la Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, le 24 janvier 2010, en la fête de Saint François de Sales.

 

 

24 avril 2010 – Aux participants d’un congrès organisé par la Conférence des Evêques d’Italie, sur « Témoins numériques, visages et langages à l’ère cross-média »

     Je suis heureux de cette occasion de vous rencontrer et de conclure votre congrès, au titre tellement évocateur: « Témoins numériques. Visages et langages à l'ère cross-media ». Je remercie le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Angelo Bagnasco, pour ses paroles cordiales de bienvenue, par lesquelles une fois encore, il a voulu exprimer l'affection et la proximité de l'Eglise qui est en Italie à mon service apostolique. Dans vos paroles, Monsieur le cardinal, se reflète la fidèle adhésion à Pierre de tous les catholiques de cette bien-aimée nation, et l'estime de tant d'hommes et de femmes animés du désir de chercher la vérité.

Le temps que nous vivons connaît une immense extension des frontières de la communication, réalise une convergence inédite entre les différents médias et rend possible l'interactivité. Internet manifeste donc une vocation ouverte, à tendance égalitaire et pluraliste, mais en même temps, il souligne un nouveau fossé: on parle en effet du « fossé numérique ». Il sépare les « inclus » des « exclus », et vient s'ajouter aux autres fossés qui éloignent déjà les nations entre elles et aussi à l'intérieur d'elles-mêmes. Les dangers d'uniformisation et de contrôle augmentent aussi, de même que le danger du relativisme intellectuel et moral, déjà bien reconnaissables dans le fléchissement de l'esprit critique, dans la vérité réduite à un jeu d'opinions, dans les multiples formes de dégradation et d'humiliation de l'intimité de la personne. On assiste alors à une « pollution de l'esprit qui rend nos visages moins souriants, plus sombres, qui nous conduit à ne pas nous saluer entre nous, à ne pas nous regarder en face... » (Discours place d'Espagne, 8 décembre 2009; cf. ORLF n. 49 du 8 décembre 2009). Ce congrès vise, au contraire, à reconnaître des visages, donc à surmonter ces dynamiques collectives qui peuvent nous faire perdre la perception de la profondeur des personnes et rester à leur surface: lorsque cela se produit, elles restent des corps sans âmes, des objets d'échange et de consommation.

Comment est-il possible aujourd'hui de revenir aux visages? J'ai tenté d'indiquer la voie dans ma troisième encyclique. Elle passe par cette caritas in veritate qui brille sur le visage du Christ. L'amour dans la vérité constitue « un grand défi pour l'Eglise dans un monde sur la voie d'une mondialisation progressive et généralisée » (n. 9). Les médias peuvent devenir des facteurs d'humanisation « non seulement quand, grâce au développement technologique, ils offrent de plus grandes possibilités de communication et d'information, mais surtout quand ils sont structurés et orientés à la lumière d'une image de la personne et du bien commun qui en respecte les valeurs universelles » (n. 73). Cela exige qu'ils « aient pour objectif principal la promotion de la dignité des personnes et des peuples, qu'ils soient expressément animés par la charité et mis au service de la vérité, du bien et d'une fraternité naturelle et surnaturelle » (ibid.). C'est seulement à ces conditions que la transition historique que nous sommes en train de traverser peut se révéler riche et féconde en nouvelles opportunités. Nous voulons sans peur avancer au large sur la mer numérique, en affrontant la navigation ouverte avec la même passion qui depuis deux mille ans, gouverne la barque de l'Eglise. Plus que pour les ressources techniques, bien qu'elles soient nécessaires, nous voulons nous distinguer en vertu du fait que nous habitons dans cet univers également avec un c½ur de croyant, qui contribue à donner une âme au flux ininterrompu de communication sur Internet.

Voici quelle est notre mission, une mission à laquelle l'Eglise ne saurait renoncer: la tâche de tout croyant qui agit dans les médias est celle « d'ouvrir la route à de nouvelles rencontres, en assurant toujours la qualité du contact humain et l'attention aux personnes ainsi qu'à leurs vrais besoins spirituels, en donnant aux hommes qui vivent notre temps numérique les signes nécessaires pour reconnaître le Seigneur » (Message pour la 44e Journée mondiale des communications sociales, 16 mai 2010; cf. ORLF n. 4 du 26 janvier 2010). Chers amis, sur Internet aussi, vous êtes appelés à vous situer en tant qu'« animateurs de communautés », attentifs à « préparer les chemins qui mènent à la Parole de Dieu » et à exprimer une sensibilité particulière pour ceux qui « sont découragés et ont dans le c½ur des désirs d'absolu et de vérités non éphémères » (ibid.). Internet pourra ainsi devenir une sorte de « parvis des païens » où « ouvrir un espace à ceux pour qui Dieu est encore inconnu » (ibid.).

En tant qu'animateurs de la culture et de la communication, vous êtes un signe vivant de ce que les « moyens modernes de communication font désormais partie des instruments ordinaires par lesquels les communautés ecclésiales s'expriment, en entrant en contact avec leur territoire et en instaurant très souvent des formes de dialogue à plus large échelle » (ibid.).

En Italie, les voix ne manquent pas dans ce domaine: il suffit de mentionner le quotidien Avvenire, la chaîne de télévision TV2000, le réseau radiophonique inBlu et l'agence de presse SIR, aux côtés des revues catholiques, du réseau des hebdomadaires diocésains et des nombreux sites Internet d'inspiration catholique. J'exhorte tous les professionnels de la communication à ne pas se lasser de nourrir dans leur c½ur une saine passion pour l'homme qui devient une tension pour se rapprocher toujours davantage de ses langages et de son vrai visage. Vous serez aidés en cela par une solide préparation théologique et surtout une profonde et joyeuse passion pour Dieu, nourrie par un dialogue incessant avec le Seigneur. Pour leur part, que les Eglises particulières et les instituts religieux n'hésitent pas à mettre en valeur les parcours de formation proposés par les Universités pontificales, l'Université catholique du Sacré-C½ur, et d'autres universités catholiques et ecclésiastiques, en y destinant avec prévoyance des personnes et des ressources. Que le monde de la communication sociale entre à plein titre dans les programmes pastoraux.

Je vous remercie du service que vous rendez à l'Eglise et donc à la cause de l'homme, et je vous exhorte à aller sur les routes du continent numérique animés du courage de l'Esprit Saint; notre confiance ne repose pas de façon sans critique sur quelque instrument de la technique. Notre force réside dans le fait d'être Eglise, communion croyante, capable de témoigner auprès de tous de l'éternelle nouveauté du Ressuscité, par une vie qui fleurit en plénitude dans la mesure où elle s'ouvre, entre en relation, se donne avec gratuité.

 

 

 

 

15 juin 2010 – Au Congrès du diocèse de Rome

      Dans toute sa vie publique, Jésus, à travers la prédication de l'Evangile et les signes miraculeux, a annoncé la bonté et la miséricorde du Père à l'égard de l'homme. Cette mission a atteint son sommet sur le Golgotha, où le Christ crucifié a révélé le visage de Dieu, afin que l'homme, en contemplant la Croix, puisse reconnaître la plénitude de l'amour (cf. Benoît XVI, Enc. Deus caritas est, n. 12).

 

 

 

 

 

 

2011

 

6 février 2011 – Angelus

     le Seigneur Jésus dit à ses disciples: «Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde» (Mt 5, 13.14). Grâce à ces images riches de signification, Il veut leur transmettre le sens de leur mission et de leur témoignage. Le sel, dans la culture du Moyen-Orient, évoque différentes valeurs telles que l'alliance, la solidarité, la vie et la sagesse. La lumière est la première ½uvre de Dieu Créateur, et elle est source de vie; la Parole de Dieu elle-même est comparée à la lumière, comme le proclame le psalmiste: «Ta Parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route» (Ps 119, 105). Le prophète Isaïe dit: «Si tu te prives pour l'affamé et si tu rassasies l'opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et l'obscurité sera pour toi comme le milieu du jour» (58, 10). La sagesse résume en elle les effets bienfaisants du sel et de la lumière: en effet, les disciples du Seigneur sont appelés à donner une «saveur » nouvelle au monde, et à le préserver de la corruption, avec la sagesse de Dieu, qui resplendit pleinement sur le visage de son Fils, parce que Lui est la «lumière véritable qui éclaire tout homme» (Jn 1, 9). Unis à Lui, les chrétiens peuvent diffuser au milieu des ténèbres de l'indifférence et de l'égoïsme, la lumière de l'amour de Dieu, vraie sagesse qui donne du sens à l'existence, et à l'action des hommes.

    

 

 

 

 

 

 

 

11 février 2011 – Message pour la Journée Mondiale du Malale

    Je garde encore au fond du c½ur le moment où, lors de ma visite pastorale à Turin, j'ai pu réfléchir et prier devant le Saint Suaire, devant ce visage souffrant, qui nous invite à méditer sur Celui qui a pris sur lui la passion de l'homme de tous les temps et de tous lieux, avec nos souffrances aussi, nos difficultés et nos péchés. Au cours de l'histoire, combien de fidèles sont passés devant cette toile sépulcrale qui a enveloppé le corps d'un homme crucifié, qui répond en tout et pour tout à ce que disent les Evangiles sur la passion et la mort de Jésus ! Le contempler est une invitation à réfléchir sur ce qu'a dit saint Pierre : "C'est par ses blessures que vous avez été guéris" (1 P 2,24). Le Fils de Dieu a souffert, est mort, mais il est ressuscité et c'est justement pour cela que ces plaies deviennent le signe de notre rédemption, du pardon et de la réconciliation avec le Père ; mais elles deviennent aussi un banc d'essai pour la foi des disciples et pour notre foi ; chaque fois que le Seigneur parle de sa passion et de sa mort, ils ne comprennent pas, ils refusent et s'opposent. Pour eux, comme pour nous, la souffrance reste toujours lourde de mystère, difficile à accepter et à porter

 

     Sachez toujours voir sur le visage des malades le Visage des visages : celui du Christ.

 

 

 

13 juin 2011 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Chers amis, l’Eglise, chacun de nous, doit porter dans le monde cette heureuse nouvelle que Jésus est le Seigneur, Celui dans lequel la proximité et l’amour de Dieu pour chaque homme et chaque femme, et pour l’humanité tout entière, se sont faits chair. Cette annonce doit résonner à nouveau dans les régions d’antique tradition chrétienne. Le bienheureux Jean-Paul II a parlé de la nécessité d’une nouvelle évangélisation adressée à ceux qui, tout en ayant déjà entendu parler de la foi, n’apprécient plus, ne connaissent plus la beauté du christianisme, et le considèrent même parfois comme un obstacle pour atteindre le bonheur. C’est pourquoi je souhaite aujourd’hui répéter ce que j’avais dit aux jeunes lors de la Journée mondiale de la jeunesse à Cologne: «Le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l’Eucharistie»!

     Si les hommes oublient Dieu, c’est aussi parce que, souvent, on réduit la personne de Jésus à un homme sage et sa divinité s’en trouve diminuée, voire niée. Cette manière de penser empêche de saisir la nouveauté radicale du christianisme, parce que si Jésus n’est pas le Fils unique du Père, alors Dieu n’est pas non plus venu visiter l’histoire de l’homme, nous n’avons que des idées humaines de Dieu. L’incarnation, en revanche, appartient au c½ur de l’Evangile!

 

 

 

26 novembre 2011 – Rencontre organisée par la Pastorale des services de la santé   

    Le mystère de la douleur semble voiler la face de Dieu, le rendant presque comme un étranger ou allant même jusqu’à le considérer responsable de la souffrance humaine; mais les yeux de la foi sont capables de regarder ce mystère en profondeur. Dieu s’est incarné, il s’est fait proche de l’homme, même dans les situations les plus difficiles; il n’a pas éliminé la souffrance, mais dans le Crucifié ressuscité, dans le Fils de Dieu qui a souffert jusqu’à la mort et à la mort sur la croix, Il révèle que son amour descend également dans l’abîme le plus profond de l’homme pour lui apporter l’espérance.
     La Face du Sauveur mourant sur la croix, du Fils consubstantiel au Père qui souffre comme un homme pour nous (cf. ibid., n. 17), nous enseigne à conserver et à promouvoir la vie, quelles que soit l’étape ou la condition dans laquelle elle se trouve, en reconnaissant la dignité et la valeur de chaque être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) et appelé à la vie éternelle.
     Puissiez-vous  découvrir dans l’arbre glorieux de la Croix du Christ «l'accomplissement et la pleine révélation de tout l'Evangile de la vie» (Lett. enc. Evangelium vitae, n. 50).


 

 

 

 

2012

 

 

 

11 février 2012 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

       À tous ceux qui travaillent dans le monde de la santé, comme aussi aux familles qui voient dans leurs proches le visage souffrant du Seigneur Jésus, je renouvelle mes remerciements et ceux de l’Église parce que par leur compétence professionnelle et dans le silence, souvent sans même mentionner le nom du Christ, ils Le manifestent concrètement (cf. Homélie, Messe Chrismale, 21 avril 2011).

    

 

 

7 avril 2012 – Homélie de la Messe de la Nuit de Pâques

     Prions le Seigneur à présent de nous faire expérimenter la joie de sa lumière, et prions-le, afin que nous-mêmes nous devenions des porteurs de sa lumière, pour qu’à travers l’Église la splendeur du visage du Christ entre dans le monde (cf. LG 1).

 

 

3 mai 2012 – A l’Université catholique du Sacré-Coeur.

     Religion du Logos, le christianisme ne relègue pas la foi au domaine de l’irrationnel, mais attribue l’origine et le sens de la réalité à la Raison créatrice, qui, dans le Dieu crucifié, s’est manifestée comme amour et qui invite à parcourir la voie du quaerere Deum : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Saint Thomas d’Aquin commente : « Le terme de ce chemin est la fin du désir humain. Or, l’homme désire avant tout deux choses: premièrement, la connaissance de la vérité, ce qui lui est propre ; en second lieu, la conservation de son être, ce qui est commun à toutes les réalités. Le Christ se trouve dans l’une et dans l’autre... Si donc tu cherches par où passer, accueille le Christ, parce qu’il est lui-même le Chemin » (Commentaire sur saint Jean, chap. 14, lectio 2). L’Évangile de la vie illumine alors le chemin difficile de l’homme, et devant la tentation de l’autonomie absolue, il rappelle que « la vie de l’homme vient de Dieu, c’est son don, son image et son empreinte, la participation à son souffle vital » (Jean-Paul II, Evangelium vitae, n. 39). Et c’est précisément en parcourant le sentier de la foi que l’homme peut entrevoir dans les réalités mêmes de la souffrance et de la mort qui traversent son existence, une possibilité authentique de bien et de vie. Dans la croix du Christ, il reconnaît l’Arbre de la vie, révélation de l’amour passionné de Dieu pour l’homme. Le soin des personnes qui souffrent est alors une rencontre quotidienne avec le visage du Christ, et le dévouement de l’intelligence et du c½ur devient un signe de miséricorde de Dieu et de sa victoire sur la mort.

     Vécue dans son intégralité, la recherche est illuminée par la science et la foi et tire de ces deux « ailes » une impulsion et un élan, sans jamais perdre la juste humilité, le sens de ses limites. De cette façon, la recherche de Dieu devient féconde pour l’intelligence, ferment de culture, promotrice d’un véritable humanisme, une recherche qui ne se limite pas à la surface. Chers amis, laissez-vous toujours guider par la sagesse qui vient d’En-haut, par un savoir illuminé par la foi, en rappelant que la sagesse exige la passion et l’effort de la recherche.

     C’est là que s’inscrit le devoir irremplaçable de l’Université catholique, lieu où la relation éducative est placée au service de la personne dans l’édification d’une compétence scientifique qualifiée, enracinée dans un patrimoine de savoirs que la succession des générations a distillé en une sagesse de vie; un lieu où la relation de soin n’est pas un métier, mais une mission; où la charité du Bon Samaritain est la première chaire et le visage de l’homme souffrant le Visage même du Christ: « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). L’Université catholique du Sacré-C½ur, dans le travail quotidien de recherche, d’enseignement et d’étude, vit dans cette traditio qui exprime son potentiel d’innovation: aucun progrès, encore moins sur le plan culturel, ne se nourrit de simple répétition, mais exige un commencement toujours nouveau. Il exige en outre la disponibilité à la confrontation et au dialogue qui ouvre l’intelligence et témoigne de la riche fécondité du patrimoine de la foi. On donne ainsi forme à une personnalité solidement structurée, dans laquelle l’identité chrétienne pénètre le vécu quotidien et s’exprime de l’intérieur par un professionnalisme qui atteint un niveau d’excellence.

     L’Université catholique, qui possède avec le siège de Rome un rapport particulier, est appelée aujourd’hui à être une institution exemplaire qui ne réduit pas l’apprentissage à la fonctionnalité d’un résultat économique, mais qui étend son horizon à des projets pour lesquels le don de l’intelligence exploite et développe les dons du monde créé, en dépassant une vision uniquement productiviste et utilitariste de l’existence, car « l’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance » (Caritas in veritate, n. 34). C’est précisément cette alliance de recherche scientifique et de service inconditionnel à la vie qui définit l’identité catholique de la faculté de médecine et de chirurgie « Agostino Gemelli », car la perspective de la foi est intérieure — ni superposée ni juxtaposée — à la recherche profonde et tenace du savoir.

     Une faculté catholique de médecine est un lieu où l’humanisme transcendant n’est pas un slogan rhétorique, mais une règle vécue de dévouement quotidien. En rêvant d’une faculté de médecine et de chirurgie véritablement catholique, le père Gemelli — et avec lui tant d’autres, comme le professeur Brasca — reportait au centre de l’attention la personne humaine dans sa fragilité et dans sa grandeur, avec les ressources toujours nouvelles d’une recherche passionnée et une conscience non moins importante de la limite et du mystère de la vie. C’est pourquoi vous avez voulu instituer un nouveau centre universitaire pour la vie, qui soutienne d’autres réalités déjà existantes comme, par exemple, l’Institut scientifique international Paul VI. J’encourage donc l’attention à la vie à toutes ses étapes.

     Je voudrais à présent m’adresser en particulier à tous les patients présents ici, au « Gemelli », les assurer de ma prière et de mon affection et leur dire qu’ils seront toujours suivis avec amour ici, car dans leur visage se reflète celui du Christ souffrant.

     C’est précisément l’amour de Dieu, qui resplendit dans le Christ, qui rend le regard de la recherche aigu et pénétrant, et qui saisit ce qu’aucune analyse n’est en mesure de saisir. Le bienheureux Giuseppe Toniolo le savait bien, en affirmant que la nature de l’homme est de lire l’image de Dieu amour dans les autres et son empreinte dans la création. Sans amour, même la science perd sa noblesse. Seul l’amour garantit l’humanité de la recherche.

 

 

13 mai 2012 – Visite au sanctuaire de La Verna, en Italie

     «Très haut, tout puissant et bon Seigneur, à toi louange, gloire, honneur, et toute bénédiction» (Cantique de Frère Soleil: FF, 263). Ce n’est qu’en se laissant illuminer par la lumière de l’amour de Dieu, que l’homme et la nature entière peuvent être rachetés, que la beauté peut finalement refléter la splendeur du visage du Christ, comme la lune reflète le soleil. En jaillissant de la Croix glorieuse, le Sang du Crucifié recommence à vivifier les os desséchés de l’Adam qui est en nous, pour que chacun retrouve la joie de se mettre en marche vers la sainteté, de monter vers le haut, vers Dieu. De ce lieu béni, je m’unis à la prière de tous les franciscains et les franciscaines de la terre: «Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons ici et dans toutes les églises qui sont dans le monde, car par ta sainte croix tu as racheté le monde».

 

8 juillet 2012 – Angelus

     Le célèbre dicton «Nemo propheta in patria» : c’est-à-dire que nul prophète n’est bien accepté parmi les siens, dans le pays qui a vu grandir Jésus (cf. Mc 6, 4). En effet, après avoir quitté Nazareth, vers l’âge de 30 ans, et alors que depuis déjà quelque temps il prêchait et accomplissait des guérisons ailleurs, Jésus est revenu un jour chez lui et s’est mis à enseigner à la synagogue. Ses concitoyens «étaient frappés» par sa sagesse et, le connaissant comme étant «le fils de Marie», le «charpentier» qui avait vécu parmi eux, ils se scandalisèrent de lui au lieu de l’accueillir avec foi (cf. Mc 6, 2-3). Ce fait est compréhensible car la familiarité, sur le plan humain, n’aide pas à aller plus loin et à s’ouvrir à la dimension divine. Que ce Fils d’un charpentier soit Fils de Dieu est difficile à croire pour eux. Jésus lui-même prend l’exemple de l’expérience des prophètes d’Israël qui, dans leur propre patrie, ont été victimes de mépris, et il s’identifie à eux. A cause de cette fermeture spirituelle, Jésus n’a pu accomplir à Nazareth «aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains» (Mc 6, 5). En effet, les miracles du Christ ne sont pas une démonstration de puissance, mais les signes de l’amour de Dieu qui agit là où il rencontre la foi de l’homme dans la réciprocité. Origène écrit: «Tout comme il existe une attirance naturelle pour les corps de la part de certains envers d’autres, comme l’aimant vers le fer… la foi aussi exerce une attirance sur la puissance divine» (Commentaire de l’Evangile de Matthieu 10, 19).

     Donc, il semble que Jésus se fasse — comme l’on dit — une raison du mauvais accueil qu’il rencontre à Nazareth. Par contre, à la fin du récit, nous trouvons une remarque qui dit précisément le contraire. L’évangéliste écrit que Jésus «s’étonna de leur manque de foi» (Mc 6, 6). A la stupeur des concitoyens qui se scandalisent, correspond l’étonnement de Jésus. Lui aussi, en un certain sens, se scandalise! Bien qu’il sache qu’aucun prophète n’est bien accueilli dans sa patrie, la fermeture de c½ur de son entourage reste pour lui obscure, impénétrable: comment est-il possible qu’ils ne reconnaissent pas la lumière de la Vérité? Pourquoi ne s’ouvrent-ils pas à la bonté de Dieu, qui a voulu partager notre humanité? En effet, l’homme Jésus de Nazareth est la transparence de Dieu, Dieu habite pleinement en Lui. Et tandis que nous recherchons toujours d’autres signes, d’autres miracles, nous ne nous apercevons pas que c’est Lui le vrai Signe, Dieu fait chair, que c’est Lui le plus grand miracle de l’univers: tout l’amour de Dieu renfermé dans un c½ur humain, dans un visage d’homme.

    

5 aout 2012 – Aux pèlerins francophones, au terme de l’Angelus

     Dans l’Évangile nous voyons les foules se déplacer pour suivre Jésus. Comme celles d’hier, les foules d’aujourd’hui ont faim de nourriture terrestre et spirituelle. En nous partageant sa Parole et son Corps en nourriture, Jésus nous comble et nous rassasie. Que la Vierge Marie vous aide à accueillir ce don de Dieu et à vous laisser transformer, comme les Apôtres au jour de la Transfiguration, par le visage lumineux du Christ ressuscité!


 


 

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