Priez pour un don du Saint-Esprit ! Et peut-être que pendant ce bref moment de réflexion sur la Parole de Dieu et sur ce que le Seigneur vous demande à tous, vous recevrez non pas nécessairement le don de comprendre ou de parler toutes les langues, mais le don d’écouter, le don d’être humble et le don de promouvoir l’unité.
Un auteur ancien, parlant de la Pentecôte (cf. Ac 2, 1-11), la décrit comme une « abondante et irrésistible effusion de l’Esprit » (Didyme l’Aveugle, De Trinitate, 6, 8: PG 39, 533). Demandons au Seigneur qu’il en soit ainsi également pour vous: que son Esprit ait le dessus sur chaque logique humaine, de façon « abondante et irrésistible », afin que la Troisième Personne divine devienne véritablement le protagoniste.
L’Esprit Saint parle, aujourd’hui comme dans le passé. Il le fait dans les penetralia cordis et à travers les frères et les circonstances de la vie.
Méditant sur la Pentecôte, notre père saint Augustin, répondant à la question provocatrice de ceux qui demandaient pourquoi, aujourd’hui, ne se reproduit plus, comme un jour à Jérusalem, le signe extraordinaire de la « glossolalie », fait une réflexion, qui je pense pourrait vous être utile dans le mandat que vous êtes sur le pont d’accomplir. Augustin dit : « Comme alors chaque fidèle parlait toutes les langues, ainsi l’unité formée par tous les fidèles les parle toutes aujourd’hui. D’où il suit que membres du corps immense où on les parle toutes, nous les avons toutes encore maintenant » (Sermon 269, 1).
Faites tout avec humilité. Saint Augustin, en commentant la variété des façons dont l’Esprit Saint, dans les siècles, s’est déversé sur le monde, lit cette multiplicité comme une invitation à nous faire petits face à la liberté et à l’impénétrabilité de l’action de Dieu (ibid., 2). Personne ne pense connaître toutes les réponses. Chacun partage avec ouverture ce qu’il a. Tous accueillent avec foi ce que le Seigneur inspire, dans la conscience que « autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre » (Is 55, 9), autant sont élevées ses voies au-dessus de nos voies, et ses pensées au-dessus de nos pensées. C’est uniquement ainsi que l’Esprit pourra « enseigner » et « se rappeler » ce que Jésus a dit (cf. Jn 14, 26), en le gravant dans vos cœurs afin que l’écho s’en répande dans l’unicité et le caractère irremplaçable de chaque battement.
Saint Paul, parlant de la communauté de Corinthe, donne une description : « à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun » (1 Co 12, 7), ici aussi «tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend» (v. 11) et de vous, on peut aussi dire que «de même […] le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ» (v. 12).
Que l’unité soit un élément indispensable de vos efforts, mais pas seulement : qu’elle soit aussi le critère de vérification de votre action et de votre collaboration, car ce qui unit vient de Lui, mais ce qui divise ne peut venir de Lui.
A cet égard, saint Augustin nous vient ici aussi en aide, commentant toujours le miracle de la Pentecôte, et observe : « De même donc qu’autrefois le don des langues parlées par tous les peuples révélait sa présence dans un homme ; ainsi la manifeste-t-il aujourd’hui par la charité qui nous unit à toutes tes nations » (ibid., 2). Puis il poursuit : « De même eu effet que les hommes spirituels aiment l’unité ; ainsi les hommes de vie animale recherchent les divisions » (ibid., 3). Il se demande cependant : « Or, quelle est la vertu principale de la piété, sinon l’amour de l’unité ?» (ibid.) et il conclut : « Vous ne posséderez cet Esprit divin qu’en vous attachant de cœur et par une charité sincère à cette unité sainte » (ibid., 4).