Evangelium Vitae - 2025

Publié le 2025-11-29

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2025

au 11 décembre 2025

 

 

9 mai 2025 – Homélie de la Messe Pro Ecclesia, célébrée par le Pape Léon XIV, en présence des Cardinaux électeurs, dans la Chapelle Sixtine

 

     Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c'est-à-dire l'unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

      En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s'est révélé à nous dans les yeux confiants d'un enfant, dans l'esprit éveillé d'un adolescent, dans les traits mûrs d'un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu'à apparaître aux siens, après sa Résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d'humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d'une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

 

 

 

10 mai 2025 – Discours du Pape Léon XIV au Collège Cardinalice.

    Je voudrais que nous renouvelions ensemble, aujourd'hui, notre pleine adhésion au chemin que l'Église universelle suit depuis des décennies dans le sillage du Concile Vatican II. Le Pape François en a magistralement rappelé et actualisé le contenu dans l'Exhortation apostoliqueEvangelii gaudium, dont je voudrais souligner quelques aspects fondamentaux : le retour à la primauté du Christ dans l'annonce (cf. n° 11) ; la conversion missionnaire de toute la communauté chrétienne (cf. n° 9) ; la croissance dans la collégialité et la synodalité (cf. n° 33) ; l'attention au sensus fidei (cf. nos 119-120), en particulier dans ses formes les plus authentiques et les plus inclusives, comme la piété populaire (cf. n° 123) ; l'attention affectueuse aux plus petits et aux laissés-pour-compte (cf. n° 53) ; le dialogue courageux et confiant avec le monde contemporain dans ses diverses composantes et réalités (cf. n° 84 ; Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, 1-2).

     Il s'agit de principes évangéliques qui ont toujours animé et inspiré la vie et l'œuvre de la Famille de Dieu, de valeurs à travers lesquelles le visage miséricordieux du Père s'est révélé et continue de se révéler dans le Fils fait homme, espérance ultime de quiconque recherche sincèrement la vérité, la justice, la paix et la fraternité (cf. Benoît XVI, Lett. enc. Spe salvi, 2 ; François, Bulle Spes non confundit, n. 3).

     C'est précisément parce que je me sens appelé à poursuivre dans ce sillage que j'ai pensé à prendre le nom de Léon XIV. Il y a plusieurs raisons, mais principalement parce que le Pape Léon XIII, avec l'encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle ; et aujourd'hui l'Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.

 

 

 

16 mai 2025 – Discours de Léon XIV aux membres du Corps Diplomatiques accrédités près le Saint-Siège

      Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » [2]. En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, de l'enfant à naître à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant.

    … L’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants.

 

17 mai 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice

     … Il existe aujourd’hui un besoin généralisé de justice, une demande de paternité et de maternité, un profond désir de spiritualité, surtout chez les jeunes et les marginalisés, qui ne trouvent pas toujours de moyens efficaces pour s’exprimer. Il existe une attente croissante envers la Doctrine sociale de l’Eglise à laquelle nous devons répondre.

 

 

 

28 mai 2025 – Message du Pape Léon XIV aux participants au séminaire « Evangéliser les familles d’aujourd’hui et de demain : défis ecclésiologiques et pastoraux », promu par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie.

     Je suis heureux qu’au lendemain de la célébration du Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, un groupe d’experts se soit réuni au Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie pour réfléchir sur le thème: Evangéliser avec les familles d’aujourd’hui et de demain. Défis ecclésiologiques et pastoraux.

     Ce thème exprime bien la sollicitude maternelle de l’Eglise à l’égard des familles chrétiennes présentes dans le monde entier: membres vivants du Corps mystique du Christ et premier noyau ecclésial auquel le Seigneur confie la transmission de la foi et de l’Evangile, en particulier aux nouvelles générations.

     La recherche profonde d’infini inscrite dans le cœur de tout homme donne aux pères et aux mères la mission de rendre leurs enfants conscients de la Paternité de Dieu, selon ce qu’écrivait saint Augustin: «La source de la vie est auprès de toi, comme c’est dans ta lumière que nous verrons la lumière» (Confessions, XIII, 16).

     Notre époque est caractérisée par une recherche croissante de spiritualité, perceptible surtout chez les jeunes, désireux de relations authentiques et de maîtres de vie. C’est pourquoi il est important que la communauté chrétienne sache porter son regard au loin, devenant gardienne, face aux défis du monde, de cet élan de foi qui habite le cœur de chacun.

      Il est particulièrement urgent, dans cet effort, de prêter une attention spéciale aux familles qui, pour diverses raisons, sont spirituellement plus éloignées: celles qui ne se sentent pas concernées, qui se disent désintéressées, ou encore qui se sentent exclues des parcours ordinaires mais qui aimeraient malgré tout faire partie d’une communauté dans laquelle grandir et avec laquelle marcher. Combien de personnes aujourd’hui ignorent l’invitation à rencontrer Dieu!

     Malheureusement, face à ce besoin, une «privatisation» de plus en plus répandue de la foi empêche souvent ces frères et sœurs de découvrir la richesse et les dons de l’Eglise, lieu de grâce, de fraternité et d’amour!

     Ainsi, bien qu’habités par des désirs sains et saints, tout en cherchant véritablement des appuis pour gravir les beaux sentiers de la vie et de la pleine joie, beaucoup finissent par s’en remettre à de faux soutiens qui, ne supportant pas le poids de leurs aspirations les plus profondes, les laissent retomber vers le bas, les éloignant de Dieu et en faisant d’eux des naufragés dans un océan de sollicitations mondaines.

     Parmi eux se trouvent des pères et des mères, des enfants, des jeunes et des adolescents, parfois éloignés par des modèles de vie illusoires où il n’y a pas de place pour la foi, et à la diffusion desquels contribue dans une large mesure l’usage déformé de moyens en eux-mêmes potentiellement bons — comme les réseaux sociaux — mais qui deviennent nuisibles lorsqu’ils véhiculent des messages trompeurs.

      C’est précisément ce désir d’aller «pêcher» cette humanité qui pousse l’Eglise dans son effort pastoral et missionnaire, pour la sauver des eaux du mal et de la mort à travers la rencontre avec le Christ.

     Il se peut que de nombreux jeunes, qui aujourd’hui préfèrent le concubinage au mariage chrétien, ont en réalité besoin de quelqu’un qui leur montre, de manière concrète et compréhensible, surtout par l’exemple de la vie, ce qu’est le don de la grâce sacramentelle et quelle force en découle; qui les aide à comprendre «la beauté et la grandeur de la vocation à l’amour et au service de la vie» que Dieu confie aux époux (saint Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio, n. 1).

     De même, de nombreux parents, dans l’éducation à la foi de leurs enfants, ont besoin de communautés qui les soutiennent pour créer les conditions permettant à leurs enfants de rencontrer Jésus, «des lieux où se réalise cette communion d’amour qui trouve sa source ultime en Dieu lui-même» (François, Audience générale, 9 septembre 2015).

     La foi est avant tout une réponse à un regard d’amour, et la plus grande erreur que nous puissions commettre en tant que chrétiens est, selon les paroles de saint Augustin, «de prétendre faire consister la grâce du Christ dans son exemple, et non dans le don de sa personne» (Contra Iulianum opus imperfectum, II, 146). Combien de fois, dans un passé sans doute pas si lointain, avons-nous oublié cette vérité, et présenté la vie chrétienne principalement comme un ensemble de préceptes à observer, remplaçant ainsi l’expérience merveilleuse de la rencontre avec Jésus, Dieu qui se donne à nous, par une religion moralisante, lourde, peu attirante, et par certains aspects irréalisables dans la vie quotidienne concrète.

     Dans ce contexte, il revient d’abord aux évêques, successeurs des apôtres et pasteurs du troupeau du Christ, de jeter les filets en mer et de devenir «pêcheurs de familles». Mais les laïcs sont eux aussi appelés à s’impliquer dans cette mission, devenant, aux côtés des ministres ordonnés, des «pêcheurs» de couples, de jeunes, d’enfants, de femmes et d’hommes de tout âge et de toute condition, afin que tous puissent rencontrer Celui qui seul peut sauver. En effet, chacun de nous, dans le baptême, est constitué Prêtre, Roi et Prophète pour ses frères, et devient «pierre vivante» (cf. 1 P 2, 4-5) pour la construction de l’édifice de Dieu «dans la communion fraternelle, dans l’harmonie de l’Esprit, dans la coexistence des diversités» (Homélie, 18 mai 2025).

     Je vous demande donc de vous unir aux efforts par lesquels toute l’Eglise part à la recherche de ces familles qui, seules, ne s’approchent plus; afin de comprendre comment marcher avec elles et comment les aider à rencontrer la foi, pour qu’elles deviennent à leur tour «pêcheuses» d’autres familles.

     Ne vous laissez pas décourager par les situations difficiles que vous rencontrerez. Il est vrai qu’aujourd’hui, les foyers familiaux sont blessés de nombreuses manières, mais «l’Evangile de la famille nourrit également ces germes qui attendent encore de mûrir et doit prendre soin des arbres qui se sont desséchés et qui ont besoin de ne pas être négligés» (François, Exhort. apost. Amoris laetitia, n. 76).

     C’est pourquoi il est urgent de promouvoir la rencontre avec la tendresse de Dieu, qui valorise et aime l’histoire de chacun. Il ne s’agit pas d’apporter des réponses hâtées à des questions difficiles, mais de se faire proches des personnes, de les écouter, en cherchant à comprendre avec elles comment affronter les difficultés, prêts aussi à nous ouvrir, si nécessaire, à de nouveaux critères d’évaluation et à différentes modalités d’action, car chaque génération est différente des précédentes et présente des  défis, des rêves et des interrogations propres. Mais, au milieu de tant de changements, Jésus Christ demeure «le même hier, aujourd’hui et à jamais» (He 13, 8 ). C’est pourquoi, si nous voulons aider les familles à vivre des chemins joyeux de communion et à être les unes pour les autres des semences de foi, il est nécessaire, avant tout, que nous cultivions et renouvelions notre propre identité de croyants.

     Chers frères et sœurs, je vous remercie pour ce que vous faites! Que l’Esprit Saint vous guide dans le discernement de critères et de modalités d’engagement ecclésial capables de soutenir et de promouvoir la pastorale familiale. Aidons les familles à écouter avec courage la proposition du Christ et les appels de l’Eglise! Je vous porte dans ma prière et je vous donne de tout cœur à  tous la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 28 mai 2025

 

 

 

30 mai 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux associations et mouvements populaires arène de paix, de Vérone en Italie

     Il y a trop de violence dans le monde, dans nos sociétés. Face aux guerres, au terrorisme, à la traite des êtres humains, à l’agressivité diffuse, les enfants et les jeunes ont besoin d’expériences qui éduquent à la culture de la vie, du dialogue, du respect mutuel. Et, avant toute chose, ils ont besoin de témoins d’un style de vie différent, non violent

 

 

 

1er juin 2025 – Homélie du Pape Léon XIV lors de la Messe du Jubilé des familles.

     Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » (Angelus, 1er janvier 2025). Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.

     Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.

     Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.

 

     Oui : en désignant comme témoins exemplaires des époux, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et réconcilie, les forces qui désagrègent les relations et les sociétés.

 

     Le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, à l’image de Dieu, de donner la vie.

 

 

1er juin 2025 – Méditation du Pape Léon lors de la prière Mariale du Regina Caeli

     Je suis heureux d'accueillir autant d'enfants qui ravivent notre espérance ! Je salue toutes les familles, petites églises domestiques, où l'Évangile est accueilli et transmis. La famille – disait saint Jean-Paul II – trouve son origine dans l'amour avec lequel le Créateur embrasse le monde créé (Lett. Gratissimam sane, n. 2). Que la foi, l'espérance et la charité grandissent toujours dans nos familles. Je salue tout particulièrement les grands-parents et les personnes âgées Vous êtes un modèle authentique de foi et une source d'inspiration pour les jeunes générations. Merci d'être venus !

 

 

4 juin 2025 – Enseignement du Pape Léon lors de l’Audience Générale, en partant de la parabole des ouvriers de la vigne : Mt 20,4

     Parfois, nous avons l'impression de ne pas parvenir à trouver de sens à notre vie : nous nous sentons inutiles, inadaptés, comme les ouvriers qui attendent sur la place du marché que quelqu'un les fasse travailler. Mais il arrive aussi que le temps passe, que la vie s'écoule et que nous ne nous sentions pas reconnus ni appréciés. Peut-être ne sommes-nous pas arrivés à temps, d'autres se sont présentés avant nous, ou des soucis nous ont retenus ailleurs.

     La métaphore de la place du marché est également très adaptée à notre époque, car le marché est le lieu des affaires, où malheureusement s’achète et se vend autant l’affection que la dignité, en essayant d’en tirer profit. Et quand on ne se sent pas valorisé, reconnu, on risque même de se vendre au premier venu. Le Seigneur, au contraire, nous rappelle que notre vie a une valeur et qu'il désire nous aider à la découvrir.

     Toujours dans la parabole,  il y a des ouvriers qui attendent que quelqu'un les prenne pour une journée. Nous sommes au chapitre 20 de l'Évangile de Matthieu et là aussi nous trouvons un personnage au comportement inhabituel, qui étonne et interroge. Il s'agit du propriétaire d'une vigne, qui se déplace en personne pour aller chercher ses ouvriers. Il veut évidemment établir avec eux une relation personnelle.

     Comme je le disait, c'est une parabole qui donne de l'espérance, parce qu'elle nous dit que ce patron sort plusieurs fois pour aller à la recherche de qui cherche à donner un sens à sa vie. Le patron sort dès l'aube et revient ensuite toutes les trois heures pour chercher des ouvriers à envoyer dans sa vigne. Selon ce schéma, après être sorti à trois heures de l'après-midi, il n'y aurait plus de raison de sortir à nouveau, car la journée de travail se terminerait à six heures.

     Au lieu de cela, ce patron infatigable, qui veut à tout prix valoriser la vie de chacun d’entre nous, sort pourtant à cinq heures. Les ouvriers restés sur la place du marché avaient sans doute perdu tout espoir. Cette journée s’était déroulée en vain. Et pourtant, quelqu'un a cru encore en eux. Quel sens cela a-t-il de prendre des ouvriers uniquement pour la dernière heure de la journée de travail ? Quel sens cela a-t-il d'aller travailler pour une heure seulement ? Pourtant, même lorsqu'il nous semble de ne pouvoir faire que peu de chose dans la vie, cela en vaut toujours la peine. Il y a toujours la possibilité de trouver un sens, parce que Dieu aime notre vie.

     Et l'originalité de ce patron se manifeste aussi à la fin de la journée, au moment de la paie. Avec les premiers ouvriers, ceux qui vont à la vigne dès l'aube, le maître s'était mis d'accord sur une somme d'argent, qui était le coût typique d'une journée de travail. Aux autres, il dit qu'il leur donnera ce qui est juste. Et c'est précisément ici que la parabole vient nous interpeller : qu'est-ce qui est juste ? Pour le propriétaire de la vigne, c'est-à-dire pour Dieu, il est juste que chacun ait le nécessaire pour vivre. Il a appelé les travailleurs personnellement, il connaît leur dignité et il veut les payer en fonction de celle-ci. Et il leur donne à tous de l'argent.

     Le récit dit que les ouvriers de la première heure sont déçus : ils ne voient pas la beauté du geste du patron, qui n'a pas été injuste, mais simplement généreux, il n’a pas seulement considéré le mérite, mais aussi le besoin. Dieu veut donner à tous son Royaume, c'est-à-dire une vie pleine, éternelle et heureuse. Et c'est ainsi que Jésus fait avec nous : il ne fait pas de classement, à qui lui ouvre son cœur il Se donne tout entier.

     À la lumière de cette parabole, le chrétien d'aujourd'hui pourrait être tenté de penser : "Pourquoi commencer à travailler immédiatement ? Si la rémunération est la même, pourquoi travailler plus ? A ces doutes Saint Augustin répondait ainsi : « Pourquoi donc tardes-tu à suivre celui qui t’appelle, alors que tu es sûr de la rémunération mais incertain du jour ? Prends garde de ne pas te priver toi-même, à force de repousser, ce qu'il te donnera selon sa promesse » [1].

     Je voudrais dire, surtout aux jeunes, de ne pas attendre, mais de répondre avec enthousiasme au Seigneur qui nous appelle à travailler dans sa vigne. Ne pas tarder, retrousse les manches, car le Seigneur est généreux et tu ne seras pas déçu ! En travaillant dans sa vigne, tu trouveras une réponse à cette interrogation profonde que tu portes en toi : quel est le sens de ma vie ?

     Chers frères et sœurs, ne nous décourageons pas ! Même dans les moments sombres de la vie, quand le temps passe sans nous donner les réponses que nous cherchons, demandons au Seigneur de sortir à nouveau et de nous rejoindre là où nous l'attendons. Le Seigneur est généreux et il viendra aussitôt !

 

 

4 juin 2025 – Paroles du Pape Léon XIV, aux pèlerins francophones venus à l’Audience Générale.

     Notre monde peine à trouver une valeur à la vie humaine, même en sa dernière heure : que l’Esprit du Seigneur éclaire nos intelligences, pour que nous sachions défendre la dignité intrinsèque de toute personne humaine.

 

10 juin 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux participants au Jubilé des Nonces Apostoliques (extraits)

     Donner le Christ signifie donner de l’amour, témoigner de cette charité prête à tout. Je compte sur vous pour que, dans les pays où vous vivez, chacun sache que l’Eglise est toujours prête à tout par amour, qu’elle est toujours du côté des derniers, des pauvres, et qu’elle défendra toujours le droit sacré de croire en Dieu, de croire que cette vie n’est pas à la merci des puissances de ce monde, mais qu’elle est traversée par un sens mystérieux.

 

 

 

17 juin 2025 – Message du Pape Léon XIV aux participants à le 2ème Conférence annuelle sur l’IA, éthique et gouvernance d’entreprise les 19 et 20 juin

     A l’occasion de cette deuxième conférence annuelle de Rome sur l’Intelligence artificielle, j’exprime mes meilleurs vœux dans la prière à tous les participants. Votre présence témoigne du besoin urgent d’une réflexion sérieuse et d’un débat constant sur la dimension intrinsèquement éthique de l’IA, ainsi que sur sa gouvernance responsable. A cet égard, je suis heureux que le deuxième jour de la Conférence se déroule au Palais apostolique, ce qui manifeste clairement la volonté de l’Eglise de participer à ces débats qui touchent directement le présent et l’avenir de notre famille humaine.

     A côté de son extraordinaire potentiel au bénéfice de la famille humaine, le développement rapide de l’IA soulève également des questions plus profondes concernant l’utilisation appropriée de cette technologie pour édifier une société mondiale plus authentiquement juste et humaine. Dans ce sens, tout en étant sans aucun doute un produit exceptionnel du génie humain, l’IA est «avant tout un outil» (Pape François, Discours à la session du G7 sur l’Intelligence artificielle, 14 juin 2024). Par définition, les outils renvoient à l’intelligence humaine qui les a conçus et tirent une grande partie de leur force éthique des intentions des personnes qui les manipulent. Dans certains cas, l’IA a été utilisée de façon positive et même noble pour promouvoir une plus grande égalité, mais il existe également la possibilité qu’elle soit détournée à des fins égoïstes au détriment des autres, ou pire, pour fomenter les conflits et les agressions.

     Pour sa part, l’Eglise désire contribuer à un débat serein et éclairé sur ces questions urgentes en soulignant avant tout le besoin de mesurer les ramifications de l’IA à la lumière du «développement intégral de la personne et de la société» (Note Antiqua et Nova, n. 6). Cela implique de prendre en compte le bien-être de la personne humaine, non seulement du point de vue matériel, mais également intellectuel et spirituel; cela signifie sauvegarder la dignité inviolable de chaque personne humaine et respecter la richesse culturelle et spirituelle des peuples du monde. En définitive, les bénéfices ou les risques de l’IA doivent être évalués précisément en fonction de ce critère éthique supérieur.

     Malheureusement, comme le regretté Pape François l’a souligné, nos sociétés assistent aujourd’hui à une certaine «disparition ou du moins à une éclipse du sens de l’humain» et cela nous exhorte tous à réfléchir plus profondément sur la véritable nature et l’unicité de notre dignité humaine commune (Discours à la session du G7 sur l’Intelligence artificielle, 14 juin 2024). L’IA, en particulier l’IA générative, a ouvert de nouveaux horizons à différents et multiples niveaux, notamment en améliorant la recherche en matière de santé et de découverte scientifique, mais elle soulève également des questions préoccupantes sur ses possibles répercussions sur l’ouverture de l’humanité à la vérité et à la beauté, sur notre capacité distinctive à saisir et à interpréter la réalité. Reconnaître et respecter ce qui caractérise de façon unique la personne humaine est essentiel au débat de tout cadre éthique adéquat pour la gouvernance de l’IA.  

     Nous sommes tous, j’en suis certain, préoccupés pour les enfants et les jeunes, et les possibles conséquences de l’utilisation de l’IA sur le développement intellectuel et neurologique. Il faut aider nos jeunes, et non pas les entraver, dans leur parcours vers la maturité et la véritable responsabilité. Ils sont notre espérance pour l’avenir, et le bien-être de la société dépend de la capacité qu’ils pourront avoir de développer les dons et les aptitudes que Dieu leur a donnés, et de répondre aux défis de notre époque et aux besoins des autres avec un esprit libre et généreux. Aucune génération n’a jamais eu un tel accès rapide à la masse d’information désormais disponible grâce à l’IA. Mais une fois encore, l’accès à des données — bien qu’extensives — ne doit pas être confondue avec l’intelligence, qui implique nécessairement «l’ouverture de la personne aux questions ultimes de la vie et reflète une orientation vers le Vrai et le Bien» (Antiqua et Nova, n. 29). A la fin, la sagesse authentique est davantage liée à la reconnaissance de la véritable signification de la vie, qu’à la disponibilité de données.

     Chers amis, dans cette perspective, je forme le vœu que vos débats considéreront également l’IA dans le contexte de l’apprentissage intergénérationnel nécessaire qui permettra aux jeunes d’intégrer la vérité dans leur vie morale et spirituelle, éclairant ainsi leurs décisions mûres et ouvrant la voie à un monde de plus grande solidarité et unité (cf. ibid., n. 28). La tâche qui s’ouvre à vous n’est pas aisée, mais elle est d’une importance vitale. En vous remerciant pour vos efforts présents et futurs, j’invoque cordialement sur vous et vos familles les bénédictions divines de sagesse, de joie et de paix.

Du Vatican, le 17 juin 2025

Léon PP. XIV

 

 

 

21 juin 2025 – Discours du Pape Léon XIV lors du Jubilé des Pouvoirs Publics, et Parlementaires

…     Pour avoir alors un point de référence unitaire dans l’action politique, au lieu d’exclure a priori, dans les processus décisionnels, la référence au transcendant, il convient d’y rechercher ce qui unit chacun. A cet égard, un point de référence incontournable est celui de la loi naturelle: non pas écrite de la main de l’homme, mais reconnue comme valide universellement et en tout temps, qui trouve dans la nature même sa forme la plus plausible et convaincante. Dans l’Antiquité, Cicéron en était déjà un éminent interprète, en écrivant dans De re publica: «Il est une loi véritable, la droite raison conforme à la nature, immuable, éternelle, qui appelle l’homme au bien par ses commandements, et le détourne du mal par ses menaces […].  On ne peut ni l’infirmer par d’autres lois, ni déroger à quelqu’un de ses préceptes, ni l’abroger tout entière; ni le sénat ni le peuple ne peuvent nous dégager de son empire; elle n’a pas besoin d’interprète qui l’explique;  il n’y en aura pas une à Rome, une autre à Athènes, une aujourd’hui, une autre dans un siècle; mais une seule et même loi éternelle et inaltérable régit à la fois tous les peuples, dans tous les temps» (Cicéron, La République, III, 22).

     La loi naturelle, universellement valide au-delà d’autres opinions pouvant être discutées, constitue la boussole pour légiférer et agir, notamment face aux délicates questions éthiques qui, aujourd’hui plus que par le passé, touchent le domaine de la vie personnelle et de la vie privée.

     La Déclaration universelle des droits de l’homme, approuvée et proclamée par les Nations unies le 10 décembre 1948, appartient désormais au patrimoine culturel de l’humanité. Ce texte, toujours actuel, peut contribuer de manière décisive à replacer la personne humaine, dans son intégrité inviolable, à la base de la recherche de vérité, afin de rendre sa dignité à ceux qui ne se sentent pas respectés dans leur for intérieur et dans les exigences de leur conscience.

     … Le degré de civilisation atteint dans notre monde, et les objectifs auxquels vous êtes appelés à répondre, trouvent aujourd’hui un grand défi dans l’intelligence artificielle. Il s’agit d’un développement qui apportera sans aucun doute une aide utile à la société, dans la mesure où, toutefois, son utilisation ne compromet pas l’identité et la dignité de la personne humaine, ni ses libertés fondamentales. En particulier, il ne faut pas oublier que le rôle de l’intelligence artificielle est d’être un instrument au service du bien de l’être humain, et non pour le diminuer ou en provoquer la perte. Le défi qui se profile est donc important, et exige une grande attention, une vision clairvoyante de l’avenir, afin de concevoir, dans un monde en rapide mutation, des styles de vie sains, justes et sûrs, en particulier pour les jeunes générations.

     La vie personnelle vaut beaucoup plus qu’un algorithme et les relations sociales ont besoin d’espaces humains bien plus riches que les schémas limités que peut préfabriquer une quelconque machine sans âme. N’oublions pas que bien qu’étant en mesure d’emmagasiner des millions de données et d’offrir en quelques secondes des réponses à de nombreuses questions, l’intelligence artificielle  demeure dotée d’une «mémoire» statique, sans comparaison possible avec celle de l’homme et de la femme, qui est au contraire créative, dynamique, générative, capable d’unir passé, présent et avenir dans une recherche vivante et féconde de sens, avec toutes les implications éthiques et existentielles qui en découlent (cf. François, Discours à la session du G7 sur l’intelligence artificielle, 14 juin 2024).

La politique ne peut ignorer un tel défi. Elle est, au contraire, appelée à répondre aux nombreux citoyens qui regardent à juste titre les défis liés à cette nouvelle culture numérique avec confiance mais aussi préoccupation.

     Saint Jean-Paul II, lors du Jubilé de l’an 2000, a indiqué aux hommes politiques saint Thomas More comme témoin à admirer et intercesseur sous la protection duquel placer leur engagement. En effet, Thomas More fut un homme fidèle à ses responsabilités civiles, précisément en vertu de sa foi, qui le conduisit à interpréter la politique non pas comme une profession, mais comme une mission pour la promotion de la vérité et du bien. Il «mit son activité publique au service de la personne, surtout quand elle est faible ou pauvre; il géra les controverses sociales avec un grand sens de l’équité; il protégea la famille et la défendit avec une détermination inlassable; il promut l’éducation intégrale de la jeunesse» (Lett. Ap. M.P. E Sancti Thomae Mori, 31 octobre 2000, n. 4). Le courage avec lequel il n’hésita pas à sacrifier sa vie pour ne pas trahir la vérité en fait pour nous, aujourd’hui encore, un martyr de la liberté et de la primauté de la conscience. Puisse son exemple être pour chacun de vous une source d’inspiration et d’orientation.

 

 

26 juin 2025 – Message du Pape Léon XIV pour la Vème Journée Mondiale des Grands Parents et Personnes âgées

“Heureux celui qui n’a pas perdu l’espérance” (cf. Si 14, 2)

Chers frères et sœurs,

     le Jubilé que nous vivons nous aide à découvrir que l’espérance est toujours source de joie, à tout âge. Et quand elle est aguerrie par le feu d’une longue existence, elle devient source de béatitude parfaite.

     La Sainte Écriture présente divers cas d’hommes et de femmes déjà avancés en âge que le     Seigneur implique dans ses plans de salut. Pensons à Abraham et Sara : désormais âgés, ils restent incrédules devant la parole de Dieu qui leur promet un fils. L’impossibilité d’engendrer semble avoir fermé leur regard d’espérance sur l’avenir.

     La réaction de Zacharie à l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste n’est pas différente : « A quoi connaîtrai-je cela ? Car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge » (Lc 1, 18). La vieillesse, la stérilité, le déclin semblent éteindre les espérances de vie et de fécondité de tous ces hommes et femmes. Et même la question que Nicodème pose à Jésus, lorsque le Maître lui parle d’une “nouvelle naissance”, semble purement rhétorique : « Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » (Jn 3, 4). Et pourtant, chaque fois, face à une réponse apparemment évidente, le Seigneur surprend ses interlocuteurs par une intervention salvatrice.

 

Les personnes âgées, signes d’espérance

     Dans la Bible, Dieu montre à plusieurs reprises sa providence en s’adressant à des personnes âgées. C’est le cas non seulement d’Abraham, de Sara, de Zacharie et d’Élisabeth, mais aussi de Moïse, appelé à libérer son peuple alors qu’il avait quatre-vingts ans (cf. Ex 7, 7). Par ces choix, il nous enseigne que, à ses yeux, la vieillesse est un temps de bénédiction et de grâce et que les personnes âgées sont pour lui les premiers témoins de l’espérance. « Qu’est-ce donc que ce temps de la vieillesse ? – se demande saint Augustin – Dieu te répond : “Oh, que ta force disparaisse complètement, afin que ma force demeure en toi et que tu puisses dire avec l’Apôtre : Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort” » (Super Ps 70, 11). Le fait que le nombre de personnes âgées soit aujourd’hui en augmentation devient alors pour nous un signe des temps que nous sommes appelés à discerner, afin de bien lire l’histoire que nous vivons.

     La vie de l’Église et du monde ne s’appréhende en effet que dans la succession des générations, et embrasser une personne âgée nous aide à comprendre que l’histoire ne s’épuise pas dans le présent, ni ne se consume dans des rencontres fugaces et des relations fragmentaires, mais qu’elle se déroule vers l’avenir. Dans le livre de la Genèse, nous trouvons l’épisode émouvant de la bénédiction donnée par Jacob, désormais âgé, à ses petits-enfants, les fils de Joseph : ses paroles les encouragent à regarder l’avenir avec espérance, comme au temps des promesses de Dieu (cf. Gn 48, 8-20). S’il est vrai que la fragilité des personnes âgées a besoin de la vigueur des jeunes, il est tout aussi vrai que l’inexpérience des jeunes a besoin du témoignage des personnes âgées pour projeter l’avenir avec sagesse. Combien de fois nos grands-parents ont-ils été pour nous un exemple de foi et de dévotion, de vertus civiques et d’engagement social, de mémoire et de persévérance dans les épreuves ! Ce bel héritage, qu’ils nous ont remis avec espérance et amour, ne serait jamais assez, pour nous, motif de gratitude et de cohérence.

 

Signes d’espérance pour les personnes âgées

     Depuis ses origines bibliques, le Jubilé a toujours été un temps de libération : les esclaves étaient affranchis, les dettes effacées, les terres rendues à leurs propriétaires d’origine. C’était un moment de restauration de l’ordre social voulu par Dieu, où les inégalités et les oppressions accumulées au fil des ans étaient réparées. Jésus renouvelle ces événements de libération lorsqu’il proclame, dans la synagogue de Nazareth, la bonne nouvelle aux pauvres, la vue aux aveugles, la libération des prisonniers et le retour à la liberté pour les opprimés (cf. Lc 4, 16-21).

     En regardant les personnes âgées dans cette perspective jubilaire, nous sommes nous aussi appelés à vivre avec elles une libération, surtout de la solitude et de l’abandon. Cette année est le moment propice pour y parvenir : la fidélité de Dieu à ses promesses nous enseigne qu’il y a une béatitude dans la vieillesse, une joie authentiquement évangélique, qui nous demande d’abattre les murs de l’indifférence dans lesquels les personnes âgées sont souvent enfermées. Nos sociétés, sous toutes les latitudes, s’habituent trop souvent à laisser une partie si importante et si riche de leur tissu social être mise à l’écart et oubliée.

     Face à cette situation, un changement d’attitude s’impose, qui témoigne d’une prise de responsabilité de la part de toute l’Église. Chaque paroisse, chaque association, chaque groupe ecclésial est appelé à devenir protagoniste d’une “révolution” de la gratitude et d’attention, à réaliser en rendant fréquemment visite aux personnes âgées, en créant pour elles et avec elles des réseaux de soutien et de prière, en tissant des relations qui puissent donner espoir et dignité à ceux qui se sentent oubliés. L’espérance chrétienne nous pousse toujours à oser davantage, à voir grand, à ne pas nous contenter du status quo. Dans le cas présent, à œuvrer pour un changement qui redonne aux personnes âgées estime et affection.

     C’est pourquoi le Pape François a souhaité que la Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Agées soit célébrée avant tout en rencontrant ceux qui sont seuls. Et pour la même raison, il a été décidé que les personnes qui ne pourront pas venir en pèlerinage à Rome cette année pourront « bénéficier de l’Indulgence jubilaire en visitant durant un temps suffisant […] les vieillards isolés accomplissant ainsi un pèlerinage auprès du Christ présent en eux (cf. Mt 25, 34-36) » (Pénitencerie ApostoliqueNote sur L’indulgence Plénière, n. 3). Rendre visite à une personne âgée est une manière de rencontrer Jésus qui nous libère de l’indifférence et de la solitude.

 

En tant que personne âgée, on peut espérer

     Le livre du Siracide affirme que la béatitude appartient à ceux qui n’ont pas perdu   l’espérance (cf. 14, 2), laissant entendre que dans notre vie – surtout si elle est longue – il peut y avoir de nombreuses raisons de regarder en arrière plutôt que vers l’avenir. Pourtant, comme l’a écrit le Pape François lors de sa dernière hospitalisation, « nos corps sont faibles, mais rien ne nous empêche d’aimer, de prier, de donner de nous-mêmes, d’être les uns pour les autres, dans la foi, des signes lumineux d’espérance » (Angélus, 16 mars 2025). Nous avons une liberté qu’aucune difficulté ne peut nous enlever : celle d’aimer et de prier. Tous, toujours, nous pouvons aimer et prier.

     Le bien que nous voulons pour nos proches – notre conjoint avec qui nous avons passé une grande partie de notre vie, nos enfants, nos petits-enfants qui égayent nos journées – ne s’éteint pas lorsque nos forces déclinent. Au contraire, c’est souvent leur affection qui réveille nos énergies, nous apportant espoir et réconfort.

     Ces signes de vitalité de l’amour, qui ont leur racine en Dieu lui-même, nous donnent du   courage et nous rappellent que « même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4, 16). C’est pourquoi, surtout en tant que personnes âgées, persévérons avec confiance dans le Seigneur. Laissons-nous renouveler     chaque jour par la rencontre avec Lui, dans la prière et dans la sainte messe. Transmettons avec amour la foi que nous avons vécue pendant tant d’années, dans notre famille et dans nos rencontres quotidiennes : louons toujours Dieu pour sa bienveillance, cultivons l’unité avec nos proches, ouvrons notre cœur à ceux qui sont plus éloignés et, en particulier, à ceux qui sont dans le besoin. Nous serons des signes d’espérance, à tout âge.

Du Vatican, le 26 juin 2025

LÉON PP. XIV

 

3 juillet 2025 – Message du Pape Léon XIV aux Scouts et Guides de France à l’occasion de rassemblement « Clameurs »

     Vous voulez conquérir le monde non pas pour l’assujettir, mais pour servir la vie qui vient de Dieu

 

 

13 juillet 2025 – Méditation du Pape Léon XIV lors de la prière de l’Angelus

      Pour vivre éternellement, il n’est donc pas nécessaire d’esquiver la mort, mais de servir la vie, c’est-à-dire de prendre soin de l’existence des autres dans le temps que nous partageons. Telle est la loi suprême, qui précède toute règle sociale et lui donne son sens.

 

 

 

20 juillet 2025 – Homélie du Pape Léon XIV lors de la Messe célébrée dans la cathédrale  d’Albano

     (cf. Gn 18, 1-10).

     Dieu rend visite à Abraham en la personne de “trois hommes” qui viennent à sa tente “à l’heure la plus chaude du jour” (cf. Gn 18, 1-2). Nous pouvons imaginer la scène : le soleil brûlant, le calme immobile du désert, la chaleur intense et les trois inconnus qui cherchent un abri. Abraham, assis “à l’entrée de la tente”, est dans la position de maître de maison, et il est très beau de voir comment il exerce son rôle : ayant reconnu la présence de Dieu dans les visiteurs, il se lève, court à leur rencontre, se prosterne jusqu’à terre, les prie de s’arrêter. Ainsi, toute la scène s’anime. L’immobilité de l’après-midi se remplit de gestes d’amour qui impliquent non seulement le Patriarche, mais aussi Sara, sa femme et les serviteurs. Abraham n’est plus assis, mais « il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre » (Gn 18, 8), et là, Dieu lui annonce la plus belle nouvelle qu’il pouvait espérer : « Sara, ta femme, aura un fils » (Gn 18, 10).

     La dynamique de cette rencontre peut nous faire réfléchir : Dieu choisit la voie de l’hospitalité pour rencontrer Sara et Abraham et leur donner l’annonce de leur fécondité, qu’ils désiraient tant et auquel ils ne croyaient plus. Après tant de moments de grâce où il leur avait déjà rendu visite, il revient frapper à leur porte, demandant accueil et confiance. Et les deux époux âgés répondent positivement, sans savoir encore ce qui va se passer. Ils reconnaissent dans ces visiteurs mystérieux sa bénédiction, sa présence même. Ils leur offrent ce qu’ils ont : la nourriture, la compagnie, le service, l’ombre d’un arbre. Ils reçoivent la promesse d’une vie nouvelle et d’une descendance.

 

 

20 juillet 2025 – Méditation du Pape Léon XIV lors de la prière de l’Angelus

     L’industrie du tourisme veut nous vendre toutes sortes d’expériences, mais ce n’est peut-être pas celle que nous recherchons. En effet, toute véritable rencontre est gratuite et ne s’achète pas : qu’il s’agisse de la rencontre avec Dieu, avec les autres ou avec la nature. Il suffit de se faire hôte : faire de la place et même la demander ; accueillir et se laisser accueillir. Nous avons tant à recevoir et pas seulement à donner. Abraham et Sarah, bien qu’âgés, se sont découverts féconds lorsqu’ils ont accueilli sereinement le Seigneur lui-même sous les traits de trois voyageurs. Pour nous aussi, il y a encore beaucoup de vie à accueillir.

 

 

25 juillet 2025 – Message du Pape Léon XIV pour la 111ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié – 4-5 octobre 2025

Migrants, missionnaires d’espérance

     Face aux théories de dévastation mondiale et aux scénarios effrayants, il est important que grandisse dans le cœur de chacun le désir d’espérer un avenir de dignité et de paix pour tous les êtres humains. Un tel avenir est une partie essentielle du projet de Dieu sur l’humanité et le reste de la création.

 

27 juillet 2025 – Paroles du Pape Léon XIV au terme de la prière de l’Angelus

     Aujourd’hui, nous célébrons la 5ème Journée Mondiale des Grands-parents et des Personnes âgées, dont le thème est : « Heureux celui qui n’a pas perdu l’espoir ». Regardons nos grands-parents et les personnes âgées comme des témoins d’espérance, capables d’éclairer le chemin des nouvelles générations. Ne les laissons pas seuls, mais nouons avec eux une alliance d’amour et de prière.

…     Toute personne humaine possède une dignité intrinsèque qui lui est donnée par Dieu lui-même.

 

 

29 juillet 2025 – Discours du Pape Léon XIV, en langue française, à l’occasion de la rencontre avec des néophytes et catéchumènes français

     Le Baptême introduit dans la communion avec le Christ et donne la vie. Il nous engage à renoncer à une culture de la mort très présente dans notre société. Cette culture de la mort se manifeste aujourd’hui par l’indifférence, le mépris des autres, la drogue, la recherche d’une vie facile, une sexualité qui devient divertissement et chosification de la personne humaine, l’injustice, etc.

     Nous ne naissons pas chrétien, nous le devenons quand nous sommes touchés par la grâce de Dieu. Cependant ce “toucher” s’exprime à travers notre choix dûment réfléchi et par notre démarche personnelle. Sans ces exigences véritables, nous porterons l’étiquette chrétienne, mais des chrétiens de convenance, d’habitude ou de confort. Nous devenons d’authentiques chrétiens lorsque nous nous laissons personnellement toucher dans notre vie de chaque jour par la parole et le témoignage de Jésus. Au milieu de vos tribulations, des moments de solitude et d’aridité, des incompréhensions, de vos fatigues, puissent vos cœurs s’établir en lui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), la source de toute paix, joie et amour.

 

 

30 juillet 2025 – Enseignement du Pape Léon XIV lors de l’Audience Générale

     Notre époque a aussi besoin de guérison. Notre monde est traversé par un climat de violence et de haine qui porte atteinte à la dignité humaine. Nous vivons dans une société qui tombe malade à cause d'une « boulimie » des connexions des réseaux sociaux : nous sommes hyperconnectés, bombardés d'images, parfois même fausses ou déformées. Nous sommes submergés par de multiples messages qui suscitent en nous une tempête d'émotions contradictoires.

     Dans ce contexte, il est possible que nous ayons envie de tout éteindre. Nous pouvons en arriver à préférer ne plus rien entendre. Même nos paroles risquent d'être mal interprétées et nous pouvons être tentés de nous enfermer dans le silence, dans une incommunicabilité où, même si nous sommes proches, nous ne parvenons plus à nous dire les choses les plus simples et les plus profondes.

     À ce propos, je voudrais m'arrêter sur un passage de l'Évangile de Marc qui nous présente un homme qui ne parle pas et n'entend pas (cf. Mc 7, 31-37). Tout comme cela pourrait nous arriver aujourd'hui, cet homme a peut-être décidé de ne plus parler parce qu'il ne se sentait pas compris, et de devenir muet parce qu'il était resté déçu et blessé par ce qu'il avait entendu. En effet, ce n'est pas lui qui va vers Jésus pour être guéri, mais il est amené par d'autres personnes. On pourrait penser que ceux qui le conduisent vers le Maître sont ceux qui sont préoccupés par son isolement. La communauté chrétienne a également vu dans ces personnes l'image de l'Église, qui accompagne chaque personne vers Jésus afin qu'il écoute sa parole. L'épisode se déroule dans un territoire païen, nous sommes donc dans un contexte où d'autres voix tendent à couvrir la voix de Dieu.

     Le comportement de Jésus peut sembler étrange au premier abord, car il prend cette personne avec lui et l'emmène à l'écart (v. 33a). Il semble ainsi accentuer son isolement, mais à y regarder de plus près, cela nous aide à comprendre ce qui se cache derrière le silence et la fermeture de cet homme, comme s'il avait compris son besoin d'intimité et de proximité.

     Jésus lui offre tout d'abord une proximité silencieuse, à travers des gestes qui expriment une rencontre profonde : il touche les oreilles et la langue de cet homme (cf. v. 33b). Jésus n'use pas beaucoup de mots, il dit la seule chose qui lui est nécessaire à ce moment-là : « Ouvre-toi ! » (v. 34). Marc rapporte le mot en araméen, effatà, presque pour nous en faire ressentir “en direct” le son et le souffle. Ce mot, simple et magnifique, contient l'invitation que Jésus adresse à cet homme qui a cessé d'écouter et de parler. C'est comme si Jésus lui disait : « Ouvre-toi à ce monde qui t'effraie ! Ouvre-toi aux relations qui t'ont déçu ! Ouvre-toi à la vie que tu as renoncé à affronter ! ». Se fermer n'est en effet jamais une solution.

     Après sa rencontre avec Jésus, cette personne non seulement recommence à parler, mais elle le fait « correctement » (v. 35). Cet adverbe inséré par l'évangéliste semble vouloir nous en dire davantage sur les raisons de son silence. Peut-être cet homme avait-il cessé de parler parce qu'il avait l'impression de mal s'exprimer, peut-être ne se sentait-il pas à la hauteur.   Tous, nous faisons l'expérience d'être mal compris et de ne pas nous sentir compris. Nous avons tous besoin de demander au Seigneur de guérir notre façon de communiquer, non seulement pour être plus efficaces, mais aussi pour éviter de blesser les autres avec nos paroles.

     Reprendre correctement la parole est le début d'un cheminement, ce n'est pas encore le point d'arrivée. En effet, Jésus interdit à cet homme de raconter ce qui lui est arrivé (cf. v. 36). Pour vraiment connaître Jésus, il faut accomplir un cheminement, il faut rester avec Lui et passer aussi par sa Passion. Quand nous l'aurons vu humilié et souffrant, quand nous aurons fait l'expérience de la puissance salvifique de sa Croix, alors nous pourrons dire que nous l'avons vraiment connu. Pour devenir disciples de Jésus, il n'y a pas de raccourcis.

     Demandons au Seigneur de nous apprendre à communiquer de manière honnête et prudente. Prions pour tous ceux qui ont été blessés par les paroles des autres. Prions pour l'Église, afin qu'elle ne renonce jamais à sa mission d'amener les gens à Jésus, afin qu'ils puissent écouter sa Parole, en être guéris et devenir à leur tour porteurs de son message de salut.

 

 

2 août 2025 – Discours du Pape Léon XIV lors de la Veillée de Prière pour le Jubilé des Jeunes. – 1ère partie

     Chers jeunes, les relations humaines, nos relations avec les autres sont indispensables à chacun d’entre nous, à commencer par le fait que tous les hommes et toutes les femmes dans le monde naissent enfants de quelqu’un. Notre vie commence par un lien et c’est par les liens que nous grandissons. Dans ce processus, la culture joue un rôle fondamental : c’est le code avec lequel nous nous comprenons nous-mêmes et interprétons le monde. Comme un dictionnaire, chaque culture contient à la fois des mots nobles et des mots vulgaires, des valeurs et des erreurs qu’il faut apprendre à reconnaître. En recherchant passionnément la vérité, nous ne recevons pas seulement une culture, mais nous la transformons par nos choix de vie. La vérité, en effet, est un lien qui relie les mots aux choses, les noms aux visages. Le mensonge, en revanche, sépare ces aspects, générant confusion et malentendus.

     Aujourd’hui, parmi les nombreuses connexions culturelles qui caractérisent notre vie, Internet et les réseaux sociaux sont devenus « une extraordinaire opportunité de dialogue, de rencontre et d’échange entre les personnes, et donnent accès à l’information et à la connaissance » (Pape François, Christus vivit, n. 87). Cependant, ces instruments s’avèrent ambigus lorsqu’ils sont dominés par des logiques commerciales et des intérêts qui brisent nos relations en mille morceaux. À cet égard, le Pape François rappelait que parfois les « mécanismes de la communication, de la publicité et des réseaux sociaux peuvent être utilisés pour faire de nous des êtres endormis, dépendants de la consommation » (Christus vivit, n. 105). Nos relations deviennent alors confuses, anxieuses ou instables. De plus, comme vous le savez, il existe aujourd’hui des algorithmes qui nous disent ce que nous devons voir, ce que nous devons penser et qui devraient être nos amis. Nos relations deviennent alors confuses, parfois angoissantes. Car l’homme qui se laisse dominer par l’instrument devient lui-même un instrument : oui, un instrument du marché et, à son tour, une marchandise. Seules des relations sincères et des liens stables permettent à des histoires de vie heureuses de s’épanouir.

     Chers jeunes, tout personne désire naturellement cette vie bonne, comme les poumons aspirent à l’air, mais combien il est difficile de la trouver ! Comme il est difficile de trouver une authentique amitié. Il y a plusieurs siècles, saint Augustin a saisi le désir profond de notre cœur, qui est celui de tout cœur humain, même sans connaître le développement technologique actuel d’aujourd’hui. Lui aussi a connu une jeunesse tumultueuse, mais il ne s’est pas contenté de cela, il n’a pas réduit au silence le cri de son cœur. Augustin cherchait la vérité, la vérité qui ne déçoit pas, la beauté qui ne passe pas. Et comment l’a-t-il trouvée ?  Comment a-t-il trouvé une amitié sincère, un amour capable de donner l’espérance ? En rencontrant celui qui le cherchait déjà, en rencontrant Jésus-Christ. Comment a-t-il construit son avenir ? En le suivant, Lui son ami de toujours. Selon ses propres mots : “Aucune amitié n’est fidèle si ce n’est en Christ. - Saint Augustin nous dit : “Il n’y a pas d’amitié authentique si elle n’est pas en Christ. Et la véritable amitié est toujours en Jésus-Christ, avec vérité, amour et respect” - Et ce n’est qu’en Lui qu’elle peut être heureuse et éternelle” (cf. Réfutation De deux lettres des Pélagiens, I, I, 1) ; « c’est l’aimer véritablement un ami, que d’aimer Dieu en lui » (Sermon 336, 2), nous dit Augustin. L’amitié avec le Christ, qui est à la base de la foi, n’est pas seulement une aide parmi tant d’autres pour construire l’avenir, elle est notre étoile polaire. Comme l’écrivait le bienheureux Pier Giorgio Frassati, « vivre sans foi, sans un patrimoine à défendre, sans lutter pour la Vérité, ce n’est pas vivre, c’est simplement exister » (cf. Lettres, 27 février 1925). Lorsque nos amitiés reflètent ce lien intense avec Jésus, elles deviennent assurément sincères, généreuses et authentiques.

     Chers jeunes, aimez-vous les uns les autres ! Aimez-vous dans le Christ ! Sachez voir Jésus dans les autres. L’amitié peut vraiment changer le monde. L’amitié est un chemin vers la paix. L’amitié est le chemin vers la paix.

 

 

2 août 2025 – Discours du Pape Léon XIV lors de la Veillée de Prière pour le Jubilé des Jeunes. – 2ème partie

     Comment trouver le courage de choisir ? Où pouvons-nous trouver le courage de choisir et de prendre des décisions judicieuses ? Le choix est un acte humain fondamental. En l’observant attentivement, nous comprenons qu’il ne s’agit pas seulement de choisir quelque chose, mais de choisir quelqu’un. Lorsque nous choisissons, au sens fort, nous décidons qui nous voulons devenir. Le choix par excellence, en effet, est la décision concernant notre vie : quel homme veux-tu être ? Quelle femme veux-tu être ? Très chers jeunes, on apprend à choisir à travers les épreuves de la vie, et avant tout en se rappelant que nous avons été choisis. Cette mémoire doit être explorée et éduquée. Nous avons reçu la vie gratuitement, sans l’avoir choisie ! À notre origine, il n’y a pas eu notre décision, mais un amour qui nous a voulus. Au cours de l’existence, celui qui nous aide à reconnaître et à renouveler cette grâce dans les choix que nous sommes appelés à faire se révèle être un véritable ami.

     Chers jeunes, vous avez bien dit : “choisir, c’est aussi renoncer à autre chose, et cela nous bloque parfois”. Pour être libres, il faut partir d’une base stable, du roc qui soutient nos pas. Ce roc est un amour qui nous précède, nous surprend et nous dépasse infiniment : c’est l’amour de Dieu. C’est pourquoi, devant Lui, le choix devient un jugement qui n’enlève aucun bien, mais conduit toujours au meilleur.

Le courage de choisir vient de l’amour que Dieu nous manifeste dans le Christ. C’est Lui qui nous a aimés de tout son être, en sauvant le monde et en nous montrant ainsi que le don de la vie est le chemin pour réaliser notre personne. C’est pourquoi la rencontre avec Jésus correspond aux attentes les plus profondes de notre cœur, car Jésus est l’Amour de Dieu fait homme.

     À ce sujet, il y a vingt-cinq ans, ici même où nous nous trouvons, saint Jean-Paul II disait : « c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait ; c’est lui, la beauté qui vous attire tellement ; c’est lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer aux compromis ; c’est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie ; c’est lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus profondes que d’autres voudraient étouffer » (Veillée de prière lors de la 15ème Journée Mondiale de la Jeunesse, 19 août 2000). La peur fait place alors à l’espérance, car nous sommes certains que Dieu mène à bien ce qu’il commence.

     Nous reconnaissons sa fidélité dans les paroles de ceux qui aiment vraiment, parce qu’ils ont été vraiment aimés. « Tu es ma vie, Seigneur » : c’est ce que prononcent avec joie et liberté un prêtre et une consacrée : “Tu es ma vie, Seigneur”. “Je te prends pour épouse et pour époux”: c’est la phrase qui transforme l’amour d’un homme et d’une femme en signe efficace de l’amour de Dieu. Voici des choix radicaux, des choix pleins de sens : le mariage, l’ordre sacré, la consécration religieuse expriment le don de soi, libre et libérateur, qui nous rend vraiment heureux. Et c’est là que nous trouvons le bonheur, lorsque nous apprenons à nous donner nous-mêmes. Donner sa vie pour les autres.

     Ces choix donnent un sens à notre vie, la transformant à l’image de l’Amour parfait, qui l’a créée et rachetée de tout mal, même de la mort.

     Trouvons le courage de faire des choix difficiles et dire à Jésus : “Tu es ma vie, Seigneur”. “ Seigneur, Tu es ma vie”.

 

 

6  août 2025 - Message vidéo du Saint-Père aux participants de la 143e Convention suprême des Chevaliers de Colomb réunis à Washington D.C.
    Je salue vos efforts pour rassembler des hommes autour de la prière, de la formation et de la fraternité, ainsi que les nombreuses initiatives caritatives …en particulier, votre service généreux envers les personnes vulnérables — y compris les enfants à naître, les femmes enceintes, les enfants, les plus démunis et ceux touchés par les ravages de la guerre.



10 août 2025 – Méditation du Pape Léon XIV lors de la prière de l’Angelus

     Une mère qui serre ses enfants dans ses bras : n'est-elle pas la personne la plus belle et la plus riche du monde ? Ou à deux fiancés, lorsqu'ils sont ensemble : ne se sentent-ils pas comme un roi et une reine ?

           Dans la famille, dans la paroisse, à l'école et sur le lieu de travail, où que nous soyons, essayons de ne perdre aucune occasion d'aimer. C'est la vigilance que Jésus nous demande : nous habituer à être attentifs, prêts, sensibles les uns aux autres comme Il l'est pour nous à chaque instant.

 

 

15 août 2025 – Homélie du Pape Léon XIV lors de la Messe de l’Assomption

Chères sœurs et chers frères,

     aujourd'hui n'est pas dimanche, mais nous célébrons d'une manière différente la Pâque de Jésus qui change l'histoire. En Marie de Nazareth, il y a notre histoire, l'histoire de l'Église plongée dans notre humanité commune. En s'incarnant en elle, le Dieu de la vie, le Dieu de la liberté a vaincu la mort. Oui, aujourd'hui, nous contemplons comment Dieu vainc la mort : jamais sans nous. À lui appartient le règne, mais à nous appartient le “oui” à son amour qui peut tout changer. Sur la croix, Jésus a librement prononcé le “oui” qui devait vider de son pouvoir la mort, cette mort qui sévit encore lorsque nos mains crucifient et que nos cœurs sont prisonniers de la peur, de la méfiance. Sur la croix, la confiance a vaincu, l'amour qui voit ce qui n'est pas encore a vaincu, le pardon a vaincu.

     Et Marie était là : elle était là, unie à son Fils. Nous pouvons aujourd'hui deviner que Marie, c'est nous quand nous ne fuyons pas, c'est nous quand nous répondons par notre “oui” à son “oui”. Dans les martyrs de notre temps, dans les témoins de la foi et de la justice, de la douceur et de la paix, ce “oui” vit encore et continue de lutter contre la mort. Ainsi, ce jour de joie est un jour qui nous engage à choisir comment et pour qui vivre.

     La liturgie de cette Fête de l’Assomption nous propose le passage évangélique de la Visitation. Saint Luc rapporte le souvenir d'un moment crucial dans la vocation de Marie. Il est beau de revenir à ce moment, en ce jour où nous célébrons l'aboutissement de son existence. Toute histoire sur terre est brève et a une fin, même celle de la Mère de Dieu. Mais rien ne se perd. Ainsi, lorsqu'une vie s'achève, son caractère unique resplendit plus clairement. Le Magnificat, que l'Évangile met sur les lèvres de la jeune Marie, rayonne désormais de la lumière de toutes ses journées. Une seule journée, celle de la rencontre avec sa cousine Élisabeth, renferme le secret de toutes les autres journées, de toutes les autres saisons. Et les mots ne suffisent pas : il faut un chant qui continue d'être chanté dans l'Église, “de génération en génération” (Lc 1, 50), au soir de chaque journée. La fécondité surprenante d'Élisabeth, qui était stérile, confirme Marie dans sa confiance : elle anticipe la fécondité de son “oui”, qui se prolonge dans la fécondité de l'Église et de toute l'humanité, lorsque la Parole renouvelante de Dieu est accueillie. Ce jour-là, deux femmes se sont rencontrées dans la foi, puis elles sont restées trois mois ensemble pour se soutenir mutuellement, non seulement dans les choses pratiques, mais aussi dans une nouvelle façon de lire l'histoire.

     Ainsi, frères et sœurs, la Résurrection entre encore aujourd'hui dans notre monde. Les paroles et les choix de mort semblent prévaloir, mais la vie de Dieu interrompt le désespoir par des expériences concrètes de fraternité, par de nouveaux gestes de solidarité. Avant d'être notre destin ultime, en effet, la Résurrection modifie – corps et âme – notre façon d'habiter la terre. Le chant de Marie, son Magnificat, renforce dans l'espérance les humbles, les affamés, les serviteurs zélés de Dieu. Ce sont les femmes et les hommes des Béatitudes qui, même dans la tribulation, voient déjà l'invisible : les puissants renversés de leurs trônes, les riches les mains vides, les promesses de Dieu réalisées. Ce sont des expériences que, dans chaque communauté chrétienne, nous devons tous pouvoir dire avoir vécues. Elles semblent impossibles, mais la Parole de Dieu continue de se manifester. Lorsque naissent les liens par lesquels nous opposons le bien au mal, la vie à la mort, alors nous voyons que rien n'est impossible avec Dieu (cf.  Lc 1, 37).

     Parfois, malheureusement, là où prévalent les sécurités humaines, un certain bien-être matériel et cette insouciance qui endort les consciences, cette foi peut vieillir. Alors survient la mort, sous forme de résignation et de lamentations, de nostalgie et d'insécurité. Au lieu de voir le monde ancien toucher à sa fin, on en cherche encore le secours : le secours des riches, des puissants, qui s'accompagne généralement du mépris des pauvres et des humbles. Mais l'Église vit dans ses membres fragiles, elle rajeunit grâce à leur Magnificat. Aujourd'hui encore, dans les communautés chrétiennes pauvres et persécutées, les témoins de la tendresse et du pardon dans les lieux de conflit, les artisans de paix et les bâtisseurs de ponts dans un monde en morceaux sont la joie de l'Église, ils sont sa fécondité permanente, les prémices du Royaume qui vient. Beaucoup d'entre eux sont des femmes, comme la vieille Élisabeth et la jeune Marie : des femmes pascales, apôtres de la Résurrection. Laissons-nous convertir par leur témoignage !

     Frères et sœurs, lorsque dans cette vie “nous choisissons la vie” (cf. Dt 30, 19), alors en Marie, montée au Ciel, nous avons raison de voir notre destin. Elle nous est donnée comme le signe que la résurrection de Jésus n'a pas été un fait isolé, une exception. Tous, dans le Christ, nous pouvons engloutir la mort (cf. 1 Co 15, 54). Certes, c'est l'œuvre de Dieu, pas la nôtre. Cependant, Marie est cette entrelacement de grâce et de liberté qui pousse chacun de nous à la confiance, au courage, à l'engagement dans la vie d'un peuple. « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1, 49) : puissions-nous chacun faire l'expérience de cette joie et en témoigner par un chant nouveau. N'ayons pas peur de choisir la vie ! Cela peut sembler dangereux, imprudent. Combien de voix nous murmurent sans cesse : “Pourquoi fais-tu cela ? Laisse tomber ! Pense à tes intérêts”. Ce sont des voix de mort. Nous, en revanche, nous sommes disciples du Christ. C'est son amour qui nous pousse, corps et âme, dans notre temps. Comme individus et comme Église, nous ne vivons plus pour nous-mêmes. C'est précisément cela – et cela seul – qui répand la vie, qui fait prévaloir la vie. Notre victoire sur la mort commence dès maintenant.

 

 

17 août 2025 – Paroles du Pape Léon XIV avant le déjeuner avec des pauvres, à Albano

     La créature la plus belle est celle créée dans la ressemblance, à l’image de Dieu, c’est-à-dire nous tous. Et chacun de nous représente en ce sens cette image de Dieu et combien il est important de toujours nous rappeler que nous trouvons précisément cette présence de Dieu en chacun.

 

 

23 Aout 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux membres du « International Catholic Legislators Network
     La véritable prospérité humaine découle de ce que l’Eglise définit le développement humain intégral, c’est-à-dire la pleine croissance de la personne dans toutes ses dimensions : physique, sociale, culturelle, morale et spirituelle. Cette vision de la personne humaine est enracinée dans la loi naturelle, l’ordre moral que Dieu a inscrit au cœur de l’homme et dont les vérités profondes sont illuminées par l’Evangile du Christ. A ce propos, l’authentique prospérité humaine se manifeste lorsque les personnes vivent de façon vertueuse, dans des communautés saines, en jouissant non seulement de ce qu’elles possèdent, mais aussi de ce qu’elles sont comme enfants de Dieu. Elle assure la liberté de chercher la vérité, d’adorer Dieu et de fonder une famille dans la paix. Elle inclut également l’harmonie avec la création et un sens de solidarité à travers les classes sociales et les nations. En effet, le Seigneur est venu afin que nous «ayons la vie, et que nous l’ayons en abondance» (cf. Jn 10, 10).

     L’avenir de la prospérité humaine dépend de cet «amour» que nous choisissons comme principe d’organisation de notre société:  un amour égoïste, l’amour de soi, ou l’amour de Dieu et du prochain. Nous connaissons déjà naturellement la réponse. Dans votre vocation de législateurs et de responsables publics catholiques, vous êtes appelés à être des bâtisseurs de ponts entre la cité de Dieu et la cité de l’homme. Ce matin, je voudrais vous exhorter à continuer de travailler pour un monde où le pouvoir est contrôlé par la conscience et où la loi est au service de la dignité humaine. Je vous encourage en outre à rejeter la mentalité dangereuse et contreproductive selon laquelle rien ne changera jamais.

Je sais que les défis sont immenses, mais la grâce de Dieu qui agit dans les cœurs humains est plus puissante encore. Mon vénérable prédécesseur a souligné la nécessité de ce qu’il a appelé une «diplomatie de l’espérance» (Discours aux membres du Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, 9 janvier 2025). J’ajouterais que nous avons aussi besoin d’une «politique de l’espérance» et d’une «économie de l’espérance», enracinées dans la conviction que, dès maintenant, par la grâce du Christ, nous pouvons refléter sa lumière dans la cité terrestre.

 

 

5 septembre 2025 – Discours du Pape lors de la Bénédiction du Borgo Laudato si’

      Dans le passage de l’Evangile selon Matthieu, Jésus adresse divers enseignements à ses disciples. Je voudrais m’arrêter sur l’un d’eux, qui semble particulièrement adapté à cette célébration. Il dit : « Regardez les oiseaux du ciel… Observez les lys des champs » (Mt 6, 26.28).

     Il n’est pas rare que le Maître de Nazareth se réfère à la nature dans ses enseignements. La flore et la faune sont souvent les protagonistes de ses paraboles. Mais dans ce cas-là, il y a une invitation claire à observer et contempler la Création, des actions destinées à comprendre le dessein originel du Créateur.

     Tout a été soigneusement ordonné, depuis le début, afin que toutes les créatures contribuent à la réalisation du Royaume de Dieu. Chaque créature a un rôle important et précis sans son projet, et chacune est une « chose bonne », comme le souligne le livre de la Genèse (Cf. Gn 1, 1-29).

     Dans le même passage évangélique, se référant aux oiseaux et aux lys, Jésus adresse deux questions à ses disciples : « Ne valez-vous pas plus qu’eux ? » ; puis : « Que si Dieu habille de la sorte l’herbe des champs… ne fera-t-il pas bien plus pour vous ?» (Mt 6, 30).

En reprenant presque implicitement le récit de la Genèse, Jésus souligne la place spéciale réservée, dans l’acte de la création, à l’être humain : la créature la plus belle, faite à l’image et à la ressemblance de Dieu. Mais à ce privilège est associée une grande responsabilité : celle de protéger toutes les créatures, dans le respect du dessein du Créateur (cf. Gn 2, 15).

     La sauvegarde de la Création, donc, représente une véritable vocation pour chaque être humain, un engagement à accomplir dans la Création même, sans jamais oublier que nous sommes des créatures parmi les créatures, et non des créateurs.

 

 

 

17 septembre 2025 – Enseignement du Pape Léon XIV lors de l’Audience Générale

     Dans notre cheminement de catéchèse sur Jésus, notre espérance, nous contemplons aujourd'hui le mystère du Samedi Saint. Le Fils de Dieu repose dans le tombeau. Mais cette “absence” n'est pas un vide : c'est une attente, une plénitude retenue, une promesse gardée dans l'obscurité. C'est le jour du grand silence, où le ciel semble muet et la terre immobile, mais c'est précisément là que s'accomplit le mystère le plus profond de la foi chrétienne. C'est un silence lourd de sens, comme le sein d'une mère qui garde son enfant non encore né, mais déjà vivant.

 

 

19 septembre 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux participants à la rencontre promue par le Conseil Episcopal Latino-Américin (CELAM) l’Académie Pontificale pour la Vie et l’Institut Jean Paul II

    Jubilé, dans l’Ancien Testament, évoque le retour: le retour à la terre, à la condition originaire d’hommes libres, aux origines de la justice et de la miséricorde de Dieu (cf. Lv 25). Aujourd’hui, nous devons lire ce retour comme un appel à retourner au centre de notre vie, à Dieu même, au Dieu de Jésus Christ. Le Jubilé nous invite aussi à penser à nos racines: à la foi reçue par nos parents, à la prière persévérante de nos grands-mères qui égrainaient le chapelet, à leur vie simple, humble et honnête qui, comme le levain, a soutenu de nombreuses familles et de communautés. En elles, nous avons appris que Jésus est la Vie, la Vérité et la Vie (cf. Jn 14, 6). En lui, nous trouvons notre joie: le jubilé de nous savoir à la maison, là où nous devons être.

     Le Jubilé de l’Espérance est un chemin vers la rencontre avec cette vérité qui est Dieu même. Jésus, au début de sa mission, décrit ce jubilé comme une année de grâce (cf. Lc 4, 19) et, après la résurrection, invite les disciples à «partir pour la Galilée» (cf. Mt 28, 10). Nous ne devons pas tomber dans le danger de fonder notre vie sur des sécurités humaines et sur des attentes mondaines. Dans le domaine social, nous pourrions traduire cette tentation dans la tentative de «vivoter», comme disait saint Pier Giorgio Frassati (cf. Lettre à Isidoro Bonini, 27 février 1925), récemment canonisé. Dans le même temps, nous sommes conscients du fait que, de nos jours, il existe de véritables menaces à la dignité de la famille, comme par exemple les problèmes liés à la pauvreté, le manque de travail et d’accès aux systèmes de santé, les abus envers les plus vulnérables, les migrations, les guerres (cf. François, Exhort. ap. post-syn. Amoris laetitia, nn. 44-46). Les institutions publiques et l’Eglise ont la responsabilité de chercher des moyens de promouvoir le dialogue et renforcer les éléments dans la société qui favorisent la vie en famille et l’éducation de ses membres (cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Sollecitudo rei socialis, n. 8).

     Dans cette optique, nous pouvons entendre la famille comme un don et un devoir. Il est fondamental de promouvoir la co-responsabilité et le caractère central des familles dans la vie sociale, politique et culturelle, en promouvant leur précieuse contribution à la communauté. Dans chaque fils, dans chaque épouse ou époux, Dieu nous confie à son Fils, à sa Mère, comme il le fit avec saint Joseph, pour être, à leurs côtés, base, levain et témoignage de l’amour de Dieu parmi les hommes. Pour être Eglise domestique et foyer où brûle le feu de l’Esprit Saint, il diffuse à tous sa chaleur et les invite à cette espérance.

Saint Paul VI, dans sa célèbre homélie à Nazareth, a exhorté à suivre l’exemple de la Saint Famille, accompagnant, soutenant l’autre dans le silence, dans le travail et dans la prière, afin que Dieu réalise en lui le projet d’amour qui lui est réservé. Tel est l’amour qui s’incarne dans chaque vie née à la foi du baptême et ointe «pour proclamer l’année de grâce» à tous, qui rencontrera Jésus dans l’Eucharistie et dans le sacrement du pardon, qui le suivra dans la mission en tant que prêtre chrétien et comme consacré, jusqu’à la rencontre définitive, jusqu’au but de notre espérance.

     Chers frères et sœurs, la conclusion de cette réflexion doit être un appel à l’engagement et à cette joie débordante qui envahit les disciples dans la rencontre avec Jésus Ressuscité et qui les a amenés à proclamer son nom sur toute la Terre. Saint Augustin définissait ce «jubilé» comme une exultation qui ne peut s’exprimer par les paroles et qui relève véritablement, surtout, de l’Ineffable. (cf. Sermon 94, 3). Que nos familles soient ce chant silencieux d’espérance, capable de diffuser avec leur vie la lumière du Christ, «pour que la joie de l’Evangile — pour citer le Pape François — parvienne jusqu’aux confins de la terre et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière» (François, Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 288).


 


20 septembre 2025 – Discours d Pape Léon XIV au Jubilé des Juristes

      Aujourd’hui, ce qui interpelle les acteurs de la justice, c’est précisément la recherche ou la récupération des valeurs oubliées dans la vie en communauté, leur préservation et leur respect. Il s’agit d’un processus utile et nécessaire, face à l’affirmation de comportements et de stratégies qui témoignent d’un mépris pour la vie humaine dès son apparition, qui nient les droits fondamentaux à l’existence personnelle et ne respectent pas la conscience dont découlent les libertés. C’est précisément à travers les valeurs qui sont à la base de la vie sociale que la justice assume son rôle central pour la coexistence des personnes et des communautés humaines. Comme l’écrivait saint Augustin : « La justice n’est pas la justice si elle n’est pas prudente, forte et tempérante ». [4] Cela exige la capacité de toujours penser à la lumière de la vérité et de la sagesse, d’interpréter la loi en profondeur, au-delà de la dimension purement formelle, afin de saisir le sens intime de la vérité que nous servons. Tendre vers la justice exige donc de pouvoir l’aimer comme une réalité à laquelle on ne peut parvenir qu’en conjuguant une attention constante, un désintéressement radical et un discernement assidu. En effet, lorsqu’on exerce la justice, on se met au service des personnes, du peuple et de l’État, dans un dévouement total et constant. La grandeur de la justice ne diminue pas lorsqu’on l’exerce dans les petites choses, mais elle se manifeste toujours lorsqu’elle est appliquée avec fidélité au droit et au respect de la personne, où qu’elle se trouve dans le monde. [5]

 

[4] S. Augustin, Lettres 167, 2, 5.

[5] Cf. Id., De doctrina christiana IV, 18, 35.

 

 

1er octobre 2025 – Discours du Pape à l’occasion des 10 ans de Laudato Si’

    Dans les Ecritures, le cœur n’est pas seulement le centre des sentiments et des émotions, mais aussi le lieu de la liberté. Bien que le cœur inclue la raison, il la transcende et la transforme, influençant et intégrant tous les aspects de la personne et ses relations fondamentales. Le cœur est le lieu où la réalité extérieure a le plus grand impact, où s’opère la recherche la plus profonde, où les désirs les plus authentiques sont découverts, où l’on trouve son identité profonde et où se forment les décisions. Ce n’est qu’en retournant au cœur qu’une véritable conversion écologique peut avoir lieu. Nous devons passer de la collecte de données à la prise en charge, et du discours environnemental à une conversion écologique qui transforme les modes de vie tant personnels que collectifs. Pour les croyants, cette conversion n’est en fait pas différente de celle qui nous oriente vers le Dieu vivant. Nous ne pouvons pas aimer Dieu, que nous ne voyons pas, tout en méprisant ses créatures. Nous ne pouvons pas non plus nous dire disciples de Jésus-Christ sans partager sa vision de la Création et son souci de tout ce qui est fragile et blessé.

     Dieu nous demandera si nous avons cultivé et pris soin du monde qu’il a créé (cf. Gn 2, 15), pour le bien de tous et des générations futures, et si nous avons pris soin de nos frères et sœurs (cf. Gn 4, 9; Jn 13, 34). Quelle sera notre réponse ?

 

 

1er octobre 2025 – Message du Pape Léon XIV à l’occasion du 10ème anniversaire de la canonisation de Louis et Zélie Martin

     Je suis heureux de vous rejoindre par la pensée et la prière, ainsi que tout le clergé et le peuple fidèle réuni, alors que vous célébrez le 10ème anniversaire de la Canonisation de Louis et Zélie Martin, sur les lieux mêmes où ils se sont sanctifiés dans leur vie conjugale. Premier couple en tant que tel à avoir été canonisé, cet évènement revêt une particulière importance puisqu’il met en relief le mariage comme chemin de sainteté. Parmi les vocations auxquelles les hommes et les femmes sont appelés par Dieu, le mariage est des plus nobles et des plus élevées. « Louis et Zélie ont compris qu’ils pouvaient se sanctifier non pas malgré le mariage mais à traversdans et par le mariage, et que leurs épousailles devaient être considérées comme le point de départ d’une montée à deux » (Card. Martins, Homélie de Béatification).  Le Saint Couple d’Alençon est donc un lumineux et enthousiasmant modèle pour les âmes généreuses qui se sont engagées dans cette voie, ou qui ont le projet de le faire, avec le désir sincère de mener une vie belle et bonne sous le regard du Seigneur, dans la joie comme dans l’épreuve.

     Je forme ainsi le vœu que cet anniversaire soit une occasion de faire mieux connaître la vie et les mérites de ces époux et parents incomparables, afin que les familles, si chères au cœur de Dieu mais aussi parfois si fragiles et éprouvées, puissent trouver auprès d’eux, en toutes circonstances, le soutien et les grâces nécessaires pour continuer la route.

     Louis et Zélie n’ont pas mis en œuvre leur volonté de devenir des saints et d’éduquer leurs enfants à la sainteté en se retirant du monde. Ils ont assumé leur devoir d’état dans l’ordinaire de la vie de tous les jours ; ils font partie de cette foule immense des saints de la porte d’à côté dont a souvent parlé le Pape François. Il n’est pas difficile aux pèlerins se rendant à Alençon – qui en conserve l’émouvante mémoire – de saisir le cadre concret et quotidien dans lequel les parents Martin ont vécu, engagés qu’ils étaient dans la société normande de leur époque à travers leur paroisse, leurs activités professionnelles, leurs œuvres caritatives, leurs cercles de relations amicales et, bien sûr, leur vie en famille. Cependant il ne faut pas s’y tromper : cette vie “ordinaire” en apparence était habitée d’une présence pour le moins “extraordinaire” de Dieu qui en était le centre absolu. “Dieu premier servi” est la devise sur laquelle ils ont bâti toute leur existence.

     Voici donc le modèle de couple que la Sainte Église présente aux jeunes qui souhaitent – peut-être avec hésitation – se lancer dans une si belle aventure : modèle de fidélité et d’attention à l’autre, modèle de ferveur et de persévérance dans la foi, d’éducation chrétienne des enfants, de générosité dans l’exercice de la charité et de justice sociale ; modèle aussi de confiance dans l’épreuve… Mais surtout, ce couple exemplaire témoigne du bonheur ineffable et de la joie profonde que Dieu accorde, dès ici-bas et pour l’éternité, à ceux qui s’engagent sur ce chemin de fidélité et de fécondité. En ces temps troublés et désorientés, où tant de contre-modèles d’unions, souvent passagères, individualistes et égoïstes, aux fruits amers et décevants, sont présentés aux jeunes, la famille telle que le Créateur l’a voulue pourrait sembler périmée et ennuyeuse. Louis et Zélie Martin témoignent qu’il n’en est rien : ils ont été heureux –­ profondément heureux ! – en donnant la vie, en rayonnant et transmettant la foi, en voyant leurs filles grandir et s’épanouir sous le regard du Seigneur. Quel bonheur que celui de se réunir le dimanche après la messe, autour de la table où Jésus est le premier invité et partage les joies, les peines, les projets et les espérances de chacun ! Quel bonheur que celui de ces moments de prières en commun, de ces jours de fête, de ces événements familiaux qui marquent le temps ! Mais aussi quel réconfort d’être ensemble dans l’épreuve, unis à la Croix du Christ lorsqu’elle se présente ; et enfin quelle espérance de se retrouver un jour réunis dans la gloire du ciel !

     Chers couples, je vous invite à persévérer courageusement sur la voie, parfois difficile et laborieuse, mais lumineuse, que vous avez entreprise. Avant tout, mettez Jésus au centre de vos familles, de vos activités et de vos choix. Faites découvrir à vos enfants son amour et sa tendresse sans limites, et efforcez-vous de Le faire aimer en retour comme Il le mérite : voilà la grande leçon que Louis et Zélie nous donnent pour aujourd’hui, et dont l’Église et le monde ont tellement besoin. Comment Thérèse aurait-elle pu tant aimer Jésus et Marie – et ensuite nous transmettre une si belle doctrine – si elle ne l’avait appris de ses saints parents dès son plus jeune âge ?

     Je vous confie toutes, chères familles, à la protection de Louis et Zélie Martin et de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Implorant pour vous l’intercession de la Vierge Marie, je vous accorde, de grand cœur, ainsi qu’à vous, Excellence, et à toutes les personnes présentes, la Bénédiction Apostolique.

     Du Vatican, le 1er octobre 2025,
     mémoire de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face

 

 

3 octobre 2025 – Discours du Pape Léon XIV au IIème Congrès International de la Pastorale des Personnes âgées.

     Le thème du congrès — « Vos anciens auront des songes ! » (Jl 3, 1) — rappelle les paroles du prophète Joël si chères au Pape François, qui a souvent parlé de la nécessité d’une alliance entre les jeunes et les personnes âgées, inspirée par les «rêves» de ceux qui ont vécu longtemps et fécondée par les «visions» de ceux qui commencent la grande aventure de la vie [1]. Dans le passage cité, le prophète annonce l’effusion universelle de l’Esprit Saint, qui crée une unité entre les générations et distribue à chacun des dons différents.

     A notre époque, malheureusement, les relations entre les générations sont souvent marquées par des fractures et des oppositions, qui opposent les uns aux autres. Par exemple, il est reproché aux personnes âgées de ne pas laisser de place aux jeunes dans le monde du travail, ou alors d’absorber trop de ressources économiques et sociales aux dépens des autres générations, comme si la longévité était une faute.

     Il s’agit de façons de penser qui révèlent des visions très pessimistes et conflictuelles de l’existence. Les personnes âgées sont un don, une bénédiction à accueillir, et l’allongement de la vie est une chose positive, c’est même l’un des signes d’espérance de notre époque, partout dans le monde. Il s’agit certainement d’un défi, car le nombre croissant de personnes âgées est un phénomène historique inédit, qui nous appelle à un nouvel exercice de discernement et de compréhension.

     La vieillesse est avant tout un rappel bénéfique à la dynamique universelle de la vie. La mentalité qui prévaut aujourd’hui tend à donner une valeur à l’existence si elle produit de la richesse ou du succès, si elle exerce du pouvoir ou de l’autorité, en oubliant que l’être humain est une créature toujours limitée et nécessiteuse. La fragilité qui apparaît chez les personnes âgées nous rappelle cette évidence commune : c’est pourquoi elle est cachée ou éloignée de ceux qui cultivent des illusions mondaines, pour ne pas avoir devant les yeux l’image de ce que nous serons, inévitablement. Il est au contraire salutaire de se rendre compte que le vieillissement fait « partie de la merveille que nous sommes » [2]. Cette fragilité, «si nous avons le courage de la reconnaître », de l’embrasser et d’en prendre soin, est « un pont vers le ciel » [3]. Au lieu d’avoir honte de la faiblesse humaine, nous serons amenés en effet à demander de l’aide à nos frères et à Dieu, qui veille comme Père sur toutes les créatures. Les personnes âgées nous enseignent que le «salut ne réside pas dans l’autonomie, mais consiste à reconnaître humblement son propre besoin et à savoir l’exprimer librement», si bien que «la mesure de notre humanité n’est pas donnée par ce que nous pouvons conquérir, mais par notre capacité à nous laisser aimer et, quand cela est nécessaire, aussi aider» [4].

     Aussi étrange que cela puisse paraître, la vieillesse devient malheureusement  toujours plus souvent quelque chose qui arrive soudainement et qui nous prend au dépourvu. En puisant dans les Ecritures, dans la sagesse des Pères et dans l’expérience des saints, l’Eglise est appelée à offrir des moments et des instruments pour la déchiffrer, afin de la vivre de façon chrétienne, sans prétendre rester toujours jeunes, sans se laisser gagner par le découragement. Dans ce sens, les catéchèses que le Pape François a consacrées à ce thème en 2022, développant une véritable spiritualité des personnes âgées, sont précieuses : on peut s’en servir pour réaliser un travail pastoral utile.

     De nos jours, de nombreuses personnes, une fois leur carrière professionnelle terminée, ont la possibilité de vivre une période toujours plus longue de bonne santé, de bien-être économique et de temps libre accru. On les appelle « les jeunes du troisième âge »: ce sont souvent eux qui témoignent d’une fréquence assidue à la liturgie et qui conduisent des activités paroissiales, comme le catéchisme et différentes formes de service pastoral. Il est important de définir pour eux un langage et des propositions adéquats, en les impliquant non pas comme des destinataires passifs de l’évangélisation, mais comme des sujets actifs, et pour répondre ensemble, et non à leur place, aux questions que la vie et l’Evangile nous posent.

     Les situations que l’on peut rencontrer sont variées : certaines personnes reçoivent à un âge avancé la première annonce de la foi ; d’autres ont fait l’expérience de Dieu et de l’Eglise dans leur jeunesse mais s’en sont par la suite éloignées ; d’autres encore ont persévéré dans la vie chrétienne. Pour tous, la pastorale des personnes âgées doit être évangélisatrice et missionnaire, car l’Eglise est toujours appelée à annoncer Jésus, le Christ sauveur, à chaque homme et chaque femme, à tout âge et toute période de la vie.

     Là où les personnes âgées sont seules et rejetées, cela signifiera leur apporter l’annonce joyeuse de la tendresse du Seigneur, pour vaincre, avec elles, les ténèbres de la solitude, grand ennemi de la vie des personnes âgées. Que personne ne soit abandonné ! Que personne ne se sente inutile ! Même une simple prière, récitée avec foi à la maison, contribue au bien du Peuple de Dieu et nous unit dans la communion spirituelle. Ce devoir missionnaire nous interpelle tous, nos paroisses et en particulier les jeunes, qui peuvent devenir des témoins de proximité et d’écoute, d’écoute réciproque avec ceux qui sont plus âgés.

     Dans d’autres cas, l’évangélisation missionnaire aidera les personnes âgées à rencontrer le Seigneur et sa Parole. En effet, avec l’âge, la question du sens de la vie refait surface chez beaucoup, créant l’occasion de rechercher une relation authentique avec Dieu et d’approfondir leur vocation à la sainteté.

     Rappelons-nous toujours que l’annonce de l’Evangile est l’engagement premier de notre pastorale : en impliquant les personnes âgées dans cette dynamique missionnaire, elles aussi seront des témoins d’espérance, notamment par leur sagesse, leur dévouement et leur expérience. Je prie pour cela, en invoquant l’intercession maternelle de la Vierge Marie, et je vous accompagne de ma bénédiction. Merci !

________________

[1] Cf. François , La saggezza del tempo, Rome 2018, 9.

[2]Homélie lors de la Messe pour le Jubilé des jeunes (3 août 2025)

[3]Catéchèse sur Jésus-Christ notre espérance. III. La Pâque de Jésus. 5. La crucifixion. «J’ai soif» (Jn 19, 28) (3 septembre 2025).

[4]Ibid.

 

 

3 octobre 2025 - Message du Pape Léon XIV à l’occasion du Congrès international de philosophie
     Nous devons apporter notre contribution pour que la noble tâche de philosopher révèle toujours davantage la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu, la distinction claire entre le bien et le mal, et la structure fascinante de la réalité qui conduit au Créateur et Rédempteur.

 

     Le penseur chrétien est appelé à être un rappel vivant de la vocation authentique de la philosophie, en tant que recherche honnête et persévérante de la Sagesse. À une époque où tant de choses, et même les personnes, semblent jetables, et où la multiplication des avancées technologiques semble éclipser les questions les plus transcendantales, la philosophie a beaucoup à interroger et à offrir dans le dialogue entre foi et raison, et entre l’Église et le monde.

 

 

6 octobre 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux Chevaliers de Colomb

      Par les nombreuses initiatives entreprises vous cherchez également à porter la compassion et l’amour du Seigneur en défendant la dignité de la vie humaine à toutes ses étapes,

 

 

 

7 octobre 2025 – Message du Pape Léon XIV pour la 40ème Journée Mondiale de la Jeunesse, solennité du Christ Roi, le 23 novembre 2025

DEUXIEME PARTIE

Témoins, donc missionnaires

     Ainsi, vous, les jeunes, avec l’aide du Saint-Esprit, vous pouvez devenir des missionnaires du Christ dans le monde. Beaucoup de vos pairs sont exposés à la violence, contraints d’utiliser des armes, obligés de se séparer de leurs proches, de migrer et de fuir. Beaucoup manquent d’instruction et d’autres biens essentiels. Tous partagent avec vous la recherche de sens et l’insécurité qui l’accompagne, le malaise face aux pressions sociales ou professionnelles croissantes, la difficulté à faire face aux crises familiales, le sentiment douloureux du manque d’opportunités, le remords pour les erreurs commises. Vous pouvez vous-mêmes vous mettre aux côtés d’autres jeunes, marcher avec eux et leur montrer que Dieu, en Jésus, s’est fait proche de chaque personne. Comme aimait à le dire le Pape François : « Le Christ montre que Dieu est proximité, compassion et tendresse » (Lett. enc. Dilexit nos, n. 35).

 

 

14 octobre 2025 – Discours du Pape Léon XIV lors de sa Visite d’Etat au Palais Présidentiel Italien, le Quirinal

     Au cours des dernières décennies, nous assistons en Europe, comme nous le savons, à un phénomène de baisse considérable de la natalité. Cela exige un engagement à promouvoir des choix à différents niveaux en faveur de la famille, en soutenant ses efforts, en promouvant ses valeurs, en protégeant ses besoins et ses droits. « Père », « mère », « fils », « fille », « grand-père », « grand-mère » sont, dans la tradition italienne, des mots qui expriment et suscitent naturellement des sentiments d’amour, de respect et de dévouement, parfois héroïque, pour le bien de la communauté domestique et donc de toute la société. Je tiens en particulier à souligner l’importance de garantir à toutes les familles le soutien indispensable d’un travail décent, dans des conditions équitables et en tenant compte des besoins liés à la maternité et à la paternité.

     Nous faisons tout notre possible pour donner confiance aux familles, en particulier aux jeunes familles, afin qu’elles puissent envisager l’avenir avec sérénité et grandir dans l’harmonie.

     Dans ce contexte, il est fondamental, à tous les niveaux, de respecter et de protéger la vie, à toutes les étapes, de la conception à la vieillesse, jusqu’au moment de la mort (cf. François, Discours à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale pour la vie, 27 septembre 2021).

 Je souhaite que cette sensibilité continue à se développer, notamment en ce qui concerne l’accessibilité aux soins médicaux et aux médicaments, en fonction des besoins de chacun.

     Je souligne combien il est précieux, pour chacun, d’aimer et de communiquer sa propre histoire et sa propre culture, avec ses signes et ses expressions : plus on reconnaît et aime sereinement ce que l’on est, plus il est facile de rencontrer et d’intégrer l’autre sans crainte et avec un cœur ouvert. À cet égard, on observe actuellement une certaine tendance à ne pas suffisamment apprécier, à différents niveaux, les modèles et les valeurs acquis au fil des siècles qui marquent notre identité culturelle, allant parfois jusqu’à prétendre effacer leur importance historique et humaine. Ne méprisons pas ce que nos pères ont vécu et ce qu’ils nous ont transmis, même au prix de grands sacrifices. Ne nous laissons pas séduire par des modèles uniformisants et fluides, qui ne font que promouvoir une apparence de liberté, pour ensuite rendre les gens dépendants de formes de contrôle telles que les modes du moment, les stratégies commerciales ou autres (cf. Card. Joseph Ratzinger, Homélie lors de la messe pro eligendo Romano Pontifice, 18 avril 2005). Il est important de garder à cœur la mémoire de ceux qui nous ont précédés, de chérir les traditions qui ont fait de nous ce que nous sommes, afin de regarder le présent et l’avenir avec conscience, sérénité, responsabilité et sens de la perspective.



 


24 octobre 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux Jésuites

     Mon souhait pour la Compagnie de Jésus est que vous lisiez les signes des temps avec profondeur spirituelle, que vous accueilliez ce qui élève la dignité humaine et rejetiez ce qui la diminue

 

 

24 octobre 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux Professeurs et Etudiants de l’Institut Pontifical Jean Paul II pour le Mariage et la Famille

     Dans les divers contextes sociaux, économiques et culturels, les défis diffèrent, mais partout et toujours, nous sommes appelés à soutenir, défendre et promouvoir la famille, d’abord par un style de vie cohérent avec l’Évangile. Ses fragilités et sa valeur, considérées à la lumière de la foi et de la droite raison, nourrissent vos recherches, menées pour le bien des fiancés qui deviennent époux, des époux qui deviennent parents, et de leurs enfants, promesse pour tous d’une humanité renouvelée par l’amour.
     La vocation de votre Institut, né de la vision prophétique de saint Jean-Paul II à la suite du Synode de 1980 sur la famille, apparaît ainsi plus claire encore : constituer un seul corps académique réparti sur plusieurs continents, afin de répondre aux besoins de formation au plus près des couples et des familles. De cette manière, peuvent se développer des dynamiques pastorales adaptées aux réalités locales, inspirées par la tradition vivante de l’Église et sa doctrine sociale.
     En participant à la mission et au chemin de toute l’Église, votre Institut contribue à l’intelligence du magistère pontifical et au renouvellement du dialogue entre vie familiale, monde du travail et justice sociale. Il aborde des questions d’actualité pressante : la paix, le soin de la vie et de la santé, le développement humain intégral, l’emploi des jeunes, la durabilité économique, l’égalité entre hommes et femmes — autant de facteurs qui influencent le choix de se marier et d’engendrer des enfants.
     Votre mission spécifique concerne la recherche et le témoignage commun de la vérité. En accomplissant cette tâche, la théologie doit dialoguer avec les diverses disciplines qui étudient le mariage et la famille, non en se contentant d’en parler, mais en vivant cette vérité dans la grâce de l’Esprit Saint et à l’exemple du Christ, qui nous a révélé le Père par ses actes et ses paroles.
     L’annonce de l’Évangile, qui transforme la vie et la société, nous engage à promouvoir des actions coordonnées en faveur de la famille. La qualité de la vie sociale et politique d’un pays se mesure particulièrement à la manière dont elle permet aux familles de bien vivre, de disposer de temps pour elles-mêmes, et de cultiver les liens qui les unissent. Dans une société qui exalte souvent la productivité et la vitesse au détriment des relations, il devient urgent de rendre du temps et de l’espace à l’amour que l’on apprend en famille, là où s’entrelacent les premières expériences de confiance, de don et de pardon, qui constituent le tissu de la vie sociale.
     Je me souviens avec émotion des paroles de mon prédécesseur, le pape François, lorsqu’il s’adressa avec tendresse aux femmes enceintes, les invitant à garder la joie d’accueillir une nouvelle vie (cf. Amoris laetitia, 171). Ces paroles expriment une vérité simple et profonde : la vie humaine est un don, toujours à accueillir avec respect, soin et gratitude. C’est pourquoi, face à tant de mères vivant leur grossesse dans la solitude ou la précarité, je rappelle que la communauté civile et la communauté ecclésiale doivent s’engager constamment à redonner à la maternité sa pleine dignité.
     Cela exige des initiatives concrètes :
– des politiques garantissant des conditions de vie et de travail justes ;
– des programmes de formation et de culture reconnaissant la beauté d’engendrer ensemble ;
– une pastorale accompagnant femmes et hommes avec proximité et écoute.
    Ainsi protégées, la maternité et la paternité ne sont pas des poids pour la société, mais une espérance qui la fortifie et la renouvelle.
     Chers professeurs et étudiants, votre contribution au développement de la doctrine sociale sur la famille correspond à la mission confiée à votre Institut par le pape François dans la lettre Summa familiae cura, où il écrivait :
    « La centralité de la famille dans les parcours de conversion pastorale de nos communautés et dans la transformation missionnaire de l’Église exige que — même dans la formation académique — la réflexion sur le mariage et la famille ne perde jamais de vue la perspective pastorale et l’attention aux blessures de l’humanité. »
     Ces dernières années, votre Institut a suivi les orientations de la Constitution apostolique Veritatis gaudium, pour une théologie qui cultive une pensée ouverte et dialogale, une culture de la rencontre entre toutes les véritables cultures vivantes, dans l’échange réciproque des dons à la lumière de l’amour de Dieu pour toutes ses créatures (n. 4b). C’est pourquoi vous cherchez à exercer, à la lumière de la Révélation, une méthode interdisciplinaire et transdisciplinaire (cf. ibid., 4c). Cette perspective a enrichi votre solide base philosophique et théologique, permettant d’explorer de nouveaux domaines de recherche.
     Parmi eux, j’évoque particulièrement l’approfondissement du lien entre la famille et la doctrine sociale de l’Église. Ce travail pourrait suivre deux directions complémentaires :
– insérer l’étude de la famille comme chapitre essentiel du patrimoine de sagesse que l’Église offre sur la vie sociale ;
– enrichir ce patrimoine des expériences et dynamiques familiales pour mieux comprendre les principes mêmes de l’enseignement social de l’Église.
     Une telle approche permet de développer l’intuition, rappelée par le Concile Vatican II et réaffirmée par mes prédécesseurs, selon laquelle la famille est la première cellule de la société, école originelle et fondamentale d’humanité.
     Sur le plan pastoral, nous ne pouvons ignorer la tendance, dans bien des régions du monde, à dévaluer ou refuser le mariage. Je vous invite à être attentifs, dans votre réflexion sur la préparation au sacrement du mariage, à l’action de la grâce de Dieu dans le cœur de chaque homme et de chaque femme. Même lorsque les jeunes font des choix qui ne correspondent pas à la voie proposée par l’Église selon l’enseignement de Jésus, le Seigneur continue de frapper à la porte de leur cœur, les préparant à recevoir un nouvel appel intérieur.
     Si votre recherche théologique et pastorale s’enracine dans le dialogue orant avec le Seigneur, vous trouverez le courage d’inventer de nouvelles paroles capables de toucher profondément la conscience des jeunes. Car notre époque, marquée par des tensions et des idéologies qui troublent les cœurs, est aussi animée d’une quête croissante de spiritualité, de vérité et de justice, surtout parmi les jeunes. Accueillir et accompagner ce désir est pour nous tous une tâche belle et urgente.
     Il y a là beaucoup à apprendre : la transmission de la foi, l’écoute et la prière quotidiennes, l’éducation à l’amour et à la paix, la fraternité avec le migrant et l’étranger, le soin de la planète. Dans toutes ces dimensions, la vie familiale précède notre étude et l’instruit, notamment à travers des témoignages de dévouement et de sainteté.

 

 

10 novembre 2025 – Message du Pape Léon XIV aux participants du Congrès international de l'Académie pontificale pour la Vie - « IA et médecine »

     J’adresse mes salutations et mes vœux de prière à tous les participants du Congrès international intitulé « L’Intelligence artificielle et la médecine : le défi de la dignité humaine ». Je souhaite exprimer ma gratitude et mon estime pour le thème que vous avez choisi d’examiner. La révolution numérique joue un rôle central dans ce que le pape François a qualifié de « changement d’époque ». Nous assistons aujourd’hui à une phase de progrès technologique comparable, à certains égards, à la Révolution industrielle, mais encore plus vaste et envahissante. Elle influence profondément notre manière de penser, modifiant notre compréhension des situations et notre perception de nous-mêmes et des autres. Nous interagissons désormais avec des machines comme si elles étaient des interlocuteurs, devenant presque leur prolongement. Ainsi, nous risquons non seulement de perdre de vue les visages des personnes qui nous entourent, mais encore d’oublier comment reconnaître et chérir ce qui est vraiment humain.
     Il ne fait aucun doute que le développement technologique a apporté, et continue d’apporter, des bienfaits considérables à l’humanité, en particulier dans les domaines de la médecine et de la santé. Cependant, pour garantir un véritable progrès, il est impératif que la dignité humaine et le bien commun demeurent des priorités absolues pour tous, tant pour les individus que pour les institutions publiques. Il est facile de reconnaître le potentiel destructeur de la technologie, voire de la recherche médicale, lorsqu’elles sont mises au service d’idéologies antihumaines. À cet égard, les événements historiques nous avertissent : les instruments dont nous disposons aujourd’hui sont encore plus puissants et peuvent produire des effets plus dévastateurs sur la vie des individus et des peuples. Mais, s’ils sont maîtrisés et placés au vrai service de la personne humaine, ces effets peuvent devenir transformateurs et bénéfiques.
     Sous cet angle, je considère comme particulièrement importante votre réflexion sur le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) en médecine. La fragilité de la condition humaine se manifeste souvent dans le domaine médical, mais il ne faut jamais oublier « la dignité ontologique qui appartient à la personne en tant que telle, simplement parce qu’elle existe et qu’elle est voulue, créée et aimée par Dieu » (Déclaration Dignitas Infinita, 7). C’est pourquoi « les professionnels de la santé ont la vocation et la responsabilité d’être les gardiens et les serviteurs de la vie humaine », surtout dans ses phases les plus vulnérables (Note Antiqua et Nova, 71). Il en va de même pour ceux qui ont la responsabilité de l’usage de l’IA dans ce domaine. En effet, plus la vie humaine est fragile, plus est grande la noblesse exigée de ceux qui en ont la charge.
     L’objectif du soin des personnes souligne le caractère irremplaçable des relations humaines dans ce contexte. L’exercice médical requiert non seulement la compétence technique nécessaire, mais aussi la capacité de communiquer et de se rendre proche des autres. Il ne peut jamais se réduire à la simple résolution d’un problème. De même, les dispositifs technologiques ne doivent jamais diminuer la relation personnelle entre patients et soignants. Si l’IA veut servir la dignité humaine et améliorer l’efficacité des soins, elle doit contribuer à renforcer à la fois les relations interpersonnelles et la qualité de l’attention portée au malade.
      Compte tenu des vastes intérêts économiques souvent en jeu dans les domaines de la médecine et de la technologie, ainsi que des luttes pour leur contrôle, il est essentiel de promouvoir une large collaboration entre tous ceux qui œuvrent dans la santé et la politique, au-delà des frontières nationales. C’est pourquoi je me réjouis de savoir que des intervenants issus de divers continents et horizons participent à votre congrès.
     Avec ces sentiments, je vous assure, chers amis, de ma prière afin que ce congrès porte des fruits abondants pour vous, vos collègues et pour les nombreuses personnes qui bénéficieront de votre engagement compétent et généreux. Je vous remercie tous et invoque sur vous et vos familles la bénédiction de Dieu tout-puissant.

 

 

 

 

 

    

12 novembre 2025 – Enseignement du Pape Léon XIV lors de l’Audience Générale

     Si nous sommes repliés sur nous-mêmes, nous risquons de tomber malades de solitude, et même d'un narcissisme qui ne se soucie des autres que par intérêt. L'autre est alors réduit à quelqu'un dont on peut tirer profit, sans que nous ne soyons jamais vraiment disposés à donner, à nous donner nous-mêmes.

 

 

20 novembre 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux Evêques d’Italie

      L’Eglise en Italie peut et doit continuer de promouvoir un humanisme intégral, qui aide et soutient les parcours existentiels des personnes et de la société ; un sens de l’humain qui exalte la valeur de la vie et le soin de chaque créature, qui intervient de manière prophétique dans le débat public pour diffuser une culture de la légalité et la solidarité.

 

 

21 novembre 2025 – Discours du Pape Léon XIV à la Rote Romaine

     Je vous adresse à chacun mon salut cordial. Je remercie le Doyen de la Rote romaine et tous ceux qui ont collaboré à ces journées d’étude et de réflexion destinées à diffuser une solide culture juridique au sein de l’Église. Je me réjouis de votre présence nombreuse et qualifiée, signe de la générosité avec laquelle tout bon opérateur du droit de l’Église se met au service du bien des âmes.
     Le fil conducteur qui nous accompagne aujourd’hui est le dixième anniversaire de la réforme du procès de nullité matrimoniale, menée par le pape François. Dans son dernier discours à la Rote, le 31 janvier dernier, il a exposé les intentions et les principales nouveautés de cette réforme. En renvoyant à ses paroles, je voudrais, à l’occasion de votre cours, vous proposer quelques réflexions inspirées par son titre : « Dix ans après la réforme du procès matrimonial canonique. Dimension ecclésiologique, juridique et pastorale ».
     Il me semble utile d’examiner la relation entre ces trois approches. Cette relation est souvent oubliée, tant on tend à concevoir la théologie, le droit et la pastorale comme des compartiments séparés. Il est même fréquent qu’on les oppose implicitement, comme si « plus théologique ou plus pastoral » signifiait « moins juridique », et inversement « plus juridique » impliquait une perte des deux autres dimensions. Ainsi se trouve obscurcie l’harmonie qui apparaît pourtant lorsque ces trois dimensions sont perçues comme parties d’une même réalité.
     La faible perception de cet enchevêtrement provient principalement d’une compréhension réductrice de la réalité juridique des procès de nullité matrimoniale, considérée comme un domaine purement technique, réservé aux spécialistes, ou comme un moyen visant seulement à obtenir l’état libre des personnes. Il s’agit d’une vision superficielle, qui ignore à la fois les présupposés ecclésiologiques de ces procès et leur portée pastorale.  

      Parmi ces présupposés ecclésiologiques, je voudrais en rappeler deux en particulier : d’abord la sacra potestas exercée dans les procès judiciaires ecclésiaux au service de la vérité ; ensuite l’objet même du procès en déclaration de nullité matrimoniale, c’est-à-dire le mystère de l’alliance conjugale.
     La fonction judiciaire, comme modalité d’exercice de la potesté de gouvernement ou juridiction, appartient pleinement à la réalité globale de la sacra potestas des pasteurs dans l’Église. Le concile Vatican II conçoit cette réalité comme un service. On lit dans Lumen gentium : « L’office que le Seigneur a confié aux pasteurs de son peuple est un véritable service, que l’Écriture appelle significativement diaconie, c’est-à-dire ministère (cf. Ac 1,17.25 ; 21,19 ; Rm 11,13 ; 1 Tm 1,12) » (n° 24). Dans la potesté judiciaire se déploie un aspect fondamental du service pastoral : la diaconie de la vérité. Chaque fidèle, chaque famille, chaque communauté a besoin de vérité sur sa situation ecclésiale afin de cheminer justement dans la foi et la charité. C’est dans ce cadre que s’inscrit la vérité sur les droits personnels et communautaires : la vérité juridique déclarée dans les procès ecclésiastiques est un aspect de la vérité existentielle dans l’Église.
      La sacra potestas est participation à la puissance du Christ, et son service de la vérité conduit à connaître et à embrasser la Vérité ultime, qui est le Christ lui-même (cf. Jn 14,6). Ce n’est pas un hasard si les premières paroles des deux Motu proprio par lesquels la réforme a été engagée concernaient Jésus, Juge et Pasteur : « Mitis Iudex Dominus Iesus, Pastor animarum nostrarum » dans le texte latin, et « Mitis et Misericors Iesus, Pastor et Iudex animarum nostrarum » dans le texte oriental.
     On peut se demander pourquoi Jésus comme Juge est présenté dans ces documents comme doux et miséricordieux. Une telle affirmation pourrait sembler, au premier regard, contraire aux exigences incontournables de la justice, qui ne peut être compromise par une compassion mal comprise. Certes, dans le jugement de Dieu sur le salut, son pardon est toujours offert au pécheur repentant, mais le jugement humain sur la nullité matrimoniale ne doit jamais être manipulé par une fausse miséricorde. Toute activité contraire au service de la vérité dans le procès doit être tenue pour injuste. Cependant, c’est précisément dans l’exercice droit de la potesté judiciaire que doit se déployer la vraie miséricorde. Saint Augustin l’exprime ainsi dans La Cité de Dieu : « Qu’est-ce que la miséricorde, sinon une certaine compassion de notre cœur devant la misère d’autrui, par laquelle, si cela est possible, nous sommes poussés à l’alléger ? Et ce mouvement profite à la raison lorsque la miséricorde s’offre de manière à conserver la justice, tant dans l’aide au nécessiteux que dans le pardon au repentant. » [1] À cette lumière, le procès de nullité matrimoniale apparaît comme une contribution des opérateurs du droit pour répondre au besoin de justice profondément inscrit dans la conscience des fidèles, et ainsi accomplir une œuvre juste, inspirée par la vraie miséricorde. Le but de la réforme — favoriser l’accès et la rapidité des procès sans jamais sacrifier la vérité — se manifeste ainsi comme une œuvre de justice et de miséricorde.
     Un autre présupposé théologique, propre au procès de nullité du mariage, est le mariage lui-même, fondé par le Créateur (cf. Gaudium et spes, 48). Dans le Jubilé des familles, j’ai rappelé que « le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond ». [2] Comme l’a souligné le pape François, le mariage « est une réalité dotée d’une consistance précise », « un don de Dieu aux époux ». [3] Le Préambule de Mitis Iudex réaffirme, dans le contexte de la réforme processuelle, « le principe de l’indissolubilité du lien matrimonial ». [4] Dans le traitement des causes de nullité, ce réalisme est décisif : la conscience de travailler au service de la vérité d’une union concrète, en discernant devant le Seigneur si, en elle, est présent le mystère de l’« una caro », qui subsiste pour toujours dans la vie terrestre des époux, malgré tout échec relationnel. Quelle grande responsabilité vous incombe ! Comme nous le rappelait Benoît XVI : « Le procès canonique de nullité du mariage constitue essentiellement un instrument destiné à vérifier la vérité sur le lien conjugal. Sa finalité constitutive (…) est donc de rendre un service à la vérité. » [5]
      C’est pourquoi, dans le Préambule du Motu proprio, le pape François, en précisant le sens de la réforme, a voulu réaffirmer l’importance de recourir au procès judiciaire en matière de nullité : « J’ai fait cela en suivant les traces de mes prédécesseurs, qui ont voulu que les causes de nullité matrimoniale soient traitées par voie judiciaire, non administrative, non par nécessité intrinsèque, mais parce que l’exige la nécessité de sauvegarder de manière maximale la vérité du lien sacré : et cela est précisément garanti par les garanties de l’ordre judiciaire. » [6]
     Il faut donc valoriser l’institution du procès judiciaire, non comme un ensemble compliqué de formalités, mais comme un outil de justice. Assurer que les parties, y compris le défenseur du lien, puissent présenter preuves et arguments, connaître et évaluer ceux de l’autre partie, dans un débat conduit par un juge impartial, est un grand bien pour tous et pour l’Église elle-même. Certes, dans l’Église comme dans la société civile, il convient de favoriser les accords qui, garantissant la justice, permettent la résolution des conflits par la médiation ou la conciliation. Très important aussi est l’effort pour favoriser la réconciliation des époux, y compris par la convalidation du mariage lorsqu’elle est possible. Néanmoins, certains cas exigent le procès, parce que la matière ne dépend pas de la volonté des parties. C’est ce qui se produit dans la déclaration de nullité matrimoniale, qui concerne un bien ecclésial public. Elle exprime le service rendu par les pasteurs à la vérité du lien conjugal indissoluble, fondement de la famille, Église domestique. Derrière la technique processuelle et l’application fidèle de la norme, se jouent donc les présupposés ecclésiologiques du procès matrimonial : la recherche de la vérité et le salut des âmes. La déontologie des acteurs judiciaires, centrée sur la vérité de ce qui est juste, doit inspirer chacun dans son rôle pour participer à cette œuvre de justice et de paix véritable vers laquelle tend le procès.
     Les dimensions ecclésiologique et juridique, lorsqu’elles sont réellement vécues, révèlent la dimension pastorale. On reconnaît désormais davantage l’intégration de l’activité judiciaire de l’Église dans la pastorale familiale. Une telle pastorale ne peut ignorer le travail des tribunaux, qui ne doivent pas oublier que leur contribution spécifique à la justice est un élément de la promotion du bien des familles, particulièrement celles en difficulté. Cette œuvre est celle de toute l’Église, pasteurs et fidèles, et de manière particulière des opérateurs du droit. La synergie entre l’attention pastorale aux situations critiques et le domaine judiciaire s’est concrètement manifestée dans la mise en œuvre de l’enquête préliminaire visant aussi à vérifier l’existence de motifs ouvrant un éventuel procès de nullité.
     Par ailleurs, le procès lui-même possède une valeur pastorale. Saint Jean-Paul II l’avait mis en lumière : « L’activité juridico-canonique est par nature pastorale. Elle constitue une participation particulière à la mission du Christ Pasteur, et consiste à actualiser l’ordre de justice intra-ecclésial voulu par le Christ lui-même. À son tour, l’activité pastorale, bien qu’elle dépasse largement les seuls aspects juridiques, comporte toujours une dimension de justice. Il ne serait en effet pas possible de conduire les âmes vers le Royaume des Cieux si l’on négligeait le minimum de charité et de prudence consistant à faire observer fidèlement la loi et les droits de tous dans l’Église. » [7]
     En définitive, les trois dimensions évoquées conduisent à réaffirmer la salus animarum comme loi suprême et finalité des procès matrimoniaux dans l’Église. Ainsi, votre service comme opérateurs de justice au sein de l’Église, service que j’ai moi-même exercé jadis, révèle sa grande importance ecclésiologique, juridique et pastorale.
     En souhaitant que la vérité de la justice resplendisse toujours davantage dans l’Église et dans votre vie, je vous accorde de tout cœur ma bénédiction.

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[1] De civitate Dei, IX, 5 : PL 41, 261.
[2] Homélie au Jubilé des familles, des grands-parents et des personnes âgées, 1er juin 2025.
[3] François, Discours à la Rote romaine, 27 janvier 2023.
[4] François, Motu proprio Mitis Iudex, Préambule.
[5] Benoît XVI, Discours à la Rote romaine, 28 janvier 2006, AAS 98 (2006), p. 136.
[6] François, Motu proprio Mitis Iudex, Préambule.

[7] Saint Jean-Paul II, Discours à la Rote romaine, 18 janvier 1990, n° 4.

 

 

 

22 novembre 2025 – Enseignement du Pape Léon XIV lors de l’Audience Jubilaire

     « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage encore. » Jésus dit cela aux disciples les plus proches, à ceux qui passaient le plus de temps avec lui. Et nous aussi, nous avons beaucoup reçu du chemin accompli jusqu’ici : nous avons été avec Jésus et avec l’Église et, même si l’Église est une communauté avec ses limites humaines, nous avons beaucoup reçu. Alors

     Jésus attend beaucoup de nous. C’est un signe de confiance, d’amitié. Il attend beaucoup, parce qu’il nous connaît et il sait que nous le pouvons ! Jésus est venu apporter le feu : le feu de l’amour de Dieu sur la terre et le feu du désir dans nos cœurs. D’une certaine manière, Jésus nous enlève la paix, si l’on pense à la paix comme une tranquillité inerte. Mais ce n’est pas la vraie paix. Parfois, nous voudrions être « laissés en paix » : que personne ne nous dérange, que les autres n’existent plus. Ce n’est pas la paix de Dieu. La paix que Jésus apporte est comme un feu, et elle exige beaucoup de nous. Elle nous demande surtout de prendre position. Face aux injustices, aux inégalités, là où la dignité humaine est piétinée, où l’on enlève la parole aux plus fragiles : prendre position. Espérer, c’est prendre position. Espérer, c’est comprendre dans le cœur et montrer par les actes que les choses ne doivent pas continuer comme avant. C’est aussi cela, le bon feu de l’Évangile.

 

 

26 novembre 2025 – Enseignement du Pape Léon XIV lors de l’Audience Générame

     La Pâque du Christ éclaire le mystère de la vie et nous permet de le regarder avec espérance. Cela n'est pas toujours facile ni évident. Partout dans le monde, beaucoup de vies semblent difficiles, douloureuses, pleines de problèmes et d'obstacles à surmonter. Et pourtant, l'être humain reçoit la vie comme un don : il ne la demande pas, il ne la choisit pas, il en fait l'expérience dans son mystère, du premier jour jusqu'au dernier. La vie a une spécificité extraordinaire : elle nous est offerte, nous ne pouvons pas nous la donner nous-mêmes, mais elle doit être nourrie constamment : il faut un soin qui la maintienne, la dynamise, la préserve, la relance.

     On peut dire que la question de la vie est l'une des questions abyssales du cœur humain. Nous sommes entrés dans l'existence sans avoir rien fait pour le décider. De cette évidence jaillissent comme un fleuve en crue les questions de tous les temps : qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est le sens ultime de tout ce voyage ?

Vivre, en effet, implique un sens, une direction, une espérance. Et l'espérance agit comme une force profonde qui nous fait avancer dans les difficultés, qui nous empêche d'abandonner dans la fatigue du voyage, qui nous rend certains que le pèlerinage de l'existence nous conduit à la maison. Sans l'espérance, la vie risque d'apparaître comme une parenthèse entre deux nuits éternelles, une brève pause entre l'avant et l'après de notre passage sur terre. Espérer dans la vie, c'est plutôt anticiper le but, croire comme certain ce que nous ne voyons ni ne touchons encore, faire confiance et nous en remettre à l'amour d'un Père qui nous a créés parce qu'il nous a voulus avec amour et qu'il nous veut heureux.

Très chers amis, il existe dans le monde une maladie répandue : le manque de confiance dans la vie. Comme si l'on s'était résigné à une fatalité négative, à un renoncement. La vie risque de ne plus représenter une opportunité reçue en don, mais une inconnue, presque une menace dont il faut se préserver pour ne pas être déçu. C'est pourquoi le courage de vivre et de générer la vie, de témoigner que Dieu est par excellence « l'amant de la vie », comme l'affirme le Livre de la Sagesse (11, 26), est aujourd'hui un appel plus que jamais urgent.

     Dans l'Évangile, Jésus confirme constamment sa diligence à guérir les malades, à soigner les corps et les esprits blessés, à redonner vie aux morts. Ce faisant, le Fils incarné révèle le Père : il restitue leur dignité aux pécheurs, accorde la rémission des péchés et inclut tout le monde, spécialement les désespérés, les exclus, les éloignés, dans sa promesse de salut.

Engendré par le Père, Christ est la vie et il a engendré la vie sans compter jusqu'à nous donner la sienne, et il nous invite également à donner notre vie. Engendrer signifie donner la vie à quelqu'un d'autre. L'univers des vivants s'est étendu grâce à cette loi qui, dans la symphonie des créatures, connaît un admirable “crescendo” culminant dans le duo de l'homme et de la femme : Dieu les a créés à son image et leur a confié la mission de donner la vie à son image, c'est-à-dire par amour et dans l'amour.

     Dès le début, l'Écriture Sainte nous révèle que la vie, dans sa forme la plus élevée, celle de l'être humain, reçoit le don de la liberté et devient un drame. Ainsi, les relations humaines sont également marquées par la contradiction, jusqu'au fratricide. Caïn perçoit son frère Abel comme un concurrent, une menace, et dans sa frustration, il ne se sent pas capable de l'aimer et de l'estimer. Et voilà la jalousie, l'envie, le sang (Gn 4, 1-16). La logique de Dieu, en revanche, est tout autre. Dieu reste fidèle pour toujours à son dessein d'amour et de vie ; il ne se lasse pas de soutenir l'humanité même lorsque, à l'instar de Caïn, elle obéit à l'instinct aveugle de la violence dans les guerres, les discriminations, les racismes, les multiples formes d'esclavage.

     Donner la vie signifie donc faire confiance au Dieu de la vie et promouvoir l'humain dans toutes ses expressions : tout d'abord dans la merveilleuse aventure de la maternité et de la paternité, même dans des contextes sociaux où les familles ont du mal à supporter le poids du quotidien, souvent freinées dans leurs projets et leurs rêves. Dans cette même logique, donner la vie signifie s'engager pour une économie solidaire, rechercher le bien commun dont tous puissent profiter équitablement, respecter et prendre soin de la création, offrir du réconfort par l'écoute, la présence, l'aide concrète et désintéressée.

     Frères et sœurs, la Résurrection de Jésus-Christ est la force qui nous soutient dans cette épreuve, même lorsque les ténèbres du mal obscurcissent notre cœur et notre esprit. Lorsque la vie semble s'être éteinte, bloquée, voici que le Seigneur Ressuscité passe encore, jusqu'à la fin des temps, et marche avec nous et pour nous. Il est notre espérance.

 

27 novembre 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux Corps Diplomatique à Ankara.

     En se révélant, Dieu a établi un pont entre le ciel et la terre : il l’a fait pour que notre cœur change, devenant semblable au sien. C’est un pont suspendu, grandiose, qui défie presque les lois de la physique : tel est l’amour qui, outre sa dimension intime et privée, a aussi une dimension visible et publique.

     La justice et la miséricorde défient la loi de la force et osent demander que la compassion et la solidarité soient considérées comme des critères de développement. C’est pourquoi, dans une société comme celle de la Türkiye où la religion joue un rôle visible, il est fondamental d’honorer la dignité et la liberté de tous les enfants de Dieu : hommes et femmes, compatriotes et étrangers, pauvres et riches. Nous sommes tous enfants de Dieu, ce qui a des conséquences personnelles, sociales et politiques. Ceux qui ont un cœur docile à la volonté de Dieu promouvront toujours le bien commun et le respect de tous. Aujourd’hui, cela représente un défi de taille, qui doit remodeler les politiques locales et les relations internationales, en particulier face à une évolution technologique qui pourrait autrement accentuer les injustices au lieu de contribuer à les dissoudre. En effet, même les intelligences artificielles reproduisent nos préférences et accélèrent les processus qui, à y regarder de plus près, ne sont pas le fait des machines, mais de l’humanité. Travaillons donc ensemble pour modifier la trajectoire du développement et réparer les dommages déjà causés à l’unité de la famille humaine.

     Mesdames et Messieurs, j’ai parlé de « famille humaine ». Il s’agit d’une métaphore qui nous invite à établir un lien – encore une fois un pont – entre le destin de tous et l’expérience de chacun. Pour chacun d’entre nous, en effet, la famille a été le premier noyau de la vie sociale, où se vérifie l’expérience que sans l’autre, il n’y a pas de « je ». Plus que dans d’autres pays, la famille conserve une grande importance dans la culture turque et les initiatives visant à soutenir son rôle central ne manquent pas. En son sein, en effet, mûrissent des attitudes essentielles à la coexistence civile et une première sensibilité fondamentale au bien commun. Certes, chaque famille peut aussi se refermer sur elle-même, cultiver des inimitiés ou empêcher certains de ses membres de s’exprimer, au point d’entraver le développement de leurs talents. Cependant, ce n’est pas dans une culture individualiste, ni dans le mépris du mariage et de la fécondité, que les personnes peuvent obtenir de meilleures chances dans la vie et le bonheur.

     À cette tromperie des économies consuméristes, où la solitude devient un business, il convient de répondre par une culture qui apprécie les affections et les liens. Ce n’est qu’ensemble que nous devenons authentiquement nous-mêmes. Ce n’est que dans l’amour que notre intériorité devient profonde et notre identité forte. Ceux qui méprisent les liens fondamentaux et n’apprennent pas à en supporter les limites et les fragilités deviennent plus facilement intolérants et incapables d’interagir avec un monde complexe. En effet, dans la vie familiale, la valeur de l’amour conjugal et la contribution féminine ressortent de manière tout à fait spécifique. Les femmes, en particulier, grâce également à leurs études et à leur participation active à la vie professionnelle, culturelle et politique, se mettent de plus en plus au service du pays et de son influence positive sur la scène internationale. Il convient donc d’apprécier les importantes initiatives prises en ce sens, en faveur de la famille et de la contribution des femmes à l’épanouissement de la vie sociale.

 

28 novembre 2025 – Visite du Pape Léon XIV à la Maison des personnes âgées des Petites Sœurs des Pauvres

     Je suis profondément reconnaissant pour les paroles de bienvenue de la Sœur, pour l’hospitalité dont vous avez tous fait preuve. L’hospitalité est le don de cette maison ! Un don qui vient de Dieu et qui porte ses fruits chez les Petites Sœurs des Pauvres, chez les travailleurs et les bienfaiteurs, mais aussi chez tous les résidents, dans leur cohabitation quotidienne. Merci à tous !

     Je voudrais vous laisser deux simples réflexions.

     La première s’inspire de votre nom, mes chères Sœurs : vous vous appelez « Petites Sœurs des Pauvres ». Un nom magnifique, qui fait réfléchir ! Oui, le Seigneur ne vous a pas appelées seulement à assister ou à aider les pauvres. Il vous a appelées à être leurs « sœurs » !   Comme Jésus que le Père nous a envoyé non seulement pour nous aider et nous servir, mais pour être notre frère. Voilà le secret de la charité chrétienne : avant d’être pour les autres, être avec les autres, dans un partage fondé sur la fraternité.

     La deuxième réflexion c’est vous qui me la suggérez, chers résidents de cette maison. Vous êtes des personnes âgées. Et ce mot, « personne âgée », risque aujourd’hui de perdre son sens le plus vrai : dans de nombreux contextes sociaux, où dominent l’efficacité et le matérialisme, on a perdu le sens du respect envers les personnes âgées. Pourtant, les Écritures Saintes et les bonnes traditions nous enseignent que – comme aimait à le répéter le Pape François – les personnes âgées sont la sagesse d’un peuple, une richesse pour leurs petits-enfants, pour leurs familles, pour la société tout entière !

     Alors, un double merci à cette maison qui accueille les personnes au nom de la fraternité et le fait en particulier avec les personnes âgées. Cela, nous le savons, n’est pas facile, cela demande tellement de patience et tellement de prière. C’est pourquoi maintenant prions le Seigneur de vous accompagner et de vous soutenir. Sur vous tous, j’invoque les bénédictions de Dieu.

 

2 décembre 2025 – Appel du Pape Léon XIV au terme de de la Messe célébrée sur le Front de Mer, à Beyrouth en présence de 150 000 fidèles.

     Mettons-nous tous au service de la vie, du bien commun et du développement intégral des personnes.

 

 

5 décembre 2025 - À la délégation de la « Paris Course on Revascularization

     Votre travail se situe à la croisée de la science, de la compassion et de la responsabilité éthique. L’Église affirme sans cesse la vocation de la recherche scientifique, qui ouvre l’être humain à la vérité et à un service plus profond du bien commun (cf. François, Constitution apostolique Veritatis Gaudium, 5). Vous incarnez cet esprit chaque fois que vous cherchez à guérir le cœur, tant physiquement que métaphoriquement, en apportant du soulagement à ceux qui souffrent et de l’espoir à leurs familles.
     En effet, le « service de la vie » est fondamental pour tout acte médical authentique, car il reflète la tendresse avec laquelle le Christ lui-même s’est approché des malades et des personnes vulnérables (cf. Jean-Paul II, Encyclique Evangelium Vitae, 41). Son amour inébranlable inspire le dévouement dont vous faites preuve à travers la recherche, la formation et les interventions délicates qui préservent la vie. Chaque battement de cœur confié à vos soins est un rappel que la vie est un don, toujours un mystère à vénérer. Je vous encourage donc à continuer à favoriser un esprit de collaboration mondiale, à partager généreusement vos connaissances et à veiller à ce que les progrès thérapeutiques restent accessibles à tous, en particulier aux pauvres et aux marginalisés.

     Avec ces brèves réflexions, je confie votre travail au Sacré-Cœur de Jésus, médecin des âmes et des corps. Que votre organisation reste un phare d’espoir, illuminant l’unité profonde entre l’excellence scientifique et le service de l’humanité. Merci, et que le Seigneur vous bénisse en vous accordant ses dons de courage, de persévérance et de joie.

 

12 décembre 2025 – Homélie du Pape Léon XIV, lors de la Messe de la fête de Notre-Dame de Guadalupe

      Et comme ton enfant, je te demande : Mère, enseigne aux nations qui veulent être tes enfants à ne pas diviser le monde en factions irréconciliables, à ne pas laisser la haine marquer leur histoire ou les mensonges écrire leur mémoire. Montre-leur que l’autorité doit être exercée comme un service et non comme une domination. Enseigne à leurs dirigeants leur devoir de sauvegarder la dignité de chaque personne à chaque étape de la vie. Fais de ces peuples, tes enfants, des lieux où chaque personne peut se sentir accueillie.
 

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