Il est difficile en vérité de témoigner du Christ. Jean-Paul n'accepta aucun compromis lorsqu'il s'agissait de proclamer et de défendre la Vérité du Christ; il ne se lassa jamais de diffuser son amour. Du début de son pontificat jusqu'au 2 avril 2005, il n'eut pas peur de proclamer, à tous et toujours que seul Jésus est le Sauveur et le véritable Libérateur de l'homme et de tout l'homme.
Combien de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, combien de jeunes familles décidées à vivre l'idéal évangélique et à tendre vers la sainteté sont liées au témoignage et à la prédication de mon vénéré prédécesseur! Combien de jeunes filles et garçons se sont convertis ou ont persévéré sur leur chemin chrétien grâce à sa prière, son encouragement, à son soutien et à son exemple!
C'est vrai! Jean-Paul II réussissait à transmettre une forte charge d'espérance, fondée sur la foi en Jésus Christ, qui est "le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais" (He 13, 8), comme le dit la devise du grand Jubilé de l'An 2000. En tant que père affectueux et éducateur attentif, il indiquait des points de référence sûrs et solides, indispensables pour tous, en particulier pour la jeunesse. Et à l'heure de l'agonie et de la mort, cette nouvelle génération voulut lui montrer qu'elle avait compris ses enseignements, en se recueillant silencieusement en prière place Saint-Pierre et dans tant d'autres lieux du monde. Les jeunes ressentaient que sa disparition constituait une perte: "leur" Pape, qu'ils considéraient comme "leur père" dans la foi, était en train de mourir. Ils ressentaient dans le même temps qu'il leur laissait en héritage son courage et la cohérence de son témoignage. N'avait-il pas souligné à plusieurs reprises le besoin d'une adhésion radicale à l'Evangile, en exhortant les adultes et les jeunes à prendre au sérieux cette responsabilité éducative commune? …En grandissant, les jeunes ont besoin d'adultes capables de leur proposer des principes et des valeurs; ils ressentent le besoin de personnes qui sachent enseigner à travers leur vie, avant même que par leurs paroles, à se consacrer à des idéaux élevés.
Mais où puiser la lumière et la sagesse pour accomplir cette mission, qui nous concerne tous dans l'Eglise et dans la société? Il ne suffit pas, bien sûr, de faire appel aux ressources humaines; il faut aussi se fier en premier lieu à l'aide divine. "Le Seigneur est fidèle pour toujours : Dieu n'abandonne jamais ceux qui lui sont fidèles. ...Saint Paul dit : "Nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant" (4, 10). L'apôtre parle au nom de la communauté chrétienne, au nom de ceux qui ont cru dans le Christ et qui sont différents de ceux "qui n'ont pas d'espérance" (1 Ts 4, 13), précisément parce qu'au contraire, ils espèrent, c'est-à-dire qu'ils ont confiance en l'avenir, une confiance non pas fondée sur des idées ou des prévisions humaines, mais bien sur Dieu, le "Dieu vivant".
Chers jeunes, on ne peut pas vivre sans espérer. L'expérience montre que chaque chose, et notre vie elle-même, sont menacées, peuvent s'écrouler pour un motif qui nous est propre ou étranger, à tout moment. C'est normal: tout ce qui est humain, et donc même l'espérance, n'a aucun fondement en soi, mais a besoin d'un "roc" auquel s'accrocher. Voilà pourquoi Paul écrit que les chrétiens sont appelés à fonder l'espérance humaine sur le "Dieu vivant". Ce n'est qu'en Lui qu'elle devient sûre et fiable. Plus encore, Dieu seul qui en Jésus Christ, nous a révélé la plénitude de son amour, peut être notre espérance solide. En effet, En Lui, notre espérance, nous avons été sauvés (cf. Rm 8, 24).
Toutefois, faites attention: dans des moments comme celui-ci, étant donné le contexte culturel et social dans lequel nous vivons, le risque de réduire l'espérance chrétienne à une idéologie, à un slogan de groupe, à un habillage extérieur, pourrait être plus fort. Rien de plus contraire au message de Jésus! Il ne veut pas que ses disciples "récitent" un rôle, pas même celui de l'espérance. Il veut qu'ils "soient" l'espérance, et ils ne peuvent l'être que si ils restent unis à Lui! Il veut que chacun de vous, chers jeunes amis, soit une petite source d'espérance pour son prochain, et que vous deveniez tous ensemble une oasis d'espérance pour la société au sein de laquelle vous êtes insérés. Or, cela n'est possible qu'à une condition: que vous viviez de Lui et en Lui, à travers la prière et les sacrements, comme je vous l'ai écrit dans le Message de cette année. Si les paroles du Christ demeurent en nous, nous pouvons diffuser la flamme de l'amour qu'Il a allumée sur terre; nous pouvons porter haut la flamme de la foi et de l'espérance, avec laquelle nous avançons vers Lui, tandis que nous attendons son retour glorieux à la fin des temps. C'est la flamme que le Pape Jean-Paul II nous a laissée en héritage. Il me l'a remise, en tant que son successeur; et ce soir, je la remets idéalement, une fois de plus, de façon spéciale à vous, jeunes de Rome, afin que vous continuiez à être des sentinelles du matin, veilleurs vigilants et joyeux en cette aube du troisième millénaire. Répondez généreusement à l'appel du Christ! En particulier, au cours de l'année sacerdotale qui commencera le 19 juin prochain, soyez disponibles, si Jésus vous appelle, à le suivre sur la voie du sacerdoce et de la vie consacrée.
Benoit XVI, le 2 avril 2009 – Homélie de la Messe du IVème anniversaire de la mort de Jean Paul II