Méditation du Saint-Père lors de l'Angelus de la Toussaint 2010
Chers frères et soeurs !
La solennité de la Toussaint, que nous célébrons aujourd'hui, nous invite à lever les yeux vers le Ciel et à méditer sur la plénitude de la vie divine qui nous attend. « Nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement » (1 Jn 3, 2) : par ces paroles, l'apôtre Jean nous assure que notre lien profond avec Dieu est réel et il nous assure la certitude de notre destin futur. Comme enfants bien-aimés, nous recevons donc aussi la grâce pour supporter les épreuves de cette vie terrestre - la faim et la soif de justice, les incompréhensions, les persécutions (cf. Mt 5, 3-11) - et, en même temps, nous héritons dès à présent de ce qui est promis dans les béatitudes évangéliques « dans lesquelles resplendit la nouvelle image du monde et de l'homme que Jésus inaugure » (Benedetto XVI, Gesù di Nazaret, Milano 2007, 95 - Benoît XVI, Jésus de Nazareth). La sainteté, imprimer le Christ en soi, est le but de la vie du chrétien. Le bienheureux Antonio Rosmini écrit : « Le Verbe s'était imprimé lui-même sur les âmes de ses disciples avec son aspect sensible... et par ses paroles... il avait donné aux siens cette grâce... avec laquelle l'âme perçoit immédiatement le Verbe » (Antropologia soprannaturale, Roma 1983, 265-266). Et nous, nous obtenons un avant-goût du don et de la beauté de la sainteté chaque fois que nous participons à la liturgie eucharistique, en communion avec la « foule immense » des esprits bienheureux, qui au Ciel acclament sans fin le salut de Dieu et de l'Agneau (cf. Ap 7, 9-10). « La vie des Saints ne comporte pas seulement leur biographie terrestre, mais aussi leur vie et leur agir en Dieu après leur mort. Chez les Saints, il devient évident que celui qui va vers Dieu ne s'éloigne pas des hommes, mais qu'il se rend au contraire vraiment proche d'eux » (Encyclique Deus Caritas est, 42).
Réconfortés par cette communion de la grande famille des saints, demain nous commémorerons tous les fidèles défunts. La liturgie du 2 novembre et le pieux exercice de se rendre dans les cimetières nous rappellent que la mort chrétienne fait partie du chemin d'assimilation à Dieu et disparaîtra quand Dieu sera tout en tous. La séparation des affections terrestres est certes douloureuse mais nous ne devons pas en avoir peur car, accompagnée par la prière de suffrage de l'Eglise, celle-ci ne peut briser le lien profond qui nous unit dans le Christ. Saint Grégoire de Nysse affirmait à ce propos : « Celui qui a créé toute chose dans la sagesse, a donné cette disposition douloureuse comme instrument de libération du mal et possibilité de participer aux biens espérés » (De mortuis oratio, IX, 1, Leiden 1967, 68).
Chers amis, l'éternité n'est pas « une succession continue des jours du calendrier, mais quelque chose comme le moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous embrassons la totalité » (Encyclique Spe salvi, 12) de l'être, de la vérité, de l'amour. Nous confions notre pèlerinage vers la patrie céleste à la Vierge Marie, guide sûre à la sainteté, et nous invoquons son intercession maternelle pour le repos éternel de tous nos frères et soeurs qui se sont endormis dans l'espérance de la résurrection.
APRES L'ANGELUS
Hier soir, un très grave attentat dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad a fait plusieurs dizaines de morts et de blessés, dont deux prêtres et un groupe de fidèles réunis pour la messe dominicale. Je prie pour les victimes de cette violence absurde, d'autant plus féroce qu'elle a frappé des personnes innocentes recueillies dans la maison de Dieu qui est une maison d'amour et de réconciliation. J'exprime par ailleurs ma proximité et mon affection à la communauté chrétienne, frappée une nouvelle fois, et j'encourage tous les pasteurs et les fidèles à être forts et solides dans l'espérance. Face aux épisodes de violence atroce qui continuent de déchirer les populations du Moyen-Orient, je voudrais enfin renouveler de façon pressante mon appel à la paix : celle-ci est un don de Dieu mais aussi le résultat des efforts des hommes de bonne volonté, des institutions nationales et internationales. Que tous unissent leurs forces pour mettre un terme à toute violence !
Puis le pape a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu'il a dit en français :
La prière de l'Angelus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones, particulièrement ceux venus de Poitiers ! En la solennité de tous les saints, nous adorons le Dieu trois fois saint, en union avec la foule immense de ceux qui, après avoir mis leurs pas dans ceux du Christ, contemplent sa gloire et intercèdent pour nous. À la suite de tous les saints, puissions-nous marcher résolument sur les chemins de la foi, de l'espérance et de la charité vers la Jérusalem d'en haut. Bonne fête de la Toussaint à tous !